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16 février 2014

La spoliation des biens juifs en Algérie sous le régime de Vichy : Jean Laloum sera mon invité le 23 février

Jean Laloum

Retour à l'Histoire avec le prochain numéro de “Rencontre”, retour en Algérie, aussi, pays dont nous n'avons pas parlé depuis un moment. Le sujet sera extrêmement précis, puisque l'émission a trait à : "La spoliation des biens juifs en Algérie sous Vichy". Précis comme tout vrai historien, rigoureux et faisant un travail de recherche et d'enquête pour approfondir des pages du passé largement méconnues, et justement mon invité correspond parfaitement à cette description, puisqu'il s'agira de Jean Laloum. Jean Laloum est né à Sétif, en Algérie. Il est Docteur en Histoire, chargé de cours à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne et chercheur CNRS au sein du laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL, Paris). Le sujet de la Shoah l'intéresse depuis longtemps, puisque dès 1975, il consacrait son mémoire de maîtrise à l’activité du deuxième commissaire général aux Questions juives, Darquier de Pellepoix, étude qui fut publiée quelques années après, en 1979, sous le titre“La France antisémite de Darquier de Pellepoix”. Son doctorat d’histoire consacré à ce même sujet, a fait également l’objet en 1998 d’une publication chez CNRS Editions, “Les Juifs dans la banlieue parisienne des années vingt aux années cinquante”, ouvrage préfacé par le professeur André Kaspi. Il a publié de très nombreux travaux sur la Shoah, portant notamment sur le sort de l'enfance juive sous l'Occupation. C'est d'ailleurs pour cela que nos chemins se sont croisés à deux reprises : d'abord il y a une vingtaine d'années, à l'occasion de la grande exposition “Le Temps des Rafles” que j'avais eu l'honneur de coordonner sous la direction de Serge Klarsfeld, il avait traité de la persécution des Juifs d'Afrique du Nord ; et puis plus récemment, à l'occasion d'une étude historique qu'il avait écrite, reconsidérant certains récits largement complaisants touchant à la protection par la Mosquée de Paris, des Juifs sous l'Occupation. J'avais eu l’occasion de faire référence à son étude en recevant un invité qui avait fait également un travail rigoureux, Mohamed Aissaoui.

Il y a quelques mois, il m'avait informé de ses recherches en cours consacrées à la spoliation des biens juifs sous le régime de Vichy, me suggérant qu’il serait intéressant et opportun que nos auditeurs originaires d’Algérie soient au courant, et en profiter dans le même temps pour lancer un appel à contribution, afin de pouvoir accéder aux archives privées et familiales : c'est donc avec un grand plaisir que j'essaierai de l'aider par le biais de cette émission.


Parmi les questions que je poserai à Jean Laloum :


-        Quel était le statut des Juifs là-bas, par rapport à celui défini pour les Juifs de la Métropole ? Est-ce que le fait que le décret Crémieux ait été aboli pratiquement tout de suite rendait leur situation pire encore en les privant de la nationalité française ?

-        Si on considère les communautés vivant en Algérie pendant la Guerre, il y avait donc la communauté juive, assimilée aux Européens par le Décret Crémieux et par la langue et la culture, il y avait les Pieds-Noirs d'origines diverses, et les Musulmans, qui constituaient la grande majorité de la population : comment les Pieds-Noirs, d'une part, et les Musulmans, d'autre part, ont-ils réagi face à cette dégradation du statut des Juifs ?

-        L'entreprise de confiscation des biens appartenant aux Juifs, dans toute l'Europe pendant la Guerre, est quelque chose qui est restée méconnue pendant des décennies ; et cela se comprend, parce que l'horreur de la Shoah ne pouvait qu'occulter ce qui s'était passé avant. On a eu trop tendance aussi à imaginer que cette spoliation ne concernait que les appartements des familles déportées, qui étaient systématiquement pillés, ou que des biens de personnes très riches et qui ont été volées : en réalité, "l'Aryanisation" a été quelque chose de systématique, codifié de concert par des lois édictées par le gouvernement de Vichy et des ordonnances allemandes : pourriez-vous rappeler en quoi cela a consisté ? Et quelles étaient les fonctions des fameux "administrateurs provisoires" ?

-        Vous écrivez dans un article qu'entre le 23 décembre 1941 et le 26 octobre 1942, soit juste avant le débarquement anglo-américain qui va progressivement libérer la communauté juive, 494 arrêtés de nomination d'administrateurs provisoires sont publiés au "Journal officiel de l'Algérie", arrêtés qui totalisent 2.900 entreprises et biens juifs. Quant au nombre d'administrateurs provisoires, toujours suivant cette même source, ils sont au nombre de 384 : Combien parmi eux de Pieds-Noirs et de Musulmans en proportion ?

-        Dans un article à paraitre, vous rapportez le témoignage très émouvant de José Aboulker. José Aboulker, décédé récemment, était un grand résistant, Compagnon de la Libération, un des artisans de la réussite du débarquement allié en Algérie. Il vous a témoigné : "Alors que les Pieds-Noirs se disputaient les biens juifs saisis et vendus, pas un Arabe n'en a acheté. La consigne en fut donnée dans les Mosquées : les Juifs sont dans le malheur, ils sont nos frères". Vous, vous dites qu’à partir d'une compilation d'archives rapatriées en France, que cette affirmation est à nuancer. En même temps, le nombre d'administrateurs musulmans demeurait très faible : alors pourquoi ?


Un sujet très précis, donc, mais fort original, et qui intéressera je l'espère bien au delà de mes auditeurs originaires d'Algérie !

J.C