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30 avril 2008

Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe : le professeur Mohammed Ennaji sera mon invité le 4 mai


La prochaine émission sera assez exceptionnelle. En effet, nous entendrons notre invité par téléphone depuis le Maroc, et il s’agit d’un éminent universitaire : Mohammed Ennaji est historien, professeur à l’Université Mohamed V de Rabat, et il a publié il y a quelques mois un ouvrage remarquable, intitulé « Le Sujet et le Mamelouk, Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe » aux Editions Mille et une Nuits.
Je suis ravi d’avoir un universitaire marocain comme invité, il n’est d’ailleurs pas le premier, car j’avais reçu il y a déjà plusieurs années son collègue de l'Université Mohamed V, le professeur Mohammed Kenbib qui était à l’époque attaché culturel de l’ambassade du Maroc à Paris. Mais surtout, j’ai trouvé remarquable par son érudition et son originalité l’ouvrage qui servira de base à cette interview : au-delà du passé lointain que permettent de reconstituer les centaines de références bibliographiques de ce livre, l’auteur expose clairement les invariants culturels qui expliqueraient, au moins en partie, les retards des sociétés arabes en matière de libertés.
Dans l’avant-propos percutant qu’il a écrit, Régis Debray souligne le courage de Mohammed Ennaji, en disant qu’il a démonté toute l’aliénation idéologique de cet univers, en allant à la racine de l’inconscient collectif arabe, et à cette racine, on découvre l’esclavage. Et il écrit aussi qu’il a brisé le cliché selon lequel l’islam serait une religion profondément égalitaire, et qui aurait introduit une rupture révolutionnaire avec les traditions tribales antérieures qui l’ont précédé. 
Parmi les questions que je poserai à l’auteur :
- pourquoi ce titre « Le sujet et le mamelouk » ?
- la bibliographie de référence portent essentiellement sur les débuts de l’ère islamique et la période des premiers Califes, Omeyyades puis Abbassides jusqu’au treizième siècle de l’ère chrétienne. Est-ce qu’on peut dire que sa description d'un pouvoir despotique absolu - et de sociétés engluées dans des relations d’asservissement à tous les étages - s’applique aussi aux différentes dynasties arabes qui ont suivi, et au monde arabo-musulman d’aujourd’hui ?
- est-ce que l’on peut dire que, dans le fond, c’est toute la trame d’une civilisation bédouine venue d’Arabie que l’on retrouve dans les sociétés arabes d’aujourd’hui ?
- l’opinion commune est que les sociétés musulmanes sont théocratiques, c'est-à-dire que c’est la religion qui a modelé le pouvoir, avec les notions, de Charia (loi coranique), de Califat, etc. En lisant ce livre, on a plutôt l’impression que c’est l’inverse ?
- il y a eu depuis le 11 septembre un doigt accusateur porté vers la religion musulmane, et on a eu des débats sans fin sur la comptabilité entre islam et démocratie : est-ce qu’il faut réformer cette religion, ou revoir simplement sa place dans les sociétés arabes ?
Une émission vraiment passionnante en perspective, et qui montre que le débat d’idées a bien commencé de l’autre côté de la Méditerranée !

J.C