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22 avril 2008

La Tunisie demeurera une terre de dialogue, par Souhail Ftouh (1/2)

Le Colisée romain d'El Jem en Tunisie,
un des lieux touristiques évoqués dans cet article


Introduction :
Souhail Ftouh est un jeune tunisien très courageux, qui a manifesté dans mon blog et sur plusieurs sites communautaires juifs son souhait d’une normalisation des relations avec Israël. Il vient de vivre une expérience passionnante, servant de guide à un couple israélien venu découvrir le pays ... alors même que les mises en garde sont redoublées, de crainte d’attentats d’Al-Qaïda au Maghreb ou ailleurs. Ces deux touristes arrivés individuellement, et qui furent chaleureusement accueillis et guidés dans le pays, venaient un peu en pèlerinage puisque la Tunisie était leur terre natale. Ils en sont repartis ravis, et mon ami de Tunis a rapporté de cette expérience un article très émouvant, que je vous invite à lire en deux parties aujourd’hui et demain. 
J.C

Nous venons de finir une semaine très fructueuse que nous avons passé en compagnie d’un couple israélien qui venait d’Israël, pour découvrir ce beau pays qu’est la Tunisie. Arrivé pour une semaine (du 6 au 13 Avril) , le couple a retrouvé le charme de notre pays et sa ferveur habituelle.

Durant toute une semaine nous avons sillonné les routes entres les différents villages et villes de la Tunisie. Nos hôtes israéliens ont constaté de véritables similitudes entre le pays d’Israël et la Tunisie. Ils ont fait plein de photos de la cité de Carthage, des villes de la Marsa, Hammamet, Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia, El Jem, Bizerte, Kourbous et aussi à la Goulette qui résumait, à elle seule, le charme de l’ambiance juive sur Tunis.

On s’est aperçu du coup qu’il y’a de véritables lieux en Tunisie qui leur rappelaient le paysage naturel et urbain en Israël. Le Rempart de Monastir leur a rappelé celui de Acco. Le Golf de Hammamet évoque celui de Roch Ha Nikra, les vastes champs tout verts tout au long de la route de Bizerte renvoient à la verdure du plateau du Golan. La source d’eau naturelle de Kourbous se présente comme celle de Ramat Gater (contenant beaucoup de souffre). Les vieux souks de Nabeul et de Tunis renvoyaient à ceux de Jerusalem et de Nazareth. Le Grand lac de Tunis rappelle encore le lac de Tibériade. Mais aussi la région du Sud de la Tunisie évoque notamment le désert du Néguev.

Ils étaient très heureux de découvrir que tous ces lieux sont si proches visuellement de ceux du pays d’Israël. D’ailleurs si la Tunisie et Israël se ressemblent, ce n'est pas pour rien que les marins hébreux phéniciens ont établi leurs comptoirs en Tunisie.

Alors que cette similitude nous a fait tellement plaisir , sur la route, on n’entendait à la radio que des mauvaises nouvelles des informations provenant du Proche Orient. Cela nous a fait du mal de voir qu'au moment où on était ensemble dans la même voiture en train de regarder les dernières photos que nous avions faites, on s’apercevait que nos semblables arabes et juifs se battaient encore au Proche-Orient.

Pendant que la radio tunisienne annonçait des accrochages entre Tsahal et des Palestiniens de Gaza, nous étions sur le point de descendre pour nous échanger d’autres photos de souvenirs de la ville de Bizerte, pour qu’elles servent de mémoire ... Nous étions tout de même persuadés que Juifs et Arabes pourront vaincre cette haine. Bizerte aussi était un champs de bataille entre Français et Tunisiens, avant qu’elle soit aujourd’hui une ville qui connaît la paix comme les autres villes de la Tunisie et toutes appréciées par les touristes français.

Si les ressemblances naturels et urbanistiques entre la Tunisie et Israël étaient une surprise inattendue pour nos hôtes israéliens, il y aurait beaucoup à dire aussi dans les mêmes façons de vivre entre les Juifs sépharades et les Arabes qui ont gardé les mêmes coutumes entre la Tunisie et Israël (Henné pour les mariages, gâteaux orientaux pour les fêtes, cuisine d’ici ...). Toute la saveur oubliée de l’enfance juive en Tunisie était au rendez vous durant notre parcours qui a duré une petite semaine.

Dans les anciens Souks de la médina à Tunis, ont a rencontré la Henna ou henné. Ce produit naturel était utilisé dans les cérémonies des communautés séfarades et orientales, se déroulant surtout avant le mariage, mais aussi parfois avant le Bar Mitsva dans laquelle on teint au henné les mains, les pieds et les cheveux des femmes.

Aussi nos amis israéliens, ont remarqué la présence du Qabqab dans les souks de Tunis, ce sont des chaussures de bois pour femmes, socques, parfois garnies d'argent repoussé ou incrustés de nacre. Chez les Musulmans tunisiens, les Qabqab sont aussi ces sabots spéciaux offerts le jour du mariage par le marié, et que la jeune fille portera pour se rendre au Hammam.

Notre regard est tombé aussi sur la Mlohia, se sont des feuilles de corette en poudre, utilisées dans la cuisine juive tunisienne. C'est une sorte de feuille d'épinard. On fait revenir dans de la viande de boeuf ou de merguez. On appelle ce mets : "le plat qui ne finit jamais". Il est servi très chaud dans sa sauce épaisse.

Le couple israélien a apprécié aussi la Bessissa, une saveur de la coutume juive de Djerba préparée la veille du 1e Nissan en souvenir de la fondation (bassis) du 1e Temple. Elle est faite de blé et d'orge moulus, épicés de cumin, et coriandre avec des dattes, figues et du sucre. En Tunisie, la bessissa est consommée aujourd’hui encore par les Tunisiens de confession musulmane. Notant que la bessissa juive est arrosée par l’huile d’olive, bénite et surtout distribuée le soir du premier Nissan.

Même le petit déjeuner traditionnel de la communauté juive, Homs bel-kamoun, sorte de pois chiche à l’ail et aux épices est repris aujourd’hui par les musulmans tunisiens. Le couple israélien n’a pas résisté à le savourer.

Souhail Ftouh
[La suite de l'article demain sur le blog]