Rechercher dans ce blog

30 mai 2017

"La perle du Mossad", longtemps espionne au Liban, décède

Shlomit Kishit-Cohen
 
Alors qu'elle vivait au pays du Cèdre, Shlomit Kishik-Cohen avait tissé des liens avec de hauts responsables du gouvernement et aurait rencontré les présidents Camille Chamoun et Pierre Gemayel.

Shoulamit Kishik-Cohen, espionne israélienne surnommée "la perle du Mossad", est décédée dimanche à l'âge de 97 ans, d'après les médias israéliens.

Elle avait longtemps travaillé au Liban, aidant notamment au transfert de juifs libanais et d'autres pays arabes vers Israël. Elle aurait ainsi fait venir un millier de juifs du Liban en Israël. "Adieu (...) l'espionne israélienne numéro un au Liban", écrivait lundi le quotidien Yediot Aharonot.écouvrez-la

Cette femme, également connue sous le nom de "Shoula", était née en 1920 en Argentine dans une famille juive qui a émigré à Jérusalem, selon le site officiel des services de renseignement israéliens.
Elle épouse un riche commerçant libanais juif, Joseph Cohen, de 20 ans son aîné, et va vivre avec lui à Beyrouth où elle tisse des liens avec des hauts responsables libanais et commence à travailler bénévolement pour le futur Etat israélien.
D'après le "Centre du patrimoine des renseignements", elle aurait ainsi obtenu, à la veille de la proclamation de la création de l'Etat d'Israël en 1948, des informations sur des préparatifs militaires au Liban et dans des pays arabes pour la guerre contre Israël.
Cette femme qui avait rejoint le Mossad à la création de l'Etat d'Israël a transmis des renseignements militaires venant de Syrie et du Liban de 1947 à 1961.
Il y a quelques années, elle affirmait avoir rencontré les chefs de la police et des services de renseignement libanais, ainsi que des présidents et des responsables de ce pays: "J'ai rencontré à l'époque le président Camille Chamoun, (...) puis Pierre Gemayel (fondateur du parti phalangiste, ndlr)".
Elle disait n'avoir jamais rien révélé à son époux de ses activités et avoir réussi à faire venir deux de ses fils en Israël.

"Shoula" a été arrêtée en 1961 au Liban où elle a été condamnée à mort avant que sa peine ne soit commuée en appel.
Elle faisait partie d'un "réseau d'espionnage très important" à l'époque, "sinon le plus important", expliquait dans un documentaire d'al-Jazeera diffusé en 2016 Sami al-Khatib, un ex-responsable des services de renseignement libanais.
Elle a été libérée lors d'un échange de prisonniers après la guerre israélo-arabe de juin 1967 et vivait depuis à Jérusalem avec sa famille.

Un de ses enfants, Yitzhak Levanon ("Liban" en hébreu), a été ambassadeur d'Israël au Caire. Il avait été évacué en 2011 après une attaque contre l'ambassade menée par des manifestants lors de la révolte qui avait chassé du pouvoir Hosni Moubarak.

L'Orient Le Jour /AFP
22 mai 2017

28 mai 2017

Triple assassinat au 147 rue Lafayette : Laure Marchand sera mon invitée le 4 juin



Le titre de l'émission de dimanche prochain est assez surprenant : "Triple assassinat au 147 rue Lafayette", en fait j'ai repris celui du livre dont nous allons parler, et qui est publié au Editions Solin / Actes Sud. J'aurai le plaisir de recevoir son auteur, Madame Laure Marchand. Laure Marchand est journaliste, et elle a été correspondante du Figaro et du Nouvel Observateur en Turquie, un pays qu'elle connait très bien pour y avoir fait des reportages de terrain, en particulier dans les régions kurdes, et même en Irak dans les bases arrières de la guérilla. Or il est question des Kurdes dans son ouvrage, parce qu'elle a fait toute une enquête sur l'assassinat en plein Paris, le 9 janvier 2013, de trois militantes du PKK, le "Parti des Travailleurs du Kurdistan". Plus de quatre ans après ces meurtres, on est arrivé à identifier le présumé coupable, il a été emprisonné mais il n'a jamais été jugé, étant décédé de maladie en décembre 2016. Beaucoup de zones d'ombre demeurent dans ce qui est certainement un assassinat politique, mais dont on n'a jamais pu prouver de façon formelle qui étaient les commanditaires. Son livre est incroyablement dense et bien renseigné, on le dévore comme un roman policier, et nous allons essayer de le résumer ensemble.

Parmi les questions que je poserai à Laure Marchand :

-        Pourriez-vous rappeler à nos auditeurs ce qu'est le PKK, son histoire et sa lutte engagée contre l'Etat turc depuis 30 ans, une guerre très meurtrière mais absolument pas médiatisée ? Le PKK est enregistré comme une organisation terroriste par l'Union Européenne et les USA, or vous donnez de l'organisation une image plutôt positive, pourquoi ? On a l'impression en lisant votre récit que les responsables du PKK bénéficient d'une grande liberté d'action en France et en Europe, n'est-ce pas curieux ?
-        Qui étaient les trois victimes, quel âge avaient-elles, et depuis quand vivaient-elles en Europe ? Quelles étaient leurs responsabilités au sein du PKK ? Pourquoi ces femmes auraient été choisies comme cibles, plutôt que des responsables plus importants ?
-        Très vite un suspect va être placé en garde à vue et considéré comme le probable assassin : un homme jeune, Ömer Güney, qui connaissait parfaitement les victimes puisqu'il travaillait pour le PKK, en accomplissant des tâches de soutien logistique, comme les conduire en voiture. Quels sont les éléments qui ont conduit la police à tout de suite le soupçonner ?
-        Qui était donc Ömer Güney ? Pages 42 à 69, vous décrivez en fait deux étapes de sa vie, qui font penser à un agent double. Dans le chapitre intitulé "Mister kurde", c'est l'homme qui à partir de 2011 s'introduit dans les milieux kurdes de la région parisienne, en gagnant leur confiance. Mais dans le chapitre intitulé "Mister turc" vous évoquez sa vie en Allemagne pendant les huit années précédentes, où il ne s'est jamais revendiqué comme kurde : alors, kurde ou turc ?
-        Vous racontez qu'il y a eu deux tentatives directes d'orienter la police vers les services secrets turcs. Dès le 20 janvier, un courriel anonyme les met en cause. Mais surtout, en janvier 2014, est diffusé sur Internet un enregistrement audio, où trois personnes parlent dont l'une a une voix très semblable à celle du suspect, et où il est question de dirigeants du PKK à abattre : est-ce une révélation, une manipulation ?
-        ll y a quand même dans votre livre des éléments à décharge qui mettent en doute la théorie de l'agent secret manipulé par les services turcs : d'abord cet assassinat extrêmement efficace - dix balles tirés dans les têtes des victimes en quelques secondes - a été le fait d'un professionnel, or rien n'a prouvé que le suspect savait se servir d'une arme à feu. Mais surtout, le Président Erdogan venait d'entrer dans une phase de négociations avec le PKK fin 2012 ; quel était l'intérêt de commettre ces assassinats ?
-        Votre livre révèle des éléments troublants concernant l'attitude des autorités françaises : retard à organiser le procès, alors qu'on savait le suspect condamné par une tumeur au cerveau - il est mort un mois avant la date prévue pour son procès ; mollesse de la diplomatie vis à vis des autorités judiciaires turques ; mais surtout, lorsque la Juge chargée du dossier a réclamé des documents classifiés de la DCRI et et la DGSE et portant sur la surveillance du PKK et du principal suspect, on lui a communiqué des documents "caviardés" et inexploitables : comment l'expliquez vous ?

Une émission vraiment originale, un livre qui m'a passionné : j'espère vraiment que vous serez très nombreux à nous suivre dimanche prochain !

J.C

26 mai 2017

L’Arabie Saoudite et les Emirats seraient prêts à améliorer leurs relations avec Israël en l’échange de gestes vis-à-vis des Palestiniens



Donald Trump n'est pas totalement dans le fantasme lorsqu'il dit tabler sur l'avènement d'un plan de paix régional au Moyen-Orient. Peu avant son voyage à Riyad et Jérusalem, le « Wall Street Journal » a révélé que les Etats du Golfe travailleraient à un projet de normalisation de leurs relations avec Israël, en échange de certains gestes de bonne volonté vis-à-vis des Palestiniens. Selon les informations du quotidien américain du 15 mai, les Etats sunnites du Golfe seraient en train de finaliser un document, visant à améliorer leurs relations avec l'Etat hébreu, si Jérusalem s'engageait à geler les constructions dans les colonies de certaines parties de la Cisjordanie et à alléger le blocus économique exercé sur la bande de Gaza.

Cette proposition issue de pourparlers organisés sous l'égide de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, comporterait plusieurs mesures concrètes comme l'établissement de lignes de télécommunications directes entre Israël et certains pays arabes, mais aussi l'octroi de visas aux sportifs et aux hommes d'affaires israéliens. En contrepartie, les exigences des monarchies sunnites seraient moins élevées que celles contenues dans l'initiative saoudienne de 2002, laquelle proposait à Israël « une paix arabe globale » en échange d'un retrait israélien de Cisjordanie...

« Ce serait la première fois que Riyad met sur la table une offre de normalisation partielle avec Israël qui ne soit pas conditionnée par la création d'un Etat palestinien », décrypte David Khalfa, chercheur associé du think tank IPSE. A priori, l'évolution du contexte régional est de nature à favoriser ce rapprochement. « Depuis les printemps arabes, les contacts entre Israël et les Etats du Golfe se sont renforcés, poursuit l'analyste, notamment via leurs services de renseignement respectifs ».

Un retour aux alliances

Tandis que l'arrivée d'une nouvelle administration américaine qui pousse un retour aux alliances traditionnelles contre l'Iran - ennemi commun de Riyad et Jérusalem, et contre Daesh, créé une convergence d'intérêts. Reste à savoir si cette main tendue des Etats du Golfe à Israël, qui n'a suscité aucune réaction officielle tant dans le monde arabe qu'à Jérusalem, a de réelles chances d'aboutir. «La balle est dans le camp de Netanyahou, relève Shlomo Brom, de l'Institut INSS de Tel-Aviv. Ouvrir une ambassade israélienne à Riyad constituerait pour lui une belle victoire. Même s'il poursuivait jusqu'à présent ce but sans envisager de faire de concessions en faveur des Palestiniens ».

Nathalie Hamou
Les Echos, 21 mai 2017

24 mai 2017

Après l'attentat de Manchester : deux réactions



Introduction :

Faut-il le rappeler ? Ce modeste blog n'a jamais eu la prétention d'être un journal un ligne. J'essaie de le remplir avec à la fois quelques productions originales, mais surtout beaucoup de reprises de "vrais médias", vous permettant de prendre du recul sur l'actualité. Mon mode de fonctionnement n'est donc pas réactif, et la presque totalité des articles sont programmés à l'avance pour publication. Il en était ainsi pour mon "sourire du mois", apparu hier matin alors même que tout le monde était bouleversé par l'attentat de Manchester, tuerie particulièrement ignoble car la quasi totalité des victimes étaient des jeunes et parfois même des enfants : ceci donc pour m'excuser auprès de ceux qui en auraient été choqués. Je ne pouvais donc ignorer cet évènement, et j'ai pensé que le mieux était de partager ici deux publications, faites par des amis sur leurs pages Facebook et que j'ai trouvées parfaitement pertinentes. Bonne lecture !

J.C

"L'atroce attentat terroriste de Manchester sera-t-il revendiqué par Daech ou par Al-Qaëda qui a relancé l'appel aux actions individuelles ? (1) Peu importe en fait. L'assassin a peut-être agi de lui-même, en "individu isolé" qui s'est bricolé sa ceinture d'explosifs artisanale faite de TATP. Ce qu'il est nécessaire de souligner est que son carburant est la haine absolue, la haine brute, totale, aveugle de l'ordinaire de nos sociétés occidentales, avec ses plaisirs banals comme ce concert de pop pour ados en était un exemple type.
Tous ceux qui déligitiment nos démocraties en les décrivant comme les pires des dictatures fournissent, qu'ils le veuillent ou non, une justification idéologique et morale à ces fous furieux fanatiques persuadés d'être des victimes du "racisme d'Etat", de l' "islamophobie", de la "mécréance".
La police et les services de renseignement font leur boulot aussi bien qu'il est possible. Mais ils ne peuvent anticiper la décision de commettre un massacre prise par n'importe quel minable au cerveau empli du désir de tuer en masse au nom d'une vision délirante de l'islam. Il faut donc le redire et le redire encore : c'est à l'entourage de ces assassins en puissance, à leurs familles, amis et collègues de les signaler dès que des signes d'ultra-radicalisation sont repérés.
Les musulmans ont, par la force des choses, eux aussi la lourde tâche de prévenir, d'empêcher, de désamorcer une partie au moins des violences terroristes émanant de membres de leur communauté religieuse. S'il est légitime de s'opposer à tout amalgame entre les terroristes islamistes et l'ensemble des musulmans, il n'en reste pas moins que la meilleure façon d'empêcher cet amalgame est l'engagement clair et massif de la communauté musulmane en faveur de nos démocraties, étayé concrètement par son rejet en actes des tueurs fanatisés qui peuvent surgir en son sein."

Bernard Schalscha

(1) Il l'a été ensuite revendiqué par le Daech, dans la journée du 23 mai.

"Un loup solitaire?......non?
Un déséquilibré peut être?.....Non plus?
Mais! l'éducation, c'est ça..... l'éducation....c'est bien ça l'éducation non, pour éviter le terrorisme? Bonne idée!
Quand je pense qu'il s'est trouvé des gens pour demander: "Mais qu'allons nous faire pour ceux qui reviennent de Syrie? Comment allons nous pouvoir les aider?"
Un clou chasse l'autre et d'attentat en attentat, allons nous finir par comprendre que nous devons nommer les choses? Appeler un chat un chat et une guerre une guerre?
Allons nous finir par nommer l'ennemi?
Allons nous finir par le combattre autrement qu'avec des bougies et des fleurs?
Ou préférerons-nous baisser les yeux, verser une larme pour les enfants assassinés en attendant le prochain attentat?
Loin de moi l'idée de dénigrer l'action du gouvernement Hollande dans le traitement des attentats. Ils ont fait ce qu'ils ont pu et ils l'ont assez bien fait. Mais ce fléau doit devenir autant une priorité mondiale que l'a été la lutte contre le nazisme."

André Abramowicz