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26 juin 2016

Peut-on encore enseigner l'Histoire dans les lycées ? Jean-Paul Fhima sera notre invité le 3 juillet



Dimanche prochain, ce sera le dernier numéro de la saison pour notre série, "Rencontre". Voici venu le temps des vacances, pour les élèves et les enseignants une nouvelle année scolaire s'achève et justement c'est un professeur d'Histoire que j'aurai le plaisir de recevoir, Jean-Paul Fhima. C'est un professeur agrégé d'Histoire Géographie dans un lycée de région parisienne. Spécialisé en histoire des religions (maitrise à la Sorbonne Paris IV en 1987), il a aussi soutenu en 2002 un DEA sur l'enseignement de l'Histoire en Russie post-soviétique. Je l'ai découvert car nous sommes des "collègues blogueurs" sur l'édition française du "Times of Israël", et j'ai été frappé par l'érudition et l'originalité de ses publications. Dans plusieurs articles, il a parlé de ce qui le passionne en priorité, l'enseignement de l'Histoire ; c'est pour moi aussi une passion, mais également une inquiétude partagée : lycéens refusant d'écouter certains cours, autorité des professeurs souvent remise en question, c'est une situation déjà ancienne et décrite dans le livre "Les Territoires perdus de la République" - mais personne ne voulait à l'époque l'entendre. Depuis, nous avons vécu des incidents dans certains établissements scolaires suite aux attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015 ; l'Education Nationale s'est émue du succès des théories du complot chez beaucoup de jeunes, bref les choses semblent ne pas s'arranger et c'est pourquoi je serai vraiment heureux de partager avec les auditeurs un témoignage de terrain.
 
Parmi les questions que je poserai à Jean-Paul Fhima :

-        Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer : c'était à l'occasion de cours bien précis, ou c'était plutôt un refus de certains élèves à s'intéresser à l'ensemble des programmes proposés, l'Histoire et la Géographie étant considérées comme des matières secondaires ?
-        Dans une publication faite dans "Tribune Juive" en novembre 2013, vous vous inquiétiez des orientations données par le Ministère de l'Education Nationale. Est-ce toujours d'actualité pour les programmes d'Histoire ? Qu'est-ce cela implique au niveau des ouvrages scolaires ?
-        Quelles sont les places respectives accordées à la Shoah et au conflit israélo-palestinien, en termes d'heures prévues pour en parler ? Vous dites que ce dernier sujet a une importance disproportionnée, est-ce que c'est toujours vrai alors que l'actualité dramatique du Moyen-Orient inviterait aussi à parler d'autres actualités ?
-        Vous dites que "la Shoah est désormais banalisée, désingularisée, désacralisée. Tombée de son piédestal, elle a perdu peu à peu sa position de référentiel historique majeur." Trop de jeunes disent des Juifs qu'ils pratiquent "la pleurniche", qu'ils exploitent ce passé douloureux : est-ce que l'approche pédagogique n'a pas été tout simplement biaisée ?
-        Lors de son intervention devant l'Assemblée Nationale, au lendemain des attentats de "Charlie Hebdo" et de l'Hypercasher, Manuel Valls avait dit : "il s'agit de lutter contre les préjugés qui déconstruisent la société française" ; et également ; "La République n'est pas possible sans l'Ecole et l'Ecole n'est pas possible sans la République. Et on a laissé passer trop de choses dans l'Ecole." : comment expliquez-vous ce laisser faire ?
-        A propos des théories du complot, la Ministre de l'Education Nationale, Najat Vallaud Belkacem a évoqué le pourcentage de 20% des élèves qui seraient atteints, ce chiffre vous semble-t-il possible ? Toutes les origines sociales sont-elles concernées ? Et enfin, comment lutter contre cela ?

Des sujets de fond qui concernent l'avenir de notre pays au travers de l'éducation des jeunes d'aujourd'hui ... j'espère vraiment que vous serez nombreux au rendez-vous !

J.C

22 juin 2016

Une nouvelle pause !




Et voici de nouveau le fameux bouton pour vous annoncer que le blog va prendre quelques vacances ... hélas, le blog mais pas moi, car bien des soucis personnels m'obligent à restreindre sérieusement les activités non indispensables.

Il faut dire aussi que je vous ai proposé - depuis la dernière pause ici - près de trois mois de publications, et à un rythme assez soutenu. Un nouvel arrêt donc, et malheureusement je ne peux vous donner de rendez-vous précis aujourd'hui, sauf que : les prochaines émissions seront annoncées ; les "vraies vacances du blog" seront pour plus tard, elles seront plus longues mais je vous les préciserai en temps utile.

Merci pour votre fidélité et à bientôt !

J.C

20 juin 2016

Le souk imaginaire de l’EJM



L’Ecole juive moderne a mené tout au long de l’année un projet pédagogique dont les œuvres seront présentées aux parents d’élèves le mercredi 25 mai au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme avant d’être exposées au grand public.
L’Ecole juive moderne conduit chaque année un projet d’établissement d’envergure associant tous les élèves de la maternelle au primaire. L’objectif est de permettre aux enfants d’acquérir de nouvelles connaissances et surtout de les faire réfléchir sur le monde qui les entoure. Du cinéma à l’opéra (ils ont monté “Carmen” de Bizet au Théâtre de Neuilly), les élèves sont toujours enthousiastes de découvrir des univers artistiques accompagnés de leurs professeurs aussi bien dans l’école qu’hors les murs. En 2015, pour réagir aux attentats contre Charlie Hebdo et l’HyperCacher, l’EJM a travaillé sur la liberté en créant un spectacle présenté à la mairie du XVIIe. Cette fois, c’est sur la fraternité que Josée Vaisbrot a décidé de travailler.
La directrice de l’établissement a obtenu le partenariat du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et de l’Institut du Monde Arabe pour conduire les élèves vers la découverte de la culture arabe et de « ce qui rapproche (ces) deux communautés, (ces) deux cultures et (ces) deux religions plutôt que ce qui les sépare ». Les deux institutions sont déjà engagées dans cette démarche via un partenariat dont le projet de l’EJM célèbre en quelque sorte le dixième anniversaire. « Le projet pédagogique de l’école est axé sur l’ouverture aux autres et au monde, un projet humaniste où chacun doit pouvoir cohabiter avec l’autre », explique Josée Vaisbrot. « Il nous a semblé indispensable de montrer aux enfants que la fraternité devait continuer d’être recherchée entre les hommes et avons cherché, pour cela, à développer leur esprit critique pour ne pas céder à la tentation du repli ».
Au vu des résultats et malgré la réticence des parents d’élèves au départ, le projet « Culture en partage » a rempli son contrat.  Il souhaitait montrer comment la culture arabe avait donné une couleur particulière au judaïsme de la majorité des juifs de France d’origine séfarade. Les élèves se sont rendus plusieurs fois au mahJ et à l’IMA pour participer à des ateliers d’art visuel afin de créer des objets typiques d’un souk imaginaire quelque part au Maghreb. Les enfants ont fait connaissance avec la céramique, la mosaïque et l’argile en créant des assiettes, des verres à thé et des jarres. Ils ont façonné des textiles en cousant des cafetans, des tarbouches et des ceintures. Ils ont également appris à écrire en arabe et découvert la cuisine orientale. Ils ont même réalisé une énorme Méguilah décorée avec des lettrines en enluminure.

« Rechercher la fraternité »

Mercredi 25 mai au soir, les parents découvriront les oeuvres de leurs enfants exposées au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme dans le Marais. Ils parcourront le parcours pédagogique pensé pour eux que le grand public empruntera après eux pour un jour seulement, le jeudi 26 mai. Les œuvres seront ensuite rendues aux élèves. Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, on a accueilli le projet avec satisfaction. Mathias Dreyfuss, le responsable du service éducatif, se félicite que les enfants aient été « réceptifs, curieux de découvrir, de fabriquer, d’écouter et d’apprendre. L’atelier Jasmin et fleur d’oranger a permis à certains enfants de se souvenir des histoires de leurs grands-parents et des odeurs liées à la Tunisie », explique-t-il.
Elodie Roblain, chargée d’actions culturelles au service éducatif de l’IMA, confirme : « J’ai eu l’occasion de conduire un atelier avec une classe de CM1-CM2 et j’ai trouvé les élèves très vifs et très enthousiastes. Le plus intéressant est qu’ils possèdent une solide culture religieuse juive, ce qui permet des échanges et une participation de qualité. Cela leur permet également d’être réceptifs lorsqu’il s’agit de religions différentes et de constater que malgré les différences, il peut y avoir constitution d’une culture commune à travers l’utilisation de symboles communs comme la main ouverte ou l’étoile à six branches ». 

Yael Scemama

Actualité Juive, 22 mai 2016