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05 décembre 2015

Une histoire des peuples arabes, de 1970 à nos jours : Jean-Pierre Filiu sera notre invité le 13 décembre




Suite de la diffusion de ce pré enregistré, réalisé rappelons le 5 novembre, donc avant les terribles attentats du vendredi 13. Nous allons poursuivre notre discussion autour  d'un livre passionnant dont je redonne le titre : "Les Arabes, leur destin et le nôtre - Histoire d'une libération", c'est publié aux Éditions de la Découverte, et j'aurai le plaisir d'en parler à nouveau avec son auteur, Jean-Pierre Filiu. Pour rappel, mon invité est professeur en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po Paris et auteur d'une douzaine d'ouvrages sur le monde arabo-musulman. Son livre, en moins de 250 pages, retrace la traversée de deux siècles dans le monde arabe ; cet univers nous a surtout renvoyé une image de violence, et il continue de le faire d'ailleurs à travers tous les conflits qui le traversent. Dans la première moitié de cet entretien, nous nous étions arrêtés à 1970, suite donc du livre jusqu'à l'époque que nous vivons aujourd'hui : il s'est passé tellement de choses en 45 ans qu'il m'a fallu faire des choix sur les sujets. D'abord, on évoquera bien sûr les révolutions des printemps arabes de 2011, mais on n'aura pas le temps de traiter en détails la situation actuelle en Syrie et en Egypte, dont on a parlé dernièrement dans cette série. On évoquera rapidement le conflit israélo-palestinien, qui n'est pas le sujet central de ce livre. Mais j'ai tenu à ce qu'on passe en revue plusieurs pays qu'on n'avait pas évoqués lors de notre entretien précédent.

Parmi les questions que je poserai à Jean-Pierre Filiu :

-        A propos de l'Algérie, d'abord est-ce qu'on ne peut pas dire que dès le départ on a eu, depuis la guerre menée par le FLN jusqu'au pouvoir d'aujourd'hui, une sorte de Janus, nationaliste d'un côté et islamiste de l'autre ? Deuxième point, vous écrivez page 150 à propos de l'accord gazier sur 20 ans signé avec l'Algérie : "la France croit traiter avec un Etat animé par la recherche de l'intérêt national,  alors même qu'elle s'adresse à un régime obsédé par l'accaparement es ressources nationales à son profit", est-ce que vous pensez vraiment à un régime de type mafieux ?
-        Autre pays, plus lointain et quasi oublié par les médias et pourtant il s'y déroule ces dernières années une guerre civile effroyable, le Yémen. Déjà dans les années 60, il y avait eu une première guerre civile où s'opposaient d'un côté les tribus royalistes soutiens d'un Monarque - lui-même soutenu par l'Arabie Saoudite -, et de l'autre les Républicains soutenus par un corps expéditionnaire égyptien envoyé par Nasser. Aujourd'hui, il y a une nouvelle guerre civile, cette fois l'Arabie Saoudite et ses alliés interviennent directement contre les protégés de l'Iran, mais il y a aussi des territoires contrôlés par Al-Qaïda : alors quelle grille de lecture prendre, chiites contre sunnites ? Jihadistes contre pro Occidentaux ?
-        A propos de Irak : vous avez raison de critiquer Georges Bush père pour avoir laissé massacrer les  Chiites trop tôt révoltés en 1991, juste après la guerre du Golfe. L'invasion par Bush fils de 2003 a été, d'abord une manipulation avec les armes de destruction massives qui n'existaient pas, mais surtout une erreur stratégique effroyable qui a permis l'implantation d'Al-Qaïda puis maintenant de l'Etat islamique. D'un autre côté, on a pour la première fois entendu théoriser à ce moment là la nécessité d'un Moyen-Orient débarrassé de ses dictateurs, ce à quoi s'est opposée la France, tous présidents confondus - et votre livre rappelle ainsi les déclarations complaisantes de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy pour ces régimes détestables : qu'en pensez-vous ?
-        A propos du conflit israélo-palestinien, votre récit tend à présenter, une OLP utilisant certes la violence pour exister politiquement, mais en même temps réaliste et prête dès les années 1970 à des compromis qu'Israël aurait toujours refusés. Or votre présentation du discours d'Arafat à l'ONU en novembre 1974 est tronquée, il y a défendu l'idée d'un Etat unique remplaçant Israël ; d'une manière générale, pourquoi attribuer toute la tragédie du conflit uniquement à charge contre un des acteurs ?
-        Dans votre chapitre intitulé "Révolutions et contre révolutions", vous avez synthétisé en quelques pages très fortes les facteurs sociologiques qui expliquent pourquoi, enfin, la jeunesse s'est soulevée contre les dictatures à partir de 2011 : pourriez-vous les résumer à notre antenne, et nous dire si à votre avis ces facteurs vont rester le moteur d'une évolution démocratique pour les décennies à venir, et quels que soient les développement tragiques, en Syrie ou ailleurs ?

Des sujets tous brûlants les uns que les autres, maintenant que le Moyen-Orient donne l'impression d'une poudrière qui n'en finit pas d'exploser ... j'espère donc que vous serez, à nouveau, très nombreux au rendez-vous !


J.C