Rechercher dans ce blog

13 mars 2015

1970, les Alaouites prennent le pouvoir ...

Hafez al-Assad
Citation on line

Introduction :

Retour sur mon blog à une série abandonnée, il faut l'avouer, depuis quelques années : vous faire découvrir un extrait bien éclairant sur l'Orient compliqué, à partir d'une citation tirée d'un ouvrage. Celui-ci, co-écrit par Christian Lochon et Jean-Marc Aractingi, a fait l'objet de deux émissions. Dans ce passage, vous apprendrez comment le pouvoir syrien a été "alaouitisé" à partir de 1970, soit donc il y a 45 ans !

J.C

"En 1945, Damas ne compte que 4.022 alaouites. Ils réussiront pourtant à conquérir le pouvoir, réalisant la revanche de la montagne de minorité alaouite sur la ville des notables sunnites. Pour cela, il leur a fallu briser l'hégémonie sunnite (60 % de la population) et s'appuyer dans un premier temps, sur l'ensemble des minorités : chrétiens, druzes et ismaéliens.

En 1958, le gouvernement de la République Arabe Unie (union égypto-syrienne) comptait 92 % de ministres sunnites ; Le Caire, sinon Damas, se méfiait des "batiniyyin" (ésotéristes) et méprisait les chrétiens. Ainsi, les officiers alaouites, druzes et ismaéliens seront mutés en Egypte pour y être mieux surveillés, parmi eux Hafez El-Assad, qui y prépare "l'après R.A.U". A son retour à Damas en 1961, il réussit à renverser par un coup d'Etat le régime civil du président Nazem Al Koudsi. Si c'est encore un officier supérieur sunnite, le général Amin Al Hafez qui devient président, le Comité militaire du Baath comprend trois officiers alaouites : Hafez El-Assad, (nommé commandant en chef de l'aviation puis, en 1965, commandant en chef des forces armées), Salah Jedid et Mohamed Omrane ainsi que deux ismaéliens : Abdelkarim Jundi et Ahmed El-Mir. Mohamed Omrane déclare : "Il faut que les fatimides (dont les alaouites font partie) aient leur tour !". Le président Amin Al Hafez, qui lui est anti-alaouite, supporte mal la mise à l'écart de sept cents officiers sunnites tous remplacés par des "minoritaires". Le 23 février 1966, un putsch dépose Amine Al Hafez. De nouvelles purges anti-sunnites ont lieu, mais le chef de l'Etat Nouredine Atassi, et le Premier Ministre sont sunnites, tandis que le nouveau ministre des Affaires Etrangères Ibrahim Makhos est alaouite. Une tactique de mise à l'écart des Druzes puis des Ismaéliens (présents dans les syndicats et les forces de sécurité) est enclenchée. A partir de 1970, le pouvoir va être "alaouitisé" et les querelles politiques ne se passeront plus qu'entre alaouites. 

Elu en 1971 à la tête de l'Etat syrien, l'alaouite Hafez El Assad sera réélu jusqu'à sa mort en 2000. Son fils Bashar El-Assad lui succèdera."

Jean-Marc Aractingi et Christian Lochon
"Druzes, Ismaléliens, Alaouites, confréries soufies. Secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques", pages 122 et 123