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16 février 2015

L'Islam de France face aux défis d'aujourd'hui : Anouar Kbibech sera mon invité le 22 février

Anouar Kbibech

Dimanche prochain, nous aurons une émission marquante en raison de la qualité de notre invité, Anouar Kbibech. Il est actuellement un des Vice Présidents du Conseil Français du Culte Musulman, mais surtout il doit succéder au mois de juin prochain au Président actuel, le Recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur. Quelques mots de présentation. C'est un natif de Meknès, au Maroc. Sa carrière a été à la fois celle d'un cadre supérieur de l'industrie, et celle d'un gestionnaire du culte musulman. Il est entré en 1983 à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussée, et il est actuellement directeur des Systèmes d'Information chez un important opérateur des télécommunications.  Il préside le "Rassemblement des Musulmans de France", cette association fédère environ 550 mosquées en France, dont les fidèles sont en grande majorité des originaires du Maroc. J'ai intitulé cette émission "l'Islam de France face aux défis d'aujourd'hui". Première catégorie de défis, ceux de l'organisation du culte musulman dont il va devenir bientôt le représentant auprès des Autorités : deuxième religion de France, l'Islam doit s'affirmer dans la République tout en respectant le cadre de la laïcité ; répondre aux besoins des fidèles, tout en rassurant une majorité de Français qui voient avec inquiétude sa montée en puissance ; surmonter ses propres divisions historiques : bref c'est déjà un grand challenge qu'il va devoir relever et nous en parlerons en première partie d'émission. Mais il y a bien sûr l'actualité, le terrorisme djihadiste qui a tué à Paris il y a quelques semaines, ces massacres commis au nom de l'Islam par des fanatiques, ici comme dans le monde entier, et qui nous interpellent tous : comment combattre la radicalisation ? Y a-t-il une danger de choc en retour ? Comment éviter qu'un mur d'incompréhension sépare Juifs et Musulmans ? Nous aborderons ces questions en deuxième partie d'émission.

Parmi les questions que je poserai à Anouar Kbibech :

-        Lors de sa dernière conférence de presse, le Président de la République a été assez dur vis à vis du CFCM, en disant que cette instance n’a «pas la capacité suffisante de faire prévaloir un certain nombre de règles, de principes, partout sur le territoire». La première question qu'on se pose est celle de la représentativité : lors des élections de juin 2013, 2664 votants, ont permis d’élire les Elus au Conseil d’Administration du CFCM ainsi que les instances des Conseils Régionaux du Culte Musulman. Force est de constater que ces délégués ne représentaient que 901 mosquées affiliées aux différentes fédérations nationales, or il y a au total environ 2.300 lieux de culte musulman : qui représente  les autres ?

-        Dans la même conférence de presse, le Président François Hollande a cité la formation des imams comme chantier urgent. Il semble bien que dans beaucoup de lieux de cultes, il n'y ait pas d'imams permanents, et que donc on risque d'avoir des prédicateurs "auto-proclamés" et itinérants, avec le risque bien sûr de propagande salafiste. Or on leur demande beaucoup de qualifications pour un salaire très modeste, et cela limite les vocations. Quelles solutions envisagez-vous, alors qu'il y a très peu d'instituts de formation en France - trois au total ? Et peut-on imaginer, rapidement, un diplôme qualifiant pour les Imams ?

-        A propos de la représentativité des Institutions de l'Islam de France. D'abord à propos de l'UOIF, qui s'est retirée du CFCM en 2013, est-ce que vous pensez que c'était préférable ou au contraire qu'il faudrait que son réseau d'environ 150 mosquées soit représenté ? Ensuite, par rapport à la Fédération des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles - et alors que l'islam africain en France représente peut-être la moitié de la population musulmane -, jugez-vous normal qu'ils soient sous-représentés dans votre direction ? Et enfin à propos de l'Imam Chalghoumi et de sa "conférence des Imams", il n'est pas intégré au CFCM : est-ce de son fait ou alors est-ce une exclusion et pourquoi ?

-        A propos du combat contre le Daesh. Il y a eu au mois de septembre la déclaration commune de dix grandes associations représentant le culte musulman en France - y compris d'ailleurs l'UOIF -  , condamnant de façon absolue les atrocités que commettent les djihadistes du soit disant "Califat islamique" ; il y a eu de très nombreux communiqués après les attentats en France, dont ceux du RMF que vous présidez et qui étaient particulièrement clairs. Et pourtant, cela n'empêche pas des milliers de jeunes Français musulmans d'être partis en Syrie ou d'envisager de partir, voire même de basculer dans le terrorisme en France même comme on l'a vu: quels sont les chantiers lancés par le CFCM contre la radicalisation ?

Beaucoup de sujets, beaucoup d'enjeux pour le futur Président du Conseil Français du Culte Musulman et j'espère que vous serez nombreux à nous entendre dimanche prochain.

J.C