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14 mai 2013

Lignes rouges, par André Nahum



Les lignes rouges qu’il s’était fixées ayant été franchies,  Israël a frappé très fort en Syrie et l’on peut imaginer qu’il ne s’est livré à ces opérations qu’avec l’aval ou l’accord  tacite de Washington.

De quoi s’agit-il ? Le trône de Bachar Al Assad étant vacillant, ses patrons iraniens sentant sa fin prochaine  sont pressés de fortifier au maximum le Hezbollah libanais en lui fournissant un matériel sophistiqué dont des engins balistiques de la dernière génération  à longue portée et des fusées sol-air. On est saisi d’effroi quand on voit la liste  impressionnante  et la qualité de ce matériel  qui , pour parvenir à la milice chiite  doit obligatoirement transiter par la Syrie.

Le plus cocasse ou le plus tragique dans cette histoire, c’est que les pays qui ne vont pas manquer de condamner ou critiquer Israël  trouvent tout à fait normal  qu’au Liban, un parti , le « parti d’Allah » classé comme terroriste, mais membre à part entière du gouvernement de son pays, dispose d’une milice puissante dotée d’un armement redoutable avec notamment des dizaines de drones, des missiles de neuf mètres de long et des engins sol-air et sol-mer au mépris des lois internationales et de la décision 1701  du conseil de sécurité, dont  la Finul est censée contrôler l’application..

Bien qu’il s’en défende, par cette audacieuse opération, Israël se comporte en allié objectif de l’insurrection syrienne. Les ennemis de nos ennemis étant nos amis, ceux qui se battent contre  le Hezbollah et le boucher de Damas ont théoriquement tout pour s’entendre.

Seulement voilà :

Les anti-Assad sont loin de constituer un mouvement homogène et ils sont largement infiltrés par l’internationale djihadiste qui malgré son recul au Mali ne s’est jamais mieux portée. Alors, chasser Assad  pour le remplacer par Al-Qaïda c’est tomber de Charybde en Sylla. Et c’est bien ce qui risque de se passer.
Les Salafistes ont le vent en poupe en Egypte où des pans entiers du Sinaï sont sous leur domination. Ils sont très actifs en Tunisie où des combats meurtriers  les ont opposés à l’armée nationale à la frontière algérienne. La chute de Saddam Hussein, celle de Moubarak, celle de Ben Ali leur ont donné des ailes. La  prévisible disparition de Bachar Al Assad risque d’avoir le même résultat en Syrie

Voilà  pourquoi  Barak Obama hésite à  armer la résistance syrienne.
Là est le véritable danger, plus, sans doute qu’une peu probable réaction de Téhéran ou de Damas au coup dur qui leur a été infligé.

Que faire alors ?
Bien malin qui pourrait le dire. Israël vient de démontrer sa puissance. La leçon sera peut-être  comprise par l’Iran et ses alliés.

Les Etats-Unis comme Israël semblent avoir  choisi la solution la plus sage, c’est-à-dire ne pas s’engager entièrement dans le conflit syrien comme cela a été fait en Lybie, mais en suivre le déroulement de près, naviguer à vue en envoyant un avertissement musclé lorsque  leurs intérêts vitaux sont menacés.
Pour le reste, attendre et voir.

André Nahum,
Judaïques FM, 8 mai 2013