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14 avril 2013

La Turquie, nostalgie ottomane ou pragmatisme ? Dorothée Schmid sera mon invitée le 21 avril

Recep Tayip Erdogan

Dimanche prochain, nous allons continuer notre série de deux émissions consacrées à la Turquie, cette puissance incontournable du Moyen-Orient, à la porte de l'Europe mais toujours en dehors de notre Union, et qui est revenue ces dernières semaines au premier plan de l'actualité. Et nous retrouverons Dorothée Schmid comme invitée. Rappelons qu'elle est spécialiste des politiques européennes en Méditerranée et au Moyen-Orient, et qu'elle est chercheuse à l'Institut Français des Relations Internationales. Elle y dirige le programme « Turquie contemporaine » depuis 2008, et ses travaux portent sur les développements de la politique interne en Turquie et sur les nouvelles ambitions diplomatiques turques. Elle est l'auteur de plusieurs rapports, et elle a dirigé l'ouvrage collectif La Turquie au Moyen-Orient : une puissance régionale ?, publié chez CNRS éditions en décembre 2011. Nous avions traité la dernière fois la situation intérieure de ce grand pays, et cette fois-ci nous allons parler de sa diplomatie. Alors pour la majorité des auditeurs de notre fréquence, l'intérêt géopolitique principal c'est bien sûr la sécurité d'Israël ; et c'est vrai que, suite au gel des relations après l'arraisonnement du Mavi Marmara au large de Gaza en 2010, pour la plupart la cause était entendue : islamiste enragé, Erdogan avait transformé son pays, un ex-allié, en un nouvel ennemi dangereux. Bien sûr, c'est une vision un peu simpliste des choses, la normalisation semble en marche après les excuses présentées par Benjamin Netanyahou, même si cela sera difficile. Mais pourquoi tellement de temps perdu ? La diplomatie turque n'a-t-elle pas maintenant définitivement tourné le dos à Israël pour des raisons à la fois idéologiques, stratégiques et économiques ? Cela sera l'objet de la première partie de notre entretien. Et puis, en deuxième partie, nous discuterons de tous les autres dossiers brûlants : les Kurdes, la Syrie, les monde arabe, l'Iran ...

Parmi les questions que je poserai à Dorothée Schmid :

-        Tout le monde a été surpris par cet entretien téléphonique, le 22 mars, entre les Premiers Ministres israélien et turc, en présence du Président Barack Obama juste avant son départ d'Israël, et par les excuses de Netanyahou acceptées par les Turcs. Il semblait que tout rétablissement de relations apaisées entre les deux pays était impossible, surtout après les derniers propos virulents de Recep Tayip Erdogan, qui avait assimilé le Sionisme à "un crime contre l'Humanité", le 27 février à Vienne, devant une conférence parrainée par l'ONU. D'après vous, que s'est-il passé ?

-        Est-ce qu'il n'y a pas une dérive générale d'Ankara par rapport à l'Occident qui fait que les relations turco-israéliennes ne seront plus jamais les mêmes qu'il y a dix ans ? Premièrement, la Turquie s'est fortement rapprochée du monde arabe, parce que l'identité islamique est revenue comme marqueur de sa société ; ensuite, parce que son économie, qui est en pleine expansion, a beaucoup profité des marchés du Moyen-Orient ; et enfin parce que, entre un sentiment anti-américain qui s'est enraciné après la guerre d'Irak, et une rancœur anti-européenne à cause du blocage des négociations avec l'U.E, les Turcs peuvent penser : "revenons sur nos anciens territoires". Qu'en pensez-vous ?

-        Le jeudi 21 mars, Abdullah Oçalan, le chef incarcéré du P.K.K, a officiellement appelé ses troupes à un cessez le feu avec les autorités turques. Ce ne serait pas le premier, rien ne dit que cela va tenir cette fois-ci, mais les observateurs espèrent cette fois qu'il sera mis un terme à cette guerre oubliée, qui ensanglante les provinces Sud Est du pays depuis près de 30 ans et qui a fait 45.000 tués. Pourquoi cette possibilité de compromis, à votre avis ?

-        Il y a dix ans, il semblait que c'étaient les Turcs qui étaient demandeurs pour l'entrée dans l'U.E, et les Européens qui étaient divisés, avec en gros les gouvernements de gauche qui la soutenaient et ceux de droite qui hésitaient. La situation n'est-elle pas totalement bouleversée aujourd'hui ? Rentrer dans une Union en crise économique et financière, est-ce que ce serait un cadeau pour les Turcs ? Et vu la montée de la peur de l'islam, pouvons-nous faire entrer un état de 75 millions de Musulmans en Europe ?

Un entretien passionnant : et j'espère que vous serez nombreux à le suivre dimanche prochain.

J.C