Rechercher dans ce blog

15 décembre 2013

Une petite pause, bonnes fêtes de fin d'année ... et à bientôt !


Ouf !

Plus de trois mois de publications ... il est temps de s'accorder une nouvelle pause.

Pas d'émission nouvelle à vous annoncer, car celle du 29 décembre sera une rediffusion, notre prochain rendez-vous sur les ondes étant fixé au dimanche 12 janvier.

Profitez bien de vos vacances pour celles et ceux qui partent.

Et rendez-vous sur le blog pour le jour de l'an !


J.C

13 décembre 2013

L'Egypte, pire pays pour les femmes dans le monde arabe

Photo tirée du film égyptien "Les femmes du bus 678"

Trois ans après le Printemps arabe, l'Egypte s'est hissée au premier rang des mauvais élèves du monde arabe en matière de droits des femmes, selon un sondage de la Fondation Thomson Reuters, publié mardi 12 novembre. Le pays arrive en dernière position parmi les 22 pays étudiés (21 pays de la Ligue Arabe et laSyrie, qui en a été suspendue en 2011), précédé par l'Irak, l'Arabie, la Syrie et le Yémen. Un classement établi à partir des évaluations réalisées par 336 experts en droits des femmes au regard de la Convention des Nations unies pour l'élimination de toutes formes de discrimination contre les femmes (Cedaw, signé ou ratifié par 19 de ces pays).

A l'inverse, les Comores, où 20 % des portefeuilles ministériels échoient à des femmes, arrivent en première position de ce classement, devant le sultanat d'Oman, le Koweït, la Jordanie et le Qatar.


LA PLAIE DU HARCÈLEMENT SEXUEL

Harcèlement sexuel, excision, augmentation du trafic humain, lois discriminatoires et faible représentation en politique: l'Egypte cumule les mauvais points dans toutes les catégories. L'insécurité accrue, l'augmentation des violences et du sentiment islamiste depuis la chute de l'ancien président Hosni Moubarak, le 11 février 2011, ont encore fragilisé la place des femmes. Le soulèvement révolutionnaire n'a pas davantage bénéficié aux femmes sur le plan politique : seules neuf d'entre elles, sur les 987 candidates aux élections parlementaires de 2012, ont été élues.
Le soulèvement égyptien a mis en lumière un phénomène inquiétant dans le pays avec les agressions sexuelles subies par des femmes, manifestantes et journalistes, sur la place Tahrir, au Caire, depuis deux ans. Selon l'organisation Human Rights Watch, 91 femmes ont été violées lors du seul mois de juin, pendant les manifestations contre le président Mohamed Morsi. Cependant, le phénomène est bien plus répandu au sein de la société égyptienne.
Selon un rapport des Nations unies réalisé en avril, 99,3 % des femmes et jeunes filles égyptiennes ont été victimes de harcèlement sexuel, un phénomène "endémique". "Cela ne devrait pas changer car il est considéré comme socialement acceptable et n'est pas pris au sérieux, ni par les autorités, ni par la société", a commenté une journaliste égyptienne à la Fondation Thomson Reuters. A cela s'ajoute l'augmentation des mariages forcés et du trafic humain dans le pays. En outre, l'excision demeure largement répandue : 27,2 millions des femmes et jeunes filles (soit 91 % d'entre elles) ont été excisées, selon l'Unicef.
Le harcèlement sexuel constitue également un problème majeur au Yémen (18e dans le classement), où 98,9 % des femmes et jeunes filles en ont été victimes dans la rue, selon un rapport du département d'Etat américain de 2012. La révolution yéménite de 2011, qui a vu un grand nombre de manifestantes, a permis d'imposer un quota de 30 % à la participation des femmes à la conférence sur le dialogue national. Cependant, la condition des femmes dans ce pays conservateur et extrêmement pauvre demeure inquiétante, notamment au regard du phénomène des mariages d'enfants. Selon le département d'Etat américain, un quart des filles de moins de 15 ans sont mariées, aucun âge minimum n'étant fixé pour le mariage. En outre, Human Rights Watch déplore le nombre élevé de cas de rapports sexuels forcés constatés dans les hôpitaux.

LES FEMMES, DOUBLEMENT VICTIMES DES CONFLITS

Depuis l'invasion américaine de 2003 en Irak et le renversement du président Saddam Hussein, les droits des femmes sont en constante régression dans le pays. La spirale de violence qui a marqué la dernière décennie a doublement affecté les femmes. Outre les risques liés à l'insécurité croissante, leur condition a reculé dans de nombreux domaines. Selon l'organisation Refugees International, les violences domestiques et la prostitution ont augmenté dans le pays. "La violence physique et verbale en direction des femmes est devenue monnaie courante et fait désormais partie de la culture sociale", estime Shatha Al-Obosi, ancien député et militant des droits de l'homme.
Les centaines de milliers de femmes déplacées à l'intérieur de l'Irak ou hors de ses frontières sont davantage vulnérables au trafic humain et aux violences sexuelles, selon le Haut Comité des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Une situation dans laquelle se retrouvent aujourd'hui une majorité de femmes et de jeunes filles en Syrie, déplacées par la guerre civile qui fait rage depuis trois ans dans des camps installés dans le pays ou au-delà de ses frontières. Les violences sexuelles, le trafic humain, les mariages forcés et l'absence de prise en charge pendant la maternité jalonnent le parcours de ces réfugiées, qui sont aujourd'hui plus de 1,06 million, selon le HCR.
Mais les Syriennes sont aussi des cibles directes de cette guerre. "Les femmes en Syrie sont des armes de guerre. Elles sont sujettes à des enlèvements et à des viols par des partisans du régime et d'autres groupes. Le régime utilise cela pour briser les manifestations pacifiques", a commenté l'activiste Sabiha Khalil. Selon le département d'Etat américain, plus de 4 000 cas de viols et de mutilations sexuelles contre des jeunes filles et des femmes, dont 700 survenus en prison, ont été signalés par le Réseau syrien des droits de l'homme. En outre, la prise de contrôle de certains territoires, notamment dans le nord du pays, par des groupes rebelles islamistes extrémistes s'accompagne de restrictions aux droits des femmes.
En Libye (9e rang dans le classement), l'insécurité et le règne des milices armées a également un impact direct sur les droits des femmes, qui sont victimes d'enlèvements, d'extorsions de rançons et d'arrestations arbitraires. La représentation politique des femmes – 33 femmes ont été élues en 2012 sur les 200 membres de l'Assemblée nationale – n'a pas eu pour conséquence d'inscrire les droits des femmes dans la loi. Les violences domestiques restent notamment un problème majeur dans le pays. "Les femmes se sentent en insécurité du fait du manque de protection sociale contre les maris abusifs", avance une militante libyenne. Près de 99 % des femmes qui ont porté plainte contre des cas d'abus domestiques l'ont retirée, note un responsable judiciaire libyen.

DES AVANCÉES NOTABLES EN ARABIE SAOUDITE

Dans un pays où la condition des femmes est souvent dénoncée, les experts ont noté des avancées : l'Arabie saoudite a mis en place des réformes pour accroître les opportunités d'emploi et la représentation publique des femmes. En janvier, 30 femmes ont été appointées au Conseil de la Shoura (qui tient lieu de Parlement, sans pouvoirs législatif ou budgétaire). Le droit de vote des femmes aux élections doit entrer en vigueur en 2015. En 2012, les femmes se sont vues accorder le droit de travailler dans des catégories d'emploi spécifiques.
Vingtième au classement, le royaume saoudien demeure le seul pays au monde où les femmes ne sont pas autorisées à conduire. Elles doivent obtenir l'accord de leur tuteur masculin pour se marier, voyager, étudier, ouvrir un compte en banque et parfois avoir accès au système de santé. "Le système de tuteur masculin traite les femmes comme des mineures et les met à la merci des machistes et des auteurs de sévices", commente une journaliste saoudienne. 

Le Monde, 12 novembre 2013

11 décembre 2013

29 ministres de pays arabes applaudissent Shimon Peres



C’est une grande première dans les relations internationales : il y a deux semaines, le président Shimon Peres s’est exprimé devant 29 ministres des Affaires étrangères des pays du Golfe, de la Ligue arabe et d’autres pays musulmans. Le fils du roi de l’Arabie saoudite était également parmi les personnalités présentes.

Cet événement historique a eu lieu lors du Sommet sur la sécurité du Golfe à Abu Dhabi, dans les Emirats Arabes Unis. Les ministres des Affaires étrangères de Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Koweït, d’Oman, du Yémen et du Qatar étaient présents, ainsi que ceux d’autres pays musulmans, comme l’Indonésie, la Malaisie et le Bangladesh celui de la Ligue Arabe.

Peres est apparu sur un écran vidéo géant, assis dans son bureau de Jérusalem avec un drapeau israélien derrière lui.
En face de Peres se trouvaient Terje Roed-Larsen, Sous-Secrétaire général de l’ONU, et Martin Indyk, envoyé spécial américain pour les négociations israélo-palestiniennes. Larsen interrogeait Peres, qui s’adressait directement à lui et non pas aux ministres des Affaires étrangères. Comme convenu à l’avance, les ministres des Affaires étrangères n’ont pas posé de questions et n’ont pas répondu directement Peres, ils ne se sont adressés qu’aux intermédiaires. En outre, il était stipulé que la teneur des propos devait rester secrète.

Les Émirats arabes unis, qui organisaient le sommet, ont donné à Peres le privilège d’ouvrir la conférence, témoignage de l’importance du président israélien en ce moment, en fait l’importance d’une bonne relation avec Israël contre l’ennemi commun, l’Iran.
Lorsque le président s’est exprimé, aucun ministre n’a quitté la salle, et quand il a fini de parler, il a été salué par une salve d’applaudissements.
Thomas Friedman analyste en chef du New York Times, a assisté à l’événement et a révélé « la performance » de Peres lors de la tenue de la conférence, il y a deux semaines, sans toutefois en divulguer le contenu. Selon lui, cette « coopération tacite israélo-arabe-sunnite n’est pas fondée sur une sorte de réconciliation, mais plutôt sur la tradition tribale qui fait que l’ennemi de mon ennemi est mon ami, et l’ennemi est l’Iran ».
Néanmoins, il rapporte que  » Tout le monde a compris que c’est un événement historique. Le président de l’Etat juif est assis dans son bureau à Jérusalem avec un drapeau israélien, ils sont assis dans le golfe Persique, et parlent de la sécurité, de la guerre contre le terrorisme et de la paix. »

Line Tubiana

Tribune Juive.info, le 2 décembre 2013

09 décembre 2013

Guerre civile en Syrie : des trésors historiques détruits




On voit, de temps en temps, des reportages à la télévision qui laissent deviner un peu l'étendue des destructions en Syrie ...

Déjà près de trois ans de guerre, quelques 120.000 tués dont une majorité de civils ; et un dictateur qui n'hésite pas, on le sait, à utiliser des bombardements aveugles - aériens ou terrestres - pour terroriser la population et écraser les rebelles.

Le résultat, ce sont aussi des trésors architecturaux, dont certains classés par l'Unesco, déjà largement détruits. Un site - voir sur ce lien - a publié des photos impressionnantes de 5 monuments, avant et après la guerre civile.

Reproduites ci-dessus, des images :
- de la Mosquée Al-Omari, à Deraa ;
- de la Grande Mosquée des Omeyyades à Alep.

J.C

07 décembre 2013

Oran, 5 juillet 1962, le massacre censuré : Gérard Rosenzweig sera mon invité le 15 décembre

Une des très rares photos du 5 juillet 1962, publiée dans le journal "Paris-Match"

Dimanche prochain, nous allons laisser de côté l'actualité en évoquant un évènement dramatique de l'Histoire contemporaine, puisque j'ai intitulé mon émission "Oran, 5 juillet 1962, le massacre censuré". Pour en parler, j'aurai le plaisir de recevoir sur mon plateau Monsieur Gérard Rosenzweig. Gérard Rosenzweig est un Français d'Algérie rapatrié, oranais de naissance et il a vécu cette journée dramatique du tout début de l'indépendance du pays, où plusieurs centaines de civils Européens de sa ville furent massacrés de manière abominable - il semble qu'il y ait eu environ 700 victimes. Il a lancé une pétition internationale que j'ai signée dès son lancement, elle tient en une page, en voici un extrait : "Le 5 juillet 1962, en ce premier jour de célébration de l'indépendance de l’Algérie, s'est commis à Oran un véritable crime contre l'Humanité. Crime passé sous silence, comme tant d'autres encore! Mais 51 ans après, n’est-il pas temps que toute la lumière soit faite enfin sur ce massacre ? 51 ans après, n'est-il pas temps que les archives algériennes et françaises soient enfin ouvertes à tous les historiens et qu'une enquête internationale digne de ce nom soit entreprise ?"
Quelques mots d'explication, pour bien cadrer cette émission avec les valeurs qui guident ma série, "Rencontre". Comme le savent mes auditeurs fidèles, la vérité, l'objectivité, sont pour moi des exigences éthiques qui font que jamais je ne cherche, ni à rendre les choses plus noires qu'elles ne sont, ni à les peindre en rose. Je n'oublie jamais l'idéal de réconciliation entre les religions, entre Juifs et Musulmans en particulier ; et s'il faut connaitre le passé, ce n'est pas pour le transformer en un fossé infranchissable de sang et de rancœur. Seulement, on ne peut pas non plus construire un avenir de paix en falsifiant l'Histoire, en la censurant. Il y a eu d'innombrables films, documentaires, livres dénonçant les exactions de l'armée pendant la guerre d'Algérie, mais un silence presque total recouvre les Pieds Noirs assassinés. Ce massacre horrible, la disparition de milliers de Français d'Algérie alors que la guerre était finie, ce sont des évènements que la mémoire collective de mon pays a voulu effacer. Et bien, puisse cette émission contribuer à rompre le silence, et surtout dénoncer cette censure absolument infecte.

Parmi les questions que je poserai à Gérard Rosenzweig :

-        Oran était une ville relativement épargnée par la violence jusqu'au début des années 1960. Il y vivait environ autant "d'Européens" - juifs compris - que de Musulmans. Les populations étaient plus mélangées que dans d'autres villes, et vers la fin de la guerre commencent des attentats à la fois du FLN et de l'OAS, avec des atrocités des deux côtés. Que se passe-t-il à partir des accords d'Evian et du cesser le feu du 19 mars 1962 ? Qui contrôle la ville ? Et quand commencent les enlèvements ?
-        Pour ce qui concerne le massacre du 5 juillet : comment cela a-t-il commencé, à quelle heure ? Combien de temps cela a-t-il duré ? Où est-ce qu'il y a eu des tueries d'Européens ? Les victimes ont-elles été massacrées sur place ou enlevées et tuées plus tard ? Et du point de vue du bilan, est-ce qu'on peut approcher de la vérité 51 ans après, a-t-on le nom de tous les assassinés ?
-        En ce qui concerne les massacreurs, il y a plusieurs explications. Première hypothèse, cette tuerie a été spontanée, c'est une foule algérienne déchainée qui a fait une sorte de pogrom pour se venger des exactions de l'OAS quelques semaines avant. Deuxième explication qui met en cause une Katiba - compagnie - particulière de l'Armée de Libération Nationale (ALN) venue du Maroc, et hostile au gouvernement du GPRA qui venait de s'installer à Alger. Troisième explication, ce fut décidé par le commandement local du FLN à Oran, mené par les partisans de Ben Bella qui devait très vite renverser Benyoucef Benkhedda à la tête du pays. Quatrième explication, de toute façon c'était le dernier acte d'un plan prévu très longtemps à l'avance par le FLN et qui, malgré sa propagande, ne voulait absolument pas d'une Algérie multiethnique après l'indépendance : qu'en pensez-vous ?
-        En ce qui concerne l'attitude du Général Katz, qui commande sur Oran 18.000 soldats français, il va laisser faire, jusqu'au début de l'après midi ou jusqu'au soir selon les témoignages. Pourquoi ? Est-ce qu'il n'était pas au courant ? Est-ce que, malgré les conventions signées avec les Algériens, il était bloqué par des consignes contraires venues de Paris ?
-        On parle un peu de ces massacres et disparitions sur nos écrans, mais étrangement en passant des documentaires très tard le soir. Plusieurs explications possibles : la première, c'est que c'est un épisode tellement honteux pour la France que les médias ne veulent pas que l'on sache ce qu'a laissé faire l'armée française. La deuxième explication, c'est que la responsabilité ultime était celle du Général de Gaulle, or il est devenu l'icône inattaquable de toute la classe politique française.. Et la troisième explication, c'est qu'au fond on raconte l'Histoire en opposant toujours les bons et les méchants, et que les Pieds Noirs sont définitivement les méchants pour cette guerre : qu'en pensez-vous ?

Une émission chargée d'émotion, sur une page d'Histoire sombre et vraiment oubliée : j'espère que vous serez très nombreux à l'écoute dimanche prochain !

J.C


Pour signer la pétition, aller sur ce lien