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13 décembre 2012

Bonnes fêtes à toutes et tous ... et rendez-vous début janvier !



D'abord une traduction à propos de ce dessin ... mais vous aviez tous compris, non ?

Les Smith (qui ne sont pas Juifs) habitent au numéro 22, et ici on fête Hanouka !

Petit clin d’œil donc à cette période de fêtes, qui ne se chevauchent pas tout à fait mais tombent toujours à la même époque : Hanouka, donc, qui a commencé cette année le 9 décembre et dure 8 jours ; Noël bien sûr qui tombe toujours le 25 avec le jour de l'an une semaine après ... mais pour tous, la lumière chaude d'un chandelier ou des boules de sapin, revenant nous consoler des journées courtes et de la tristesse hivernale.

Période de fêtes, mais aussi et comme c'est pour moi une tradition, de repos ici : pas de publications sur le blog pendant plus de deux semaines et demi ; pas de nouvelle émission, avec une rediffusion le dimanche 30 décembre.

En attendant, bonnes fêtes à tous, profitez de vos vacances ... et rendez-vous le mardi 1er janvier !

J.C

11 décembre 2012

Monde musulman : polygamie, la tradition se perd ?



 Ménage polygame au Tadjikistan

Légale dans la quasi-totalité des pays musulmans mais aussi sous d’autres cieux, la pratique de la polygamie tend cependant à régresser face aux évolutions socioéconomiques modernes. Enquête.

Quel est le point commun entre un mormon de l’Utah, un citoyen gabonais, un Hmong du Laos et un cheikh égyptien ? Tous partagent le privilège léonin de pouvoir disposer de plusieurs épouses. Trop souvent associée à l’islam, la polygamie n’est pourtant pas l’apanage de la communauté musulmane : rien dans la Torah ou dans les Évangiles ne l’interdit, elle est coutumière chez les hindous comme parmi de nombreuses ethnies d’Océanie et reste une marque de prestige dans beaucoup de sociétés africaines.
Trop souvent associée à l'islam, la polygamie n'est pourtant pas l'apanage de la communauté musulmane.

Considérée comme inhérente à la nature humaine par certains anthropologues, cette pratique atavique régresse face aux évolutions socioéconomiques modernes et à leurs conséquences sur les structures familiales. Mais elle reste autorisée dans une cinquantaine d’États d’Asie et d’Afrique et demeure très ancrée chez les musulmans.
Et pour cause : elle a la particularité d’être consacrée et codifiée par le Coran, même si c’est de façon restrictive : « Épousez comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes, mais si vous craignez de n’être pas équitable, prenez une seule femme » (IV, 3). Une restriction renforcée un peu plus loin dans la même sourate : « Vous ne pouvez être parfaitement équitables à l’égard de chacune de vos femmes, même si vous en avez le désir » (IV, 129).

Restrictions
Interprétée par les musulmans comme une prescription divine, universelle et éternelle, la polygamie a été perpétuée par les peuples qui ont embrassé l’islam. Et si sa pratique a reculé dans le monde musulman contemporain, sa remise en question y est encore perçue comme sacrilège, ce qui explique que peu de pays musulmans aient franchi le pas.
En Turquie, la réforme kémaliste l’a abolie en 1926. L’emprise soviétique a entraîné sa prohibition en Asie centrale, et l’Irak baasiste l’a proscrite en 1958 avant que Saddam Hussein ne la rétablisse en 1994.
Aujourd’hui, dans le monde arabe, seule la Tunisie l’a totalement bannie. Promulgué par Habib Bourguiba dès 1956, le code du statut personnel (CSP) déclare dans son article 18 : « La polygamie est interdite. » Mais il a fallu tout le charisme et l’autorité du Combattant suprême pour faire aboutir cette réforme révolutionnaire qu’aucun des vingt et un autres membres de la Ligue arabe n’est encore disposé à envisager. Toutefois, les féministes, les militants des droits de l’homme et l’évolution des sociétés ont amené certains législateurs arabes à en restreindre la pratique.

La réforme de la Moudawana (code de la famille) promulguée par le roi du Maroc en 2004 autorise la polygamie « pour des raisons de force majeure, selon des critères stricts draconiens » qui rendent sa pratique presque impossible. En Algérie, la refonte du code de la famille, en 2005, impose le consentement de la première épouse, et le mari doit désormais prouver sa capacité à « assurer l’équité et les conditions nécessaires à la vie conjugale ». En Jordanie, un rapport datant de 2010 du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU souligne : « La loi autorise la polygamie, qu’elle soumet cependant à des conditions restrictives en vue d’une transformation progressive des mentalités. » En Irak, en 2008, le Parlement régional du Kurdistan a joué un rôle pionnier en votant une loi qui limite la pratique à un second mariage, à la condition que la première épouse souffre d’une maladie sexuellement transmissible ou de stérilité. Auparavant laissé à l’arbitrage du cadi, le mariage est aujourd’hui davantage soumis au contrôle des autorités temporelles. Enfin, si avoir plusieurs épouses était jadis le privilège des riches et des puissants, ceux-ci donnent aujourd’hui l’exemple : une majorité de dirigeants arabes affichent fièrement leur amour pour l’unique.

Mais les progrès réalisés restent fragiles, les adversaires de l’abolitionnisme étant nombreux et le débat passionné. En Tunisie, il ressurgit régulièrement. Le 6 février, le parti islamiste Ennahdha, par la voix de son leader, Rached Ghannouchi, avait déclaré qu’il n’était pas question de revenir sur cet acquis du CSP. Mais ses adversaires lui prêtent un double langage : Ghannouchi serait lui-même bigame, et une vidéo postée sur Facebook le montre plaisantant avec des femmes sur les bienfaits de partager un mari. En juin, le site Investir en Tunisie publiait une citation du porte-parole d’Ennahdha, Samir Dilou : « La polygamie est l’un des principes fondamentaux du programme à venir du mouvement Ennahdha. » Déclaration démentie par l’intéressé, mais confirmée par le journaliste et sa rédaction.

Paradoxe : ces femmes qui défendent la polygamie
Paradoxalement, les meilleurs défenseurs de la polygamie sont parfois des femmes. En Egypte, la journaliste Hayam Darbak a fondé l’association Tayssir (« faciliter ») avec ce slogan : « Une seule épouse ne suffit pas ». En Tunisie, Dalanda Sahbi avait choqué l’opinion en défendant la polygamie au cours d’un colloque organisé par le Parti social libéral à l’occasion de la Journée nationale de la femme, en août 2009. En Turquie, c’est une militante de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir, qui a fait scandale en s’y déclarant favorable.

Fermement ancrée dans le socle social, religieux et culturel arabo-musulman, la pratique de la polygamie subsistera encore sans doute longtemps, bien qu’elle régresse et que les conditions matérielles et légales la rendent de plus en plus difficile. Pour nombre de défenseurs de l’identité islamique, la généralisation de la monogamie serait le fruit d’un ethnocentrisme occidental, l’exportation d’une forme de néocolonialisme moral acculturant.

Le prophète Mohammed
Le prophète Mohammed a apporté, il y a plus de mille trois cents ans, une réponse infiniment universelle et humaine à ce reproche, lorsque son gendre, Ali, vint lui demander la permission de prendre une seconde épouse : « Je ne l’autorise pas, non je ne l’autoriserai pas, et non je ne l’autoriserai pas, sauf si Ali Ibn Abu Talib veut divorcer de ma fille [Fatima, NDLR] et se marier avec leur fille, car elle est une partie de moi, et ce qui la trouble me trouble, et ce qui lui fait mal me fait mal » (Boukhari n°5230).

Laurent de Saint Périer,
Jeune Afrique, le 23 septembre 2011

10 décembre 2012

Connaissez-vous ce charmant pays (fin) ?

Les meilleures choses ont une fin ... et je vais donc finir là ma série de devinettes, qui vous aura fait voyager - de manière ludique - dans le monde musulman !

Rappelons que je vous ai fait rechercher des pays, successivement à partir de leurs armoiries, de photographies de villes, et pour finir à travers leur gastronomie - c'était peut-être le plus difficile ! Pour refaire ces différents périples, je vous invite à naviguer à partir de tous les libellés ci-dessous.

Pour en revenir à la dernière devinette, donc, et bien ces galettes de pommes de terre ont été trouvées sur un site consacré à la cuisine iranienne, et leur nom est étrange : "Coucou sib zamini" ...

Merci à toutes celles et tous ceux qui auront "joué" un peu grâce à ces articles.

J.C

09 décembre 2012

Islamistes contre démocrates arabes, qui va gagner ? Suite de mon entretien avec Jean-Pierre Lledo le 16 décembre



Nous allons poursuivre dimanche prochain notre entretien avec Jean-Pierre Lledo. Rappelons à nouveau qu'il est né à Tlemcen en 1947, d'une mère juive et d'un père pied-noir d'origine catalane ; qu'il connait parfaitement l'Algérie et les sociétés arabes, car ses parents avaient fait le choix de rester dans le pays après l'Indépendance et qu'il n'est parti qu'en 1993, menacé de mort par les islamistes. Réalisateur de cinéma de talent, il a écrit pour la première fois un livre politique, qui a pour titre "Révolution démocratique dans le monde arabe - ah si c'était vrai", il est édité chez Armand Colin ; et j'ai trouvé son livre tellement intéressant - même si je n'étais pas forcément d'accord avec toutes ses analyses -, que j'ai jugé nécessaire de lui consacrer deux émissions. La dernière fois, nous avions parlé de son décryptage de ce fameux "Printemps arabe", et dimanche prochain nous allons voir ensemble qui va gagner dans ce bras de fer entre démocrates arabes et islamistes, les seconds ayant remporté la première manche. Je dois dire aussi que son livre ne se lit pas du tout comme un ouvrage académique : on reconnait le cinéaste et ainsi, il présente cet affrontement comme un véritable match de catch entre le David démocrate quil appele de son nom arabe "Daoud" et le Goliath islamiste, nommé donc "Jalout". Un extrait, page 271 : "Sur le ring, Daoud doit tenir le plus longtemps possible. Debout, avec son bon jeu de jambes, avec son bon cœur, il peut facilement s'envoler et planer. Mais face au monstre, il doit garder le moral ; le match risque d'être long, très long. Il faut donc l'encourager".

Parmi les questions que je poserai à Jean-Pierre Lledo :

- Sur l'évaluation du rapport des forces aujourd'hui : page 77, vous écrivez qu'en mettant bout à bout tous les Arabes qui se reconnaissent dans nos normes démocratiques fondamentales, on arrive au maximum à 20 % : est-ce pour vous une moyenne ou une situation extrapolable dans tous les pays ?

- Vous avez eu le grand mérite dans votre livre de démonter le grand camouflage médiatique du "modèle turc", qui a permis à des journalistes et experts complaisants de nous dire que les islamistes au pouvoir en Tunisie étaient des "modérés" s'inspirant de l'A.K.P d'Erdogan, dont le parti serait "démocrate musulman" comme il existe des partis "démocrates chrétiens" en Europe : pourriez-vous démontrer que ce modèle n'est en rien rassurant ?

- Vous dites à plusieurs reprises que des élections libres cela ne suffit pas pour avoir une démocratie, pourriez expliquer pourquoi à nos auditeurs ?

- Deux des chapitres de votre livre, qui se suivent et se répondent quelque part, m'ont mis un peu mal à l'aise : le chapitre 15, intitulé "Voici ce qu'est aussi le réel du monde arabe et musulman", vous listez des horreurs passées ou contemporaines, génocides, persécutions de minorités religieuses, crimes d'honneur, esclavage des noirs, autant de faits réels qui ont été trop souvent minorés dans nos médias ; au chapitre 16, consacré à l'islamophobie, vous dénoncez à juste titre le chantage que l'on fait contre l'Occident dès que ces faits sont dénoncés ; mais en même temps, vous semblez justifier l'hostilité aux Musulmans qui se répand en Europe, et que confirment les sondages : cela n'est-il pas à la fois dangereux et contre-productif ?

Une nouvelle discussion passionnante, que j'espère vous serez nombreux à suivre dimanche prochain !

J.C

07 décembre 2012

Couvertures haineuses



J'ai découvert l'association de ces deux couvertures d'hebdomadaires sur la page FaceBook d'une amie musulmane ...

La première (à gauche) est réelle : l'hebdomadaire marocain qui l'a proposé à ses lecteurs, dans le cadre d'un numéro spécial, n'a pas eu peur de jeter en pâture les nombreux immigrants africains installés dans le Royaume, les présentant comme une invasion et un lot de problèmes ... bref, en utilisant une rhétorique digne du Front National !

Ceci n'a pas échappé au site d'extrême-droite "Fdesouche.com", qui est très lu et qui s'est contenté de le reprendre sans commentaires - avec un message subliminal difficile à contrer, pour le coup : "ils nous reprochent d'être racistes, voyez ce qu'ils publient". Cette publication a suscité des dizaines de réactions, dont une proposant un photomontage à partir du journal marocain (couverture de droite).

Tout ceci s'inscrivant dans un climat, bien malsain il faut l'avouer, où parfois les hebdomadaires jouent sur les peurs et le sensationnel pour stimuler leurs ventes : ainsi ce récent numéro du "Point" avec une couverture sur "Cet islam sans gêne" : couverture bien maladroite, car elle établit un amalgame au moins visuel entre "islam" et "islamisme radical". Elle n'est pas la première du genre, et "Libération" a consacré un article à ce sujet (lire sur ce lien).

J.C

06 décembre 2012

Impasse israélo-palestinienne, par André Nahum



Mahmoud Abbas dont la popularité s’effrite régulièrement  au profit de son grand rival le Hamas, vient  de réussir un joli coup médiatique en faisant admettre la Palestine comme membre observateur de l’ONU.
Ce strapontin qu’il obtenu grâce à sa majorité automatique dans l’organisation internationale et au soutien de plusieurs pays européens dont la France - la République Tchèque étant  la seule de l’Union européenne à voter contre -, ne changera pas grand-chose à la situation à Gaza ou en Cisjordanie, mais son importance psychologique et politique est indéniable. Sans compter que les Palestiniens pourront  désormais et ils ne s’en feront certainement pas faute,  traduire devant le Tribunal International tel ou tel dirigeant israélien pour crimes de guerre ou même crimes contre l’Humanité.

En réponse à cette action unilatérale que ne prévoyait pas les accords d’Oslo qui, jusqu’à nouvel ordre, régissent les relations  entre Israël et les Palestiniens,  Netanyahou a cru bon d’annoncer la construction de trois mille logements dans la banlieue de Jérusalem et en Cisjordanie,  provoquant  la colère immédiate des États-Unis et surtout  de l’Europe, où plusieurs pays dont la France ont  convoqué l’ambassadeur de l’état   hébreu pour lui  remonter les bretelles.

Si l’on  peut  mettre en doute l’opportunité pour le gouvernement israélien d’annoncer un  tel projet, qui dans les meilleures conditions ne verra pas le jour avant  longtemps, on doit cependant  remarquer que face à l’unanimité des états arabes et de leurs amis pour condamner régulièrement Israël  à tout propos  pour n’importe quoi, les Européens  font preuve d’une méconnaissance absolue des problèmes qui agitent le Moyen-Orient. Ils ne peuvent ignorer qu’une immense majorité d’Israéliens souhaitent la paix, mais  n’est pas assurée de la sincérité de l’OLP et encore moins  du Hamas, dont l’objectif proclamé est la destruction pure et simple de « l‘entité sioniste« . 

Pourquoi cette précipitation à reconnaitre un état  bicéphale, dont une des composantes se réclame d’une guerre totale jusqu’à la victoire finale ? Pour qui  la France a-t-elle voté au juste à l’ONU ? Pour le Hamas, afin qu’il continue à se faire surarmer par l’Iran, à envoyer des missiles sur le territoire israélien  et qu’il s’empare de la Cisjordanie comme il s’est emparé de Gaza ? Nos dirigeants ne voient-ils pas qu’en votant cette reconnaissance  prématurée de la Palestine avant tout accord  avec Israël qui joue sa survie dans cette aventure, ils éloignent les  perspectives de  paix en renforçant les extrémistes des deux camps ? Le Hamas crie victoire et  voit dans  cette admission à l’ONU  la  justification de sa lutte armée. Les Israéliens qui vont voter le mois prochain  risquent bien d’envoyer à la Knesset une majorité encore plus droitière.

Est-ce bien cela que souhaite  notre Quai d’Orsay ?

Dans un article récent,  Benny Grossman affirmait que les Palestiniens étaient soucieux avant tout  de retrouver leur dignité. 
Une revendication légitime mais qui  pour être satisfaite a plus besoin de  dialogue et de respect mutuel, que  de lance- roquettes, de culture de la haine, de ripostes et de contre  ripostes.
Au lieu d’attiser les flammes, les amis des Palestiniens feraient bien de s’en convaincre.
Si la proclamation de l’état palestinien avait été faite dans une ambiance d’accord  et de bon voisinage et pas dans la confrontation comme le confirme le discours de Mahmoud Abbas à l‘ONU, gageons qu’Israël aurait été le premier à le reconnaitre, et qu’un pas important aurait été fait vers la paix.
Dommage !

André Nahum,
Judaïques FM, le 5 décembre 2012

Nota :
Ce titre de mon ami André n'a pas été choisi par lui ... mais il me semble bien traduire la réalité, hélas !
J.C