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21 août 2011

Gaza : une nouvelle guerre ? Cinq paramètres et quelques hypothèses


Décidément, je n'aurais guère eu de chance avec mon retour programmé sur le blog ... Je vous annonçais, sur fond de plage enchanteresse, une pause jusqu'au 23 août. La situation devenant de plus en plus chaotique en Syrie, j'avais décidé il y a deux semaines de publier une "quinzaine syrienne" pour vous donner les derniers développements de l'actualité pour ce pays. Or, hélas, c'est vers Israël que tous les regards se tournent maintenant - hélas, car on a l'impression que les choses sont en train de déraper et qu'une vraie guerre peut éclater après le sanglant raid terroriste près d'Eilat - les huit tués de jeudi dernier étant alors, comme la dizaine de soldats tués à la frontière du Liban en juillet 2006, les premiers d'un conflit inattendu débutant au cœur de l'été.
Un blog n'est pas un journal, je n'ai pas les loisirs et les moyens d'un journaliste professionnel - cela je le répète asse souvent : vous trouverez donc, par tous les sites d'information habituels, les dernières nouvelles sur une situation qui restera certainement troublée pendant les prochains jours ; je ne reviendrai donc sur cette situation que pour "le jour d'après", ou avant bien sûr en cas de développements dramatiques. Mais je tenais à vous faire partager, dès ce dimanche, quelques réflexions pour éclairer l'actualité. Je n'ai ni les informations du Mossad, ni la justesse d'analyse d'un géo politologue chevronné ... mais peut-être un peu de recul et de bon sens, pour au moins discerner les paramètres de la redoutable équation qui attend Israël !

1. Le paramètre syrien

Qui peut prétendre que les évènements en Syrie n'ont rien à voir avec ce qui vient d'éclater à la frontière Sud ? Bashar al-Assad se sent maintenant acculé, alors que les grandes puissances occidentales - USA, France, Royaume Uni, Allemagne - appellent clairement à son départ, et que le monde arabe a pris ses distances. Une manœuvre de diversion est toujours possible, or le Hamas, toujours hébergé à Damas, reste son "obligé". Le site "mediarabe.info", en lien permanent, note que la région risque d'être mise "à feu et à sang" par les services secrets syriens qui sont redoutables, et il fait le rapprochement avec le retour de la violence en Turquie et en Irak (lire ici). Il s'agirait donc de provoquer une guerre de diversion pour relâcher la pression et ressouder le peuple syrien autour de son leader : un piège, donc, où Israël aurait tort de tomber !

2. Le paramètre libanais

Le même site nous révèle que le Hezbollah s'est aussi réjoui de l'attentat sanglant de jeudi, ce qui n'est guère étonnant. Or la milice chiite, qui reste l'alliée du régime syrien, a en plus des inquiétudes spécifiques : l'acte d'accusation du "Tribunal pour le Liban" de l'ONU, a officiellement désigné quatre de ses responsables comme suspects de l'assassinat de Rafic Hariri ; la tension monte, à la fois à l'intérieur du pays où l'ex-Premier Ministre et fils du défunt lui demande maintenant des comptes, et à l'extérieur, où la Syrie semble entrer dans une ère de chaos ... Ses liens de coopérations avec le Hamas, autre organisation islamiste radicale vouée à la destruction de l'état juif, ne datent pas d'hier et l'excellente formation du commando qui a semé la terreur près d'Eilat porte sa marque, comme l'expliquent des commentateurs israéliens : mais le timing de l'attaque s'expliquerait bien.

3. Le paramètre égyptien

C'est le plus redoutable pour Israël, car c'est le maintien de la paix avec l’Égypte, colonne vertébrale de sa sécurité, qui est en jeu depuis quelques jours. J'ai craint, comme beaucoup, le basculement de ce grand pays dans le giron de l'islam radical après la chute de Moubarak, despote haï par son peuple, qui n'avait guère fait avancer les relations entre les deux peuples, mais qui avait au moins garanti un minimum de stabilité sur la frontière Sud. A lire certains commentaires sur les forums de la presse juive, ou à entendre certains auditeurs comme sur celui de nos confrères de Radio Shalom, je me demande si certains - qui disent tranquillement "qu'il n'y qu'à réoccuper le Sinaï" - comprennent bien ce que serait une guerre avec un pays de 70 millions d'habitants, et où économiquement ou diplomatiquement Israël risquerait de tout perdre. Les messages reçus du Caire ce week-end peuvent donner des arguments aux optimistes et aux pessimistes : les premiers noteront que les Égyptiens ont accepté de renforcer leurs patrouilles dans le Sinaï, qu'ils ont été les victimes des mêmes terroristes islamistes il y a quelques jours - l'attaque sanglante contre les quartiers généraux de la police à El Arish - et que les militaires, encore au pouvoir, ont tout intérêt eux aussi à éviter un dérapage de la situation ; les seconds relèveront l'incident de jeudi - où trois policiers égyptiens ont été les victimes de tirs croisés de l'armée avec les terroristes juste à la frontière, incident qui a suscité une manifestation haineuse vendredi matin et surtout, la menace de rappeler l'ambassadeur à Tel Aviv ; ils noteront aussi que le pouvoir égyptien craint les Frères Musulmans, dont le Hamas est une succursale ...

4. Le paramètre militaire

Il est simple à comprendre : les ennemis mortels directs d'Israël - Hezbollah et Hamas - ne sont pas des incultes et ils savent aller lire l'information. Israël dit et redit que son "bouclier anti-missiles" sera pleinement opérationnel vers 2015, pourquoi donc attendre cette date ? C'est maintenant que l'on peut le "saigner à blanc" par des bombardements continus, et même si deux batteries "Iron Dome" sont en action près de la frontière de Gaza ( à Ashkelon, et plus en profondeur à Beersheba), cela ne suffira  pas si les "Grads" et "Kassams" tombent par centaines : la preuve, il y a déjà eu des coups au but. Le conflit peut donc durer longtemps, à moins d'une intervention massive comme lors de la guerre précédente de l'hiver 2009 ... qui n'a pas suffi à chasser le Hamas du pouvoir ! Ce paramètre milite donc pour une vraie guerre, si ce n'est tout de suite, en tout cas dans les mois qui viennent.

5. Le paramètre palestinien

Ce serait bien le seul qui, paradoxalement, irait dans le sens d'un apaisement sur le terrain ! En effet, l'Autorité Palestinienne préparait une grande offensive médiatique et diplomatique, avec son dépôt de candidature à l'ONU pour le 20 septembre. Une guerre à Gaza, surtout à la suite d'une agression caractérisée "sur les lignes de 1967" (comme cela a été le cas près d'Eilat, les terroristes ayant opéré à partir d'un pays en paix avec Israël), rendrait hors de saison les pressions internationales ; surtout que, et comme la fort bien remarqué Avi Dichter, l'ancien ministre de la sécurité publique, en se taisant face à l'agression terroriste du 18 août Mahmoud Abbas a montré "qu'il ne méritait pas de diriger un état" (lire ici sur le site Ynet.news) ... Conclusion : même si ses moyens de pression sont quasi inexistants vis à vis du Hamas, l'A.P ne fera rien pour envenimer les choses dans les prochaines semaines.

J.C