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30 novembre 2010

Niqab : un fond d'un million d'euros pour payer les amendes

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Interview

Un particulier met en place un fonds de soutien pour les femmes en niqab verbalisées dans la rue. Il compte ainsi payer toutes leurs contraventions de 150 euros.

http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif
Le projet de loi destiné à interdire le port du voile intégral doit être adopté mardi par les députés. Le texte devra ensuite être examiné par le Sénat en septembre prochain. Même si un délai de six mois doit être consacré à la médiation et à l'explication du texte, les amendes, d'un montant de 150 euros, pourront commencer à tomber à partir du mois de septembre pour toute personne portant un niqab dans l'espace public, et à fortiori dans la rue.
Dans ce contexte, un ancien candidat malheureuxà la candidature à l'élection présidentielle de 2007 (ndlr : faute de parrainages suffisants, il avait dû abandonner), Rachid Nekkaz, annonce la création d'un fonds pour financer toutes les amendes des femmes verbalisées pour ce motif dans la rue. Sa position se rapproche de l'avis du Conseil d'Etat, qui s'est en effet prononcé défavorablement au mois de mai, à titre consultatif, estimant qu'une interdiction générale serait «exposée à de fortes incertitudes constitutionnelles et conventionnelles».
Patron d'une agence immobilière, Rachid Nekkaz adhère au Parti socialiste depuis fin 2009. Pour l'instant, le parti ne commente pas son initiative.
Lefigaro.fr : Comment avez-vous procédé pour créer ce fonds ?
Rachid Nekkaz : J'ai créé l'association «Touche pas à ma Constitution». Avec ma femme, nous avons tout simplement ouvert un compte sur lequel nous avons déjà viré la somme de 200.000 euros. D'ici au mois de septembre, il y aura un million d'euros de disponible pour les femmes sanctionnées pour avoir porté le niqab dans la rue. Pour réunir cette somme, je vends des biens immobiliers dont je suis propriétaire en banlieue parisienne. Et par ailleurs, je reçois beaucoup de contributions de la part de particuliers. En 24 heures, depuis la parution d'une dépêche Agence France Presse, j'ai eu 36.000 euros de fonds supplémentaires. J'insiste, je ne suis soutenu par aucune organisation et les fonds que je reçois ne proviennent que de particuliers.
En pratique, comment allez-vous aider ces femmes ?
Nous avons relayé l'information sur tous les sites de soutien à leur cause pour qu'elles soient au courant de notre démarche. Elles n'auront ensuite qu'à nous envoyer leur amende et, comme cela n'est pas encore interdit, nous enverrons un chèque à leur place. Toutes les amendes qui nous seront envoyées pour ces cas précis, seront intégralement payées.
Votre soutien s'arrête aux femmes qui portent le niqab dans la rue. Pourquoi ?
Je suis favorable à l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics mais je considère, à l'image du Conseil d'Etat, que l'interdire dans la rue est une violation des principes constitutionnels. Notre objectif est donc de lutter contre ce que j'appelle la «délinquance présidentielle» qui consiste à imposer des principes illégitimes. Nous empêcherons donc la mise en application de cette loi anticonstitutionnelle. Dans une démocratie, la liberté, c'est sacré.
Qu'est-ce qui motive votre combat ?
Je suis un homme de convictions. Et je pense réellement que le principe de verbaliser le port du niqab dans la rue est la porte ouverte à toutes les interdictions. Après ce sera la kippa, puis pourquoi pas la soutane, ou les homosexuels qui seront stigmatisés…
Avez-vous reçu des soutiens ?
Nous avons envoyé des fax aux 36.000 maires de France. Pour l'heure, 1.342 nous ont apporté leur soutien. Sur ce total, plus de 750 sont au Parti socialiste, les autres sont sans étiquette, ou bien divers droite. On espère que notre initiative sera de plus en plus connue et reconnue.

Charlotte Menegaux
Le Figaro, 12 juillet 2010

27 novembre 2010

La laïcité divisée face aux défis intégristes : Caroline Fourest sera mon invitée le 5 décembre

Caroline Fourest

Nous allons poursuivre dimanche prochain mon entretien avec notre invitée de l'émission précédente, Caroline Fourest.  Rappelons à nouveau aux rares auditeurs et lecteurs  qui ne la connaitraient pas encore qu'elle est essayiste, auteur de plusieurs ouvrages, et journaliste, rédactrice en chef de la revue féministe « Prochoix », et surtout chroniqueuse, sur « France Culture » et au journal « Le Monde » ; elle est aussi enseignante à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Je l'avais invitée pour parler de son livre d'entretiens avec Taslima Nasreen, "Libres de le dire", (éditions Flammarion). Nous avions évoqué la dernière fois cette écrivain originaire du Bangladesh, exilée de son pays et menacée de mort suite à ses critiques de l'islam. Et dimanche prochain, nous allons parler plutôt de Caroline Fourest, jeune intellectuelle française militante à la fois de la laïcité et d'une gauche humaniste, sans complaisance pour les "idiots utiles" évoqués lors d'une précédente interview il y a deux ans, idiots utiles à l'islam radical qu'ils se gardent bien de juger. Alors nous allons d'abord suivre le plan de son livre et évoquer, à la fois son parcours et son expérience personnelle qui ont construit ses valeurs ; puis nous évoquerons les grands défis qui attendent notre société, de plus en plus fracturée par des chocs et des replis identitaires. Ensuite, et cela intéressera une grande partie de notre auditoire, nous évoquerons ses prises de position récentes, à la fois à propos des relations entre le Judaïsme et la République laïque et à propos Israël ; je suis en effet particulièrement heureux qu'elle puisse se défendre ici à notre antenne, contre des critiques excessives entendues dans la communauté juive - même si, et nous en débattrons, je n'ai pas été toujours d'accord sur tout ce qu'elle a pu dire ou écrire.
Parmi les questions que je poserai à Caroline Fourest :
- Née dans une famille assez incroyante, vous avez quand même fait vos études dans un collège privé catholique, mais sa fréquentation puis celle, ultra-rapide, de scouts d'un mouvement très à droite vous ont définitivement éloignée de la religion : et pourtant, vous avez une sorte de fascination pour l'intégrisme religieux, pourquoi ?
- Comment expliquer l'obsession de tous les intégristes pour la sexualité ?
- Un conflit, ouvert, vous oppose au site "Riposte laïque", site lui-même à l'origine du douteux projet "Apéro géant saucisson et pinard" dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, en réaction aux prières du vendredi dans les rues à cet endroit et qui entravent la circulation. Vous avez écrit à leur sujet dans le journal "Le Monde" du 19 juin 2010 : "ces derniers militent moins contre les intégrismes, au nom de la laïcité, que contre "l'islamisation" au nom de l'identité nationale. Une sémantique qui les a coupé des laïques antiracistes, avant de les rapprocher des ultranationalistes". Pouvez-vous vous en expliquer ?
- J'ai été parfois déçu par le parallélismes fréquent que vous établissez dans vos chroniques entre les impacts des pratiques religieuses juive et musulmane sur notre société, alors qu'il est souvent injustifiée : pouvons-nous revenir sur ce que vous avez écrit ?
- Vous êtes une journaliste assez avertie de l'actualité pour comprendre qu'aujourd'hui, au delà des prétextes de l'actualité - les constructions controversées dans les Territoires palestiniens, l'affaire de la flottille, l'opération de Gaza - on assiste à une véritable campagne pour délégitimer Israël en tant "qu'état nation" du peuple juif : comment répondre à cette campagne, en ne reniant pas des valeurs à la fois laïques et universalistes ?

J'espère que vous serez à nouveau très nombreux à l'écoute dimanche prochain !

J.C

24 novembre 2010

Marché aux esclaves

Le marché aux esclaves
Toile de Jean-Léon Gerôme

Une toile sur la Toile
- novembre 2010

Une magnifique toile orientaliste, d'un peintre déjà illustré sur mon blog ...

Les marchés aux esclaves "barbaresques" ont largement hanté l'imaginaire européen, dans des représentations à la fois exotiques et érotiques comme cette peinture : encore une "fascination orientale" ! Il faut dire que la "course" des pirates en Méditerranée, ramenant leur cargaison de chair humaine soit comme otages rançonnés, soit comme esclaves promis aux galères, soit - pour les jeunes femmes - comme pensionnaires des harems, avait de quoi effrayer les hardis voyageurs de l'époque. Justement, dans une prochaine émission avec la romancière Geneviève Chauvel, nous évoquerons une figure illustre de cette période, :"Barberousse", qui fit d'Alger et pour plusieurs siècles un repère de pirates :...mais je vous en dirai plus bientôt ! 

J.C

22 novembre 2010

Damas, capitale du boycott arabe ... et de l'antisémitisme

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La 85ème conférence des officiers de liaison des bureaux régionaux arabes du boycottage d'Israël a ouvert pour 3 jours ses travaux  le jeudi 27 octobre 2010  à Damas. Avec la participation de 15 pays arabes.

Le sous–secrétaire général de la Ligue Arabe pour "Les affaires de la Palestine et des territoires arabes occupés", Mohammad Soubeih, a affirmé que "le boycott d'Israël est le devoir de tout Arabe et Musulman". De son côté, le chef de la délégation de la Palestine, Anwar Abdel Hadi, a affirmé que "le boycott est l'un des moyens nécessaires pour affronter l'entité sioniste".

L’antisémitisme arabe, qui a aujourd’hui le visage de la Ligue Arabe, se manifeste  à chaque occasion par ces conférences dites de "boycott d'Israël". Le slogan du boycott d'Israël est aujourd’hui l’arme du choix des tyrans, des dictateurs et des gouvernants de ces États totalitaires. Il détourne les populations arabes des troubles publics qui pourraient se déclencher à n’importe quel instant, de la colère,  de la pauvreté, de l’ignorance,  de la maladie, des inégalités économiques et de la négation des droits de l’homme. La Ligue Arabe, qui est un véritable club de pays autoritaires,  a épousé de multiples formes de la haine d’Israël. Il s’agit plutôt d’un antisémitisme politique qui fait de l’État juif la poubelle dans laquelle les pays arabes  vident toutes les frustrations. C’est pour cela que le  seul  combat qui rassemble le plus grand nombre des pays arabes, c’est bien le boycott d'Israël.

Le monde arabe représente 350 millions d'habitants et presque une fois et demi la surface de l'Europe, d'un bout à l'autre ce sont  des gouvernements qui s’appuient davantage sur la brutalité que sur l’autorité de la loi. Israël au Moyen Orient semble aujourd'hui un îlot de démocratie de progrès au milieu d'un océan de dictatures rétrogrades. Comment alors ne pas susciter la jalousie ? Le succès d’Israël inquiète les pays arabes. De plus, les régimes arabes en place n'ont d'autre but que de se perpétuer, sans aucune place pour une véritable expression populaire. Tous les pays arabes sont dans un équilibre fragile, le pouvoir pouvant être renversé du jour au lendemain par la force ou par des urnes truquées ou non, au profit d'un régime islamiste encore plus violent et arbitraire.

Les pays arabes semblent prendre conscience d’une chose: Israël domine largement l’ensemble de ce monde… au niveau scientifique en tout cas. Donc il faut  le boycotter.

En effet, Israël est une "success story" comme disent les anglo-saxons, sur les plans technologiques, économiques, financiers, sur le plan des "start-up", de l'esprit d'entreprise, sur le plan des performances, du nombre de prix Nobel par habitant, des différents prix reçus dans tous les domaines notamment culturels. Sur le plan politique, Israël est  une exception : c’est le seul pays dans toute la région qui soit dirigé par un gouvernement contrôlé par une Assemblée démocratiquement élue.

De fait, Israël sera toujours la première cible des dictateurs arabes et de leurs dirigeants qui sont  les plus  vieux  dans la planète. Ce petit bout de terre  cristallise les haines et les passions de ces gens  qui n’ont pas réussi à construire des pays démocratiques. Nous pourrions ici  revenir sur l’antisémitisme arabe intrinsèque qui remonte à la nuit des temps, et qui a jalonné l’histoire de ces pays après leur indépendance, sans relâche et sans raison, avec son cortège d’horreurs les plus inconcevables pour un esprit simplement "humain". Un million de Juifs ont fui  les pays arabes ou en ont été expulsés, après l’application de lois discriminatoires,  des spoliations, des extorsions, et dans certains états des arrestations, des internements et des exécutions.

L’État Juif a lutté  avec dignité pour recueillir tous  les réfugiés Juifs des pays arabes, rendus apatrides. Cet État était d’ailleurs  la réponse à l’antisémitisme arabe.Le déplacement des Juifs des Pays Arabes n’était pas seulement la conséquence de la  proclamation de l’indépendance, d’Israël  et de l’humiliante défaite des Arabes. Les ingrédients de l’expulsion étaient déjà là, bien avant 1948. Les États de la Ligue Arabe avaient rédigé en novembre 1947 une loi désignant leurs Juifs d’"étrangers ennemis". Et les minorités non- musulmanes,  étaient rejetées et méprisées dans l’Histoire comme "dhimmis" (protégées), avec peu de droits, qui  étaient déjà opprimées par des régimes pan-arabes inspirés des Nazis. Comme l’exprime l’historien Nathan Weinstock, même les Juifs d’Allemagne de 1939 n’ont pas été si bien "ethniquement nettoyés".

Les pays arabes Arabes vivent aujourd’hui le pic d’une décadence   totale. Leur  vision politique est  déjà anachronique, obsolète, faite de fantasmes, de mirages et de délires. La survie  de leurs régimes est tributaire de la haine des juifs. Face à un sentiment d’échec et d’impasse du monde arabe, il faut donc boycotter l'état hébreu  faute de pouvoir le rivaliser.

Ftouh Souhail, 
Tunis

20 novembre 2010

Les "Tunes" à l'honneur !

Albert Memmi

Mes compatriotes "tunes" sont à l'honneur, par ces froides et tristes journées d'automne ... et cette nostalgie ensoleillée fait du bien !
J'avais évoqué, au mois d'octobre, la semaine du Judaïsme tunisien qui hélas, n'avait pas eu le succès mérité.
Dimanche dernier, la présentation par ses auteurs du magnifique album "Synagogues de Tunisie", au Centre Communautaire de Paris, a connu par contre une affluence record ! J'ai fait l'acquisition de ce beau livre, et je vous en ferais un petit compte-rendu d'ici la fin de l'année.

Dimanche 21 novembre, toujours au Centre Communautaire, un hommage sera rendu au grand écrivain Albert Memmi, que j'ai eu l'honneur de recevoir à plusieurs reprises dans mon émission - ci-dessous la présentation du programme :

14h30: Allocutions de bienvenue
- Edmond Elalouf, Président de l'Institut Universitaire d'Etudes Juives Elie Wiesel
-Robert Bismuth, Président du Centre Mondial du Judaïsme Nord-Africain et du Comité de Coopération Marseille Provence Méditerranée
-Mohamed Fantar,
Professeur d'Histoire et d'Archéologie à l'Université de Tunis, Directeur de la Chaire Ben Ali pour le dialogue des religions et des civilisations,
« La Hara, berceau d'Albert Memmi »
-Guy Dugas,
Professeur de Littérature à l'Université Paul Valéry de Montpellier, biographe de Memmi,
« Evolution de la pensée d' Albert Memmi »
-Claude Nataf,
Président de la Société d' Histoire des Juifs de Tunisie,
« Memmi et les intellectuels juifs de Tunisie »
- Afifa Marzouki,
Professeur de Littérature à l'Université de Tunis,
« Agar et la mixité »
-Franklin Rausky,
Maître de conférences de psychologie clinique à
l'Université de Strasbourg,
« Memmi et les figures de la dépendance »
-Débat avec le public.

A noter aussi, que, dans le cadre de cette manifestation, seront présentés 90 documents des archives personnelles de mon ami Bernard Allali, sur la Hara de Tunis.


Dimanche 5 décembre, ce sera, comme chaque année, la commémoration de la "Rafle de Tunis". On se reportera sur ce lien au reportage photos que j'avais fait, il y a deux ans, sur la même commémoration en 2008. 
 Voici le communiqué de la Société d'Histoire des Juifs de Tunisie à ce sujet :

Le dimanche 5 décembre 2010 à 10heures 45 précises aura lieu au Mémorial de la Shoah la cérémonie traditionnelle d’hommage aux Juifs de Tunisie victimes de la barbarie nazie à l’occasion de l’anniversaire de la rafle des Juifs de Tunis par les S.S. (9 décembre 1942). Cette cérémonie se déroulera sous la présidence effective de Monsieur Gilles Bernheim Grand Rabbin de France, et en présence  des représentants diplomatiques de Tunisie et d’Israël en France, du Maire de Paris et de diverses personnalités.
Durant cette cérémonie, les noms des Juifs de Tunisie tués pendant l’occupation nazie que ce soit en déportation ou dans les camps de travail, ainsi que les noms des Juifs de Tunisie morts au champ d’honneur seront rappelés.
Mémorial de la Shoah - 17 rue Geoffroy l’Asnier - 75004 Paris
NB: le lundi 6 décembre à 19h15 au mémorial, Claude Nataf donnera une conférence autour du thème « Il y a 70 ans, le statut des juifs en Tunisie »

A noter, enfin, que la dynamique Société d'Histoire a depuis peu un site, que vous pouvez visiter à l'adresse : www.shjt.fr


18 novembre 2010

Un conflit d'Universels : relire d'urgence Eric Marty !

Citation on line



Extrait de "Bref séjour à Jérusalem" par Eric Marty, repris le 9 mai 2003 sur le site "Debriefing.org"



Introduction :
Mon ami Charles L., de Montréal, me fait l'honneur de suivre régulièrement ce blog. Il m'envoie, régulièrement, des liens et extraits tirés du Net que je ne peux, malheureusement, reprendre tous en ligne. J'ai cependant voulu rapidement partager avec mes lecteurs cet extrait d'un texte déjà ancien (2001) d'Eric Marty, professeur de littérature contemporaine à l'Université Paris VII. Comme on le verra, il met le doigt sur une des sources d'incompréhension les plus profondes entre la France et Israël : une sorte de compétition entre deux conceptions de l'Universel, qui déstabilise la vision du Monde de nos compatriotes ... et aboutit, hélas et chez beaucoup d'entre eux, à un refus  existentiel de l'état juif.
Bonne lecture !
J.C
Dans "la métaphysique des nations ", la France est sans doute le pays le moins à même de comprendre ce nom propre qu’est Israël. Cette incompréhension viscérale tient tout simplement à ce que la France est porteuse, détentrice et peut-être fondatrice d’un type d’universalité antagoniste avec celui qui fonde le nom d’Israël. Comment l’universalité française égalisatrice, nivellatrice, fusionnelle comprendrait-elle une universalité en écart ?
Et d’abord peut-il y avoir tant d’universalités sur terre ? N’est-ce pas une contradiction insupportable ? Que peut signifier une universalité qui s’inscrit dans un écart symbolique ? Comment comprendre ces juifs, en qui tout l’univers affleure, puisque toutes les races sont représentées par le nom d’Israël, dans le nom d’Israël et par son peuple composé de noirs, de blancs, d’orientaux, de slaves, de méditerranéens, etc., et qui, en même temps, circonscrit l’appartenance au nom à des conditions fort strictes ?
Comment comprendre le cosmopolitisme, ethnique, culturel, linguistique, comment comprendre ce cosmopolitisme essentiel du nom Israël et du peuple d’Israël, lui qui ne fut jamais, comme Rome, comme Londres ou comme Paris, le foyer d’un empire ?
Comment comprendre la diversité pure de cet universel, diversité non pas seulement historique, liée à la diaspora de l’ère chrétienne, mais presque originelle, associée à la dispersion des tribus d’Israël ?
Et que veut dire un universel dont un peuple élu serait le détenteur ? Il y a apparemment trop de théologie là-dedans aux yeux d’un Français pour qui l’universel est une notion simple : tous les gens sont pareils et tous les gens sont comme moi. Cet universalisme républicain qui ne conçoit pas l’universel comme épreuve mais comme nature.

Les tenants de l’Universel français ont compris que, quelle que soit l’aide émancipatrice et libératrice qu’ils apporteraient aux peuples martyrs, ils resteraient d’éternels colons : l’universel qu’ils offraient n’était pas tout à fait cette pure délivrance, le pur signifiant de la Liberté, il demeurerait encore et toujours un universel français.

C’est dans cet échec historique de l’universel français et le passage ambigu de témoin qui fut opéré avec le Tiers-monde, que gît le rapport énigmatique d’incompréhension, de falsification, de négation d’Israël par la France, de cette négation qui est une spécialité française. Cet échec de l’universel français, nous le vivons comme un long deuil dont l’Europe nous débarrassera peut-être pour notre plus grand bonheur, où être français se vivra et se pensera alors plus librement. Le nom propre Israël ne veut rien dire pour la nation française. Ce nom est un nom essentiellement raturé et donc illisible. Et la première rature est là. Israël n’est et ne peut être qu’un prolongement, qu’une marionnette ou qu’un surgeon des Etats-Unis. Il est impensable qu’Israël signifie autre chose que cela.

Chaque jour en lisant la presse française, je me suis demandé ce qui pouvait bien animer ce besoin de maquiller la réalité, de travestir les choses, de mentir. Ce qui anime le besoin de mentir, c’est tout simplement la volonté de voir disparaître l’Etat d’Israël comme Etat juif. Bien sûr, tous ces gens ne sont pas animés d’un désir d’extermination du peuple juif : rien de tel dans leur esprit. S’il y a un antisémitisme de gauche, il n’a pas encore la parole en France. Non, ce qu’ils désirent voir disparaître c’est la judéité de l’Etat d’Israël, et par voie de conséquence, l’Etat d’Israël lui-même.
Un article de Gilles Paris, paru dans Le Monde du 14 avril 2001, est, à ce titre, un pur révélateur : cet article s’intitule "A la recherche de l’Andalousie du XXIème siècle". Titre étrange puisqu’il prend comme modèle la colonisation du sud de l’Espagne par les Maures (pourquoi ne pas proposer alors le modèle colonial français en Algérie ?). Au fond l’idéal de Gilles Paris, celui de l’idéologie franco-palestinienne à propos d’Israël, c’est que le peuple juif, comme dans l’Espagne mauresque, redevienne ce qu’il a été si souvent, ici ou là, un peuple sans Etat, minorité protégée par la bienveillance arabo-musulmane dont on sait - l’histoire nous l’apprend - qu’elle est sans limite. Quel autre sens trouver à cette "Andalousie", dont Gilles Paris semble avoir une grande nostalgie pour les juifs ? Le nom et le statut existent, nul besoin de l’inventer : les Arabes ont tout prévu, ils appelaient cela les dhimmis.

Qu’y a-t-il de si insupportable à l’humanité dans l’existence d’un Etat juif ? Qu’y a-t-il de si insupportable dans l’Etat d’Israël ? Rien en tout cas qui puisse heurter ceux qui souffrent de phobie à l’égard de la pureté ethnique, puisque la population juive d’Israël est, comme on l’a dit, en vertu de l’universalité originaire du peuple juif, la population la plus multiraciale qui soit. L’universel juif, on le voit, est bien particulier. Il n’est pas comme pour les autres nations un futur, un avenir, ou un idéal à conquérir, il est originaire. Voilà peut-être ce que tant de gens ne supportent pas dans l’existence même d’Israël, dont l’universalité les précède et les précédera, à tous les sens du mot, jusqu’à la fin du monde.

L’idéal sioniste est la seule utopie du XXème siècle qui ait réussi, la seule à avoir suscité un homme nouveau sans produire un monstre, tel l’homo sovieticus, ou l’homme aryen, tout simplement parce que, là encore, ce n’est pas avec un avenir démiurgique que les sionistes ont composé, mais avec l’homme originaire qui était en eux : l’hébreu. Comment est-il envisageable pour les juifs de se déposséder d’une reconquête sans précédent dans l’histoire ? Israël aujourd’hui n’a pour Être que son existence, Israël n’est qu’existence.

Cette détermination purement existentielle d’Israël, je la vois dans une double vulnérabilité. Une vulnérabilité historique : Israël a à peine plus de cinquante ans, l’âge d’un être humain - encore assez être humain pour pouvoir mourir, disparaître et retourner à la poussière. Une vulnérabilité géographique : Israël est grand comme à peine deux départements français : sans réserves territoriales, une seule défaite peut l’anéantir : Israël ne joue jamais avec la vie, car tout son être est dans cette existence finie. Cette détermination purement existentielle d’Israël, je le vois dans son nom propre et dans l’anthropologie qu’il dessine : ce nom qu’elle a hérité d’un homme, Jacob. Jacob a été appelé Israël parce qu’il a lutté avec Dieu toute une nuit et qu’il n’a pas cédé sur son identité.


Eric Marty,
"Bref séjour à Jérusalem", Editions Gallimard

16 novembre 2010

Pas d'émission le 21 novembre

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A chaque mois de novembre revient un grand moment dans la vie communautaire : celui de "l'Appel National pour la Tsédaka" du Fonds Social Juif Unifié.
Le calendrier de ce mois, dédié à la collecte d'urgence au profit des plus nécessiteux, est donné à cette adresse :
http://tsedaka.fsju.org/2009/tsedaka-2010-evenements.pdf
Moment fort de la campagne, et comme chaque année, le "Radiothon" qui mobilise toutes les stations de la fréquence juive : Judaïques FM bouleverse donc ses programmes, et mon émission - qui tombe les semaines paires - est décalée au dimanche 5 décembre ; vous pourrez alors entendre la deuxième moitié de mon interview de Caroline Fourest.
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13 novembre 2010

Une affiche qui fait peur ...



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J'avais consacré un long article il y a déjà plus de 4 ans - lire sur ce lien - à l'appel des "Indigènes de la République", devenus depuis une organisation aussi active que présente dans certains médias complaisants : ainsi leur militante Houria Bouteldja, a-t-elle un quasi abonnement à l'émission de Frédéric Taddei sur France 3, "Ce soir ou jamais". Haine de la France et de ses valeurs, revanchisme de descendants d'ex-colonisés, défense de l'islam radical sous couvert d'antiracisme, anti-sionisme militant, propagande distillée avec hélas un certain art de la manipulation, tout ceci donne un cocktail inquiétant. 

Inquiétante, cette affiche appelant une "marche" le 8 mai prochain en plein quartier musulman de Paris (Barbès), l'est également, et elle mérite un petit décryptage.
1. La couleur, le graphisme, l'angle de vue des trois visages représentés ... tout ceci évoque de très mauvais souvenirs pour qui a un minimum de culture historique : c'est exactement le même type d'affiches qui faisaient la propagande, dans les années 30 et 40, des partis fascistes européens.
2. Les "indigènes" représentés illustrent un échantillon aussi clair que réducteur : deux Maghrébins, un Africain ; le "renois" (pour parler verlan comme dans l'affiche), étant encadré par les "rebeus", lui signifiant sa position de minoritaire politique dans cette marche.
3. Les même "indigènes" s'affichent comme anciens colonisés, mais en même temps excluent les franco-vietnamiens et autres anciens "indochinois", pourtant nombreux dans notre pays : coupables de ne pas être musulmans ? Ils se veulent représentatifs de l'immigration, mais tous les descendants d'immigrés de l'Europe du Sud, ou, plus récents, ceux originaires d'Europe de l'Est sont effacés : coupables d'être Européens ?
4. Bien entendu, la seule femme représentée porte un voile islamique : une "Beur" dévoilée serait une "traitre". Mais d'une certaine manière, c'est parfaitement logique avec leur "campagne nationale" rappelée en haut de l'affiche : "l'islamophobie" est dénoncée, et ce "mot valise" revient polluer le débat, la critique de l'islam intégriste étant censurée au nom de l'antiracisme ; à noter, aussi, que les lois sur la Burqa et sur le voile sont implicitement dénoncées par ce genre de propagande ; à noter, par ailleurs, que l'autre Maghrébin représenté porte une petite barbe qui évoque aussi un intégrisme religieux.
5. Enfin, "last but nos least", le titre de l'affiche fait vraiment peur : "Touche à ma nation", c'est d'abord le détournement du fameux "Touche pas à mon pote" de SOS Racisme d'il y a plus de vingt ans. Mais un détournement affreux : on dit au lecteur "touche ..." sur un air de défi, comme si on risquait gros en osant, exactement comme lorsque des voyous des cités interpellent un quidam dans une rue mal éclairée ; et on associe le mot "nation" à trois visages venus d'ailleurs ... comme si "leur" nation n'avait rien à voir avec celle des Français les ayant précédé dans le pays : quelle meilleure publicité, dans le fond, pour le Front National ?

11 novembre 2010

La flottille pour Gaza - L'autre souffrance, par Daniel Sibony

Daniel Sibony


Lors de cet événement très médiatique, on a surtout vu les condamnations, les protestations, les menaces... Mais on n'a pas évoqué, et pour cause, une souffrance silencieuse que tout un petit peuple a incarnée: ceux qui soutiennent Israël, et qui sont fort nombreux, ont vécu une blessure, une vraie souffrance, qu'il n'est pas sans intérêt d'analyser.
Bien sûr, c'était le prix payé pour une action très mal pensée, l'attaque israélienne sur la flottille[1]. C'est toujours dur lorsqu'une entité qu'on soutient est piégée alors qu'elle pouvait le prévoir. Mais cette souffrance paie aussi, chez ceux qui l'éprouvent, une confusion entre l'échelle des médias et celle des valeurs. Beaucoup sont tellement sensibles aux médias, dont ils ont parfois le culte, qu'ils prennent la condamnation médiatique pour un message universel. Or il n'est pas sûr du tout que l’opinion mondiale exècre Israël, comme voudrait le faire croire tout un courant médiatique.
Plus précisément: les médias français, voire européens, n’ont pas peur du judaïsme mais ils ont peur de l’islamisme; et ils lui jettent en pâture tous les vomissements qu’il réclame contre Israël, toutes les condamnations: cela ne coûte rien à ces médias (ou à ces responsables), et ils comptent ainsi amadouer une force importante qu'ils redoutent par ailleurs; dont ils sont même assez phobiques. Mais ces rejets ne reflètent pas l’état réel de l’opinion, déjà en France et en Europe; a fortiori sur la planète.
Bien des non-Juifs, qui ne sont pas pris dans ce haro, ont marqué leur étonnement devant cette action, leur compassion même, mais ils sont loin d'être furieux et "dressés" comme on le dit; et ils ne le sont pas en permanence, comme l'est la mouvance islamiste, laquelle draine toutes sortes de courants qui s’y prêtent, qui peuvent y trouver leur compte, mais cela ne produit pas une exécration générale. Or beaucoup de Juifs l'ont ressentie ; c'est donc qu'elle leur vient en bonne partie de l’intérieur: ils se sentent tout nus devant l'événement, devant l'accusation qu'ils croient universelle. En fait, c'est eux qui l'universalisent, comme s'ils n'avaient retenu de l’histoire juive qu'un index agressif venant des autres. Bref, ils n'ont pas très confiance dans ce qui fonde le peuple juif, à savoir une transmission millénaire, qui a fait renaître Israël en plein XXème siècle. Pour certains, elle se réduit à peu de chose et ils n’ont comme repère que le « on dit » des médias, la bataille des images, à qui aura la meilleure. Et aujourd'hui, la meilleure image est celle de la victime impuissante, portée par la compassion des autres; cette image est puissante pour un temps bref; mais elle est aussi fictive, car la victime elle-même ne peut pas y tenir.
Que peut-on dire à ces personnes, sinon d'être plus proches de leur transmission, de l'enrichir, et peut-être d'opposer à l’échelle des médias, l’échelle de Jacob ou d’Israël (l'autre nom de l'ancêtre). Peut-être aussi de se recentrer sur la valeur de leur existence, la valeur de ce qu’ils en font ; de profiter aussi des erreurs commises, notamment de comprendre que le manque de pensée qui a marqué ce fiasco, se retrouve aussi ailleurs, dans une façon de penser et d'exister qui ne se répare qu'en revenant à l'essentiel.
Les Prophètes bibliques n'ont pas dit autre chose: "Vous oubliez d’écouter la parole de l’être!" C’est leur refrain. Et cette parole n'est pas seulement celle des codes ou de la loi, c'est l'étude de l'être et du mode d'être, de l'essentiel qui est à vivre et à transmettre.
J'ai écrit des choses semblables à l'occasion de l'Intifada[2]; car chacun peut le voir: c'est le même événement qui revient; la même tactique de l'adversaire qui est prêt à se faire tuer pour faire de vous un tueur, le tueur contre qui tout le monde se dresserait. Or là-dessus, l'opinion, sinon les médias, fait preuve d'une vraie modération et ne perd pas la tête, loin de là.
Cette phobie devant une haine que l'on croit universelle (croyance qui est fausse) renvoie sans doute à une peur archaïque: la peur d'être visés par une haine massive; les Juifs savent où cela mène; bien qu'aujourd'hui le contexte soit tout autre.
Elle renvoie aussi à une peur originelle et fondatrice: celle de la faute. La tradition veut qu'on prenne le deuil pour cela. Mais comment sortir de ce deuil, en l'occurrence imaginaire, de cette mortification que certains s'infligent et qui témoigne qu'ils sont solidaires d'Israël sur un mode instinctif? Une seule issue, penser plus loin ce lien solidaire; se mettre en mesure de répondre aux questions éventuelles ; plutôt que d'en venir, comme certains, à vouloir « vendre père et mère » pour ne pas affronter l'événement; du fait qu'il semble mettre en cause l'existence d'Israël.
Or un pays dont l'existence est chaque fois mise en question, est un pays très fort. L'apport du peuple juif semble être une mise en question incessante de l'existence, de la sienne tout d'abord. Cela dit, il n'y a pas une puissance sur terre qui peut mettre une croix sur l'existence d'Israël; cela, c'est un fantasme islamiste, qui tentera toujours de passer à l'acte en ameutant la planète. Mais la planète n'est pas ameutée, elle n'est pas dans le sillage islamiste contre Israël.
Revenir à l'essentiel, c'est penser chaque action de ce Conflit en fonction de ce contexte millénaire, de la rivalité entre deux transmissions dont l'une, la plus récente dépend de l'autre, de la juive, et ne le lui pardonne pas. C'est aussi, plus concrètement, ne pas s'imaginer qu'on doit raser les murs parce qu'une action de l'Etat juif a été mal pensée. C'est vrai qu'elle a mis en oeuvre une violence qui ne se réfère qu'à elle-même (sans intégrer la nature très précise de l'adversaire, et le contexte plus large qui lui aurait inspiré d'autres issues techniques moins scandaleuses).
Que des gens mesurent le peuple juif et Israël à l'aune de ces actes limités, pourquoi pas? Mais cela relève d'un fantasme où ils veulent un Etat juif parfait, c'est-à-dire inexistant. Or il existe comme très imparfait, et cela réveille de la haine chez ceux qui sont déjà haineux. Si des Juifs sont très mortifiés par cette haine, c'est sans doute qu'ils réduisent leur être-juif au message qui vient des autres, quels qu'ils soient. Ou que leur fantasme à eux c'est d'être aimés par tout le monde, sans exception. Ce qui est exagéré.
S'ils en sont là, à chacune de ces erreurs (qui promettent de se répéter), c'est qu'ils sont pris dans une grande angoisse. Or l'angoisse est une perte des repères, qui peut aller jusqu'à n'avoir comme repères que ceux-là mêmes qu'impose l'ennemi. On en est alors réduit à avaler des repères empoisonnés. Pour vaincre l'angoisse, il faut retrouver ses propres repères, dans sa vie, sa transmission, son rapport au monde et aux autres. En se rappelant que le monde actuel n'est pas piloté par une bande de fanatiques, ni réduit au tourbillon qu'ils engendrent de temps à autre. Les médias, eux, en ont peur, ou feignent d'avoir peur; le monde musulman modéré aussi, paraît-il, en a peur, même s'il ne semble pas pressé de la vaincre. S'envelopper de cette peur et de cette angoisse, c'est trop dépendre de l'ennemi le plus fanatique, qui à son tour déteste le peuple juif parce qu'il dépend trop de lui dès l'origine. Cette angoisse signale donc un véritable tournage en rond. Or la transmission fondatrice d'Israël préfère le jet et le projet qui traverse la suite des générations.

Daniel Sibony
Psychanalyste
texte publié le 12 juin 2010 sur son blog

Nota de Jean Corcos
Encore un article sur cet évènement "traumatisant", après celui de Richard Prasquier, Président du CRIF, qui dénonçait aussi l'attitude des médias sur cette affaire ... Il m'a semblé pertinent de reprendre cet excellent texte de Daniel Sibony, dans ma nouvelle série "A contre courant" : excellent, car il dénonce la peur qui s'est emparée de la majorité de ma communauté, confondant volontiers les médias ("qui ont peur ou feignent d'avoir peur" de l'ennemi islamiste) et l'opinion publique qui "fait preuve d'une vraie modération et ne perd pas la tête, loin de là" ... au delà, il nous critique - sans animosité -  ceux d'entre nous qui " réduisent leur être-juif au message qui vient des autres" !

08 novembre 2010

Connaissez-vous ce charmant pays (suite) ?


Al-Mamlaka al-Urduniya al-Hashimiya
La devinette du mois

- novembre 2010
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Allez, une autre devinette ... un peu plus difficile, quoique ... si on connait le nom de la dynastie régnante, on trouve facilement ... vu ?
Comme d'habitude, mails bienvenus à l'adresse du blog : rencontre@noos.fr.
Le résultat sera donné avec la prochaine devinette, le mois prochain.
Quand à la devinette précédente, il s'agissait d'un pays un peu exotique ... loin du Moyen-Orient, en Asie Centrale : l'Azerbaïdjan, ex-République Soviétique !


06 novembre 2010

Un silence éloquent, par Richard Prasquier

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L'affaire dite "de la flottille de Gaza" est déjà vieille de plusieurs mois, mais elle a laissé des traces profondes ... La communauté juive de France reste encore meurtrie par l'acharnement médiatique qui a suivi et les innombrables manifestations qui ont rempli les avenues de notre pays, alors même qu'aucun autre conflit ne recueille le dixième d'échos. Une semaine après le carnage de la cathédrale syriaque de Bagdad - dont les victimes, contrairement aux islamistes turcs du Mavi Marmara, étaient en majorité des femmes et des enfants n'ayant agressé personne -, une semaine aussi après la découverte des nouveaux colis piégés d'Al-Qaïda, force est de constater à nouveau l'indignation à géométrie variable de nos médias et de nos "humanitaires borgnes", si bien dénoncés par le Président du CRIF dans un texte un peu ancien, mais hélas toujours d'actualité !
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La manifestation sous l’égide du CRIF du 22 juin 2010 sur la place du Trocadéro fut un succès par l’affluence du public, la qualité de l’organisation et des interventions des orateurs. Mais en termes de retentissement médiatique, ce fut un échec. A quelques exceptions près, les organes de diffusion nationaux n’en firent pas mention. Ce fut un choix délibéré. L’explication nous importe. Elle est fournie par le médiateur de TF1 qui écrit qu’une manifestation pour les quatre ans de captivité de Gilad Shalit n’était pas relatée, « pour la triste raison » qu’il n’y avait pas d’évolution. Mais que de plus, le lien établi entre cette captivité et le soutien à Israël témoignait chez les manifestants « d’une certaine confusion dans leur identité nationale » …Diable !

Ces commentaires inexcusables oblitèrent le lien entre Gilad Shalit et la politique israélienne à Gaza. L’affaire de la flottille lui a donné un relief particulier. Ce lien porte un nom : le Hamas. Le refus par le Hamas de donner à Gilad les droits d’un prisonnier (qui n’est pas, rappelons-le, un prisonnier de guerre, mais la victime d’un kidnapping sanglant effectué en territoire israélien) a motivé la fermeture par Israël de l’entrée maritime de Gaza. En outre, c’est le refus méprisant des responsables de la flottille de véhiculer au Hamas les demandes de respect des droits de l’homme élémentaires envers Gilad Shalit qui a montré que ces humanitaires-là étaient au mieux des humanitaires borgnes dont la compassion était unilatérale.

Quoi qu’on pense de la façon dont les israéliens ont mené leur opération sur le Mavi Marmara, qui peut nier qu’ils ont rencontré sur le pont supérieur de ce bateau, non pas des pacifistes désarmés, mais des fanatiques prêts à tuer et/ou à être tués dans l’esprit du djihad ? Ces informations étant devenues disponibles, elles auraient logiquement dû effacer la représentation des premières heures, celle d’un massacre de pacifistes par l’armée israélienne. Il n’en a rien été. Tout s’est passé comme si les premières perceptions s’étaient cristallisées, et que leur correction était venue trop tard. La première image se fige, aussi fausse qu’elle se révèle ultérieurement. On pense évidemment à l’affaire Al Dura.

On souhaiterait que la presse procède à une analyse différée de tels événements pour les apprécier dans leur vérité et non pas uniquement dans une immédiateté trompeuse. Pourquoi est-ce si difficile ?

Ce n’est pas de l’antisémitisme. C’est, facilité par la sidération de la raison, l’effet de la tyrannie de l’immédiat, qui imprègne l’esprit d’autant mieux que l’événement peut s’insérer dans une grille de lecture préétablie, qu’il vient conforter. Ces grilles sont volontiers binaires, disant le bien et le mal sous le mode « oppresseurs/opprimés ». Celles qui reflètent « l’air du temps » transfèrent sur Israël le poids de la culpabilisation de l’Occident pour son passé colonialiste et son présent consumériste. Elles proposent l’innocence et la simplicité au prix de la stigmatisation d’un seul pays, celui du peuple qui a communément joué le rôle du bouc émissaire dans l’histoire.

Cette grille interprétative s’étend dans la société, et risque de toucher des milieux exempts d’hostilité à l’égard des Juifs et se prétendant amis d’Israël. A nous tous d’expliquer, d’expliquer sans relâche, le véritable visage du Hamas, du Hezbollah, du régime iranien ou de l’islamisme radical. La véhémence et les invectives ne servent à rien. Il faut faire le choix du débat, le choix de la vérité et être convaincu que la défense d’Israël ne se sépare pas de la défense du monde où nous vivons et qui ne veut pas voir qu’il est lui-même en danger.

Richard Prasquier
Président du CRIF
(Actualité juive, 14 juillet 2010)

04 novembre 2010

Femmes musulmanes, sujet inépuisable ...

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Avouons-le, je regrette de ne pas avoir consacré encore une émission (ou plus) au sujet de la Femme en Islam - le "I" majuscule englobant la civilisation islamique, au delà de la religion pour laquelle il est convenu d'utiliser une minuscule.
Certes, le sujet fut évoqué, souvent, lorsque mes invités ont traité de l'islam radical, dont le "machisme" absolu est un des marqueurs idéologiques. Evoqué ainsi, à propos du sujet incontournable du voile, comme ce fut récemment le cas avec Viviane Teitelbaum, opposante résolue, ou auparavant avec Dounia Bouzar, qui a une approche beaucoup plus nuancée. Autre regret, lors d'une vieille et mémorable émission (2001 !) avec Elisabeth Schemla et son amie Khalida Messaoudi - interviewée depuis Alger -, de ne pas avoir pris plus de temps pour parler de leur livre d'entretiens, "Une Algérienne debout" (Editions Flammarion) ; sur la place de la sexualité dans le délirium islamiste, la seconde avait tenu des propos très clairs dans cet ouvrage dont je reproduis un extrait :
"Comme tous les purificateurs, ils haïssent et persécutent la différence, la séduction, le mystère, le trouble et aussi l'altérité, qui est immédiatement visible sur leur corps. Voilà pourquoi les islamistes tiennent à le cacher, à le voiler, à faire disparaitre la différence biologiques dans ses signes extérieurs"
Cacher, vraiment ? S'il s'agit de la burqa ou du niqab, la question ne se pose pas et je crois, au travers de nombreux articles publiés ces derniers mois, avoir clairement marqué mon soutien à la loi votée à l'Assemblée Nationale, par une écrasante majorité. Mais tous les voiles ne masquent pas la beauté, comme le démontre cette frappante photographie en noir et blanc, publiée dans un site hagiographique de l'islam (www.linkmuslims.com) ...
En tout cas, au niveau du blog j'aurais proposé au fil des ans quelques dizaines d'articles avec le libellé "femmes musulmanes" : je vous invite donc à "surfer", et à lire et relire ces documents !

 J.C