Rechercher dans ce blog

20 mars 2010

La société marocaine en quête d’identité : Pierre Vermeren sera mon invité le 28 mars

Pierre Vermeren
Nous allons reprendre dimanche prochain avec Pierre Vermeren la suite de l’entretien diffusé le 14 mars à propos de son dernier livre, « Le Maroc de Mohammed VI, la transition inachevée » aux éditions « la Découverte ». Rappelons aux auditeurs de Judaïques FM qui auraient raté la dernière émission et qui ne le connaitraient pas encore, qu’il est historien de formation, arabisant, maître de conférences en histoire du Maghreb contemporain à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et surtout grand spécialiste du Maroc, où il a enseigné au lycée français Descartes de Rabat. Son dernier ouvrage est un livre très riche de 300 pages, qui tente un premier bilan de dix ans de règne, puisque le jeune Roi a pris ses fonctions en 1999 à la mort de son père, Hassan II. Dans notre première partie, nous avions abordé la politique intérieure, extérieure, l’état des libertés, parlé un peu d’économie, mais il restait à aborder la société marocaine d’aujourd’hui. C’est un sujet dont l’intérêt dépasse largement la curiosité universitaire, parce qu’on sait, par exemple, que l’immigration marocaine est devenu une composante importante de l’islam européen : selon l’évolution des mentalités, de l’autre côté de la Méditerranée, et bien on risque d’avoir un impact pour nous, pas seulement géopolitique mais aussi jusque dans nos banlieues. Dialectiques arabité et berbérité, orient et occident, tradition et modernité, autant de domaines très peu abordés dans les livres et reportages sur le Maroc, et ce sera donc l’occasion d’en parler.
Parmi les questions que je poserai à Pierre Vermeren :
- Tout le monde s’attendait à un fort score du « Parti de la Justice et du Développement » aux dernières élections, ceux que l’on pourrait appeler les « islamistes légaux » : et, surprise, ils ont nettement reculé, et le pouvoir ne semble pas avoir besoin d’eux pour gouverner. Que s’est-il passé ? Est-ce que c’est une manipulation des résultats ? Est-ce que c’est une évolution de la société marocaine, qui a eu peur de l’islam politique après les attentats de 2003 ?
- Il y a toujours eu au Maroc « l’islam autochtone », celui des confréries « tarikas », avec le culte des sanctuaires ou « zaouias », le maraboutisme, une religion très imprégnée de traditions berbères ; la mystique soufie qui avait eu beaucoup d’influence dans le pays ; le malékisme, qui est une école juridique de l’islam propre au Maghreb, à la fois dogmatique et accommodante dans la vie quotidienne. Mais il y a eu aussi plusieurs décennies de rapprochement avec l’Arabie Saoudite qui a financé des mosquées et des centres coraniques, il y a eu l’influence des télés satellitaires en provenance des pays du Golfe, et tout cela a donné une véritable « colonisation des lieux de culte » par le wahabbisme : est-ce qu’il n’est pas trop tard pour redresser la barque ?
- Depuis 2003 et la reforme du code définissant le code de la « moudawana », en théorie, les femmes ont une égalité juridique face au mari, elles peuvent demander le divorce, elles se marient à partir de 18 ans, elle ne peuvent plus être répudiées ; et pourtant, on a l’impression que ce nouveau statut a du mal à s’imposer, pourquoi ?
- Le livre évoque l’intérêt de certains milieux universitaires pour le passé juif du pays ; mais d’après un sondage, 63 % des Marocains se sentiraient plus proches d’un Afghan que d’un juif marocain ... est-ce que cette tendance pourra être renversé moyennant un effort éducatif ? Et n’est-ce pas inquiétant à terme pour la toute petite communauté juive, qui est quasiment la dernière structurée dans le monde arabe ?
- L’immigration marocaine a triplé entre 1994 et 2007 ; il y a officiellement 3 millions et demi de Marocains à l’étranger, mais si on compte les moins de 16 ans et les clandestins, ils doivent être près de 5 millions, soit plus de 15 % de la population totale du pays. La majorité vit en France, où elle constitue la première communauté étrangère : est-ce que cette pression démographique vers l’Europe va continuer ? Comment le pouvoir gère-t-il cette immigration, dans la mesure où souvent - en France, en Belgique, aux Pays-Bas - cette population semble basculer vers un islam radical ?

J’espère que vous serez nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C