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30 mars 2009

Comment l’ONU enterre les droits de l’homme, 2 : manœuvres et trahisons. Suite et fin de mon entretien avec Malka Marcovich le 5 avril


Dimanche prochain, nous allons poursuivre avec Malka Marcovich le passionnant entretien que nous avons diffusé le 22 mars, à propos de son livre « Les nations désunies. Comment l’ONU enterre les droits de l’homme » (Éditions Jacob Duvernet). A l’attention des auditeurs qui n’auraient pas suivi l’émission précédente, rappelons qu’elle est historienne, consultante pour différentes institutions, ONG ou ministères, et spécialiste du droit des femmes. C’est à ce titre qu'elle est rentrée dans les arcanes des Nations Unies, une institution prestigieuse où il y a, hélas, beaucoup de cadavres dans les placards. Son diagnostic est simple, et nous avons commencé à en parler la dernière fois : la décolonisation a eu pour conséquence l’entrée d’une majorité de pays du tiers monde, non démocratiques, et où se déroulent d’autant plus facilement des violations des droits de l’homme qu’il n’y a ni liberté de la presse, ni curiosité des démocraties pour ce qui s’y déroule. Non contents de cette impunité, ces pays, soutenus par deux grandes puissances autoritaires - la Russie et la Chine -, et guidés par les 56 états de l’Organisation de la Conférence Islamique, vont maintenant encore plus loin en essayant de limiter la liberté d’expression chez nous. Pour cette suite de mon interview, nous allons essayer de décortiquer ensemble les manœuvres et les complicités qui ont permis à ce camp des dictatures de marquer des points, et nous verrons quelle stratégie adopter pour y résister. Bien sûr nous parlerons aussi de ce qui va se passer à Genève à la fin du mois d’avril, pour la conférence Durban II : notons aussi que les propos échangés l’ont été à la date de l’enregistrement ( 16 mars) et qu’à ce jour la situation ne s’est pas encore décantée, certains semblant espérer en une résolution de compromis moins détestable vis-à-vis d’Israël, tandis que d’autres trouvent que les pays occidentaux ont déjà trop reculé ...

Parmi les questions que je poserai à Malka Marcovich :

- quelle est la situation à l’heure actuelle en ce qui concerne la prise en compte des droits des femmes par les Nations Unies, et est-ce que sur ce sujet, aussi, l’influence archaïque des régimes islamistes nous a fait reculer ?
- les ONG auraient du jouer le rôle de garde fous à propos des droits de l’homme, or le livre donne plusieurs exemples de compromissions. Pourquoi ? Est-ce le complexe des anciens colonisateurs ? Ou est-ce tout simplement les échanges d’ascenseurs entre l’ONU et les ONG, avec bassement des opportunités de carrières ?
- un certain nombre de personnalités sont épinglées dans le livre, qui se sont compromises de façon très inquiétante toujours en faveur des dictatures, et toujours sur le thème récurrent de la critique de nos démocraties : Jean Ziegler, Doudou Diegne, la théologienne Karen Armstrong ... ces gens là pensent-ils ce qu’ils disent ou y trouvent-ils un intérêt ?
- que penser de « l’Alliance des Civilisations », qui est une superstructure inédite, chaperonnée par l’ONU avec l’ambition, quasiment, de doubler le Conseil de Sécurité : quels en sont les responsables ? Quels pays ont poussé en avant cet étrange organisme - où l’iranien Khatami a joué un rôle important, avec notamment le soutien de l’Espagne de Zapatero ?

Je vous espère à nouveau nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C 

29 mars 2009

Armand Cherbit, ou l'Art de la mosaïque



Une toile sur la Toile
- mars 2009

J’ai déjà évoqué sur le blog l’œuvre d’Armand Cherbit. Il mérite, largement, de voir son travail honoré ici dans la rubrique « Une toile sur la Toile » où j’essaye de vous faire partager des émotions autant orientalistes qu’esthétiques !

Juif marocain, né à Fez, il a eu les honneurs de la presse peu de temps après sa Bar Mitzvah, juste avant la Guerre : c’était pour un de ses tous premiers tableaux représentant le quartier arabe de sa ville natale, et j’ai eu le plaisir de voir cette toile. Il a ensuite fait des études d’ingénieur bien sérieuses car l’art fait exceptionnellement vivre, et voici un autre motif de sympathie : comme mon ami Emile Moatti, polytechnicien à la retraite, comme moi-même, voici quelqu’un qui ne s’est pas contenté d’une vie partagée entre travail et loisirs ; et il a fait preuve, à un âge mur d’un talent et d’une puissance de travail absolument éblouissants - ses œuvres ont été récompensées par plusieurs prix et médailles depuis une trentaine d’années, citons parmi les plus prestigieuses la médaille d'or du salon des artistes français en 1977 et en 2000, et la médaille d'or de la ville de Paris en 2004 !

L’art de la mosaïque appartient malheureusement à un univers presque englouti : depuis les civilisations gréco-romaines, puis byzantine, on n’a guère trouvé - du moins en Méditerranée occidentale - d’artistes (et de mécènes), prêts à réaliser les magnifiques fresques que l’on peut admirer, par exemple au Musée du Bardo en Tunisie. Fait peu connu (et je l’ai appris à l’occasion de mon dernier voyage là-bas, à l’occasion d’une présentation faite par le conservateur de ce Musée), quelques synagogues des premiers siècles de l’ère chrétienne ont été ornées de mosaïques comme celle de Hammam Lif. Idem, bien sûr, pour les célèbre fresques de la synagogue de Doura Europos en Syrie.

Je serais bien présomptueux en tentant ici et en quelques lignes, de rendre compte du travail fabuleux requis pour réaliser des œuvres telles que celles reproduites ici : leur auteur m’a dit que chacune demandait plus d’une année de travail, en comptant aussi la collecte des « matières premières » : petits cailloux ramassés au bord de rivières, galets et coquillages, pâte de verre, terre séchée, morceaux de granit ... le mosaïste est d’abord à la fois un historien et un artisan, préparant sur une feuille de papier la maquette de son œuvre à venir, puis réunissant toutes les pièces d’un immense puzzle, découpant, polissant et coloriant les mille morceaux constituant un ensemble presque vivant.

Esprit ouvert, Armand Cherbit a réalisé en parallèle des mosaïques reproduisant des paysages de Provence, des figures d’art sacré byzantin ou des reproductions monumentales de Jérusalem. J’ai sélectionné pour le blog des travaux démontrant l'éclectisme et l'universalité de son inspiration : une splendide évocation de Venise, où le choix des matériaux rend compte de façon magistrale des jeux de lumière ; une grande fresque - de 2,5 mètres de large ! - faisant revivre la place de Grève à Paris, reconstituée après une minutieuse étude historique ; et ce portrait, très émouvant, représentant ses parents, en costume traditionnel de Fez ...

Une autre oeuvre d'Armand Cherbit est exposée dans le cadre du "salon de printemps" à la Mairie du Vème arrondissement de Paris, jusqu'au 4 avril : ne manquez pas de le rencontrer à cette occasion !

J.C

28 mars 2009

Gérard Akoun sur Judaïques FM : l’acte de décès du Parti Travailliste

Benyamin Netanyahou peut, maintenant, présenter son gouvernement à l’approbation de la Knesset, il disposera d’une majorité plus stable de soixante six députés, grâce au ralliement du parti travailliste à la coalition de droite et d’extrême droite.

Ehud Barak, qui, au lendemain du résultat électoral catastrophique obtenu par son parti, avait déclaré, que sa formation constituerait une force d’opposition responsable et constructive, n’a pas résisté très longtemps à son désir de garder son poste de ministre de la défense et à l’attrait du pouvoir, suivi en cela, par la majorité des délégués du comité central. Ehud Barak avait très bien calculé son coup : il a d’abord négocié avec Netanyahou et les places et les concessions politiques, puis il est allé présenter l’accord qu’il avait déjà signé aux travaillistes réunis. Sa victoire était assurée, malgré une forte opposition.
Que voulez vous on ne crache pas sur cinq postes de ministres ou sous ministres, avec tous les avantages y afférant, même si on doit côtoyer pour cela l’extrême droite ; mais les six cent quatre vingt délégués qui ont voté pour la participation, se réclament ils encore d’une idéologie de gauche ? On peut en douter, car ils ont signés l’acte de décès du Parti Travailliste. Par contre, il faut donner un coup de chapeau aux cinq cent sept qui ont voté contre, pour donner un coup d’arrêt à la dérive droitière et opportuniste d’un parti censé représenter les travailleurs, et qui, pour régénérer leur parti, étaient prêts à assumer une traversée du désert, inspirés qu’ils étaient, peut être, par la proximité des fêtes de Pessah.

Vous allez, peut être, m’objecter, que je suis dur avec Barak, certains dans la presse israélienne le traitent de fossoyeur du parti, alors qu’il a obtenu du Likoud d’importantes concessions politiques et sociales, le chef de la Histadrout participant à la négociation. Eh bien parlons-en : Ehud Barak, a déclaré devant le comité central, préalablement au vote, « nous ne serons ni la feuille de vigne, ni la cinquième roue du carrosse, nous serons le contre poids, qui garantira que nous n’avons pas un gouvernement de droite étriqué, mais un gouvernement qui prendra soin de l’État d’Israël ». Il s’est permis de tenir ces propos parce que le Likoud s’est engagé à poursuivre les négociations pour un accord de paix avec les Palestiniens, et qu’il a affirmé, que le gouvernement respecterait les accords signés par le passé avec eux. On ne peut faire plus vague, ce genre de promesse ne mange pas de pain, et de toute façon, si Netanyahou est contre la création de deux États - il l’a répété hier - Ehud Barak, lui, considère qu’il n’y a pas d’interlocuteur palestinien : le sujet n’est donc pas d’actualité. Quant au volet social des aides apportées à certaines catégories de la population, il fera sans doute l’objet de la première crise sérieuse qu’affrontera cette coalition dominée par des libéraux et des populistes, à moins que Benyamin Netanyahou n’ait remis en question le programme libéral de sortie de crise qu’il avait évoqué, lors de son dernier passage à Paris.

Ehud Barak avait il besoin de faire partie de ce gouvernement, était ce sa seule ambition ? Il est trop intelligent pour se faire des illusions sur ses capacités à influencer ce gouvernement, à modifier sa politique, sauf peut être à la marge. Une phrase, qu’il a prononcé éclaire son action : « un parti n’ayant que treize mandats n’aurait pas eu de poids dans l’opposition ». Traduction, il lui était impossible, avec treize députés, de rester dans l’opposition avec Tzipi Livni sans lui en abandonner le leadership. En cas d’échec de Netanyahou, cette dernière aurait été nommée Premier Ministre, et lui aurait eu un poste subalterne. Une situation insupportable ! Par contre en faisant partie de ce gouvernement, il peut espérer, c’est aussi l’objectif de Netanyahou, que d’autres au sein de Kadima veuillent suivre l’exemple des travaillistes, ce qui entraînerait, l’implosion de ce parti et l’affaiblissement de Tzipi Livni - qui dans ces conditions ne pourrait plus postuler pour le poste de Premier Ministre. C’est le fondement de leur accord. Les cartes seraient redistribuées, Barak retrouverait ses chances au centre gauche, et Netanyahou n’aurait plus de concurrent au centre droit.

Dommage, pour l’avenir d’Israël que ses hommes politiques n’aient pas de visions plus larges !

Gérard Akoun
Judaïques FM, le 26 mars 2009

26 mars 2009

« Ya Misr … » ou la nostalgie d’une Egypte disparue (2/2)

Leila Mourad et Anwar Wagdy

Sur cette photo : Mohammed Abdel Wahab et Fairouz

L'actrice Asmahan et son frère, Farid El-Atrache

Suite et fin de mon évocation d’une Egypte cosmopolite et aujourd’hui, hélas, bien disparue - alors que foulards islamiques et niqabs recouvrent d’un voile noir la plus grande partie des sourires féminins !

Sur la photo du haut, on reconnaît la diva égyptienne Leïla Mourad, avec celui qui fut son compagnon - dans la « vraie vie », Anwar Wagdy. La star adulée de la musique locale - 1.200 chansons entre 1938 et 1951 - était une juive ... Je vous invite à lire en lien l'article paru en 2001 dans la revue « l’Arche », où est évoqué la trajectoire étonnante de cette diva locale !
Sur la photo du milieu, on reconnaît plusieurs vedettes de la chanson, dont (portant un fez) le grand compositeur et musicien Mohammed Abdel Wahab, en compagnie (tout à fait à droite) d’une autre « diva », celle-là plus contemporaine, la chanteuse Fairouz - une chrétienne libanaise !
Enfin, sur la photo du bas, on retrouvera la star inoubliable Farid El-Atrache - déjà évoqué par un clip vidéo sur ce blog, voir en libellé - en compagnie de sa soeur l'actrice Asmahan, tragiquement disparue à l’âge de 26 ans dans un accident de voiture ... deux vedettes égyptiennes d’origine druze !

J.C

25 mars 2009

« Ya Misr … », ou la nostalgie d’une Egypte disparue (1/2)

Le Victoria College (Alexandrie, 1937)

Trois élèves du Victoria College, à droite le jeune Michel Chalhoub

La star égyptienne Faten Hamama sur un plateau de tournage

Affaire d’oublier un peu l’actualité du Moyen-Orient qui n'est guère réjouissante, voici de très vielles photos en noir en blanc ! Merci à Sylvie R., passionnée comme moi par « l’orientalisme », de m’avoir fait parvenir une très belle collection de photos anciennes, reflet d’une Égypte hélas disparue - des pages d’histoire qui ont déjà été évoquées dans mon grand dossier « Le mois de l’Égypte ».

Aujourd’hui, je voudrais évoquer Alexandrie, du temps où elle était encore une cité bien cosmopolite. Les enfants de la meilleure société allaient étudier au « Victoria College », où, marque d’un Empire aujourd’hui disparu ... ils apprenaient à jouer au cricket (photo du haut). Parmi eux, le jeune Michel Chalhoub, chrétien né dans une famille syro-libanaise, que l'on peut reconnaître sur ce cliché de 1947, où il n’avait que 15 ans (photo du milieu). Grâce à une biographie que vous pourrez découvrir en lien, j’ai appris qu’il a débuté à l’âge de 22 ans au cinéma sous la direction du grand Youssef Chahine, récemment disparu. Il devait rencontrer sur le plateau de tournage d’un autre film de ce réalisateur, la star du cinéma égyptien de l’époque, Faten Hamama, qu’il épousa (photo du bas) ... Mais, pour ce faire, il du se convertir à l’islam - et devenir ainsi Omar Sharif, nom que tout le monde connaît !

J.C

23 mars 2009

"La journée de la jupe" : un film "non politiquement correct" avec Isabelle Adjani, à voir à partir du 25 mars

J’ai eu la chance de voir vendredi dernier, une avant-première de ce film, qui était diffusé sur Arte : une fiction « non politiquement correcte » sur la violence dans les collèges de certaines banlieues, et qui suscitera certainement des polémiques ; on est en effet très loin de l’ode au multiculturalisme et à « la nouvelle école », primée à Cannes avec « Entre les murs » de Laurent Cantet et François Begaudeau. Dans son œuvre, Jean-Paul Lilienfeld imagine une professeur de français « pétant un câble » suite à la découverte d’un revolver chargé dans les affaires de sombres voyous appartenant à sa classe ... qu’elle prend toute entière en otage ! Je vous laisse deviner l’action - pleine de rebondissements et qui finit dramatiquement -, en voyant la bande annonce ci-dessous.

Mais quelques précisions à propos du non « politiquement correct » : elle-même dans la réalité fille d’un Algérien, Isabelle Adjani - qui fait sa rentrée dans ce film - campe le personnage d’une « beurette » (on ne le découvrira qu’à la fin), qui croit encore aux idéaux de la France laïque et républicaine, et qui va affronter arme au poing les petits machos carburant à l’islam dévoyé : on verra même une partie des élèves, eux-mêmes musulmans, lui venir en aide, joli clin d’œil à tous ceux qui crieront à « l’islamophobie » à propos de cette œuvre - exactement comme, et c’est la première fois qu’on les voit dénoncés aussi clairement, des lâches collègues et un veule directeur d’établissement, qui eux ont depuis longtemps pactisé avec les violents. C'est la première fois, aussi, où l’on voit sur le grand écran une dénonciation nette et claire de l’antisémitisme vulgaire d’une partie de cette jeunesse là ; un antisémitisme jamais dénoncé par le « politiquement correct ». Autant de sujets, enfin, dont j'avais pu m'entretenir avec Barbara Lefebvre il y a déjà plus de cinq ans, à propos du livre "Les territoires perdus de la République" : hélas, rien de nouveau sous le noir soleil des banlieues-ghettos !

Le film sort mercredi 25 mars, soyez nombreux à le voir et à en parler.


J.C

22 mars 2009

« Les juifs sont les premiers habitants de la Palestine» … un article étonnant dans un journal koweïtien, et qui embarrasse les Frères Musulmans !

Introduction :
Les Frères Musulmans égyptiens sont embarrassés par la reproduction, sur le site en arabe du Ministère israélien des Affaires Etrangères, d'un article publié dans le journal koweïtien Al-Watan. Celui-ci rapporte des propos tenus en 1940 par Hassan el Banna, le fondateur de la confrérie islamiste: « Les juifs sont les premiers habitants de la Palestine ».
On trouvera ci-dessous le lien sur l’article en arabe :
http://www.alwatan.com.kw/Default.aspx?tabid=164&article_id=485109&AuthorID=802

Son auteur est un éditorialiste égyptien, Fouad Al Hachem. Il se présente dans l’article ci dessous comme un communiste.
Merci à mon ami Souhail Ftouh, pour avoir fait la traduction complète de l’article en français !
J.C

Un « communiste » dans un institut religieux

Il y’a environ soixante-dix ans et au moment ou j’étais étudiant dans un institut religieux, J'ai demandé à l'un des cheikhs d'Al Azhar qui avait soixante-dix ans d'âge : « Quel secrets derrière ces nombreux versets qui parlent de enfants d’Israël et des Juifs dans le saint Coran » ? Nous étions dans une séance d’«interprétation» du livre sacré de Dieu, le cheikh s'est mis en colère, et m'a dit: « Que fais-tu dans une l'école religieuse ? Tu es un communiste mon fils»

Pour cette réponse, il y a des circonstances que je ne voudrais pas révéler aujourd’hui, mais ce qui est important ici est que cette question avait été posée par le fondateur des Frères musulmans, le cheikh Hassan el-Banna - ce que je ne savais pas à ce moment bien sûr - lorsqu’il en a parlé dans un célèbre discours prononcé en 1940. Ce discours été reproduit dans un ouvrage d'un membre du groupe «Ahmed Issa Ashour » avec des détails reportés par notre cher« Khalil Haider », dans son article publié hier dans le quotidien, « Al Watan » - page 46!

Celui qui lit le discours du cheikh «martyr» el-Banna et sa réponse à la question que j’ai posée au Cheikh Azhari son nom sera ajouté - automatiquement - à la liste des auteurs arabes sur le site du Ministère israélien des Affaires Etrangères. Il a exprimé, des louanges aux Juifs et aux enfants d'Israël, ce qu’aucun écrivain arabe n’avait dit auparavant, et même parmi ceux dont les noms figurent dans le site mentionné.

Venez lire le discours prononcé par le Guide comme l’avait rapporté «Haider» sur la base du livre du membre des frères «Ahmed Ashour».

"A l'époque, s’est levé le guide des Frères musulmans dans la soirée le mardi, et voici un extrait : «Peut-être le dicton dit : Pourquoi la majorité des histoires dans le Coran, concernent l'histoire des enfants d’Israël ? Pourquoi ont-ils pris la plus grande section des histoires dans le Coran ? ». Cette question, posé par el-Banna est bien placée, le Coran évoque les enfants d’Israël autour de quarante fois et le Prophète Moïse, plus de cent trente fois ... etc.
En effet, mon frère, dit le martyr el-Banna «il y a un certain nombre de raisons à cela: la première raison : la générosité de l'élément de cette ethnie, de la spiritualité forte et la richesse de cette race, car elle est descendue de l'un des plus honorables racines. C’est pour cela qu’elle a une vitalité merveilleuse. Même si avec son dynamisme, cette race a fait tort par la suite à elle-même et aux autres.
Cette race vient directement de ben Yaqub, ben Ishak, ben Ibrahim. Ils ont hérité la spiritualité de père en fils. Le Prophète Mahomet, la Paix sur Lui, a dit « l’honorable fils de l’honorable fils de l’honorable Youssef ibn Yaqub iben Ishak iben Ibrahim » ... quatre grands pères de chacun d’eux est prophète. Allah a dit aussi « Comme Moïse dit à son peuple, ô peuple, rappelez-vous la bénédiction de Dieu sur vous comme il a fait d’entre vous des prophètes et de rois et il vous a attribué cela qu’il n’a jamais donné aux autres mondes « (La Table: 20) et le Tour Puissant a dit, sur la préférence de cette population dans leur temps: « et comment je vous ai préférés au Monde » (La Vache : 122).
La seconde chose, selon le guide des Frères musulmans, dans son discours « Cette race représente un dynamisme qui n’a pas d’équivalent dans les autres races, mais aussi ce dynamisme a été aussi une source de leur arrogance et de leur oubli de l’essentiel du Message de Dieu : « Nous vous avons créés d'un mâle et une femelle et nous vous avons crée des nations et tribus afin que vous pourriez avoir connaissance de l'autre » (Chambres : 13).
La troisième chose comme disait le Guide des Frères dans son discours « c'est qu'ils sont les héritiers du plus ancien livre, quelque chose de divin que de nombreuses personnes connaissaiennt à l’époque, la Torah, et qu’ils étaient les plus proche de la nation arabe, à ce moment-là».
Mais la dernière chose disait-il « ce sont des Bédouins, puis ils se sont formés, puis ils étaient opprimés par l’ennemi, puis libérés, puis dominés ; ils sont un bon exemple de la prééminence de ces rôles, et quand vous lisez le Coran, mon frère, trouvez le sens de le préciser dans le Livre d'Allah le Très Saint et exalté ». Mais où les Juifs se sont-ils installés ? Et leur relation à la Palestine ? Et comment a-t-il l'analysé cela le cheikh Hassan el-Banna, dans son discours devant les Frères musulmans? El-Banna, a déclaré: «Le Message de Moïse, la paix soit sur lui, était en Egypte, et nous voulons étudier la relation de son Message avec cette nation» - la nation égyptienne! Puis il dit : Nous avons trouvé les Juifs en Egypte, même si leur patrie d'origine était la Palestine, et le premier à avoir confirmé cela était Yusuf, la paix soit sur lui : « allez lancer ma chemise sur Abit Yat Bassir et venez à moi tous ... » jusqu'à « Entrez en Égypte avec la sécurité de Dieu » (Yusuf 99-93).
Puis dit el-Bana « Yusuf leur a donné les a attribué la région Est de la terre d’Egypte, lorsque elle était désertique, il le leur a attribuée parce qu'ils viennent des lieux bédouins, et qu'il voulait être un mélange entre eux et les Egyptiens, qui étaient à cette époque, la religion païenne, et Jacob, fils d'Asbat, voulait les inviter pour la reconnaissance de Dieu. Mais il n’a pas voulu aussi voir une controverse entre eux et les Egyptiens ».

L’hommage de Cheikh Hassan el-Banna aux juifs est donc clair. Il a essayé d'expliquer pourquoi il y a beaucoup de prophètes chez les enfants d'Israël, et il a mit en exergue « la générosité de cette ethnie » c'est-à-dire les juifs et « la pleine effervescence de leur forte spiritualité ». Il a dit sur la race juive qu'elle «était descendue de l'un des fondements honorable et c’est pour cela qui elle a une vitalité étrange», et il a ajouté que « c’est une vitalité qui n’a pas d’équivalent dans les autres races. Le Guide des Frères musulmans a dit que les enfants d'Israël, sont «les héritiers du plus ancien livre connu , à quelque chose d’aussi divin que la Bible», et que les Juifs sont en « Palestine , leur pays d'origine» ! ... «Les Juifs et leur pays d’origine ... la Palestine »! Ainsi parlait le «martyr» Hassan el-Banna, et en concluant son allocution, il a fini avec cette phrase qu’aucun des écrivains « ikhoiannis » (traduction : ceux qui appartiennent aux frères musulmans égyptiens) n’avait dite ; et même le reste des courants islamistes dont les noms figurent sur le site du Ministère israélien des Affaires Etrangères, et parmi eux moi-même .
Quel auteur « ikhoianni » osera t-il critiquer son chef spirituel - et son contemporain Nabih - «Hassan el-Banna,»?

Traduction de l'arabe par Ftouh Souhail,
Tunis

19 mars 2009

Le chantage à l'islamophobie, par Pascal Bruckner



Pascal Bruckner

Introduction :
Voici donc ce texte déjà ancien (plus de cinq ans), mais toujours d'actualité, publié à l'origine dans le journal "Le Figaro" par le philosophe Pascal Bruckner.
Il réagissait à la publication, aux Éditions "La Découverte" (maison mère de la mouvance "islamo-gauchiste") d'un livre polémique de "l'expert" Vincent Geisser, compagnon de route apprécié en particulier par des sites militants comme "Oumma.com". Sujet de sa colère : le chantage à "l'islamophobie", mot valise utilisé à tort et à travers ces dernières années ...

J.C

L'islam est intouchable: le critiquer ou le soupçonner, c'est faire preuve de racisme. Telle est la nouvelle vulgate que tente d'accréditer le Mrap, un certain nombre de médias et de chercheurs et une partie des dirigeants politiques. De quoi s'agit-il en l'occurrence? De soustraire la religion coranique à l'épreuve que subissent, depuis longtemps, les deux autres monothéismes existants: l'épreuve de la remise en cause. Un petit brûlot rédigé par un «spécialiste» (1) tente d'accréditer cette thèse: l'islam ferait l'objet d'amalgames scandaleux. Attaqué par des écrivains, tel Michel Houellebecq, ou des journalistes, telle Oriana Fallaci, il constituerait le paria des confessions et la confession des parias.Or ceux qui l'incriminent ne le connaissent pas et leur virulence serait proportionnelle à leur ignorance: «fantasme» des fous d'Allah invoqué par des «intellectuels médiatiques», «fantasmes sécuritaires» dirigés contre les nouvelles classes dangereuses que sont les jeunes de banlieue; fantasme, enfin, de l'asservissement des femmes islamiques qui n'est rien d'autre qu'un «cliché». Conclusion: vilipendé, caricaturé, l'islam doit être protégé par tous les moyens, et ceux qui médisent de lui, traînés devant les tribunaux. Notons d'abord à quel point cette notion est calquée terme à terme sur celle de judéophobie comme s'il s'agissait en quelque sorte de rétablir le principe d'équivalence, de se lancer dans une compétition victimaire et de ne pas laisser aux seuls Juifs la couronne du martyre.
Or, après le 11 septembre 2001, déclaration de guerre adressée aux infidèles du monde entier, on n'a pas en France, que je sache, brûlé des mosquées ou saccagé des lieux de culte musulmans, et c'est tant mieux : hormis quelques incidents, les Français, dans leur majorité, savent faire la différence entre les croyants ordinaires et les terroristes qui défigurent la foi.
Ceux qui veulent, en se drapant dans l'uniforme du réprouvé, protéger l'islam du moindre jugement dépréciatif, semblent oublier l'extraordinaire virulence du combat anticlérical en France et en Europe qui confina parfois à la barbarie : églises, temples, couvents brûlés et rasés, objets de culte dégradés, prêtres, évêques, religieuses guillotinés, pendus, massacrés. La violence de cette réaction fut à l'image de celle exercée par les Églises pendant tant de siècles sur les populations. Ce fut un prix terrible à payer, une lutte d'un sectarisme outrancier, mais qui nous a libérés de la tutelle ecclésiastique et a contraint Rome et les divers protestantismes à des révisions déchirantes quant à leur prétention à diriger l'ordre social.
Car le christianisme et l'islam ont en commun d'être deux religions impérialistes, persuadées de détenir la vérité et toujours prêtes à faire le salut des hommes par le sabre, le bûcher ou l'autodafé. Au nom de Dieu miséricordieux, elles ont tué et liquidé, directement ou indirectement, des millions d'individus. Mais le christianisme, miné par quatre siècles d'opposition en Europe, a dû céder du terrain et admettre le principe de laïcité, d'ailleurs inscrit dans les Évangiles ; il a dû, aussi, faire son aggiornamento couronné pour les catholiques par le concile de Vatican II et poursuivi par Jean-Paul II (**). Ce long travail de remise en question reste à accomplir pour l'islam habité par la certitude d'être la dernière religion révélée, donc la seule authentique. En France, on peut chaque jour, notamment aux «Guignols de l'info» «bouffer du curé», se moquer du Pape, de Mère Teresa, du dalaï lama, mais jamais de l'islam, sous peine d'être accusé de racisme. Pourquoi ce «deux poids, deux mesures» ? Ajoutons que les intégrismes juif et chrétien sont eux aussi grotesques et obscurantistes ; mais outre qu'ils ne débouchent pas sur des foules haineuses et hurlantes ou des tueries de masse, ils restent minoritaires et sont contenus par la prépondérance des laïcs, de libéraux, des conservateurs. Enfin, contester un système de pensée ou de croyances, rejeter des idées, des convictions que l'on juge, à tort ou à raison, fausses ou dangereuses, est à la base même de la vie intellectuelle et de la libre délibération.
Faut-il parler alors de racisme anticapitaliste, antilibéral, antisocialiste, antimarxiste ? On a parfaitement le droit, jusqu'à preuve du contraire, de vomir les religions dans leur ensemble, de les juger mensongères, abrutissantes, abêtissantes. Ou alors faut-il rétablir le crime de blasphème comme il y a peu avec Salman Rushdie ? Il y a plus grave, toutefois, et que prouve le libelle de Vincent Geisser : il vise avant tout à pénaliser ces musulmans dits modérés ou agnostiques qui souhaitent s'émanciper de l'intégrisme. C'est là que le concept d'islamophobie se révèle une machine de guerre pernicieuse au service d'intérêts particuliers : elle consiste à stigmatiser ceux des intellectuels, religieux, journalistes, philosophes d'origine maghrébine qui osent critiquer les principes de leur foi, en appellent à une relecture du Coran ou plaident pour une séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Cela permet de les désigner à la vindicte de leurs coreligionnaires extrémistes en dressant une véritable liste de proscription (où l'on retrouve pêle-mêle Dalil Boubakeur, Soheib Bencheikh, Malek Boutih, Rachid Kaci, Latifa Ben Mansour, Mahammed Sifaoui, Abdelwahab Meddeb et beaucoup d'autres).
Le livre de Vincent Geisser constitue ce qu'il faut appeler une opération de basse police intellectuelle digne de l'ère stalinienne : en traitant ces démocrates de vilains poujadistes, d'opportunistes, de carriéristes, de laïcards, de persécutés d'opérette, il fait d'eux des quasi-apostats, des traîtres à leur religion, voire des harkis, des collabos, des ennemis de l'islam (même si ces mots ne sont jamais utilisés).
Coupables, donc, les beurettes qui veulent s'affranchir du voile, coupables tous ces enfants d'immigrés qui réclament le droit à l'indifférence religieuse, le droit de ne croire en rien et ne se sentent pas automatiquement musulmans parce qu'ils sont d'ascendance marocaine, algérienne ou tunisienne ? L'invention de l'islamophobie remplit plusieurs fonctions : nier, pour mieux la légitimer, la réalité d'une offensive islamiste en Europe, intimider, faire taire les mauvais musulmans, les impies soucieux de changement et au final bloquer tout espoir d'une mutation religieuse en terre d'islam.
Il s'agit donc de réhabiliter le délit d'opinion afin de clouer le bec aux contradicteurs et déplacer la question du plan intellectuel au plan pénal, toute objection ou réticence étant immédiatement passible de poursuites. Nous assistons bien à la fabrication d'un nouveau délit analogue à ce qui se faisait jadis dans l'ex-Union soviétique contre les ennemis du peuple (2). Or l'assimilation de l'esprit d'examen avec le racisme est trompeuse : autant ce dernier s'adresse aux personnes en tant qu'elles existent et pour ce qu'elles sont, le Juif, le Noir, l'Arabe, autant la discussion critique porte sur de notions mobiles, variables, les idées, les dogmes, les principes, toujours susceptibles de transformations. Tout le fond de l'affaire est là. Car Vincent Geisser comme Le Pen, Oriana Fallaci et l'universitaire américain Samuel Huntigton, sont, malgré leurs différences, des essentialistes imprégnés de pessimisme culturel : ils voient les religions, les cultures, les races comme des blocs qu'on ne saurait modifier d'un iota sous peine de les détruire et encore moins mélanger. L'on sait pourtant, comme l'a dit l'Iranienne Cherine Ebadi, récent Prix Nobel de la paix, que la démocratisation des sociétés musulmanes passe par les femmes et le changement de statut de ces dernières par la réinterprétation des textes canoniques. Or l'islam, surtout depuis la révolution kémaliste en Turquie, est une maison divisée : les intégristes voudraient refermer cette blessure en l'imputant aux croisés, à l'Occident, aux mécréants, les laïcs l'ouvrir plus encore afin de provoquer une crise salutaire. Ceux qui salissent la religion du Prophète, ce sont d'abord les «martyrs» qui commettent des attentats monstrueux, les clercs ou les théologiens qui les justifient et les idiots utiles ou les idiots tout court qui défendent ces derniers. L'islam fait partie du paysage français ; il a droit à ce titre à la reconnaissance publique et au respect ; à condition qu'il respecte lui-même les règles républicaines et ne réclame pas des droits séparés, dérogations pour les femmes, faveurs et privilèges divers. Ce qu'on peut lui souhaiter de mieux, ce n'est pas la «phobie» ou la «philie» mais l'indifférence bienveillante dans un marché de la spiritualité ouvert à toutes les croyances. S'il ne veut plus souffrir de suspicion, il devra s'engager dans un type de réforme aussi radicale que celle opérée par les catholiques et les protestants au cours du siècle écoulé. Jusque-là, il restera, y compris pour les musulmans modérés, l'objet d'une prudence légitime. Il y a quelque chose d'ahurissant à voir une «organisation antiraciste» criminaliser les adversaires du fanatisme et de la superstition. Si Voltaire vivait aujourd'hui, gageons que certains «antiracistes» le feraient jeter en prison.

Pascal Bruckner
Le Figaro, 5 novembre 2003

(1) La Nouvelle Islamophobie, Ed. La Découverte, 122 p.

(2) Si l'extrême gauche manifeste une telle indulgence pour les fondamentalistes du Coran ce n'est pas simple accident ; elle voit ce collectivisme théocratique avec bienveillance puisqu'elle n'a jamais fait son deuil du totalitarisme et que sa vraie passion n'est pas la liberté ou la justice, mais la servitude.

Nota de Jean Corcos
Je suis fier d'avoir eu comme invités presque toutes les personnalités citées par Pascal Bruckner, à l'exception de Soheib Bencheikh.

18 mars 2009

L’antiracisme, nouvelle idéologie des dictatures par Pascal Bruckner

Introduction :
Difficile d’imaginer meilleur texte de synthèse que ce « Rebond » publié la semaine dernière par le journal « Libération », pour illustrer les deux interviews de Malka Marcovich que vous entendrez prochainement (voir présentation dans mon article de lundi dernier). Pascal Bruckner n’en est pas à son premier texte courageux en la matière : il avait publié il y a déjà plusieurs années une vigoureuse dénonciation du concept « d’islamophobie » ; et vous pourrez lire cet autre texte demain sur le blog !
J.C

En septembre 2001 s’est réunie à Durban (Afrique du Sud) la troisième conférence des Nations unies contre le racisme : elle avait pour ambition de réconcilier l’humanité avec elle-même à travers la reconnaissance des crimes de l’esclavage et du colonialisme. Cette noble intention a dégénéré très vite en inflation victimaire et en atmosphère de quasi-lynchage à l’égard des ONG israéliennes.
La volonté de parvenir, par une sorte de thérapie collective, à une guérison du passé et d’élaborer des normes nouvelles en matière de droits de l’homme aboutit à une explosion de haine que les attentats du 11 septembre 2001, survenus quelques jours plus tard, allaient éclipser.
Toutes les rancœurs ont été rouvertes et Durban, contre la volonté de ses concepteurs, est devenue une arène où l’on a rejoué la comédie des damnés de la Terre face à l’exploiteur blanc. Les délégués, notamment ceux issus du monde arabo-islamique, firent de la conférence, aux côtés du groupe africain, le lieu d’une revanche tiers-mondiste. L’Occident, génocidaire par nature, devait demander pardon et offrir des réparations symboliques et financières à ses anciens dominés.
La rage, attisée par les images quotidiennes de la répression de la seconde Intifada en Palestine, embrasa l’ensemble des assistants. On y dénonça sans relâche le sionisme, forme contemporaine du nazisme, mais aussi «la férocité blanche» qui a produit «ces holocaustes multiples que sont la traite négrière, l’esclavage et le colonialisme en Afrique». On exigea qu’Israël soit rayé de la carte, ses dirigeants jugés par un tribunal pénal international comparable à celui de Nuremberg. Des caricatures antisémites circulèrent ainsi que des exemplaires de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion : si Hitler avait gagné, disait une légende sous une de ces photos, jamais les Palestiniens n’auraient eu à verser leur sang. Des délégués furent menacés physiquement, des appels publics lancés à la mort des juifs.
La farce a atteint un sommet quand le ministre de la Justice soudanais, Ali Mohamed Osmar Yasin, demanda des réparations pour l’esclavage alors que son propre pays le pratique encore sans vergogne. On aurait pu croire que cette sinistre comédie allait donner lieu à réflexion et que l’ONU ne réitèrerait pas la même erreur. C’était compter sans l’extraordinaire aplomb des dictatures et des fondamentalistes qui ont transformé le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en plate-forme de leurs revendications.
Prévu pour avril 2009 à Genève, Durban II promet d’être une réplique de Durban I. Les projets se multiplient depuis six ans qui laissent craindre le pire. En septembre 2007, à Genève, Doudou Diène, rapporteur spécial sur les formes contemporaines du racisme, accusait les pays occidentaux d’encourager depuis le 11 Septembre les formes les plus sournoises d’islamophobie qu’il fait remonter aux premiers contacts de l’islam et de la chrétienté. S’il prend en compte également l’antisémitisme, la «christianophobie» et les autres formes de discrimination religieuse (hindouisme, bouddhisme, syncrétismes), c’est surtout le «racisme anti musulman» qui retient son attention. Partout en Occident, intellectuels et partis politiques nourriraient un stock de griefs contre la religion du Prophète. Pire : le principe de laïcité tel qu’il est défendu par la France (l’interdiction des signes religieux à l’école publique) ou l’Angleterre (la menace d’interdiction de la burqa dans les lieux publics) relèveraient, à l’en croire, de l’intolérance. Et puisque la laïcité est utilisée pour «manipuler la liberté de religion», il faut assimiler toute remise en question d’une croyance religieuse à une insulte raciste et la punir ! Voilà le délit de blasphème réhabilité deux siècles après son abolition par la Révolution française, et Jésus, Moïse, Mahomet, Bouddha, Confucius devenus des icônes intouchables !
On ne sera pas surpris que ce rapport soit soutenu par l’Organisation de la Conférence Islamique et par une majorité de régimes peu favorables à la démocratie. Doudou Diène se garde de critiquer les autocraties d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine, il ne réserve ses flèches qu’aux nations d’Europe ou d’Amérique du Nord accusées de tous les maux. Rappelons qu’en avril 2007, l’Iran a été élu vice-président et la Syrie rapporteur de la Commission pour le désarmement. Cela serait désopilant si ça n’était pas tragique ! Bref l’antiracisme est devenu à l’ONU l’idéologie des mouvements autoritaires qui le détournent à leur profit. Des dictatures ou des semi-dictatures notoires (Libye, Pakistan, Iran, Arabie Saoudite, Algérie, Cuba, Venezuela, etc.) mettent en place une Nouvelle Inquisition, fondée sur le crime de «diffamation de la religion» pour prohiber tout examen de la foi en terre d’Islam, et ce au moment où des millions de musulmans, surtout en Europe, aspirent à s’émanciper de la bigoterie et de l’intégrisme.
Renversement des valeurs : l’antiracisme est mis au service de l’obscurantisme et de la discrimination des femmes. Il sert à justifier ce contre quoi il fut élaboré, l’oppression, les préjugés, le sexisme et transforme l’ONU en instrument de régression internationale.
Face à cette bouffonnerie annoncée, l’attitude de la France et de l’Europe doit être claire : le boycott pur et simple. Peut-être faudrait-il dissoudre le Conseil des droits de l’homme ou n’y admettre que les pays qui sont d’authentiques démocraties. Faute de quoi il deviendrait pour la dignité humaine l’équivalent des paradis fiscaux pour l’économie : un centre de blanchiment des crapules.
Quand la barbarie se pare des atours de civilisation, c’est la civilisation qui est regardée comme une barbarie. Il n’est pas tolérable qu’en 2009, comme dans les années 1930, les seuls régimes qui respectent le droit, le multipartisme, la liberté d’opinion et d’expression soient traînés au tribunal de l’Histoire par des lobbies de fanatiques et de tyrans

Pascal Bruckner,
« Rebond » du 11 mars 2009
© Libération

16 mars 2009

Comment l’ONU enterre les droits de l’homme, 1 : l’offensive contre les démocraties. Malka Marcovich sera mon invitée le 22 mars


Malka Marcovich est historienne, et son engagement auprès des femmes l’a faite travailler comme consultante pour différentes institutions, ONG ou ministères. Ce travail l’a faite ainsi voyager en Europe et dans le reste du Monde, et l’a conduite à rentrer dans les arcanes des Nations Unies, cette institution prestigieuse, née d’une coalition des peuples libres pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pratiquement personne ne s’émeut, dans notre pays, de la lente dérive de l’ONU qui n’est plus - grâce à son plus grand succès, qui a été la décolonisation - un forum de pays majoritairement démocratiques et occidentaux, mais qui est devenue une assemblée d’états pour la plupart nouveaux, gouvernés par des dictatures ne se reconnaissant pas dans les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Cela a effrayé Malka Marcovich, et l’a conduite à écrire un livre remarquablement dense et documenté, « Les nations désunies. Comment l’ONU enterre les droits de l’homme » (Editions Jacob Duvernet).

Je dois dire que la lecture de cet ouvrage m’a profondément ébranlé et pas mal déprimé, parce que je me suis rendu compte que, au-delà du non respect des droits de l’homme dans une vaste partie de l’humanité, le problème était maintenant posé chez nous, dans nos démocraties, qui sont culpabilisées, attaquées dans leurs valeurs, et qui risquent faute de réactions de se voir imposer un formidable retour en arrière en matière de libertés individuelles. Vu l’importance du sujet, j’ai décidé de structurer notre interview en deux parties : pour la première émission, qui doit être diffusée le 22 mars, nous ferons l’historique de ce naufrage, nous verrons comment le phénomène s’est aggravé depuis environ dix ans, et puis nous parlerons de cette offensive idéologique des dictatures contre les démocraties.

Parmi les questions qui seront posées à Malka Marcovich :

- Est-ce qu’il n’y avait pas une lacune grave dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dans la mesure où elle voulait garantir de façon abstraite les droits de l’homme, sans poser comme condition que ce n’était pas possible sans démocratie ?
- Qu’en est-il de « la charte arabe des droits de l’homme » adoptée en 1994, de la « déclaration des droits de l’homme en islam » adoptée par l’Organisation de la Conférence Islamique au Caire, en 1990 ? Ces textes ont-ils des points communs avec nos normes, ou sont-ils porteurs d’un programme politique précis ?
- Les pays qui, aujourd’hui, sont les plus agressifs à la fois contre Israël - l’Iran mais aussi à la plupart des pays arabes - ont des arguments qui reviennent de façon récurrente, et contre lesquels nos médias et nos gouvernements ne réagissent pas : l’argument du « relativisme culturel » - en gros les dictatures ou les théocraties islamiques disent que leurs régimes ont une valeur absolue, liée à l’essence de leur traditions ; et puis l’autre argument, c’est celui du « deux poids deux mesures », qui fait rejeter toute exportation des droits individuels comme une marque de mépris néocolonial à l’égard des peuples du « Sud ». Pourquoi une telle faiblesse de nos réponses ?
- Est-ce que le concept « d’islamophobie », qui s’est imposé dans de nombreuses résolutions de l’ONU, ne va pas remettre en question la liberté d’expression chez nous ?

A moins d’un mois de la conférence de l’ONU à Genève dite « Durban II », je vous souhaite très nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C

15 mars 2009

Égypte : une victoire pour l'État de Droit

Alors que l’exportation de gaz égyptien à destination de l’État juif a débuté en mai 2008, elle a été interrompue quelques mois plus tard avant de reprendre ce fin février 2009. Depuis presque une année tous les oiseaux de mauvais augures ont commencé à critiquer cette mesure comme s’il n’existait aucun accord de paix entre la République arabe d’Égypte et l’État d’Israël (1)

Le mouvement fondamentaliste des Frères Musulmans, qui considère de loin le conflit Israélo-palestinien comme un conflit interreligieux, a tenté d’instrumentaliser cette affaire devant la justice égyptienne pour incriminer l'exportation du gaz en Israël. Il n’a pas hésité à saisir le tribunal administratif du Caire pour bloquer la livraison du gaz à ce qu’il appelle encore une « entité sioniste ». Ce mouvement raciste et antisémite (qui est d’ailleurs illégal) a oublié un point important ; c’est que son recours n’a aucune base juridique ni dans le droit égyptien ni dans le droit international. Le mouvement a mené en parallèle une vaste compagne de propagande pour influencer la justice égyptienne.

Mais vite la déception est venue pour cette masse d’islamistes intégristes hystériques : le 4 Février 2009, la Haute Cour Administrative égyptienne a autorisé l’exportation du gaz à Israël, cassant ainsi une décision de justice prononcée en novembre dernier. (2). Par cette décision, la justice égyptienne a prouvée qu’elle encore indépendante. Le plus grand pays arabe n’a pas cédé devant ceux qui ont les visages marqués par les traits de la haine. L’Égypte qui a choisi la Paix, respecte aussi ses engagements envers Israël.

Il faut dire que la démarche des fanatiques aveuglés par la haine n’avait aucune chance d’aboutir. Ils voulaient seulement faire un scandale. Leur recours était purement politique. En droit international, les traités internationaux sont des obligations que les États acceptent expressément et volontairement au moyen de traités. L’exportation du gaz égyptien en Israël fait l’objet d’un accord bilatéral entre deux pays souverains. Cet accord était signé en 2005 entre le ministère égyptien du pétrole et le ministère israélien des Infrastructures.
Au regard du droit international, cet accord est considéré comme un traité en forme simplifié (il n’a pas besoin de la ratification parlementaire). Dûment signé par les deux parties, l’Égypte comme Israël sont tenus de le respecter. Selon la Convention internationale de Vienne, signée le 11 avril 1980, relative au droit international de la vente (3) Égypte s’est engagée à respecter les droits et obligations émanant de ce contrat de vente international. L’article 30 de la convention de Vienne oblige le vendeur (l’Égypte) à honorer trois obligations : la livraison de la marchandise, le transfert de sa propriété et la remise des documents qui s’y rapportent. L’obligation de livraison doit s’entendre comme la mise à disposition de la chose à l’acquéreur dans l’établissement du vendeur (article 31).

La décision de la Haute Cour Administrative égyptienne d’autoriser l’exportation du gaz à Israël (le pays acheteur) est donc en totale conformité avec les dispositions de la convention de Vienne de1980 et elle est conforme aussi aux obligations traditionnelles du droit des contrats ou du droit du commerce international. Sur le mode de conclusion du contrat de vente internationale, la convention de Vienne retient un système con-sensualiste qui considère le contrat formé dès lors que l’offre de vente a rencontré une acceptation. Dans notre cas l’Égypte est donc en plein droit d’exécuter l’accord portant sur l’exportation du gaz au pays acheteur.

Avec cette décision, Israël a commencé donc à recevoir du gaz d’Égypte, 6ème exportateur mondial de cette matière première (62 milliards de mètres cubes en 2008). Cette livraison fait suite à un contrat signé en 2005 (par le ministre égyptien du pétrole, Sameh Fahmi et le ministre israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer) d’une valeur de 2,5 milliards de dollars, qui porte sur la vente annuelle pendant 15 ans de 1,7 milliard de mètres cubes de gaz naturel à la compagnie électrique israélienne (CEI) par un consortium israélo-égyptien, « East Mediterranean Gas » (EMG) (4). Le transport se fait via un gazoduc sous-marin long de 100 km, depuis El-Arich en Égypte au nord du Sinaï jusqu’au port israélien d’Ashkelon. La société israélienne (CEI) a annoncé que plus de 20 % de l’électricité qu’elle va produire lors de la prochaine décennie se fera à partir du gaz naturel égyptien. La convention porte sur l’approvisionnement par l’Égypte pour une période de 15 ans, avec une possibilité d’augmenter la quantité de 25 % et de prolonger la période de cinq ans. La convention fixe aussi le prix à 1,5 dollar pour tout million d’unités (British thermal unit), un prix inférieur au prix de revient qui est de 2,6 dollars alors que le prix du marché dépasse les 9 dollars. Le gouvernement égyptien a reconnu que le prix du gaz vendu à Israël est inférieur aux cours mondiaux, sans trop entrer dans les détails (5). Généralement les contrats d’exportation de gaz naturel peuvent subir à tout moment des ajustements de prix comme le cas de Gaz de France par exemple.

En plus de cet accord officiel entre Israël et l’Égypte, une société privée israélienne, « Dorad Energy » a signé fin 2006 un autre contrat de près 2 milliards de dollars pour la fourniture de gaz naturel égyptien, ce qui lui permettra de construire à partir de cette année la première centrale électrique privée israélienne près d’Ashkelon. Plus précisément, le nouveau consortium israélo-égyptien fournira chaque année à « Dorad Energy » pendant une période de 15 à 20 ans pour 100 millions de dollars de gaz naturel. Il faut dire que la communication sur ces contrats reste très limitée

Juridiquement parlant donc, ce qui est illégal ce n’est pas la livraison du gaz à Israël, mais c’est bien la confrérie islamiste des Frères Musulmans qui, au regard du droit égyptien n’a aucune existence juridique dans le pays et qui est au regard du droit international pourrait presque être considérée comme une organisation terroriste, impliquée dans plusieurs attentats contre des touristes étrangers au pieds des Pyramides.

Ftouh Souhail,
Tunis

(1) L’Égypte a été le premier pays arabe à signer la paix avec l’État hébreu en 1979.

(2) La Haute Cour Administrative a statué sur un appel interjeté par le gouvernement égyptien suite au jugement prononcé le18 Novembre 2008 par une juridiction administrative, stipulant l’arrêt des exportations du gaz naturel vers Israël. La plainte déposée par Ibrahim Yosri, en mai 2008, était une parmi six autres déposées contre le gouvernement égyptien et le ministère du pétrole afin de bloquer ce marché.

(3) La convention de Vienne qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1988 est ratifiée par l’Égypte.

(4) Parmi les principaux actionnaires de la compagnie égyptienne EMG qui produit le gaz, on trouve la compagnie de gaz thaïlandaise (20%), la compagnie pétrolière égyptienne (10%), l’homme d’affaires égyptien Hussein Salim (28%) et l’Israélien Yossi Maiman (25%).

12 mars 2009

Dans les coulisses de la radio !

A la technique, Lucien Pesnot !

Les auditeurs n’imaginent jamais la réalité les « coulisses » des radios ... et elles peuvent être bien différentes, d’une station à l’autre ! Ce n’est pas trahir un grand secret que de vous révéler la modestie des moyens de Judaïques FM : radio associative, non soutenue par des institutions officielles de la Communauté ou par des riches fonds privés, elle fonctionne grâce au dévouement de quelques salariés - et grâce au travail de dizaines de bénévoles, dont votre serviteur !

Peut-être imaginiez-vous donc que la « salle des commandes » de notre studio était plus spacieuse, mais en fait elle se limite à cet étroite galerie, séparée bien sûr du studio par une baie vitrée. Mais peut-être n’imaginez-vous pas, non plus, combien la technique a progressé ces dernières années : tous les enregistrements sont numérisés, et l’utilisation de « bandes annonces » audio (jingle des émissions, pubs, ...), entre lesquelles le technicien devait jongler en direct, appartient à un passé heureusement oublié ! Quelques coups de clavier suffisent pour « lancer » sur les ondes tous les préenregistrés, et c’est devenu bien plus confortable ; sans parler de tous les logiciels de traitement du son, qui permettent de « redresser » des enregistrements de mauvaise qualité, en particulier ceux provenant de conversations téléphoniques.

Miniaturisation, donc, et c’est ainsi qu’une salle minuscule et quelques microordinateurs vous permettent de nous suivre avec un bon confort d’écoute. Mais nous le devons surtout à nos ingénieurs du son, et je suis particulièrement heureux que Lucien Pesnot figure sur cette photo ! C’est lui qui a mis en ligne des dizaines de « podcasts » de mes émissions, enregistrements intégraux que vous pouvez trouver, je vous le rappelle, à l’adresse : http://jean.corcos.free.fr/. Et j’ai déjà rendu hommage sur ce blog à sa grande gentillesse et à sa disponibilité, puisque c’est lui qui réalise la plupart de mes émissions, pour la plupart préenregistrées en semaine et en soirée : pour en savoir plus sur lui, cliquer sur son nom en libellé.

Mais il y aussi d’autres « coulisses » que vous n’imaginez pas, et qui se situent pas à l’adresse de Judaïques FM : ce sont celles des longues et laborieuses préparations de chacune de mes émissions ! On m’a dit que les conversations semblaient couler de source, mais cela est rendu possible par des heures de préparation - pour 25 malheureuses minutes à l’antenne ! Heures passées, souvent, à lire intégralement des ouvrages dont les présentateurs vedettes de nos télévision ne connaissent pratiquement que la quatrième de couverture ; heures passées à imaginer, puis à rédiger les 7-8 séries de questions permettant de faire le tour du sujet (deux pages et demi tapées en moyenne) ; et temps passé par les invités à préparer au mieux les réponses à partir du conducteur ... affaire d’éviter les pertes de temps, tangentes et autres fuites du débat ! Cela ne veut pas dire, bien entendu, qu’il n’y ait jamais eu d’émissions sans intérêt, ou de réponses « langue de bois » par certaines ou certains : mais au moins tout est toujours « bordé » au mieux pour l’éviter - et la fidélité, de tant d’invités de qualité, et de mon auditoire fidèle du dimanche matin, démontre que les efforts payent toujours !

J.C

11 mars 2009

André Nahum sur Judaïques FM ce matin : "imposture ! "

Bonjour.

Depuis des années l’ONU impose des sanctions dérisoires à l’Iran en sachant fort bien qu’elles sont ridiculement insuffisantes pour l’empêcher de se doter de la bombe atomique.
Imposture. 
Un évêque britannique aveuglé par sa haine des juifs, soutient contre toute évidence, contre les affirmations des Allemands eux- mêmes, que la Shoah n’a jamais existé et qu’il n’y a jamais eu de chambres à gaz.
Imposture.

Il y a quelques années, France 2 nous montrait les images terribles d’un jeune palestinien, Mohamed Al Doura, touché à mort dit le présentateur par des balles israéliennes pendant qu’il cherchait une protection dérisoire dans les bras de son père derrière un tonneau. Ce document largement diffusé dans le monde a causé le plus grand tort à Israël et aux Juifs et il est responsable de plusieurs attentats et de morts.
Eh bien une récente émission de la Télévision allemande laisse à penser qu’il serait une fiction et un montage comme le soupçonnaient Gérard Huber dans son livre et Philipe Karsenty sur son site Internet.
Imposture.

Le Hamas envoie régulièrement ses missiles sur la population israélienne et lorsque Tsahal réagit, il se sert de ses civils comme boucliers humains, et c’est Israël et ses généraux que l’on veut inculper pour crimes de guerre.
Imposture.

Des dirigeants de partis politiques soit disant progressistes et démocrates n’ont pas craint de cautionner par leur présence les manifestants qui à Paris hurlaient leur soutien au Hamas, mouvement terroriste, islamiste, anti juif et fasciste.
Imposture.

Des états, parmi les plus racistes et les plus totalitaires de la planète se préparent à Genève à transformer une réunion de l’ONU pour les droits de l’homme, dite Durban 2, en un forum anti-israélien et antisémite.
Imposture.

Un bulldozer conduit par un palestinien renverse volontairement des voitures juives à Jérusalem. Il ne s’agit que d’un "incident" pour ce grand quotidien parisien.
Et lorsque des voyous s’en prennent à Paris à des jeunes juifs en kippa, c’est pour la presse une querelle entre bandes rivales.
Imposture.

Un historien israélien en mal de gauchisme croit bon de publier un livre dans lequel il affirme le plus sérieusement du monde que le peuple juif n’a jamais existé et ne serait qu’une invention des sionistes.
Les anti-israéliens de tous bords s’en emparent comme du pain béni, une nouvelle Bible, un nouvel évangile fort bien venu pour remettre en cause la légitimité de l’état d’Israël.
Imposture, encore imposture !

Mais, d’Amalec à Hitler et d’Aman à Staline ce "non peuple" en a vu tellement d’autres ! Aujourd’hui, Pourim à Jerusalem. Hag Saméah !

André Nahum,
Judaïques FM, le 11 mars 2009

09 mars 2009

Iyad Jamal Al-Din, l’Irakien dont nos télés ne nous parleront jamais !

A la fin de l'année 2008, le dernier et impromptu voyage de Georges W. Bush en Irak avait été marqué par l’incident dit "de la chaussure", avec le lancer de ses souliers par un journaliste d’une télévision locale d’opposition, envoyées sur le Président sortant qui a "échappé" à ces projectiles improvisés, prenant même la chose avec humour ... Là-dessus, le responsable de cet "attentat", heureusement moins sanguinaire que la quotidien du pays, risque plusieurs années de prison et on pourra à juste titre trouver excessive pareille condamnation d'un "entartage local" - si elle est prononcée, à l'issue de son procès ajourné au 12 mars. Question tarte à la crème, je ne vais pas non plus reprendre les lourdes pâtisseries servies et resservies par les "experts" de nos médias, qui ont répété en boucle que : "montrer ses chaussures est dans le monde arabe une marque de mépris" ; le journaliste a utilisé le terme "chien", ce qui est aussi très méprisant dans ces pays. Il n’est venu à l’esprit de personne, par exemple, de s’interroger sur l’absence de tels "attentats" dans les pays voisins ou sous Saddam, peut-être parce que l’échelle de risques n’aurait pas été tout à fait la même ; ou de rappeler que le terme "chien" est aussi fréquemment accolé au mot "yahoud" (juif) ; mais là, cela brouillerait trop le logiciel du "politiquement correct" - ceci étant dit, par ailleurs, sans indulgence aucune pour l’aventure irakienne et son bilan plus que décevant, ainsi qu’a pu l’exposer, par exemple et avec brio, Caroline Fourest à mon micro, il y a quelques mois !

Il parait donc que l’auteur du "lancer de chaussures" est devenu un héros adulé dans le monde arabe, et que la vidéo de son exploit connaît des records d’audience sur "youtube" ; cela n’est certainement pas le cas des vidéos qui ont pour héros un autre Irakien, celui-là député, chiite et ... reconnaissant aux États-Unis d’avoir renversé Saddam Hussein ! On comprend que, d’emblée, un tel discours ne soit jamais reporté sur nos médias.

Merci donc, à nouveau, à « memri » pour ces enregistrements : on en trouvera la série complète avec sous titres en anglais sur ce lien

J.C

08 mars 2009

Inculpation d’Omar el-Béchir : un monde qui change, une justice qui avance

Le président soudanais Omar el-Béchir
(photo AFP)

C’est un jour historique pour la justice universelle : la Cour Pénale Internationale de la Haye (CPI) vient de lancer le 4 mars 2009 un mandat d’arrêt contre le président islamiste du Soudan, Omar el Béchir accusé de crimes contre l’humanité au Darfour.

Le Maréchal président el-Béchir, dictateur islamiste dont le régime est engraissé par les pétrodollars et qui détient depuis 1989 le plus grand pays africain par une main de fer, est aujourd’hui un homme recherché par la justice internationale. Cet homme a causé un désastre humanitaire dans son pays, et plus particulièrement au Darfour. Habité par des ethnies non arabes, couvrant une surface d’environ 510.000 km2, sur une région de l’Ouest du Soudan où vivent 6 millions d’habitants non arabes, cette région est le théâtre depuis 2003 d’un génocide à Grande échelle perpétré sur des populations autochtones par l’armée gouvernementale et les milices arabes sous les ordres d’el-Béchir. Quelque 400 000 hommes, femmes, enfants innocents ont étés tués, sans parler des milliers de victimes violées, torturées et terrorisées ... plus de trois millions et demi d’autres personnes ont été chassées de chez elles. Face à la résistance légitime du Darfour, le potentat el-Béchir arma les milices Janjawids arabes, dirigées par Choukratalla et aidé par Moussa Hilal et Ali Kosheib, officiers de l’armée soudanaise qui sont l’objet d’un mandat d’arrêt international : des dizaines de villages du Darfour ont été bombardés, les hommes et le bétail sont massacrés, les femmes et les enfants violés.

La décision des juges de la Cour Pénale Internationale de lancer un mandat d’arrêt contre le dictateur génocidaire des peuples autochtones africains, constitue certainement l’un des plus grands événements pour la cause des droits de l’homme en Afrique. Mais comme prévu les autorités soudanaises qui ne reconnaissent aucun pouvoir à la CPI ont refusé cette décision, qualifiée d’ingérence étrangère de nature «néocolonialiste». Malgré sa résistance et ses mensonges, le dictateur génocidaire halluciné du Soudan, inculpé par le procureur général de la Cour pénale internationale pour crime, et qui fait aujourd’hui l’objet d’un mandat d’arrêt, sait très bien que les bourreaux qui massacrent leur peuple ne resteront pas longtemps impunis.

La CPI héberge aujourd’hui le rêve d’une justice universelle censé punir les grands criminels et dissuader leurs émules. C’est maintenant le champ de bataille de Luis Moreno-Ocampo, un magistrat argentin, qui enquêtera sur les crimes perpétrés au Darfour. Depuis son élection en avril 2003, le premier procureur de l’histoire de la CPI, reçoit les doléances d’opposants africains victimes d’élections truquées, de citoyens irakiens fatigués d’enterrer leur frères, ou d’États dénonçant la violation de leurs frontières ... Hélas ! Les compétences de la CPI étant ce qu’elles sont, il lui est le plus souvent impossible de donner suite à ces SOS. La Cour ne juge que les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. A condition qu’ils aient été commis dans l’un des 108 pays signataires du « statut de Rome » (le premier fut le Burkina, en 1998). A condition aussi que le pays en question, n’ait pas engagé une procédure judiciaire. Mais le Conseil de sécurité des Nations Unis a, de son coté, la possibilité, quels que soient la nationalité de l’accusé et le lieu du crime, de transmettre le dossier au procureur de la CPI.

Il faut avouer aussi que dans les cinq premières années de son existence, le début de la CPI a été très difficile, et la Cour n’a saisi que peu de dossiers. Seuls trois Congolais (de la république démocratique du Congo) ont été poursuivis. Le premier fut Thomas Lubanga, accusé de crimes de guerre, les deux autres, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo, accusés de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Le trio était incarcéré dans la banlieue de La Haye, en compagnie des détenus du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et de l’ancien dictateur libérien Charles Taylor, jugé par le tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).

Nous pouvons nous poser cette question : pourquoi de tels retards dans le travail de la CPI ? D’abord parce que, contrairement aux autres juridictions internationales (TPIY, TSSL et Tribunal Pénal International pour le Rwanda), dont le procès se résument à un face à face entre défense et accusation, la CPI a choisi de faire entendre la voix des victimes (qui pour autant ne peuvent pas se constituer partie civile), par l’intermédiaire de représentants légaux. Une innovation qui traduit une volonté de réparation précise, directe et individualisée, mais qui complique les procédures (1). Ensuite, parce que la délocalisation de la justice allonge, elle aussi, considérablement les délais. Par ailleurs, l’audition de témoins oblige à assurer la protection de ces derniers, et celle de leurs familles, dans leur pays d’origine, opération pour le moins délicate. Enfin, l’importance du temps accordée aux victimes expliquent les ajournements du procès (c'est le cas du premier détenu de la CPI Thomas Lubanga).

Le travail de CPI n’est pas toujours facile et cela depuis les premières années de son existence, donnons un exemple : saisi par Yoweri Museveni, le président ougandais, Luis Moreno-Ocampo a, en juillet 2005, lancé des mandats d’arrêt internationaux contre Joseph Kony, chef de « l’Armée de la Résistance du Seigneur » (qui multiplie les exactions dans le nord de l’Ouganda) et contre quatre de ses acolytes. Tous sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mais aucun n’a été arrêté (deux d’entre eux seraient décédés). Depuis sa création et malgré son premier budget de 97 millions d’euros (2008) et ses 679 employés, la CPI n’a pas fait peur. Ni la Chine, ni la Russie ne sont signataires du statut de Rome. Impossible dans ces conditions de faire comparaître devant elle les auteurs de crimes commis au Tibet ou en Tchétchénie.
Malgré cela, nous sommes entrain de vivre une transition vers un état de droit mondial. C’est grâce aux États-Unis que le Conseil de sécurité a donné son aval pour que la communauté saisisse le sujet de la situation au Darfour. Résultat : en mai 2007, le bureau du procureur a lancé des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité visant deux responsables soudanais : l’ancien ministre de l’intérieur Ahmed Mohamed Haroun, aujourd’hui secrétaire d’Etat aux ... affaires humanitaires, et Ali Mohamed Al-Abd al-Rahman, chef de l’une de ces milices djandjawids qui sèment la terreur au Darfour. Il est encourageant par contre de constater que la personnalité la plus engagée aux coté de Luis Moreno-Ocampo, est l’afro-américaine Susan Rice qui a fait du génocide darfourien une affaire personnelle (elle est devenue par la suite la représentante des USA auprès de l’ONU). Le procureur Luis Moreno-Ocampo a aussi à coté de lui une autre adjointe africaine, il s’agit de la Gambienne Fatou Bensouda.

L’Afrique a toujours été un grand espace d’impunité pour des grands criminels qui courent dans la nature. La CPI semble vouloir mette fin à cette injustice et à la culture de l’impunité qui règne sur un continent ruiné par les guerres et les génocides à Grande échelle. La CPI intervient aujourd’hui pour rendre justice à tous les peuples oubliés par les grands médias et par les humanistes sélectifs d’ici et là (population de la République Démocratique du Congo, Ouganda, Soudan, Centrafrique). Bref, le chemin est long mais Monsieur Luis Moreno-Ocampo, le premier procureur de la Cour Pénale internationale, ne se laisse pas désarçonner par les critiques malsaines selon lesquelles la CPI ne serait sous des apparences humanistes, qu’un énième avatar de la mainmise des pays du Nord sur ceux du Sud. Et puis, lui-même n’est t-il pas originaire d’un pays du Sud, l’Argentine, de même que son adjointe la Gambienne Fatou Bensoula ?

Ftouh Souhail,
Tunis
(1) Une centaine de témoins du génocide du Darfour ainsi que des familles des victimes seront attendus à La Haye au siège de la Cour Pénale Internationale.