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10 août 2009

Une interview courageuse du Prince Héritier de Bahreïn

« Nous, les Arabes, n’avons pas assez fait pour créer un lien avec le peuple israélien ». Ces propos sont ceux du Prince héritier de Bahreïn dans un billet publié par le « Washington Post », et dont la traduction intégrale est publiée dans le supplément magazine du « Maariv » le 21 juillet dernier. « Nous n’avons pas assez travaillé pour montrer aux Israéliens comme notre initiative peut créer une paix entre pairs », écrit-il dans l’article.

Il s’agit là d’une démarche hors du commun d’un pays membre de la Ligue arabe, qui remet en cause la position de la Ligue selon laquelle les contacts avec Israël doivent être proscrits jusqu’au retrait israélien des territoires. Malgré cela, cet article du prince Salman bin Hamad al-Khalifa n’a pas provoqué de tollé au sein de la Ligue arabe (1).
L’article du prince héritier est une démarche d’autant plus courageuse que la tension règne entre Bahreïn et l’Iran à l’heure où, à Téhéran, des voix de plus en plus nombreuses affirment que Bahreïn fait historiquement partie de l’Iran.

Le Bahreïn, pays à majorité chiite mais dirigée par une dynastie sunnite, est un des principaux alliés des États-Unis dans le Golfe. Il entretient avec Israël des contacts politiques en dépit de nombreuses résistances dans le pays. Son prince héritier, Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, a rencontré des responsables israéliens lors du Forum économique mondial en 2000 et 2003. En 2007, son ministre des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Ahmad al-Khalifa, avait rencontré son homologue israélienne de l'époque, Tzipi Livni, à l'ONU. En octobre 2008, cheikh Khaled avait suggéré la création d'une organisation régionale incluant Israël, afin de parvenir à la paix au Moyen-Orient: "Israël, l'Iran, la Turquie et les pays arabes devraient s'asseoir ensemble au sein d'une même organisation", avait-il déclaré au quotidien arabe « Al-Hayat ».

Il y a quelques semaines aussi, le Bahreïn a envoyé une délégation officielle à Tel-Aviv pour rapatrier des ressortissants détenus en Israël, la première visite du genre annoncé publiquement. Selon l'agence officielle Bna, ces Bahreïnis faisaient partie d'un groupe de militants pro palestiniens se rendant dans la bande de Gaza, à bord d'un bateau arraisonné par la marine israélienne.

La démarche du Prince héritier de Bahreïn qui appelle pour « créer un lien avec le peuple israélien » est très courageuse de la part de ce petit pays Golfe. Le prince Salman bin Hamad al-Khalifa est un homme sage qui sait que la guerre n'a jamais résolu quoi que ce soit.

Les Israéliens ne veulent pas une confrontation avec le monde arabe. Et ils ne veulent pas davantage dominer ni gérer le monde arabe. Il n'y a pas de visées ou d'ambitions coloniales ou impérialistes israéliennes sur les États arabes. Ce que souhaitent les Juifs israéliens, c'est vivre en paix avec le monde arabe - pas le dominer ni en faire partie. Vivre en paix avec le monde arabe, les Arabes dans leurs États, les Israéliens dans le leur, c'est tout. Chacun chez soi. En somme, cette coexistence pacifique pourrait bien sûr s'accompagner d'échanges de tous ordres, notamment sur les plans économique et commercial, d'accords de coopération technique - par exemple sur les problèmes de l'eau, de la lutte contre la désertification où contre la pollution, d'échanges touristiques, culturels et universitaires.

Le prince Salman bin Hamad al-Khalifa a raison d’appeler à un dialogue direct avec Israël. J'espère que la démarche de ce prince progressiste arabe sera adoptée dans l'ensemble des pays arabes, de tous les pays arabes, afin qu'ils puissent se rendre compte de la stupidité à vouloir continuer une guerre avec Israël.

Ftouh Souhail,
Tunis

(1) Le Premier Ministre israélien a évoqué l’article publié par le prince héritier de Bahreïn dans le « Washington Post » et dans lequel il a appelé les pays arabes à entamer des pourparlers sur une paix régionale avec Israël. M. Netanyahu a cité le prince qui a écrit : « L’ensemble des parties doivent effectuer simultanément des démarches destinées à bâtir la confiance ». « Je voudrais faire part de mon estime pour le prince de Bahreïn. (...). C’est dans cet esprit que l’on pourra créer une atmosphère dans laquelle on aura le sentiment qu’une telle paix est possible », a affirmé M. Netanyahu au cours de sa visite exceptionnelle à la résidence de l’ambassadeur d’Égypte, à Herzliya, à l’occasion de la fête nationale égyptienne le 2 juillet dernier.