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05 novembre 2008

Obama : une victoire et cinq commentaires

Au lendemain de la victoire, nette et sans surprise, de Barack Obama, je profite de quelques moments de liberté ce mercredi matin pour réunir ici cinq commentaires particulièrement pertinents, entendus ou lus au cours des dernières heures !

1° Barack Obama « élu d’une écrasante majorité de Français », des Français champions du monde de l’antiracisme ... en dehors de chez eux ! Et - entendu tout à l’heure sur Europe N°1 - Claude Askolovitch a eu raison de dire que l’élection d’un métis, fils d’immigré et inconnu dans le Landerneau politique il y a cinq ans, serait impossible dans notre pays ; pays où il n’y a aucun député d’origine maghrébine (mais où des journalistes se permettent de traiter de raciste un État d’Israël où la Knesset compte 10 % de députés arabes), et qui ne comprend qu'une seule député de couleur - représentant les DOM-TOM où les Noirs sont citoyens français depuis deux siècles !

2° Barack Obama porteur de l’espoir des Afro-américains, des minorités de son pays mais aussi du Tiers-Monde, tous espérant que les États-Unis auront grâce à lui une action plus « équitable » (mot à la mode) à la fois en politique intérieure et internationale : autant d’espoirs qui doivent hérisser le poil de la frange la plus « à droite » de ma propre communauté ; où les mêmes, souvent « Sarkozystes » convaincus, ne s’étonnent pourtant pas d’avoir vu notre Président et la plus grande partie de l’UMP souhaiter ouvertement le succès du candidat démocrate ; ou encore les Bourses mondiales accueillir par des hausses tonitruantes (hier à Wall Street et Paris, et ce matin à Tokyo) la victoire du candidat « d’extrême gauche » - pour reprendre la terminologie de certains articles lus dans des médias communautaires. Une preuve en tout cas, que le facteur déterminant pour cette élection aura été non la politique étrangère et l’Irak, mais la grave récession économique après la débâcle financière du mois de septembre - une débâcle que l’administration Bush n’aura su ni prévenir, ni correctement gérer.

3° Barack Obama, un noir à la tête de la première puissance du monde - comme, sur un plan plus symbolique, la « Gouverneure Générale » du Canada, elle-même immigrée d’origine haïtienne - voilà qui est bien représentatif de la « mondialisation », tellement décriée à la fois par l’extrême droite et l’extrême gauche réunies. Et aussi, d’un nouveau rapport de forces démographiques : comme devait le dire Clément Weill Raynal dans sa chronique du lundi matin chez nos excellents confrères de RCJ, le monde « blanc » (Amérique du Nord et Europe) représentait 30 % de l’Humanité au milieu du siècle dernier, qui sont devenus 15 % aujourd’hui (en comptant les États-Unis ... où les non européens d’origine seront la majorité en 2050 !). Un monde nouveau où le peuple juif - dont la longue et douloureuse histoire s’est entrechoquée avec les cultures les plus diverses - devra trouver sa place, au lieu de se crisper sur la nostalgie d’un passé révolu !

4° Barack Obama, élu justement de l’écrasante majorité des ... Juifs américains, qui auraient été près de 80 % à voter pour lui, d’après ce que j’ai entendu ce matin sur la fréquence juive de Paris. Ainsi, les États « clés » où cet électorat pouvait faire la différence (Floride, New York, Californie) ont-ils voté en majorité et comme à l’accoutumée démocrate, Israël n’intervenant pas, selon les sondages, en premier lieu dans leurs préoccupations : ce que l’on peut interpréter de deux manières, l’optimiste (en se disant que les deux candidats avaient donné également des gages d’amitié) ou la pessimiste (en ce disant que la Diaspora la plus puissante du Monde abandonne lâchement l’État juif, au moment où il va affronter les pires dangers).

5° Barack Obama, résolu face à l’Iran ? Et à ce niveau, « last but not least », je mets volontiers un point d’interrogation. Lundi soir (voir article d’hier matin), j’enregistrais deux émissions avec Caroline Fourest, que l’on ne peut - sauf mauvaise foi hurlante - taxer de pacifisme ou de complaisance vis-à-vis des islamistes ou du régime iranien : vous entendrez le 30 novembre prochain ce qu’elle a dit, à l’attention des auditeurs nostalgiques de l’administration Bush, et convaincus que l’affaire irakienne aura conforté la position américaine au Moyen-Orient ... Mais le souhait du nouveau Président des États-Unis d’ouvrir, même à titre expérimental, un canal de négociations avec la République islamique ; le positionnement plus que douteux de Joseph Biden au moment de certains votes au Congrès ; tout cela soulève a minima de l’inquiétude, et le « Haaretz » pourtant tout acquis aux Démocrates, s’en est fait souvent l’écho (lire l'article d'Amos Harel publié hier 4 novembre).

Jean Corcos