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27 mai 2008

Comment rétablir le dialogue entre jeunes juifs et musulmans ? Raphaël Haddad et Orly Cohen seront mes invités le 1er juin.

Nous allons revenir en France pour cette émission, et parler à nouveau des tentatives de tisser des liens entre Juifs et Musulmans. Mes deux invités seront le président de l’Union des Étudiants Juifs de France, Raphaël Haddad, et Orly Cohen, qui travaille avec lui en milieu scolaire dans le cadre d’un programme qui s’appelle « Coexist », programme dont elle est la directrice.Je serai heureux de recevoir des jeunes responsables juifs dans ma série, d’abord parce que cela me rajeunit : rajeunit de quelques années, car dans les débuts de « Rencontre », j’avais reçu des anciens présidents de l’U.E.J.F, et nous avions évoqué à l’époque les premières passerelles construites vers des jeunes musulmans, à travers notamment une association comme SOS Racisme ; rajeunit hélas aussi de plusieurs décennies, car cela fait plus de trente ans que j’ai quitté le monde universitaire, et j’imagine qu’il a bien changé, à la fois en matière de priorités de la jeunesse, de démographie des populations et d’état d’esprit des étudiants !

Je serai donc heureux de faire un point avec ces invités, car depuis le traumatisme que l’on a vécu suite à la vague d’agressions antisémites du tournant du siècle, et bien on entend beaucoup de critiques vis-à-vis de la stratégie suivie par l’Union des Étudiants Juifs de France, et je m’en ferai l’écho : en gros, ce que j’entends dans certaines franges de la communauté - et c’est aussi un discours développé par un intellectuel comme Shmuel Trigano - , c’est une critique de l’ancrage à gauche de l’U.E.J.F, qui a fait d’ailleurs que certains de ses anciens présidents soient devenus, par la suite, des responsables du Parti Socialiste. Le P.S sous François Mitterrand et après lui, avait eu en effet une stratégie d’instrumentalisation de la menace du Front National, en faisant la promotion d’un « front anti-raciste », rassemblant des jeunes Beurs militant contre Le Pen et pour l’intégration - ce qui était sympathique - mais avec aussi, à leurs côtés, plusieurs générations de jeunes Juifs, qui du coup sont apparus comme une minorité pas tout à fait française. Et, après la belle aventure de SOS Racisme, il y a eu la vague antisémite des années 2000, et on n’a pas vu beaucoup de solidarité de la part de ces jeunes Musulmans ; mais surtout, le reste de la société française a considéré que ce qui se passait ce n’était pas de l’antisémitisme venant d’une partie de la population d’origine maghrébine, mais ce que l’on a appelé des « affrontements inter communautaires » : j’attends donc avec curiosité la réponse de l’U.E.J.F à cette critique de fond ...

Mais bien sûr, cette émission sera aussi l’occasion pour ces deux responsables de nous présenter deux nouveaux programmes destinés à briser les préjugés entre jeunes juifs et musulmans.

Le premier programme s’appelle « Réciprocité », il a conduit ce syndicat étudiant à quitter les campus universitaires pour aller à la rencontre des jeunes des « quartiers sensibles » dans des espaces appartenant à des mairies. Des responsables associatifs ont ainsi été rencontrés « afin de faire circuler la parole et de restaurer une circulation symbolique, géographique aussi bien qu’intellectuelle », pour citer ce projet ambitieux !

Le deuxième programme, dont la direction est assurée à plein temps par Orly Cohen, s’appelle « Coexist » et se déroule en milieu scolaire en direction des classes de 4ème et 3ème des collèges : là où, hélas, et pour citer à nouveau les responsables du projet, « les difficultés de relation à l’autre peuvent entraîner chez les jeunes des attitudes racistes, le milieu scolaire étant particulièrement touché par l’augmentation de la violence verbale » ... un lourd constat d’échec pour lequel (à mon avis personnel) le corps enseignant a une grosse responsabilité !

J’entendrai donc, avec curiosité, les réponses de mes invités à quelques questions :
- Comment amener les élèves à s’interroger et à briser leurs préjugés ?
- Comment amener d’autres que la communauté juive à s’impliquer (à noter que « Coexist » est un programme coopératif impliquant aussi des associations issues de l’immigration) ?
- Pourquoi aucun syndicat enseignant n’a-t-il parrainé le programme « Co-exist » ?

Des questions brûlantes pour lesquelles je vous souhaite nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C