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27 janvier 2008

On déblogue pendant une semaine

Ouf ...

Presque trois mois aujourd'hui, que ce blog a été alimenté, sans arrêt ... même pas une petite pause, même pendant "la trêve des confiseurs" ; toujours 4 à 5 publications par semaine, alors que (et vous pouvez le vérifier sur plusieurs adresses en liens permanents), beaucoup de blogs ne sont réactualisés au maximum qu'une fois par semaine ... sans parler de certains blogs amis, dont hélas les éditeurs semblent bien avoir "jeté l'éponge".

Je n'en suis pas là, heureusement. Mais il est temps de s'accorder un peu de repos pour cette activité, histoire de reprendre mon souffle à côté et même si je reste à Paris.
Merci à tous ceux qui visiteront cette adresse les prochains jours. Merci aux lecteurs réguliers pour leur fidélité. Et à tous, rendez-vous le dimanche 3 février !

J.C

26 janvier 2008

Mon amour, mon trésor ...

Dessin publié dans le journal jordanien
"Al-Dustur", le 18 mai 2007

Le sourire du mois
- janvier 2008

Merci au "memriblog" (en lien permanent) pour cette petite perle, dénichée dans la presse arabe. Oui la Femme est vraiment un trésor bien précieux !

J.C

24 janvier 2008

Après la campagne de manipulations médiatiques du Hamas : le commentaire de Gérard Akoun sur Judaïques FM

Auriez vous su qu'il y avait un mur de béton du côté égyptien, à la frontière entre l'Égypte et le territoire de Gaza, si le Hamas n'avait pas décidé de faire détruire à l'explosif sur plusieurs dizaines de mètres le double mur, l'un du côté palestinien, l'autre du côté égyptien, qui sépare en deux la ville de Rafah située à cheval entre la bande de Gaza et l'Égypte ?

Il y avait vraiment peu de chances, dans la mesure où les médias s'intéressent surtout aux murs construits par les Israéliens, à l’exclusion de tout autre. Vous avez été informés par les médias qu'une grave crise humanitaire menaçait ce territoire pauvre et surpeuplé, plus d'électricité, plus de fioul, plus de médicaments, plus de produits de première nécessité, Gaza dans le noir en raison du blocus imposé par les Israéliens depuis le 17 janvier. On ne vous en précisait pas toujours les raisons, au mieux on minimisait la pluie de roquettes et d'obus de mortier qui tombaient tous les jours sur le Sud d'Israël. Comme on omettait de précise que la fourniture d'électricité était maintenue à 70 % par la centrale électrique d’Ashkelon, elle-même soumise aux tirs des terroristes du Hamas, ou que la centrale électrique de Gaza, avait été fermée sous le prétexte fallacieux qu'elle manquait de carburant, alors qu'avant le blocus, elle disposait de réserves pour une semaine. Le Hamas avait décidé de ne pas les utiliser pour fournir de l'électricité aux habitants de Gaza, afin de pouvoir mener une intense campagne médiatique et diplomatique, à l’échelon international, à l'encontre d'Israël.

Elle a porté ses fruits, puisque le gouvernement d’Ehud Olmert a été obligé de desserrer le blocus et d’autoriser les livraisons de quantités limitées de carburant.

Mais cela ne suffisait pas et « le gouvernement du Hamas » se trouvait dans une impasse : les bombardements du Sud d'Israël et les représailles exercées par l'armée israélienne dans la bande de Gaza n'ont pas eu l'effet escompté ; les négociations continuaient, quand même, entre Israël et l'Autorité Palestinienne et pouvaient créer une dynamique qui ébranlerait son pouvoir. Il est possible que le Hamas ait craint un retournement de la population, d'où sa décision d'ouvrir le territoire sur l'Égypte, ce qui permet à la fois d'accorder une bouffée d'oxygène au Gazaouis et de mettre dans l'embarras les pays arabes modérés voisins, mais aussi Israël. Des dizaines de milliers de Gazaouis en ont profité pour aller faire leur marché. Ils ont acheté, pour leur usage personnel, ou pour les revendre, du tabac, des cigarettes, de l'essence, des produits de première nécessité mais aussi du matériel électrique et électronique : les magasins qui vendaient des téléphones portables, des téléviseurs ont été littéralement dévalisés. Toutes les devises, selon l'AFP, étaient acceptées. De quoi relativiser, un tant soit peu, la crise humanitaire dont l’UNRWA, en particulier, a agité le spectre.

Je ne vais pas ironiser sur la soif d'achat de ceux qui en avaient les moyens. Il est évident que la situation de la majorité des habitants de Gaza est difficile, qu'ils subissent nombre de restrictions, qu’ils sont quasiment enfermés dans ce territoire, qualifié par certains de « prison à ciel ouvert ».

Mais la politique des dirigeants islamistes, qu'en majorité ils se sont donnés à la suite d'élections démocratiques, celle du refus d'Israël, celle d'une lutte jusqu'au-boutiste, qui se manifeste actuellement par des tirs de kassams sur Sderot et ses environs, ne les aidera pas à s'en sortir, ne leur permettra pas d'aller de l'avant, et elle les conduit dans une impasse. Face aux islamistes Israël ne cédera pas, ne peut pas céder car c'est sa propre existence qui est remise en question !

Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8
Chronique politique du 24 janvier 2008

23 janvier 2008

Que se passe-t-il en Mauritanie ? Ould Saleck El Arby sera mon invité le 27 janvier


Dimanche prochain, j’aurai le plaisir de vous faire voyager, par la voie des ondes, dans un pays musulman bien méconnu : la République Islamique de Mauritanie !

Cet immense pays désertique, d’environ un million de kilomètres carrés et peuplé seulement de 3 millions d’habitants, a le triste privilège de se trouver à la charnière entre le Maghreb arabe et l’Afrique noire : des milliers de kilomètres de frontières, presque totalement poreuses (voir la carte), qui sont autant de points de passage possibles pour des groupes armés cherchant à déstabiliser le pays. La Mauritanie est un « état tampon », dont les frontières ont été tracées au double décimètre par le colonisateur français qui souhaitait, au moment de son indépendance en 1960, séparer l’Afrique Noire - avec le Sénégal au Sud et le Mali à l’Est - et l’Afrique du Nord, avec deux puissants voisins, le Maroc et l’Algérie. Mais, au-delà d’une naissance difficile et de la géopolitique régionale compliquée, la Mauritanie a été brutalement placée sous les projecteurs de l’actualité il y a quelques semaines, lorsque à la veille de Noël, une famille de touristes français a été décimée par une attaque terroriste d’Al-Qaïda. Suite à cet attentat, le rallye du Dakar a été brutalement annulé. Depuis, l’enquête a été très rapide, deux des assassins en fuite ont été arrêtés, mais ces évènements font craindre que la région du Sahara, et au-delà toute l’Afrique subsaharienne, soit maintenant soumise à une déstabilisation terroriste.

J’ai fait la connaissance de Monsieur Ould Saleck El Arby lors d’une conférence de Malek Chebel à propos de son livre « L’esclavage en terre d’islam » (Éditions Fayard), un livre dont hélas la campagne de « com » est terminée ... et l’auteur est fort pris : j’espère, soit dit entre parenthèses, évoquer à fond et à nouveau ce sujet à la fois sur le blog et dans mon émission.
Mais revenons à mon prochain invité ! Politologue, Président de la section « Europe » de l’association « SOS - Esclaves », Ould Saleck El Arby est d’abord un militant des droits de l’homme dans son pays, hélas marqué pendant longtemps par l’esclavage - car historiquement, une bonne partie de ses habitants noirs ou métis est issue des traites négrières qui ont sillonné depuis des siècles le Sahara.

Mais nous aborderons, outre l’esclavage, plusieurs sujets de fond qui permettront à mes auditeurs fidèles de découvrir un pays mal connu :

- Après cet attentat, y a-t-il un risque de contagion islamiste de la population locale ?
- Après des années de guerre sanglante dans l’ex Sahara Espagnol, comment se situe aujourd’hui la Mauritanie, face à ses deux grands voisins, le Maroc qui est plutôt soutenu par la France, et l’Algérie, qui est plutôt soutenu par la majorité des états africains ?
- Comment interpréter ce qui se passe en ce moment dans l’Afrique subsaharienne, de la Mauritanie au Tchad en passant par le Niger : est-ce que c’est un choc entre monde arabe et Afrique noire ? Est-ce que c’est un nouveau front entre les islamistes et les pro-occidentaux ? Est-ce que ce sont des conflits économiques ?
- La Mauritanie entretient (fait mal connu) des relations diplomatiques avec l’état d’Israël, c’est un des trois membres de la Ligue Arabe à les avoir maintenues malgré la détérioration de la situation au Moyen Orient : cela est-il accepté par la population ?
- Pays dont la population est composite, elle a connu des massacres contre les Noirs il y a une vingtaine d’année : va-t-elle enfin connaître à la fois la paix civile et la démocratie ?

A dimanche prochain, pour une émission hors des sentiers battus !

J.C

21 janvier 2008

Boualem Sansal : « la frontière entre islamisme et nazisme est mince »



Boualem Sansal, photo tirée du site "CanalObs.tv"

Introduction :
Un livre évènement vient de sortir aux éditions Gallimard : « Le village de l’Allemand ». A travers l’histoire véridique - et non exceptionnelle, d’après son témoignage -, d’un ancien SS devenu combattant du FLN, converti à l’islam et vivant ensuite de longues et belles années après l’Indépendance avant de finir tragiquement, cet écrivain algérien iconoclaste parle d’un sujet sur lequel plusieurs ouvrages historiques ont déjà été publiés, mais resté recouvert par la chape de plomb du « politiquement correct » : les liens troubles entre le nazisme et le nationalisme arabe « première manière » ; et l’héritage idéologique de ce passé, qui imprègne à son avis l’islamisme.
Ci-dessous, un extrait de l’entretien intégral publié sur le nouveau site « CanalObs.tv ». Et surtout, le lien vous permettant de visionner intégralement cet entretien exceptionnel. Ai-je besoin de vous dire que j’essaierai absolument de réaliser une interview de cet intellectuel tellement courageux, au besoin par téléphone avec l’Algérie (comme je l’avais déjà fait il y a quelques années avec une autre militante contre le « nazislamisme », la député Khalida Messaoudi) ?
J.C


«La frontière entre islamisme et nazisme est mince»
By Grégoire Leménager

Alors qu'il publie «le Village de l'Allemand», le grand romancier algérien s'explique ici sur les liens entre hitlérisme et islamisme, la politique de Bouteflika et les choix diplomatiques de Sarkozy. Ce qu'il dit est terrible
En exergue, un mot du narrateur annonce la couleur du livre. Noire, très noire: «il y a des parallèles dangereux qui pourraient me valoir des ennuis». Ce n'est pas une coquetterie. Il n'y en a jamais chez Boualem Sansal. Dans son cinquième roman, deux frères d'origine algérienne tiennent leur journal. Ils vivent en France, banlieue parisienne, et apprennent avec horreur la destinée de leur père: Hans Schiller, héros du FLN, était officier SS; il vient de finir ses jours au bled, égorgé par le GIA.
Pour son fils aîné, l'histoire des camps d'extermination se découvre dans son insupportable singularité, et s'inscrit dans sa chair, jusqu'à la folie. Pour le cadet, directement confronté à la «talibanisation» de sa cité, l'équation entre nazisme et islamisme s'impose avec cette certitude: «l'imam de la tour 17, il faut lui couper le sifflet». Entre leurs deux voix alternées, Sansal fraie la sienne, subtile mais ferme, qui dans une intrigue serrée noue sans faiblir les questions les plus brûlantes: banlieues, Algérie, nazisme, fanatisme... Servi par tant de talent, son courage force l'admiration. «Le Village de l'Allemand» est un coup de poing dans le gras de nos plus rassurantes illusions: la fin de l'histoire n'a pas eu lieu. (...)

Extrait de l’interview :

« En avançant dans mes recherches sur l'Allemagne nazie et la Shoah, j'avais de plus en plus le sentiment d'une similitude entre le nazisme et l'ordre qui prévaut en Algérie et dans beaucoup de pays musulmans et arabes. On retrouve les mêmes ingrédients et on sait combien ils sont puissants. En Allemagne ils ont réussi à faire d'un peuple cultivé une secte bornée au service de l'Extermination; en Algérie, ils ont conduit à une guerre civile qui a atteint les sommets de l'horreur, et encore nous ne savons pas tout. Les ingrédients sont les mêmes ici et là: parti unique, militarisation du pays, lavage de cerveau, falsification de l'histoire, exaltation de la race, vision manichéenne du monde, tendance à la victimisation, affirmation constante de l'existence d'un complot contre la nation (Israël, l'Amérique et la France sont tour à tour sollicités par le pouvoir algérien quand il est aux abois, et parfois, le voisin marocain), xénophobie, racisme et antisémitisme érigés en dogmes, culte du héros et du martyre, glorification du Guide suprême, omniprésence de la police et de ses indics, discours enflammés, organisations de masses disciplinées, grands rassemblements, matraquage religieux, propagande incessante, généralisation d'une langue de bois mortelle pour la pensée, projets pharaoniques qui exaltent le sentiment de puissance (ex: la 3ème plus grande mosquée du monde que Bouteflika va construire à Alger alors que le pays compte déjà plus de minarets que d'écoles), agression verbale contre les autres pays à propos de tout et de rien, vieux mythes remis à la mode du jour.... Fortes de cela, les dictatures des pays arabes et musulmans se tiennent bien et ne font que forcir. Plus que mille discours, cinq petits jours de Kadhafi à Paris ont suffi pour édifier les Français sur la nature de nos raïs. Ah, quelle morgue, ce Kadhafi! Maintenant, ils peuvent comprendre ce que nous subissons tous les jours qu'Allah nous donne à vivre sous leurs bottes. »

Pour voir la vidéo, cliquer sur ce lien.

20 janvier 2008

Discours de Riyad : avalanche de critiques contre Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy reçu à la Grande Mosquée de Paris
(photo copyright Pierre Payan)

Introduction :
D'abord un petit rappel : un blog n'est pas un journal, et je n'ai ni le temps ni l'outrecuidance de donner ici des commentaires sur chaque évènement, important ou non et concernant le monde musulman ! Mais parfois l'absence de commentaires peut donner lieu, à son tour, à commentaires : on aura lu ici un éloge du "virage" de la diplomatie française par rapport à la question vitale pour la survie d'Israël (celle du fameux "droit au retour" des "réfugiés" palestiniens) ; je ne peux pas faire pas comme si je n'avais rien lu à propos du fameux "discours de Riyad" de Nicolas Sarkozy, qui risque peut-être de devenir le pendant du fameux "discours du Caire" de Jacques Chirac (lire sur le blog) ...
Comment donc a réagi la Communauté juive ? De façon prudente pour les institutions officielles, comme le CRIF, dont la "newsletter" a donné en lien le texte complet du discours, fourni par la Présidence de la République. De façon virulente parfois, ainsi on pourra lire en lien également un article amer publié sur le site de l'UPJF par Menahem Macina, article ensuite complété par des commentaires le nuançant, et largement repris sur des blogs communautaires !
Mais une fois de plus, on retrouve à propos du voyage d'un dirigeant français en terre arabe la même tendance à tout lire au travers du prisme d'Israël : je préfère donc reproduire ici trois extraits d'articles plus généraux publiés dans la presse nationale ... bonne lecture !
J.C

"En ballade en terre arabe, Nicolas Sarkozy se transforme en zélote forcené de l'Islam. On l'avait remarqué lors de son déplacement en Algérie (lire la chronique du 13 décembre 2007 , « l'atome et le Coran »). Il récidive cette fois-ci en Arabie saoudite, où il a célébré, devant le Conseil consultatif du royaume « le Dieu unique des religions du Livre. Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme. Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère. Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes. Dieu qui par-delà toutes les différences ne cesse de délivrer à tous les hommes un message d'humilité et d'amour, un message de paix et de fraternité, un message de tolérance et de respect.» (...)
Comme chez notre chanoine honoraire rien n'est tout à fait gratuit, même l'amour de Dieu, cette déclaration a une fonction : nous faire croire que la France et l'Arabie Saoudite partagent bien davantage que des intérêts bien compris et réciproque. Après tout, le but réel du voyage présidentiel n'est-il pas de vendre des canons et des centrales nucléaires, de négocier l'entrée de fonds souverain saoudien dans les plus grandes entreprises françaises, et de s'entendre sur le sort du Liban et de la Syrie ? Non, nous hurle Sarkozy depuis Riyad : « La France et l'Arabie saoudite partagent les mêmes objectifs d'une politique de civilisation » ... Oui, vous avez bien lu : Nicolas Sarkozy englobe, dans ce concept « rapté » à Edgar Morin, le royaume saoudite, tenu par une famille de féodaux qui se refilent la couronne à la manière des Francs sous Mérovée, adeptes et soutiens du wahhabisme, une doctrine obscurantiste, appliquent la chariah et ses peines barbares, et exclut toute autre religion que l'Islam du pays au motif qu'ils contiennent les lieux saints, etc. Comme la situation du royaume est bien connue, notre voyageur fait l'éloge de l'ouverture du roi Abdallah, qui a permis, rendez-vous compte, à six femmes de siéger au Conseil consultatif, qui comme son nom l'indique n'a aucun pouvoir !"

Hervé Nathan, site du journal « Marianne », 15 janvier 2008

" «Le sentiment religieux n'est pas plus condamnable à cause du fanatisme que le sentiment national ne l'est à cause du nationalisme», a déclaré Nicolas Sarkozy, lundi, à Riyad (Arabie saoudite). Il pourrait bien avoir touché là au coeur des nombreux Français qui, mêmes laïcs, restent attachés à leur culture chrétienne.
L'Arabie saoudite portera-t-elle «l'islam ouvert» espéré par Sarkozy à Riyad ? Le berceau de l'islamisme oppressant en est loin. Si le président a dit vouloir faciliter la construction de mosquées en France, il s'est gardé d'évoquer l'impossibilité de construire là-bas ne serait-ce qu'une chapelle. Ce souci d'épargner des susceptibilités est la première entorse à la réciprocité posée comme principe par le chef de l'État. Effet d'une intimidation ? "

Ivan Rioufol, «Le Figaro », 18 janvier 2008

"Par nature comme par nécessité, M. Sarkozy n'envisage pas de se tenir à la lisière d'une zone dont les fractures multiples - Irak, Iran, Liban, sort des Palestiniens - sont susceptibles de déstabiliser l'Occident ou à tout le moins de ravager son économie parce qu'elle concentre une bonne partie des réserves mondiales d'énergie. Son approche est prudente. Pas question d'asséner des leçons de démocratie à des pays régis, pour l'écrasante majorité d'entre eux, par des régimes autoritaires.
Cette approche centrée sur les droits de l'homme récupérée par les néo conservateurs américains est jugée contre-productive car elle s'attire la réaction suivante, selon M. Sarkozy, comme il l'a estimé lors de sa conférence de presse du 8 janvier : "Postcolonial ! Vous voulez nous imposer le système qui est le vôtre." En prônant "la diversité" pour balayer les soupçons selon lesquels l'Occident veut "imposer un modèle unique de civilisation", il veut éviter, comme il l'a indiqué à Riyad le 14 janvier, "la guerre et le terrorisme, car rien n'est plus dangereux qu'une identité blessée, qu'une identité humiliée qui est une identité radicalisée".
Pas question non plus de s'en tenir à un réalisme pragmatique qui fut la marque de fabrique de la diplomatie des républicains américains ni à un relativisme culturel poussé jusqu'à la caricature par le prédécesseur de M. Sarkozy, Jacques Chirac, lors d'une visite à Tunis, le 3 novembre 2003. "Le premier des droits de l'homme, c'est d'avoir à manger", avait-il déclaré, suscitant la colère des militants tunisiens pourchassés par le régime de Zine Al-Abidine Ben Ali. Au nom de la diversité, le président de la République a ainsi plaidé à Riyad, le 14 janvier, pour "ceux qui oeuvrent pour un islam ouvert, qui se souvient des siècles où il était le symbole de l'ouverture d'esprit et de la tolérance", dans une formule qui, en creux, indique que M. Sarkozy juge que cet islam-là est tombé en désuétude."
Gille Paris, « Le Monde » daté du 19 janvier 2008

17 janvier 2008

"Le valeureux combat d’un musulman contre l’antisémitisme", un article publié dans l'édition française du "Jerusalem Post"


Introduction :
Ceux des auditeurs de notre station qui étaient à l'écoute, dimanche dernier 13 janvier, ont pu découvrir Didier Bourg, le jeune et sympathique président de la toute nouvelle "Fraternité musulmane contre l'antisémitisme". J'espère - vivement - avoir un peu contribué à faire connaître son travail, car le ressentiment est tellement fort, les nerfs sont tellement écorchés dans une large partie de la communauté juive, que l'on a peine à "dédiaboliser" l'ensemble des Musulmans auprès des plus sourds ... qui crient aussi le plus fort ! Comme devait le dire Emile Moatti, au cours de la même émission, nous risquons de vivre un véritable "repli tribal" au mépris de l'éthique profonde et authentiquement religieuse.
Un refus de prendre cette "main tendue" que l'on rencontre moins (et paradoxalement) en Israël, où dès le début la presse s'est intéressée à cette intéressante initiative : ainsi, l'édition française du "Jerusalem Post" a publié un portrait de Didier Bourg dès le lancement de son association, article que je reproduis avec plaisir avec son aimable autorisation.
J.C

Des musulmans français viennent de créer une association pour lutter contre l’antisémitisme. Une démarche novatrice et courageuse menée par Didier Bourg, un converti à l’Islam.
Assurément, Didier Bourg aime les causes perdues. A 47 ans, ce journaliste vivant dans la région parisienne s’engage dans un combat hautement périlleux où il n’y a à priori que des coups à prendre. Avec une poignée d’amis, il vient de créer la fraternité musulmane contre l’antisémitisme. Une plateforme de dialogue embryonnaire qui ambitionne de briser les stéréotypes et la défiance souvent radicale dont les juifs sont l’objet dans la société musulmane. « Il est frappant de constater à quel point les préjugés antisémites sont répandus dans la communauté musulmane, affirme Didier Bourg. On entend sans cesse parler de complot juif, de main mise sur les médias, de négationnisme etc. J’ai toujours été choqué par cela car j’étais persuadé que ces thèmes appartenaient à un passé peu reluisant. J’ai souvent cherché à détromper mes interlocuteurs. Mais c’est très difficile, les esprits sont très imprégnés de ces idées ».
Si Didier Bourg dénonce si sereinement ces dérives, c’est qu’il est lui-même musulman. Né chrétien, il s’est converti voici près de 20 ans, séduit par la pensée coranique après une profonde quête spirituelle. « Je me suis aussi intéressé au judaïsme, j’ai d’ailleurs fréquenté un temps la synagogue de Versailles où je vivais à l’époque. Mais c’est l’Islam qui m’a le plus attiré. Je perçois cette religion comme un prolongement naturel du judaïsme et du christianisme. J’ai notamment été passionné par un cours sur la mystique chiite que j’ai suivi à l’université ».
Musulman pratiquant et infatigable militant associatif, Didier Bourg n’aura dès lors de cesse que de structurer l’Islam de France et de lui permettre de trouver sa place dans la communauté nationale. Il va créer et diriger plusieurs associations, centre de recherche et revues consacrés à l’Islam. Mais assez rapidement, il se heurte à la fois au conservatisme des aînés et à l’intégrisme des plus jeunes. Didier, devenu Ali, comprend qu’il ne suffit pas de connaître les textes sacrés et de respecter sincèrement les rites islamiques pour obtenir le respect et l’écoute de ses pairs. « On m’a souvent fait sentir ma condition de converti, reconnaît Didier. On m’appelait Ali quand tout allait bien et Didier quand on n’était pas d’accord avec moi. J’ai donc pris un peu de recul par rapport à la vie associative tout en continuant à pratiquer pleinement ma religion ».
Mais Didier Bourg, va conserver un lien privilégié sur la communauté musulmane de France. En tant que journaliste, il collabore à l’émission dominicale de France 2 consacrée à l’Islam. C’est d’ailleurs par le biais d’un reportage qu’il prend conscience de l’urgence de s’attaquer au problème de l’antisémitisme musulman. « Alors que je préparais une émission sur les rapports entre Islam et judaïsme, il m’est arrivé quelque chose qui ne s’était jamais produit dans toute ma carrière. Sur sept musulmans que nous avions invités pour parler du sujet, cinq se sont décommandés sous des prétextes douteux. En fait, ils avaient peur de parler des juifs publiquement ».
Didier Bourg tire de cette déconvenue un constat déroutant : alors que nombre de musulmans tiennent des propos positifs sur les juifs en privé, ils redoutent de le faire en public. La peur de prêter le flanc au soupçon de traîtrise. « En fait, la question d’Israël empêche la plupart des musulmans de réfléchir normalement, estime-t-il. Le plus désolant, c’est que même des gens très doux et très intelligents en arrivent à tenir des propos antisémites ou a soutenir des personnages comme Faurisson, c’est l’horreur ! ».
Intimement préoccupé par cette question, Didier Bourg tente de remonter aux racines du mal. Bien sûr le Coran comprend plusieurs sourates violemment antijuives mais certaines d’entre elles sont au contraire particulièrement bienveillantes à l’égard du « peuple du livre ». Justifier l’antisémitisme par le texte sacré ne peut donc relever que d’une lecture orientée. Selon Didier Bourg, le colonialisme jour un rôle plus central dans l’antisémitisme des musulmans français. « Chez ceux qui n’ont pas connu l’époque coloniale, le juif est perçu comme un traître, un complice des colonisateurs. Parfois le schéma est très simpliste : les gentils musulmans persécutés par les méchants juifs. Le moindre argument contraire peut enflammer la discussion ».
En créant la fraternité musulmane contre l’antisémitisme, Didier Bourg entend tout d’abord offrir un lieu d’expression à ceux qui parmi les musulmans ne se reconnaissent pas totalement dans un tel discours. « L’un des membres fondateur est par exemple un enseignant de Trappes, dans les Yvelines. Il est foncièrement pro-palestinien mais il ne supporte pas les propos antisémites. Il a donc envie d’en savoir plus sur les juifs ».
Après s’être concerté avec des personnalités juives familières de la communauté musulmane, Didier a décidé d’exclure, dans un premier temps, la question du conflit israélo-palestiniens du menu des discussions afin d’éviter de tuer le dialogue dans l’oeuf. « J’ai moi-même sur Israël des positions très différentes de mes coreligionnaires. Je reconnais bien sûr le droit d’Israël à exister et même à se défendre. C’est déjà aller très loin ... ».
Cette ouverture vers le monde juif et vers Israël, plutôt rare dans le monde musulman, Didier Bourg est bien conscient qu’il la doit à ses origines chrétiennes. Exempt d’un héritage culturel où se mêlent présupposés religieux et blessures du colonialisme, il porte un regard sans doute plus objectif que bien de ses frères sur la réalité du message islamique. En ce sens, il incarne sans doute l’espoir d’une amélioration des relations entre deux peuples qui s’éloignent chaque jour d’avantage. « Je ne suis peut-être pas complètement inutile », concède-t-il humblement.

Edition française du Jerusalem Post, 
n° 835, du 27 mars au 1er avril 2007.

16 janvier 2008

André Nahum ce matin sur Judaïques FM : que faire pour répondre aux attaques du Hamas ?

Bonjour.

Les roquettes ont continué à pleuvoir hier sur Sderot, faisant quatre blessés. Un missile Grad à longue portée a atterri à Ashkelon, tandis que les kibboutz jouxtant la frontière avec Gaza étaient soumis à un feu nourri de mitrailleuses et de mortiers et qu'un volontaire équatorien qui travaillait sur un tracteur était abattu d'une balle dans le dos par un sniper palestinien.

Israël ne peut rester les bras croisés devant les attaques incessantes auxquelles est soumis le sud du pays. Ehoud Olmert, échaudé sans doute par les ratés de la guerre au Liban en 2006, ne se résout pas, malgré les pressions des milieux militaires, à engager une action de grande envergure et donne la préférence à des opérations ponctuelles dont les résultats se font attendre.
Ainsi, au cours de la journée d'hier les forces de défense d'Israël ont infligé de lourdes pertes au Hamas qui a perdu au moins vingt de ses militants armés. Ce matin, c'est Walid Obeidi, chef du Djihad Islamique de Cisjordanie qui a été abattu. Mahmoud Abbas, engagé dans d'importantes négociations avec l’État juif sous la houlette des Américains s'était engagé comme le lui demandait la feuille de route, à désarmer les milices et mettre un terme au terrorisme. Il ne l'a pas fait, obligeant Israël à faire lui-même le sale boulot. Aujourd'hui, il jette les hauts cris en accusant l’État juif de massacrer son peuple. S'il avait réussi à mettre de l'ordre dans les territoires dont le suffrage universel lui a donné la charge, on n'en serait pas là.

Pouvait-il croire qu'Ehoud Olmert allait accepter de laisser indéfiniment ses concitoyens sous la menace des terroristes sans réagir ? Il avait été prévenu à maintes reprises, rien n'est possible s'il n'est pas mis fin au terrorisme. Ses protestations virulentes laissent planer un doute sur la pureté de ses intentions. Et si entre le Hamas et l'OLP on s'était distribué les rôles du bon flic et du méchant flic, l'un parlant de paix pendant que l'autre poursuit ouvertement sa guerre ? Doit-on imaginer que dans ces conditions Israël se trouve piégé, « squeezé » comme on dirait au bridge ?

En fait sa marche de manœuvre est très étroite.
Veut-il imposer des sanctions économiques à Gaza et c'est un tollé général dans l'opinion mondiale entièrement acquise aux Palestiniens.
Essaye-t-il de les décourager de lancer leurs roquettes en diminuant les livraisons de fuel ou en leur imposant des coupures d'électricité ? Le monde entier s'enflamme et la Haute Cour israélienne elle-même y va de ses interdictions.
Permet-il le passage des camions de l'aide humanitaire venue d'Europe qu'il y découvre des tonnes de matériel entrant dans la fabrication des "kassam".

Alors que faut-il faire ?
Une majorité d'Israéliens pensent qu'Ehoud Olmert doit démissionner si les conclusions du rapport Vinograd lui sont défavorables. Le départ probable du gouvernement d'Avigdor Libermann et de son parti "Israel beteinou" le fragiliserait davantage, le mettant à la merci du parti "Shas" pour conserver une majorité qui ne se trouverait pas dans les meilleures conditions pour faire les concessions douloureuses qu'il laissait prévoir sur Jérusalem, les implantations, le retour des réfugiés.
Dans ce contexte difficile, il semble bien que l'accord de paix tant souhaité par le président Georges Bush ne soit pas encore à portée de la main.

André Nahum
Judaïques FM, le 16 janvier 2008

14 janvier 2008

Encore de bonnes nouvelles de Tunisie …

Nicolas Sarkozy à côté du patron du restaurant casher tunisien
"La Boule rouge" au cours d'une sympathique soirée ...
Tous les détails sur le blog "la Tunisie de Neapolis à Paris"

D’abord un coup de chapeau à un nouveau blog consacré à la Tunisie, celui-là publié par « Neapolis », une association présidée par Désirée Haddad Bellaïche, une ancienne invitée dont j’ai parlé récemment à propos du blog de sa nièce l’artiste peintre Michelle Karoubi.

L’objet de Neapolis est de « Permettre des rencontres, des échanges, des débats culturels, sportifs, artistiques, sociaux ou économiques. Neapolis œuvre pour le rapprochement de diverses personnes natives, originaires ou aimant tout simplement la Tunisie ». Et son originalité est d’être une association multiconfessionnelle, où se retrouvent des originaires à la fois juifs, musulmans et chrétiens ... tout comme « L’Association des anciens élèves du Lycée Carnot de Tunis » dont j’ai souvent parlé sur mon propre blog. Toutes ces « passerelles », permettant les échanges et de conserver des contacts, sont bienvenues et font de la Tunisie (avec le Maroc) une heureuse exception par rapport à la majorité du monde arabe !

On pourra découvrir le blog « la Tunisie de Neapolis à Paris » en cliquant sur ce lien.

Inauguration du laboratoire d'informatique
de l'ORT à Tunis, novembre 2007
A droite, le Grand Rabbin Haim Bittan
(photo tirée du site de l'ORT)

Tout à fait autre chose, mais également une bonne nouvelle de Tunisie, cette information que m’a communiquée mon amie Monique Hayoun, elle-même « webmaster » d’un dynamique site tunisien « Nabeul.net » dont j’ai également souvent parlé ici.

L’ORT est la plus importante institution juive internationale dédiée à l’éducation : fondée en 1880, elle a formé à des professions d’ouvriers spécialisés ou de techniciens plus de 3 millions de personnes, juives et non juives, depuis sa création en 1880. Elle avait du fermer ses portes en Tunisie il y a 35 ans, avec le départ de la quasi-totalité de la communauté juive. Heureuse nouvelle, elle est de retour dans le pays avec l’ouverture d’un laboratoire d’informatique dans les locaux de la dernière école juive de Tunis, où étudient 60 élèves. Inauguré en présence de représentants des Ministères tunisiens de l’Éducation et de l’Intérieur, du Grand Rabbin de Tunisie et de délégués de l’ORT mondial (voir photo), il sera ouvert à des étudiants de toutes confessions, constituant ainsi un pôle de coopération judéo arabe au Maghreb.

On pourra lire sur le site de l'ORT le compte-rendu (en anglais) de cette inauguration.

J.C

13 janvier 2008

Iran : Juliette qui rie, Raheleh qui pleure



Je ne suis pas toujours d’accord avec les analyses, décryptages et commentaires publiés sur le site « iran-resist », en lien permanent ; et je m’en suis ouvert, franchement, avec son webmaster Kavéh Mohseni, qui a été déjà trois fois mon invité à la radio. Reste que ce media d’opposition en exil est une irremplaçable source d’information sur ce qui se passe là-bas, loin de la langue de bois de la majorité de nos journalistes, qui s’accommoderaient très bien d’un maintien ad vitam aeternam de la République Islamique - une fois remisé au placard le trop scandaleux nabot antisémite faisant présentement office de Président !

« iran-resist » publie périodiquement des photos saisissantes, et j’ai voulu rapprocher deux images publiées à quelques mois d’intervalle ... celles de deux femmes, l’une, radieuse et jolie, qui sourit, et l’autre qui pleure - avant d’être tuée.

Commençons donc par la première (photo du dessus) : comme relaté dans un article ( lire sur ce lien ), la jolie et tellement sympathique Juliette Binoche s’est rendue à Téhéran, à l’invitation du cinéaste Abbas Kiarostami dans le cadre d’un projet de film rapporté par le journal « Le Monde ». Comme l’écrit fort justement Kavéh Mohseni :  
« En regardant les films de Kiarostami, qui peut deviner que dans ce pays la pédophilie est légale ? Qui peut deviner que l’on arrache les yeux des condamnés sur des places publiques ? Qui peut imaginer la situation des femmes ? Pour être une vraie artiste, il ne suffit pas de voter à gauche, il faut aussi donner de soi et peut être renoncer à un contrat pour dénoncer des injustices écœurantes. Au lieu de ça, Binoche est en Iran et elle en reviendra sans rien dire, contrat oblige. »

Maintenant, à propos de la deuxième photo, publiée il y a une dizaine de jours (lire ici) : Raheleh Zamani était une mère de famille de 27 ans, ayant tué son époux qui l’avait chassée du domicile conjugal - donc « ayant tout faux » pour la justice macho de la République Islamique ! Mais qui a évoqué sa pendaison dans nos grands médias ? Alors que d'innombrables reportages télévisés ont dénoncé la peine de mort aux États-Unis, l’exécution récente de centaines de personnes en Iran n’émeut guère les « belles âmes », surtout de gauche ... comme Juliette Binoche, qui aurait pu s’en inspirer pour un grand film !

J.C

10 janvier 2008

Algérie : de l’usage de l’antisémitisme, par Zahir Boukhelifa

Introduction :
J’avais mis en ligne une série d’articles il y a quelques semaines, suite au scandale des déclarations antisémites du ministre algérien Mohamed Cherif Abbès. Ce « rebond » publié par un journaliste algérien dans le journal « Libération » vient utilement compléter le dossier : en effet, il souligne bien l’instrumentalisation populiste de cette haine par les dirigeants algériens dans le cadre d’un « billard à trois bandes » particulièrement malsain, où les Juifs servent (une nouvelle fois) de bouc émissaire - affaire de séduire une opinion publique en partie favorable aux islamistes.
Bonne lecture !
J.C

Les relations entre Alger et Paris semblent persister dans la mauvaise passe où les ont précipitées les déclarations antisémites du ministre algérien des Anciens Combattants, Mohamed Cherif Abbès. Le dernier épisode a vu monter au créneau le chef de l’ONM, la puissante organisation algérienne des moudjahidin, l’apparatchik Saïd Abadou, suite aux déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, visant son homologue algérien des Anciens Combattants.
Des voix concordantes, venues des milieux de la famille dite révolutionnaire, se font de plus en plus persistantes pour demander au président Bouteflika d’intervenir et de riposter contre ce qu’Alger considère comme un affront fait à sa souveraineté nationale. Malgré une visite d’Etat de trois jours en Algérie de Nicolas Sarkozy, le torchon continue de brûler entre les deux pays. Le contact direct avec les responsables algériens, glacial selon certains observateurs, et les nombreuses déclarations de bonne volonté de part et d’autre n’ont pas suffi à apaiser les tensions entre les deux capitales. Et si les raisons de la discorde étaient ailleurs que dans l’histoire commune des deux pays ?
Que cache réellement cette vague d’antisémitisme orchestrée par les milieux néonationalistes ? Pourquoi des responsables d’organisations du courant néonationaliste empruntent une rhétorique antisémite au courant islamiste et fondamentaliste pour entretenir un climat de discorde entre les deux nations ? Le rappel, sous des airs de dénonciation quasi-leitmotiv, des origines juives du président français, et le soutien dont aurait bénéficié le candidat Sarkozy de la part de la communauté juive de France, sont une manoeuvre politicienne malsaine de la part des responsables algériens.
Associer cela au refus de repentance du président français pour les crimes commis lors de la guerre d’Algérie est à la fois criminel et préjudiciable à la jeunesse algérienne. Cette guerre d’indépendance, dont la classe politique au pouvoir en Algérie depuis 1962 tire sa légitimité historique, ne suffit plus à galvaniser les masses populaires. Surtout parmi la jeunesse, trop éprouvée par des conditions de vie actuelles très dures, et qu’un taux de chômage à deux chiffres, et le manque de perspectives d’avenir ont rendu insensible au discours nationaliste.
L’occasion aussi de mettre du sang neuf dans le sentiment de haine qui accompagne les maux que rencontrent les tranches sociales les plus vulnérables. Toute cette confusion vise à établir un parallèle entre le conflit israélo-palestinien et la guerre d’Algérie. Le dessein malsain de cette classe politique en perte de vitesse est d’essayer de cloner un conflit passé de mode, la guerre d’Algérie, du moins dans sa version active, avec un conflit contemporain auquel une partie de la jeunesse algérienne s’identifie, à tort ou à raison. Cette polémique, destinée exclusivement à la consommation nationale, tente de remplacer le sentiment antifrançais, qui trouve ses racines dans la guerre d’Algérie, par le sentiment antijuif d’une partie du peuple algérien favorable à la cause palestinienne.
La polémique à propos de la repentance et les relents antisémites visent en fait à enterrer un scandale: celui des faux moudjahidin, estimés à plus de deux millions. A cause du laxisme des responsables chargés du recensement des anciens combattants, le nombre de ces derniers s’est vu multiplié par 150 entre 1962 et 1989. De quelques milliers au lendemain de l’indépendance, ils sont passés à plus de deux millions au début des années 90, causant un préjudice financier énorme aux caisses de l’Etat. Les témoignages qui permettent la reconnaissance du statut d’ancien combattant se monnayaient à plusieurs dizaines de milliers de dinars [100 dinars = 1,05 euro, ndlr]. Des hauts fonctionnaires et des hommes aux postes clefs du pouvoir auraient bénéficié de cette fraude à la légitimité historique. Ce scandale, que les médias ont baptisé «l’affaire des magistrats faussaires», empoisonne les milieux de la famille révolutionnaire. D’où la nécessité d’enterrer ce scandale, du moins à en atténuer les retombées néfastes sur la classe politique. Provoquer une montée de la fièvre nationaliste avec des arguments chers à la mouvance islamiste, c’est s’assurer le soutien d’une large partie de l’opinion.
Dans cette Algérie, quelques dizaines de millimètres de pluie ont provoqué des dégâts matériels et humains considérables, dont une vingtaine de morts sur tout le territoire national. Le taux de chômage effarant, le pouvoir d’achat inexistant, le climat d’insécurité chaque jour grandissant, sont autant de lacunes que les gouvernements successifs n’ont pas su combler. La jeunesse algérienne d’aujourd’hui est partagée entre les attentats kamikazes, les suicides ou l’embarquement à bord de galères pour rejoindre l’Eldorado européen. Faute de projets concrets pour l’avenir d’une population qui compte plus de 60 % de moins de 30 ans, une partie de la classe politique ressasse les démons du passé, après les avoir réactualisés à la sauce antisémite. Face au mécontentement des populations civiles, le pouvoir algérien, à court d’arguments et de solutions, joue sur les fibres nationaliste et religieuse pour demeurer aux commandes. Si ce greffon de la haine prend, les quinze ans de terrorisme islamiste et étatique que vient de vivre l’Algérie ne seront rien comparés aux années à venir.

Zahir Boukhelifa, journaliste
« Libération », 17 décembre 2007

09 janvier 2008

La fraternité face à l’antisémitisme : Didier Bourg et Emile Moatti seront mes invités le 13 janvier

Manifestation pro palestinienne le
7 octobre 2000, Place de la République,
Paris
(photo tirée du numéro 1 des "Etudes du CRIF")

Rarement une émission de ma série aura été ainsi conçue dans l’urgence ... Fin novembre, on s’en souvient, un ministre algérien se livrait à une violente diatribe antisémite à quelques jours de la visite de Nicolas Sarkozy : ce « clash » a donné lieu, sur le blog, à une série d’articles publiés début décembre. Parmi eux, la reprise d’un communiqué remarquable publié par une association dont j’ignorais l’existence, la « Fraternité musulmane contre l’antisémitisme » (relire l'article en lien). Et j’ai tout de suite eu envie de connaître et d’inviter sur Judaïques FM son président, Didier Bourg, que j’ai pu enfin rencontrer entre Noël et Jour de l’An !Enseignant, issu d’une famille chrétienne pratiquante, il s’est converti à l’islam il y a près de vingt ans, attiré comme beaucoup de jeunes intellectuels par la mystique soufie. C’est aussi un « confrère » dans les médias, puisque, en dehors de l’éducation nationale il trouve le temps de participer à la série « Vivre l’islam » sur France 2, réalisant des reportages et des entretiens. Il a donc sur l’univers des Musulmans de France un regard à la fois affectueux et lucide. Et ce qu’il m’a dit en aparté sur la banalisation des sentiments anti-juifs dans ces milieux, m’a conforté sur la nécessité de le faire entendre, très vite, par nos auditeurs !

Invité avec lui, mon vieux « complice » Emile Moatti, qui n’a pas eu depuis longtemps l’occasion de s’exprimer sur Judaïques FM. Nos auditeurs - et au-delà, tous ceux qui lui vouent une admiration méritée - savent qu’il a choisi, depuis plus de trente ans, la voie longue et difficile du dialogue inter religieux pour combattre les préjugés. Mais cette voie est-elle suffisante, vu la gravité de la situation ? Ce sera un des sujets débattus lors de la prochaine émission.

Bien d’autres questions seront posées ... ainsi :

- Nicolas Sarkozy a-t-il suffisamment réagi face aux insultes antisémites qui l’ont visé ?
- Cet antisémitisme en provenance de l’Algérie est-il vraiment surprenant ?
- Pourquoi a-t-il été jugé nécessaire de créer une association à la fois musulmane et dédiée uniquement à la lutte contre l’antisémitisme ?
- Quelles sont les racines de cet antisémitisme particulier, sont-elles d’ordre religieux, politique ou culturel ; ou toutes en même temps ?
- La « Fraternité musulmane contre l’antisémitisme » reconnaît pleinement le droit d’Israël à l’existence et à la sécurité ; les autres associations dédiées au dialogue (en particulier la « Fraternité d’Abraham » dont Emile Moatti est le délégué général) ne sont-elles pas trop frileuses sur ce sujet, ou au contraire, faut-il éviter « de verser de l’huile sur le feu » ?

Un débat passionnant que j’espère vous serez nombreux à suivre dimanche prochain !

J.C

07 janvier 2008

Chers, très chers Corcos !

Les trois reliures en argent sur livres de prières hébraïques
de la fin du XVIIIe siècle, frappées des armoiries de la famille Corcos
(photo tirée du catalogue de la vente Kahn-Dumousset)

Oublions un peu l'actualité et le monde musulman, objet de ce blog et de mon émission, et parlons ... de ma famille, ou plus précisément de parents lointains à la fois dans le temps et l'espace, mais qui ont eu les honneurs d'enchères impressionnantes lors d'une récente vente à Drouot-Richelieu !

Jeudi 29 novembre, donc, la société de ventes Kahn et Dumousset mettait en vente une collection un peu hétéroclite d'objets d'art ancien, dessins, tableaux, jouets, mobilier, et trois pièces rares de "Judaïca". Il s'agissait de trois reliures italiennes en argent ciselé dont une miniature, gravées aux armes des Corcos, désignés comme "illustre famille juive italienne, d'origine espagnole (et peut-être antérieurement française ?)" ... Ces reliures étaient apposées sur des livres de prières hébraïques datant de la fin du XVIIIe siècle, et dont j'ai pu admirer brièvement lors de l'exposition qui a précédé la vente l'état de conservation remarquable.

Quelques mots rapides sur les Corcos, qui occupent plus d'une pleine page dans la très célèbre "Encyclopaedia Judaïca" : le catalogue de vente évoque donc une possible origine française, le nom étant une corruption de celui de "Carcassonne" (grand classique que ces noms de villes empruntés par les Juifs au cours de leur pérégrinations !), mais je crois plutôt qu'il vient de la petite bourgade de Corcos en Castille, en tout cas c'est l'hypothèse de l'encyclopédie.
Deux choses sont sûres :
- la "Diaspora Corcos" est née après l'expulsion d'Espagne en 1492, une partie allant vivre au Maroc (la branche tunisienne à laquelle j'appartiens descendant d'un illustre juge rabbinique originaire de la ville de Fez), tandis qu'allait vivre en Italie une branche particulièrement prospère de la famille (cf. ces armoiries) ;
- au Maroc comme en Italie ou ailleurs dans l'Empire Ottoman, les Corcos se sont caractérisés à la fois par leur rôle de leaders dans les communautés juives et leur érudition (plusieurs médecins, rabbins, juristes), bref comme on me le disait dans ma petite enfance ... "ce n'est pas un nom qui doit se porter dans un ruisseau" : mon virus communautaire n'est donc pas tout à fait accidentel !

Mais maintenant revenons à la vente, et "attachez vos ceintures" : plusieurs personnes ayant eu la gentillesse de me la signaler, j'ai donc été voir ces pièces historiques de près, et un de mes fils a même assisté à la vente ... avec hélas des velléités d'enchères qui ont été vite balayées par des collectionneurs (ou musées ?) vraiment motivés. Jugez-en plutôt : la miniature est partie à 17.500 Euros, la pièce de dimension moyenne (à gauche) à 37.000, et la "grande" (17 sur 10,5 cm) à ... 49.000. Chers, très chers Corcos !

J.C

06 janvier 2008

Des visites non amicales ...

Quelques précisions avant de vous inviter à lire cette triste litanie, enregistrée après analyse (grâce au logiciel Sitemeter) des libellés des recherches ayant conduit sur mon blog : 75 % environ des « hits » proviennent d’une recherche sur Internet, et vous êtes en moyenne glissante sur les dernières semaines près de 120 à venir y jeter un œil chaque jour ... autant dire que les tristes sires dont il sera question ci-dessous ne constituent qu’une toute petite minorité ! Il n’empêche : par leur antisémitisme ouvert, sans complexe, ces internautes sont le reflet d’un mauvais climat. Bien plus nombreux doivent être leurs homologues ayant tapé ce genre de recherches, mais ne voulant pas se « salir la vue » en allant sur un site au patronyme franchement juif : ceux là iront se déchaîner sur des forums de discussion (tellement mal « modérés »), sur Dailymotion, Youtube voire même sur les sites de grands quotidiens ; ou iront se délecter sur le sites poubelles « rouges - bruns - verts » dont il a déjà été question lors d’une de mes émissions (écouter le podcast sur ce lien).


J’ai déjà évoqué ici, à propos de la grande agitation liée aux élections présidentielles, ce type de visites dont on aimerait bien se passer, à propos de recherches concernant par exemple François Hollande ou Nicolas Sarkozy. Voici maintenant des libellés plus variés, mais peut-être encore plus effrayants : je les reproduis tels que, sans commentaires, et en me promettant de ne plus publier avant longtemps de post aussi déprimant !

"Sale juif dans toutes les langues" (visiteur du Chesnay, 16 juillet 2007)
"Adresse de sale juif" (visiteur de Brie-sur-Marne, 8 août 2007)
"Sale juif Sarko" (visiteur de Croissy-sur-Seine, 4 février 2007)
"Tirer les sals juifs" * (visiteur de Rabat, 12 juin 2007)
"Les photos des puts de maroc avec serfaty" * (visiteur du Maroc, 18 avril 2007)
"prisionier egorger" * (visiteur de Paris, 11 août 2007)
" Egorgement site gratuit" (visiteur de Bruxelles, 12 septembre 2007
"menteur israelien" (visiteur de Courcouronnes, 10 novembre 2006)
"femmes putes d’israel" (visiteur du Maroc, 11 juillet 2007)
"Monique Atlan sioniste" (visiteur de Paris, 10 août 2007)
"Google est-il sioniste ?" (visiteur de Nanterre, 9 août 2007)
"Les origines juives de Khadafi" (visiteur de Villemombles, 21 janvier 2007)
"andré chouraqui le sioniste" (visiteur de Chaville, 16 juillet 2007)

* fautes d’orthographe scrupuleusement respectées

Mon article du mercredi 24 octobre relatant les nouvelles orientations de la diplomatie française - révélées à l’occasion de la réception d’Ehud Olmert par Nicolas Sarkozy -, a attiré l’attention d’internautes commentant l’actualité sur l'un des forums musulmans de discussion, « Mejliss el kalam » : un lien sur mon article a été mis, suscitant de furieuses réactions des lecteurs, et vous pourrez les lire ici. A noter l’extrême délicatesse du premier intervenant « Didyme » qui me cite, en traitant mon blog de « site sioniste », mais en écrivant surtout ceci qui est une véritable incitation au terrorisme :
« Sarkozy a décidé que la politique française ne devait plus être neutre mais devait s'aligner sur celle du gouvernement israélien. Il semble me rappeler que la France a encore des soldats dans la Finul. Puisque la France n'est plus neutre, il faut qu'ils s'attendent à recevoir des retours de bâtons. Après on verra Sarkozy pleurer. Ce qu'il vient de faire n'est qu'une provocation. Il ne faudra pas s'étonner des conséquences. »

Enfin, preuve (mais on pouvait s’en douter) qu’il n’y a pas que des oreilles amies à l’écoute de la fréquence juive, pour mon émission comme pour d’autres ... mon interview d’Eric Keslassy le 7 octobre a interpellé des sympathisants de Dieudonné, et ainsi « Rencontre » a eu les honneurs ... des « Ogres », son site de soutien !
En allant sur ce lien vous pourrez lire le genre de réactions de ses supporters, sans doutes piqués au vif par l’énoncé de quelques vérités dérangeantes ; élément positif, vous pourrez même écouter un extrait de l’interview, celui où justement il est question de ses attaques contre la mémoire de la Shoah, « pornographie mémorielle » pour le pseudo humoriste - qui vient d’écoper de plusieurs condamnations (pour « diffamation publique à caractère racial » dans cette affaire, et pour « incitation à la haine raciale » pour avoir déclaré "ce sont tous ces négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd’hui l’action terroriste", à propos des Juifs ... pardon, des « Sionistes », en langage « Ogres »).

Toujours à propos de Dieudonné, enfin, une excellente compilation réalisée par Vinz dans son blog, en lien permanent : soutien à Jean-Marie Le Pen, invitation d’un négationniste tunisien, publication de « listes » de Juifs qui contrôlent - quel scoop, cent ans après les « Protocoles des Sages de Sion » ! - la finance et les médias, délires des participants au forum de son site ; mais l’antisémitisme n’existe pas, bien sûr, seulement de la parano puisqu’on se tue à vous le dire !

J.C

04 janvier 2008

La nausée, par Gérard Cardonne


Introduction :
L'écrivain Gérard Cardonne a été mon invité le 4 novembre dernier à l'occasion d'une émission consacrée à l'Afghanistan, un pays plongé dans le malheur de guerres sans fin et particulièrement cher à son cœur ; il s'y est souvent rendu, et il avait publié un livre émouvant ("La nuit afghane") en 2001.
Mais c'est surtout la cause des femmes, humiliées trop souvent en terre d'islam quand elles ne sont pas carrément martyrisées, qui le révolte ; et au delà des femmes musulmanes, la violence subie même chez nous par la moitié "faible" de l'Humanité lui a fait pousser un "grand coup de gueule" dans le journal "les Dernières Nouvelles d'Alsace", quotidien de son Alsace natale !
Avec son aimable autorisation, voici la retranscription de sa tribune intitulée "la nausée", publiée il y a quelques semaines dans ce journal (photo).
J.C

La nausée

Une seule journée contre la violence faite aux femmes face aux multiples coups ! Les femmes ont fait entrer dans la sphère publique des sujets estimés à tort réservés à la sphère privée : les violences faites au femmes soi-disant inspirées par le puritanisme et la religion. Ce n'est pas légiférer sur la sexualité que de réprimer les violences conjugales ou la traite des femmes-esclaves sur les trottoirs de nos villes. Refuser de nommer ces problèmes, c'est participer de leur déni. En psychanalyse, ce qui n'est pas nommé n'existe pas.
La Palestinienne Yusra Azzami fut massacrée par des sbires du Hamas pour un crime d'honneur. Elle se tenait trop près de son fiancé dans leur voiture ! La parité au Parlement pourquoi pas ? Dans la vie certainement pas ! Quant à l'honneur, rien à faire quand il s'agit d'un meurtre religieux! Yusra n'avait que 20 ans et croyait avoir toute la vie devant elle. Des imbéciles religieux en ont décidé autrement à sa place. Il paraît que c'est de la religion : il est interdit d'en parler alors qu’il s’agit de la pire des délinquances.
La Chine est le seul pays au monde où les femmes se suicident plus que les hommes. C'est "une arme archaïque de protestation" contre le mépris ancestral réservé à l’oppression de leur sexe. Quant aux Tibétaines, elles sont avortées et stérilisées!
La Pendjabi Mukhtar Mai est devenue le symbole du combat de la femme pakistanaise. Victime d'un viol collectif sur les ordres d'un conseil clanique pour venger une supposée relation de son frère, son procès mit en lumière la réalité des "crimes d'honneur" commis par des hommes, qui, au nom du code tribal, entendent défendre la réputation de leur famille ... et violent un millier de femmes chaque année. Outreau pakistanais !

Violence institutionnalisée

L'analphabétisme féminin a toujours été de règle, orchestré par les pères et frères jaloux de leur autorité et irrités de voir qu'une femme pouvait leur être supérieure. Quant à l’étoile jaune des musulmanes, affirmons de façon claire que, lorsque la justice française accepte que le voile soit assimilé non à une oppression de la femme mais à un simple signe religieux, elle confirme par là les thèses des intégristes.
Chez nous, une femme meurt tous les trois jours de violences au sein du couple. Il est indispensable d'allier la sanction judiciaire à l'obligation de soins. Une minorité d'hommes violents, 1 sur 5, sont prêts à êtres suivis en thérapie. Leurs ressorts sont l'immaturité affective, l'égocentrisme, la mise de l'autre sous emprise, un "moi" faible et peu assuré. Que faire pour aider les victimes ? Il faut convaincre les femmes de parler plus tôt. Plus elles le font, plus elles ont de chances de sauver leur couple. Il y a des plaintes qui ont valeur de libération à la suite d'un quotidien invivable infligé par un tyran domestique.
Que dire de la violence des voyous : Aung Sun Suu Kyi, la Dame de Birmanie, et Ingrid Bettencourt, la marchandise des FARC, martyrisées au vu et au su de tous !

La parité dans la mort

Affublé d’honneur ou de passion le crime est aussi insultant pour la femme que dégradant pour l’homme. Balayons devant notre porte : l’insoutenable crime de Vilnius vaut bien celui de Téhéran quand c’est, en définitive, la femme qui est rejetée dans la mort avec la loi pour linceul. Incompréhension devant l’inversion de l’ordre des choses : l’assassin est sur le devant de la scène. La victime gît dans son cercueil.
Sous le poids déshonorant de leur voilure, les spectres bleutés frôlent toujours leur terre sans murmure : les Afghanes restent d'une discrétion fantomatique. Les talibans ne sont pas partis : ils sont dissous dans la population. Craintives, les femmes n'ont pas remisé leurs tchadris. La peur flotte dans l'air. Redoutant les bastonnades, les vitriolages dont la vogue indienne a filtré dans leur pays, les Afghanes voilent leur regard noir diamant. Leur seule revanche réside dans la fragilité des Bouddhas de Bâmiyân. Les talibans ont pu détruire ce symbole de la civilisation. Ils n'ont pu voler la beauté des Afghanes alors qu'elle provoquait leur esprit attardé.

Gérard Cardonne,
"Dernières Nouvelles d’Alsace", 13 novembre 2007

02 janvier 2008

Bye bye 2007 … et un petit coup d’œil dans le rétroviseur !

Avant d’entamer l’année nouvelle et - je l’espère - une riche moisson de nouveaux invités et sujets abordés, je vais (comme c’est devenu une habitude à cette saison), vous inviter à jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur, en dressant le bilan 2007 de ma série radiophonique.

Progrès du blog oblige, je n’aurai pas besoin de reproduire ici une série de liens ... il suffit donc de cliquer sur « Émission 2007 » en libellé, pour réunir dans une page Web l’ensemble des présentations. Et ceci me permet de vous en donner ici une petite synthèse.


1. 19 nouvelles émissions au total, un « score » un peu inférieur aux années précédentes, la faute à l’interminable campagne électorale qui m’a éloigné de l’antenne pendant des semaines « chaudes » politiquement - et l’islam reste un sujet sensible !

2. Une année particulièrement faste pour les nouveaux invités, dont voici la liste : Monique Atlan, Fabrice Chiche, Eric Laurent, Thérèse Delpech, Dounia Bouzar, Eric Keslassy, Richard Prasquier, Gérard Cardonne, Jacky Mamou et Geneviève Chauvel. A ces dix personnalités, un grand merci pour avoir accepté de venir dans ma série, en espérant avoir le plaisir de les retrouver bientôt.

3. « Rencontre » a aussi maintenant ses «invités réguliers », et je voudrais remercier ici Pierre Vermeren, Christian Lochon, Benjamin Stora, Chawki Freiha, Khlifa Chater, Claude Nataf, François Heisbourg et Kavéh Mohseni pour être revenus cette année.

4. J’ai eu aussi le plaisir de retrouver en 2007 deux invités des premières années de ma série, l’écrivain Jacques Eladan, et aussi Sammy Ghozlan - bien connu des auditeurs de Judaïques FM.

5. Enfin, les auditeurs ont pu entendre cet été, je pense avec émotion, la voix d’André Chouraqui, quelques semaines après sa disparition en réécoutant l’interview que nous avions réalisée en 2001 mon ami Émile Moatti et moi-même.

6. Pour ce qui concerne les sujets, j’ai essayé à nouveau de vous faire voyager dans le monde musulman, et « Rencontre » a ainsi parlé (au passé, au présent et parfois - exercice difficile - en essayant de décrypter l’avenir) du Maroc, de l’Algérie, du Liban, de la Tunisie, de l’Afghanistan et du Soudan. Mais - menaces nucléaires obligent - c’est l’Iran qui a eu la part du lion dans ma programmation, avec 4 émissions ...

7. J’ai aussi essayé d’aborder des sujets plus « transverses », car le 94.8 FM comme l’ensemble des radios s’arrêtent souvent à la surface de l’actualité : « Choc ou dialogue des cultures ? », « Pétrole et islam, un mélange explosif ? », « Chiites et Sunnites, vers une guerre de religions ?», « Quelle éducation face au radicalisme religieux ? », « La concurrence des mémoires », autant de sujets de fond abordés en 2007 et il faudra revenir à l’avenir là-dessus après vous avoir, je l’espère, « mis en appétit !

8. Une dernière mention, enfin, sur des émissions ayant abordé des sujets délicats : l’évocation des Juifs dans le Coran, à travers le dernier roman de Geneviève Chauvel ; la position du Président du CRIF face à la montée de l’islam dans notre pays, et après la crise vécue par notre communauté ; une crise durement vécue dans le « neuf-trois », ce « territoire perdu de la République », et évoquée par mon ami Sammy Ghozlan, président du Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme.

Merci aux auditeurs qui me liront pour votre fidélité, et en espérant ne pas vous décevoir en 2008, qui commencera avec le 224ème numéro de "Rencontre" !


J.C

01 janvier 2008

Un joli sourire et plein de musique pour la nouvelle année !


Bonne et heureuse année 2008 !

Une année pleine de bonheur, de santé et de réussite, tels sont les vœux que je voudrais adresser d'abord aux lecteurs et auditeurs fidèles. Et puis aussi - parce qu'ils sont la majorité des visiteurs - à tous ceux qui ne font que passer rapidement, et qui découvriront ce post.

Une nouvelle année que je voudras fêter en musique, en compagnie de la chanteuse israélienne Sarit Hadad. Ce joli sourire, c'est elle - une information uniquement pour celles et ceux qui ne font pas encore partie de ses fans ... comme moi, et je n'ai pas honte de l'avouer !
De la musique, vous pourrez en entendre d'abord en allant sur le site youtube de cette chanteuse (adresse https://www.youtube.com/user/sarithadadofficial) : petit juke-box de ses principaux succès ; collection de vidéos ; photos ... vous aurez l'embarras du choix ! En allant également sur cette autre adresse, vous découvrirez une page du site "israel-music" dédié à l'un des albums de la jolie chanteuse, la musique se met en route directement ... et en bas de page, vous pourrez découvrir en liens d'autres "collectors", avec sur chacun une série d'échantillons de chansons.

Quelques mots à propos de Sarit Hadad, et de ce qu'elle évoque pour moi, à part le souvenir d'innombrables heures passées à écouter le 94.8 FM, la fréquence juive de Paris. Née en 1978 à Hadera, cette chanteuse "mizrahi" (orientale) élevée dans une famille nombreuse où tous les frères et sœurs étaient musiciens, symbolise d'abord la victoire du talent et de la volonté, bref la classique histoire d'une Cendrillon devenue princesse grâce à un joli timbre de voix, mais il y a plus que cela : la jeune Sarit avait une petite vingtaine d'années lorsque ont débuté pour Israël les très dures années 2000, avec les pics d'horreur de 2001 à 2003 alors que le pays était ravagé par le terrorisme. Et pourtant elle a poursuivi sa carrière, enrichissant son répertoire, embellissant son look et réunissant des foules considérables dans ses concerts ... jusqu'à Paris, où la communauté juive lui a fait un accueil enthousiaste.
En un mot, la jolie Sarit symbolise la vitalité extraordinaire du peuple d'Israël ; et ses chansons d'amour, à la thématique tellement banale et universelle, procurent l'immense bonheur en les écoutant d'oublier un moment le bestiaire peu sympathique d'un Moyen-Orient où s'agitent le chimpanzé antisémite de Téhéran et ses acolytes barbus, du Hamas ou du Hezbollah. En chantant avec elle, en vibrant sur ses chansons, c'est comme un grand bol de vitamines avalé pour bien commencer la nouvelle année !

Allez, une dernier petit cadeau pour finir ce post : le clip de son dernier tube, "Alecha ve Alay" ("A propos de toi et moi") ... où la jeune israélienne vient nous conter - quelle drôle de découverte ! - que les jeunes couples flirtent ou se déchirent de la même façon, à Tel Aviv comme à Paris ou New-York ... et à Tunis comme à Beyrouth !

J.C



sarit hadad - Alecha Ve Alay par