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30 mai 2007

Sarkozy - Ramadan : un débat à revoir

Alors que Nicolas Sarkozy vient à peine d'accéder à la Présidence de la République, il n'est peut-être pas inutile de revoir cet extrait de l'émission "100 minutes pour convaincre" diffusée sur France 2 le 20 novembre 2003 : à ce moment là, la commission Stasi n'avait pas encore (ce fut fait le 11 décembre suivant) remis son fameux rapport préconisant l'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'Ecole ; et, justement, le Ministre de l'Intérieur du moment allait interpeller sur ce sujet (et de façon très directe), Tariq Ramadan - le plus roué des dialecticiens islamistes ... Une petite vidéo pour rappeler, donc, que le contentieux entre le nouveau Président et l'islam militant remonte à plusieurs années ... 

A lire aussi sur le blog mon article du 21 mars 2007 intitulé, justement, "Sarkozy et l'islam : feu à volonté"

J.C


29 mai 2007

Christian Delacampagne, in memoriam

Je viens d’apprendre la disparition du philosophe et écrivain Christian Delacampagne le 20 mai dernier, disparition prématurée car un cancer l’a emporté alors qu’il avait 57 ans.

Je dois avouer que j’ignorais son œuvre, qui est tellement riche et diverse. Mais je l’avais vu et entendu pour la première et dernière fois de ma vie, donc, en décembre dernier. C’était lors de la grande soirée tenue à l’amphithéâtre de Science Po., sous l’égide de « L’Appel aux dirigeants européens à la fermeté face à l'Iran » et de l’association « Le Cercle ». En cliquant sur le libellé en fin d’article, vous pourrez découvrir et relire les articles déjà consacrés à l’action de ces intellectuels de toutes origines, qui se sont mobilisés face aux menaces d’extermination lancées contre Israël ; et, en particulier, voir la très belle photo de cet universitaire à la tribune , prise par Irena Elster.

Il est devenu très difficile, hélas, dans l’Europe d’aujourd’hui, d’exprimer publiquement son inquiétude quand à la survie de l’État juif, ou de ne pas se réjouir des déboires américains au Moyen-Orient. Fuyant une ambiance qu’il jugeait de plus en plus étouffante, Christian Delacampagne qui était un fin connaisseur de l’Orient (il avait dirigé les Centres Culturels français du Caire et de Tel Aviv), enseigna de 2002 à 2006 à la John Hopkins University à Baltimore (Maryland). Je me souviens, très précisément, comment il nous avait raconté lors de cette soirée son inquiétude face au sentiment isolationniste qui gagnait de plus en plus l’Amérique, suite au fiasco irakien. Ci-dessous des extraits de son intervention, archivée grâce au recueil publié par « le Cercle », dont j’avais invité le Président à l’une de mes émissions en début de l’année (voir émission du 22 janvier 2007). Des phrases directes, lourdes de sens - et que l’on doit lire, aussi, en hommage à un homme courageux et ami du peuple juif (lire aussi en lien son texte "A un ami Palestinien", publié dans la revue « Commentaires » à l’automne 2001).
« Je sais seulement une chose : pour pouvoir se retirer d’Irak, l’Amérique va devoir, à un moment ou à un autre, engager des négociations avec ces "deux États voyous", ces deux "Rogue States" que sont la Syrie et l’Iran (...)
Des concessions sont peut-être nécessaires ou seront peut-être nécessaires à un moment donné, à une phase donnée de cette négociation future. Mais ne sous-estimons pas, nous autres Occidentaux, deux choses que nous avons bien du mal à comprendre, parce qu’elles sont difficilement compatibles avec notre rationalisme.
D’abord, ne sous-estimons pas la dimension de folie messianique et apocalyptique qui anime les dirigeants iraniens, ou plus exactement cette petite secte issue du chiisme qui a fait main basse sur le régime iranien. Ne sous-estimons pas, en particulier, sa fascination pour la mort.
Deuxièmement, ne sous-estimons pas non plus sa très profonde indifférence pour les infidèles, et en particulier pour la vie des infidèles. Donc, prenons garde à ne pas laisser aller l’Amérique, et encore moins l’Europe, aller trop loin dans la voie de n’importe quelles concessions à l’égard du régime iranien - des concessions trop lourdes, trop maladroites et au surplus irréparables (...) »
Christian Delacampagne

J.C

28 mai 2007

Quelle éducation face au radicalisme religieux ? Dounia Bouzar sera mon invitée le 3 juin

Dounia Bouzar,
photo tirée du site www.siatar-europa.org

Dounia Bouzar est une figure assez connue des téléspectateurs. Anthropologue du fait religieux, ayant une expérience à la fois d'éducatrice et de sociologue, elle s'est penchée depuis plusieurs années sur la question de l'Islam de France à laquelle elle a consacrée plusieurs ouvrages. D'origine à la fois marocaine et algérienne, elle s'inquiète - à juste titre - de l'insertion harmonieuse des jeunes d'origine maghrébine dans notre pays. Après avoir été désignée comme personnalité qualifiée au sein du C.F.C.M (Conseil Français du Culte Musulman), elle en a démissionné avec fracas ... preuve de son indépendance, et de sa personnalité !


Dounia Bouzar travaille actuellement au département "Recherche - Études - Développement" du Centre National de Formation et d’Étude de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Et elle a coordonné l'année dernière un ouvrage collectif rassemblant son vécu pratique au sein de cet organisme, livre qui servira de fil d'Ariane à mon interview : "Quelle éducation face au radicalisme religieux ?" (Éditions Dunod). Disons le tout de suite, il s’agit d’un ouvrage un peu difficile à lire parce qu’il a été écrit à plusieurs mains, si l’on puis dire : on découvre des cas concrets de basculement sectaire de plusieurs jeunes musulmans, et ensuite on a la retranscription des débats entre éducateurs sur les diagnostics et les réponses à leur donner. Ce livre donne aussi, en toile de fond, des rappels sur ce qui alimente le radicalisme musulman dans notre société.


- Comment peut-on définir précisément le terme « radicalisme religieux » ?


- Qu’est ce que ces jeunes ont envie d’entendre quand ils rejoignent des groupes radicaux, et pourquoi se sentent-ils bien à l’intérieur ?


- Comment, pour la citer, « le discours radical fabrique des frontières strictes pour séparer les individus les uns des autres par la religion » ?


Autant de questions que je poserai à Dounia Bouzar dans une émission, je l'espère, bien intéressante !


J.C

27 mai 2007

Djamel Bouras, une très mauvaise pioche pour le MoDem !

Petit rappel, d’abord : en se rapportant au libellé sous son nom en fin d’article, les lecteurs pourront vérifier que François Bayrou n’aura guère été critiqué sur ce blog ; et les différents articles publiés au cours de cette année électorale les auront, je l’espère, convaincu de mon devoir de réserve.

Mais la désignation comme candidat aux législatives en Seine - Saint Denis de l’ex-judoka Djamel Bouras, me force à épingler le tout jeune « MoDem » (« Mouvement Démocrate ») lancé par François Bayrou cette semaine : au mieux, ce choix est une erreur de casting, au pire (s’il fait l’objet d’un appui confirmé), une faute lourde, qui éloignera beaucoup d’électeurs du nouveau parti.

On se reportera en effet à l'article d'Alexandre Sulzer sur le site du « gratuit » 20 minutes : il rappelle que, au-delà d’une solidarité naturelle envers la cause palestinienne, Djamel Bouras a publiquement défendu des organisations terroristes comme le Hezbollah (lire aussi dans les archives du NouvelObs le récit de sa manifestation avec Dieudonné en faveur d’Al-Manar, la télé de l’organisation chiite) ; mauvaise pioche aussi pour le MoDem en matière de symbole contre le communautarisme, lorsque l'on sait que le même Bouras a manifesté pour le port du voile islamique à l’École, en compagnie des pires intégristes.

On notera, enfin, que Patrick Klugman (ancien Vice-Président de l’UEJF, aujourd’hui porte-parole actif du Parti Socialiste et Vice-Président de SOS-Racisme), monte au créneau pour dénoncer quelqu’un qu’il connaît bien : il avait écrit à France 2 pour dénoncer les propos de Djamel Bouras lors d’un numéro de « Tout le Monde en parle » sur France 2, c’était en octobre 2000 soit au tout début de l’Intifada - alors que la communauté juive de France venait de subir une première vague d'agressions. On se reportera à l’article publié sur le blog "antisemitisme.blogspot.com" pour redécouvrir la violence de ses propos.

J.C

25 mai 2007

Coup de pompe à la Knesset !



Le sourire du mois
- mai 2007

Il arrive que les caméras ou les appareils photo soient cruels ... les députés (hommes ou femmes), de gauche ou de droite, israéliens ou de toutes les nationalités, peuvent alors être surpris sous un jour peu flatteur. Rien de bien méchant, d'ailleurs : qui n'est pas épuisé certains jours ? Qui n'a pas envie de bailler aux corneilles, et de bon cœur ? De Ehud Olmert (le premier en haut à gauche) à Meir Sheetrit (la photo du dessous), ces dix honorables membres de la Knesset n'ont sans doutes pas aimé être réunis dans une telle collection. Mais ils n'avaient pas le moindre pouvoir de poursuivre le journal qui l'a publiée, où alors ils se seraient couverts de ridicule dans un État où les citoyens sont particulièrement irrespectueux de leurs élites. Du reste, les scandales se sont tellement succédé dans les plus hautes sphères du pouvoir ces derniers mois, qu'une telle publication semble presque gentille par rapport à ce que l'on peut lire, aujourd'hui, dans la presse israélienne ... et l'actualité, qui n'est pas brillante (avec les bombardements sur Sderot, voir photos sur le blog publiées lundi dernier), n'arrange rien à l'affaire !

Il y a aussi une autre façon de vous faire partager ce "sourire" particulier, où, c'est vrai, j'évoque Israël et pas ses voisins arabes : à quelques dizaines de kilomètres de la Knesset, qui pourrait imaginer de telles photos dans la presse ? Qui pourrait se moquer des parlements de pacotille de Damas ou de Téhéran ? ... mais qui, aussi, oserait poser en France ce genre de questions ? 

J.C

21 mai 2007

Sderot, ville martyre

Pompiers en action à Sderot
(photo Amir Cohen)
Résidents de Sderot s'apprêtant à fuir la ville
(photo Tsfarir Abayov)
Résidents de Sderot traumatisés
après un bombardement
(photo A.P)


Quelques photos, sans faire de commentaires trop longs ...
L'objet de mon émission, comme du blog, n'est pas directement Israël : est-il besoin cependant, pour les auditeurs ou pour les lecteurs bien pressés et peu attentifs, de rappeler que sa survie et sa prospérité m'interpellent chaque jour, même si je n'en parle pas régulièrement ? La bande de Gaza, évacuée par Ariel Sharon à l'été 2005, bascule dans un chaos sécuritaire pour le plus grand malheur à la fois des Palestiniens (les combats entre Hamas et Fatah ont fait 50 morts en une dizaine de jours), et des Israéliens, qui ont le malheur d'habiter à proximité de la frontière. Régulièrement bombardés depuis des années, les habitants de Sderot vivent un moment très dur depuis la semaine dernière, et des milliers d'entre eux ont déjà fui, sans que cela correctement appréhendé par nos opinions publiques. A force d'oublier qui a pris l'initiative de ces nouvelles violences, à force de répéter que les roquettes des islamistes sont "artisanales", à force de ne donner des images que d'un seul côté, les télévisions continuent d'orienter les opinions publiques chez nous : puissent ces quelques images, trouvées sur le site du journal "Yediot Aharonot", donner à quelques visiteurs une vision moins manichéenne de ce qui se passe là-bas en ce moment.

J.C

20 mai 2007

Rachida Dati, un parcours exemplaire !

Rachida Dati, nouveau Garde des Sceaux
(photo AFP)

Au cours de la semaine écoulée, les sites communautaires juifs ont été remplis des rumeurs concernant le futur locataire du Quai d’Orsay : il y a eu d’abord la forte inquiétude de voir revenir aux affaires Hubert Védrine, un pilier de la fameuse « politique arabe de la France » - si longuement évoquée ici ces derniers jours, à propos de Jacques Chirac ; puis la satisfaction de voir arriver Bernard Kouchner, un « idéaliste » défenseur des Droits de l’Homme - et un des très rares hommes politiques français à avoir approuvé le renversement par la force de Saddam ; il avait d’ailleurs préfacé un ouvrage de référence, « Le livre noir de Saddam Hussein », qui avait fait l'objet d'une émission de ma série. Mais restons prudent ... je suis un peu trop vieux, et j’ai vécu trop de mouvements à la tête de la République pour ne pas craindre d’être à nouveau déçu en matière de politique étrangère !

J’aimerais plutôt parler ici d’une autre élue du nouveau gouvernement, dont la promotion mérite d’être saluée, surtout sur ce blog : contrairement à - hélas - trop de sites de ma communauté, où on ne s’intéresse de façon singulière (ou collective) aux Musulmans qu’à travers les prismes du conflit israélo-arabe où de l’islamisme antisémite, j’essaie de rendre compte ici d’autres personnalités, d’autres discours, et d’autres parcours qui font honneur à la communauté musulmane. La nouvelle et très jeune (41 ans) Ministre de la Justice a vu récompensés par Nicolas Sarkozy, non seulement son talent de porte-parole au cours de la campagne présidentielle, mais aussi un travail de conseiller important au sein du Ministère de l’Intérieur, après une ascension sociale fulgurante due à un travail acharné.

Retour d’abord sur son cursus, reproduit ci-dessous d’après un article du journal « Libération » :
Rachida Dati symbolise l'ouverture aux Français d'origine immigrée, à cette «diversité» que les partis politiques se sont engagés à prendre en compte. Que cette promesse soit tenue par le président Sarkozy met la gauche face à ses propres atermoiements. Fille d'un ouvrier marocain, Rachida Dati est la première personnalité d'origine maghrébine à décrocher un ministère régalien.
Sur son CV, Rachida Dati, 41 ans, mentionne qu'avant d'être diplômée de l'Institut supérieur des affaires puis de l’École nationale de la magistrature elle fut aide-soignante. Deuxième d'une fratrie de douze enfants, elle a grandi dans un HLM de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), s'occupant de ses frères et sœurs aux côtés de sa mère, femme de ménage algérienne, «lumière de sa vie», aujourd'hui décédée. Son vieux père collectionne les photos de sa fille dans les journaux et magazines où, adolescente, Rachida Dati observait le parcours des puissants et les chemins de l'ascension sociale. Pour réussir, elle pensait ne pouvoir se contenter d'être bonne élève. Déterminée à s'arracher à son milieu social, elle s'est aussi imposée à force de candidatures spontanées. Son premier rendez-vous avec Sarkozy, elle ne l'a obtenu qu'à la troisième tentative, après deux courriers restés sans réponse. A partir de 2002, elle sera conseillère du ministre de l'Intérieur, en charge du projet de loi sur la prévention de la délinquance.

D’autres précisions sur l’encyclopédie en ligne wikipedia. A découvrir en lien aussi une belle interview d’Anne-Cécile Sarfati dans le journal "Elle" . A noter, enfin, l’hommage appuyé que Rachida Dati a rendu Place Vendôme à deux « bonnes fées » qui se sont penchées sur sa carrière, Simone Veil et Jacques Attali, deux éminentes personnalités de la communauté juive.

En nommant cette fille d’immigrés maghrébins à l’un des plus hauts postes de l’État, Nicolas Sarkozy a su parfaitement (comme le dit un quotidien qui ne l’aime pas particulièrement) « mettre la gauche face à ses propres atermoiements ». Et pas seulement la gauche : Jacques Chirac ne s’était pas montré très généreux non plus ; rappelons-nous les deux portefeuilles attribués à des Musulmans dans le précédant gouvernement, celui de « l’égalité des chances » sans attribution précise ni budget accordé à un Azouz Begag, tellement aigri qu’il est passé à l’opposition ; et le modeste Secrétariat d’État aux Anciens Combattants confié à Hamlaoui Mekachera. Il est enfin tout à fait heureux que Rachida Dati, en n'ayant pas pris le délicat porterfeuille de "l'immigration et de l'identité nationale", se retrouve dans des fonctions qui correspondent tout à fait à son cursus - et pas dans le rôle, ingrat, de "l'Arabe de service".

J.C

Nota de Jean Corcos (ajouté le 9 juillet 2008) :
Vous avez été des centaines à venir sur cet article, après avoir fait la recherche « Rachida Dati juive » sur un moteur de recherche ... le contenu de cet article vous aura donc déçu.
Je vous invite donc vivement à consulter sur ce lien un récent article de mon blog, qui répondra, je pense, à votre curiosité !

18 mai 2007

Adieu à « Chirac d’Arabie » : 5/5, une nouvelle page diplomatique à écrire

Citation on line

Extrait de « Chirac d’Arabie » de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, Editions Grasset

Page 405

Une nouvelle page de la diplomatie française est à écrire, moins tonitruante, plus efficace. Une politique délivrée du mythe du « bon arabe » sunnite, bédouin, masculin, autoritaire et qui s’ouvre enfin aux femmes, aux chiites, aux Kurdes, aux Berbères, aux opposants. Une diplomatie plus soucieuse des libertés individuelles ou collectives et moins inféodée aux dirigeants. Désireuse, enfin, de partager son expertise avec ses partenaires européens. Capable, enfin, de regarder en face son histoire coloniale - ce passé qui ne passe pas et dont le fantôme entrave son influence précisément là où elle pourrait être la plus naturelle et la plus bénéfique : le Maghreb.

L’avenir du Proche-Orient ne doit plus être un prétexte à envolées lyriques sur le génie français. L’Orient ne doit plus être une ligne de fuite pour une France qui a cessé de s’aimer. L’autre Arabe doit sortir de sa gangue de fantasmes contradictoires - le jeune beur à qui on impose un couvre-feu, le gentil bédouin avec qui l’on boit le thé. Tel sera le défi qui sortira des urnes en mai 2007. Car c’est à ce prix que la France pourra reconstruire sa crédibilité et, à terme, aider à la paix. Peut-être même parviendra-t-elle, au passage, à se réconcilier un peu avec elle-même.

J.C

17 mai 2007

Adieu à « Chirac d’Arabie » : 4/5, le discours du Caire

Citation on line

Extrait de « Chirac d’Arabie » de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, Editions Grasset

Pages 195 à 196

Le cadre théorique de cet activisme est défini dans son intervention du 8 avril 1996 à l’université du Caire. Un grand discours « fondateur » comme il les affectionne (...)

Le résultat est un discours à la tonalité étrangement désuète, faisant fi des changements survenus sur la planète. Avec la construction européenne et l’avènement de l’hyper-puissance américaine, la France est devenue une puissance moyenne et l’invasion du Koweït a démontré la division profonde des pays arabes. Mais le Président n’en a cure et il martèle l’idée d’un lien spécifique entre une France vue comme une puissance entièrement autonome et un monde arabe pris comme un bloc : « la politique arabe de la France », « la relation que Français et Arabes ont nouée de longue date », « les peuples arabes », « entre Français et Arabes », « la grande politique arabe », « le monde arabe », « nous devons dialoguer entre partenaires égaux », y affirme le chef de l’ État. (...)

Ce catalogue de vœux pieux mâtinés de postulats relativistes fonde-t-il une « politique arabe » ? Dix ans plus tard, les impasses du discours du Caire sautent aux yeux. L’Europe y est reléguée au second plan. Le développement de la société civile des pays arabes n’est jamais évoqué. Les principes qui doivent guider la France dans ses relations avec chaque pays arabe ne sont pas définis. Et la question d’Israël est traitée exclusivement à travers le prisme du conflit avec la Palestine. (...) Pour maintenir son cap gaullien, il va bientôt être contraint d’en accentuer les traits à l’excès, de transformer l’amitié envers les dirigeants arabes en complaisance, de pousser la critique d’Israël jusqu’à la quasi-rupture et de se distinguer des Américains jusqu’au défi. Pour lui rester fidèle, le mythe oblige à une surenchère permanente.

J.C

15 mai 2007

Dix ans déjà !


Happy birthday pour l'émission "Rencontre" ...
Et oui, dix ans déjà ! Il y a exactement dix ans, le 15 mai 1997 au soir, les auditeurs de Judaïques FM découvraient une nouvelle série radiophonique, consacrée (à l'origine) au dialogue judéo-musulman. Et, en compagnie de mon ami Emile Moatti, j'accueillais sur notre plateau deux invités, Michel Hayoun et Mounira Lakhal. Tous les deux natifs (comme moi) de Tunisie, ils représentaient, es-qualité de président et de trésorière, l'Association des Anciens Élèves du Lycée Carnot de Tunis (ALCT). 
Je reviendrai, prochainement, sur cette émission et sur l'ALCT, à l'occasion du "mois de la Tunisie". En attendant, je repense avec beaucoup de nostalgie à cette "première", car rien ne me disait à l'époque que j'aurais la force et la persévérance de poursuivre pendant dix ans ... et nous en sommes déjà à 210 émissions ! Et puis je me dis que j'ai eu beaucoup de chance de me retrouver la semaine dernière à Tunis, pratiquement pour les 10 ans de l'émission ; j'ai évoqué d'ailleurs cette heureuse coïncidence et ce premier numéro lors de la petite conférence donnée pour le colloque tenu à Gammarth (lire post du 10 mai).
En attendant de fêter le prochain anniversaire, merci à toutes et tous pour votre fidélité sur les ondes du 94.8 FM Paris - et partout dans le monde sur Internet, à l'adresse www.judaiquesfm.com.

J.C

Chiites et Sunnites, va-t-on vers une guerre de religions ? Christian Lochon sera mon invité le 20 mai


Enfin ... après un "blanc" imposé pendant un mois et demi du fait des deux tours des présidentielles, je reviendrai sur les ondes pour un direct le dimanche 20 mai : et j'espère vous retrouver nombreux, car le sujet sera tout à fait passionnant !


D'abord quelques mots à propos de mon invité : le Professeur Christian Lochon n'est pas du tout un "orientaliste de salon", car il a passé 25 ans de sa vie au Moyen-Orient. Il a vécu à Bagdad, à Téhéran, et appartenu à la mission culturelle française au Caire, à l'Ambassade de France à Damas, à l'Institut de Monde Arabe, et il a également assuré la direction des études au C.H.E.A.N ("Centre des Hautes Études Afrique et Asie modernes"). Universitaire, historien de formation, il a collaboré à de nombreux ouvrages dont le livre collectif "Maghrébins de France" qui avait fait l'objet d'un numéro de "Rencontre" en 2005 : c'est donc la deuxième fois qu'il est mon invité.
Fin connaisseur de ce peuples et de ces sociétés, j'ai pensé qu'il était vraiment un interlocuteur qualifié pour parler de ce qui - vu de Paris - ressemble à la montée d'une véritable guerre de religions entre Chiites et Sunnites. On pense bien sûr aux attentats effroyables qui ravagent l'Irak, mais pas seulement : il semble y avoir partout un réveil du chiisme, et ce réveil semble inquiéter le monde arabe.

Nous débuterons donc par un rappel historique : dans le fond, qu'est-ce qui distingue les Chiites des Sunnites ? Y a-t-il vraiment des différences dogmatiques, ou alors ces conflits sont-ils archaïques ? Comment se sont établies les zones où les Chiisme s'est établi de façon majoritaire ? Quelles étaient traditionnellement les relations entre les deux communautés dans le passé, en particulier en Irak ?
Puis nous parlerons du présent : est-ce que les Sunnites sont sensibles aux discours du type de celui de feu Al-Zarkaoui, qui présentaient les Chiites comme des hérétiques ? Est-ce qu'il y a risque de contagion dans les pays voisins, au Yémen, au Pakistan, en Turquie ? Que penser de l'alignement de la Syrie alaouite sur l'Iran des Mollahs ? Enfin, y a t-il une vague de conversions en faveur du chiisme ?

J.C

14 mai 2007

Adieu à « Chirac d’Arabie » : 3/5, la fascination des pouvoirs despotiques

Citation on line

Extrait de « Chirac d’Arabie » de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, Editions Grasset

Pages 115 à 117

« Ce qu’il aime dans le monde arabe, c’est le côté tribal, clanique, le rapport au temps », note un ancien conseiller de l’Élysée. Au début des années 90, dans un avion qui le ramène d’un séjour à Oman, il raconte avec feu comment le sultan Qabous vient de sceller la réconciliation entre plusieurs chefs de tribus. « Ça le passionnait », se souvient un témoin. La puissance politique des dirigeants arabes - rois, présidents plus ou moins à vie, raïs en tout genre - l’intrigue. Jacques Chirac, ce formidable bateleur de campagne, trouve à Riyad, à Damas ou à Rabat des doubles inversés qui exercent le pouvoir comme un attribut et non comme une responsabilité - presque un art, où seule compte l’aptitude à s’en emparer et à le conserver. En 1986, il confie à Franz-Olivier Giesbert son admiration pour Hafez el-Assad : « Je n’ai pas pour lui une sympathie naturelle et spontanée, mais je suis soufflé que ce type réussisse à imposer sa volonté sur une nation où son ethnie ne représente que 8 % de la population ».

(...) Jacques Chirac est un démocrate, mais il est à l’aise avec les « hommes forts ». Les dictateurs ne l’effraient pas, ne le hérissent pas : ils l’intéressent. Dès qu’il pose le pied dans un pays arabe, il a tendance à se comporter lui-même comme une sorte de président à vie de la France, « comme un raïs », selon l’expression d’un journaliste qui a suivi ses voyages. Au reste, n’est-il pas, comme les dirigeants arabes, installé dans les palais de la République depuis quatre décennies, secrétaire d’état à 35 ans, deux fois premier ministre, maire de Paris pendant vingt ans, et enfin président ? Il les connaît depuis si longtemps qu’il a fini par leur ressembler.

J.C

13 mai 2007

Adieu à « Chirac d’Arabie » : 2/5, l’homme qui n’aimait pas l’Occident

Citation on line

Extrait de « Chirac d’Arabie » de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, Éditions Grasset

Pages 33 et 35

Un soir du printemps 1980, à Rome, au sortir d’un dîner dans une trattoria surplombant les forums impériaux, il confia à celui qui était alors son directeur de cabinet à la mairie de Paris, Bernard Billaud : « Il n’y a pas de lieu au monde où l’on ressente plus le poids de l’histoire, au point d’en être écrasé. C’est comme si les pierres de ce ces colonnes en ruine me tombaient sur la tête. Je ne supporte pas d’être ainsi lapidé par des réminiscences d’un passé qui étouffe la vie et bloque l’avenir (...). De tous ces palais romains, de ces pierres, de ces rues, suinte la mort (...). En Mésopotamie, par exemple, on marche sur l’histoire. Ici, à Rome, elle vous fracasse le crâne ». L’Irak, déjà ... Chirac s’y est rendu à deux reprises, en tant que Premier ministre. A l’évidence, ce fut aussi des expériences intimes. Et Bernard Billaud de percevoir dans ce cri du cœur moins « un dégoût en général de l’histoire qu’une répugnance à l’égard des sources de notre civilisation : le rejet de la Rome antique et - je le crains - de la Rome chrétienne. »

Chirac a le goût des rites immuables, des longues salutations, du thé qu’on partage sous la tente bédouine, des chefs de tribu en habits d’apparat. « Tout cela conduit parfois à un relativisme qui n’est pas dans l’air du temps, dit Hubert Védrine. Il estime que les Occidentaux n’ont pas toujours raison sur tout ». L’Orient comme point de repère, comme gardien des valeurs humaines face à la modernité ... En 1992, il refusa que la ville de Paris participe à la célébration de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en s’exclamant : « Pourquoi voudriez-vous que je célèbre le début d’un génocide ? ».

J.C

11 mai 2007

Adieu à "Chirac d'Arabie" : 1/5, introduction

Jacques Chirac et Saddam Hussein
(photo datant des années 70)

Plus que quelques jours, et le 16 mai "le locataire de l’Élysée" aura laissé la place à son successeur, Nicolas Sarkozy !

On ne sait pas encore comment Jacques Chirac, dont le démon de la politique aura dévoré toute son existence, saura utiliser au mieux l'immense espace de temps libre qui l'attend, lui l'éternel "homme pressé" de l'Histoire contemporaine. Ou comment il trouvera le domaine lui permettant d'exercer une activité valorisante, point tellement crucial pour un homme "qui ne s'aimait pas" pour reprendre le titre d'un livre d'Eric Zemmour.

Mais déjà, voici que des hommages lui sont rendus ... par les Palestiniens, qui vont donner son nom à une rue de Ramallah. Voici que l'on reparle de la famille de l'ex-Premier Ministre assassiné du Liban, Rafik Hariri, à propos de l'appartement luxueux sur les Quais de Seine où logera la famille de l'ancien Président, dès qu'il aura laissé sa place à l’Élysée. "Chirac d'Arabie", telle semble donc sa dernière image, la seule marque présidentielle qui subsiste après deux mandats où la France aura, par ailleurs, reculé dans de trop nombreux domaines.
Or "Chirac d'Arabie", c'est d'abord le titre d'un livre excellent de Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, (Editions Grasset), livre déjà évoqué sur le blog. Un livre bilan, le seul à avoir tenté une synthèse historique de la fameuse "politique arabe" du Président. C'est pourquoi il m'a semblé utile et nécessaire de publier, dans la rubrique "citation on line", une série d'extraits expliquant les ressorts de cette vraie passion de Jacques Chirac.
Je vous donne rendez-vous, dans les prochains jours, pour 4 "posts spéciaux. Après, et seulement après que le locataire de l’Élysée aura rendu les clés, je publierai un article relatant des souvenirs plus personnels traitant d'une autre facette de ce phénomène politique bien contrasté : il s'agira, on l'aura deviné, de son engagement courageux aux côtés de la communauté juive de France à propos de la mémoire de la Shoah ; un engagement qui aura été, hélas, en partie effacé chez beaucoup de Juifs par certaines amitiés bien douteuses, comme celle illustrée dans cette photo !

J.C

10 mai 2007

"La Raison et la Foi pour un monde solidaire" : un colloque en Tunisie de la Chaire Ben Ali pour le dialogue des Civilisations et des Religions

Le timbre spécial émis par les postes tunisiennes
à l'occasion du colloque de la Chaire Ben Ali

Introduction
Et me voici de retour sur le blog ... après une escapade de quelques jours en Tunisie, où j'ai participé au deuxième colloque de la "Chaire Ben Ali pour le Dialogue des Civilisations et des Religions" ! Invité par les organisateurs comme conférencier, j'y ai fait une présentation sur l'émission "Rencontre", un peu "décalée" certes par rapport au thème principal des conférences qui tournaient principalement donc autour de l'inter religieux, avec l'évocation des trois figures illustres des religions abrahamiques qui se sont "frottées" à la dialectique entre "Foi et Raison" : Averroes pour les Musulmans, Maïmonide pour les Juifs et Saint-Thomas d’Aquin pour les Chrétiens. Mais d'autres conférenciers, venus de différents pays se sont aussi essayés à parler, d'une manière plus générale, du thème plus général du "dialogue des cultures" ou "de la solidarité dans la mondialisation".
J.C

Il s'agissait du troisième voyage où j'étais invité au titre de mes activités au sein de la radio "Judaïques FM", après avoir déjà accompagné deux fois des missions de l'AUJF en Israël en 2003 et 2004. Je n'étais pas d'ailleurs le seul représentant des radios de la fréquence juive à Tunis, puisque j'ai eu le plaisir de retrouver le Professeur Raphaël Draï, qui a présenté une conférence et est également mon "collègue chroniqueur" sur la radio consœur Radio J ; et Sarah Elkaïm, la jeune journaliste de l'autre radio consœur RCJ. Je suis moi-même intervenu, en direct au journal du matin de mon ami Eva Soto, mardi 8 mai. Ont couvert également le colloque Mohamed El Hani, journaliste de la station en langue arabe de la chaîne RMC et ... un représentant du journal israélien "Ma'ariv" ! J'ai eu aussi le bonheur de retrouver, de retour du pélerinage à la "Ghriba" de Djerba, Claude Sitbon, journaliste, écrivain et grande figure de la francophonie de Jérusalem ; ainsi que mon amie Monique Hayoun, qui se dévoue tant pour la conservation du patrimoine historique de la communauté juive de Tunisie, une communauté hélas en lente extinction. Nous étions par ailleurs environ une dizaine de conférenciers juifs au total sur plus de soixante dix participants : à noter, en particulier, l'intervention de Charles Bismuth, Grand Rabbin régional de Provence.

De tout cela, je reparlerai plus en détail dans quelques semaines : dans la revue "l'Arche", qui devrait publier un article qu'il me reste à rédiger sur le colloque ; sur le blog, avec à la fois un reportage photographique et un (ou plusieurs) plusieurs "posts" ; ceci sera fait je l'espère au mois de juin, qui sera le deuxième "mois à thème" sur le blog, la Tunisie étant à l'honneur - après la Turquie en mars dernier !
En conclusion, il me reste juste à exprimer l'émotion qui m'a bien sûr enveloppé pendant ce court séjour dans le pays de mon enfance ... et ma reconnaissance pour la chaleur de l'accueil des Tunisiens. Que soient remerciés le Professeur Mhamed Hassine Fantar, titulaire de la Chaire Ben Ali qui a bien voulu m'inviter au colloque ; son jeune et dynamique assistant Imed Ben Abderrahim ; mon ami Mezri Haddad, plusieurs fois l'invité de "Rencontre" et dont les lecteurs réguliers du blog connaissent le courage et le talent. J'ai eu enfin le plaisir, aussi, de revoir en Tunisie un jeune enseignant chercheur, Fayçal Chérif, reçu à mon émission il y a déjà plusieurs années pour parler de sa thèse de Doctorat consacrée à l'histoire de la Tunisie pendant la Seconde Guerre Mondiale : tous sont des internautes actifs, qu'ils trouvent ici mon amical bonjour !

J.C

03 mai 2007

Quelques jours de repos pour le blog ...

Ce rapide "post" pour informer les lecteurs fidèles d'une petite pause ; et vous donner rendez-vous, je l'espère, à dans une semaine, le jeudi 10 mai.
Deux voyages en effet, l'un professionnel et puis un autre que j'espère bien sympathique et dont je vous reparlerai ici mais chut ! Je vous le raconterai à mon retour, avec de jolies photos souvenir !

Je quitterai Paris pour l'étranger ... dimanche après-midi, alors que la France retiendra son souffle dans l'attente des résultats du deuxième tour. Je découvrirai donc de loin les résultats, et je ne pourrai les commenter que quelques jours après. Un dernier pronostic ? Je m'étais bien "planté" pour la première manche, en redoutant un Le Pen à la hausse ! Interprétez-le donc comme vous voudrez, mais contrairement à la majorité de mes compatriotes, je ne pense pas que le résultat soit "déjà plié". Une victoire de Ségolène Royal reste possible, une victoire étriquée de Sarkozy aussi : dans ces deux derniers cas, les législatives seront très ouvertes, avec le challenge de François Bayrou qui imposera des "triangulaires" partout. Mais nous aurons souvent l'occasion d'en reparler, au cours de cet interminable printemps électoral.

Bon vote à tous !

J.C

02 mai 2007

Les corbeaux ont trouvé une proie



Sous le prétexte d'infraction au « code vestimentaire islamique », le régime des Mollahs a mis en marche depuis samedi 21 avril une nouvelle campagne de répression contre les Iraniennes. La police et en particulier les femmes policières en tchador noir arrêtent les femmes et les jeunes filles vêtues d'habits aux couleurs vives, cintrés, courts ou moulants, pour leur adresser dans un premier temps « un avertissement ». A la moindre protestation, ces femmes sont embarquées vers un centre correctionnel.

Le site resiliencetv, en lien permanent sur le blog, publie un reportage de cette campagne infamante où l’on voit donc les "corbeaux policiers" en tchador faire la chasse aux malheureuses ayant tenté, malgré le foulard islamique, de conserver un peu de féminité ...
Il donne aussi l’adresse de l’Association des Femmes Iraniennes en France, où l’on peut témoigner sa solidarité.

J.C