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30 mars 2007

Hommage au judéo-espagnol

Il est impossible de finir ce "mois de la Turquie" sans rendre hommage aux Juifs de Turquie, à leur mémoire et à leur patrimoine.

Bien que certains soient d’origine ashkénaze, la grande majorité d’entre eux est de rite séfarade, dans le sens vraiment étymologique du mot : "originaire d’Espagne", comme leurs ancêtres aux patronymes espagnols, chassés par l’infâme édit de Philippe II et Isabelle la Catholique et généreusement accueillis dans l’Empire Ottoman.

Contrairement à leurs frères du Maghreb qui furent, plus ou moins rapidement, "arabisés" et perdirent leur langue d’origine, ceux de Turquie et des Balkans ont conservé jusqu’à il y a peu l’usage du dialecte judéo-espagnol (lire sur l'encyclopédie Wikipedia). Hélas, la Shoah, qui devait en particulier complètement détruire la Communauté de Salonique - et faucher au passage les Juifs de nationalité turque, grecque ou bulgare réfugiés en France au lendemain des guerres balkaniques -, et le départ vers Israël ou d’autres Diasporas ont contribué à éteindre ce patrimoine séculaire.

Mon amie Claudine Barouhiel, elle-même d’origine turque, a écrit pour le blog un reportage sans langue de bois sur la communauté juive d’Istanbul, qui s’inquiète pour son avenir (lire ici). Ici, en France, elle se bat avec l’association "Al Syete" pour la préservation de la vieille synagogue de la rue Popincourt (Paris, 11ème), fondée en 1910 par des Juifs d’origine turque ou de Salonique : ses adhérents veulent transformer le lieu en centre culturel, alors que, pour des raisons économiques, le Consistoire Israélite de Paris veut vendre le bâtiment ! Visitez le blog de l'association.

Enfin, comme tout patrimoine, celui des judéo-espagnols est aussi musical : en surfant, j’ai découvert cette adresse où vous pourrez entendre des tas de chansons traditionnelles ! 

J.C

29 mars 2007

Une bibliothèque turque



Etre producteur d’une émission de radio à vocation culturelle comme « Rencontre », c’est d’abord avoir le plaisir de recevoir des éditeurs d’innombrables ouvrages, plus ou moins volumineux et plus ou moins intéressants. C’est ensuite avoir le redoutable pouvoir de décider ce que l’on va lire en priorité, en fonction à la fois des impératifs de l’actualité, et du devoir de dépasser le présent en couvrant le maximum de sujets. Ces derniers temps, le centre névralgique du monde musulman s’est donc déplacé vers l’Iran et le Liban - d’où des émissions qu’il a fallu préparer un peu dans l’urgence et des lectures qui ont été ajournées.

Il en est ainsi donc, du volumineux « La Turquie », une somme réalisée par Semih Vaner qui a déjà été mon invité à deux reprises et qui réunit les meilleurs chercheurs (la plupart turcs) sur le sujet. Sorti et reçu en septembre 2005, j’espère enfin l’avoir « digéré » ces prochains mois pour une future émission.

Toujours à propos de Semih Vaner, rappelons qu’il est chercheur au CERI (Centre d’Études et de Recherches Internationales) et directeur du CEMOTI (Cahiers d’Études sur la Méditerranée Orientale et le Monde Turco-Iranien). Le CEMOTI vient de publier un numéro spécial intitulé "Turquie, désir d'Europe" (voir en lien).

J'avais donc fait avec Semih Vaner une émission dans laquelle il défendait l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, dont on peut entendre le podcast sur le blog. Redoutable adversaire de cette adhésion, Alexandre Del Valle a publié "La Turquie dans l'Europe, un cheval de Troie islamiste ?", qui a fait également l'objet d'une émission et d'un podcast.

La Turquie moderne reste l’héritage (même s’il est sérieusement écorné par les Islamistes) de Mustafa Kemal Atatürk. Un historien franco-turc, Georges Daniel, passionné et fasciné par ce personnage historique, lui a consacré deux ouvrages : un album richement illustré dans la collection « Chroniques de l’Histoire » ; et un livre de référence, « Atatürk, une certaine idée de la Turquie ». Georges Daniel a été mon invité à trois reprises, dans les premières années de l’émission (1999-2000).

Enfin, signalons (autre ouvrage resté en souffrance) « L’Histoire des Turcs » de Jean-Paul Roux, autre grand expert de cette civilisation.

Voici donc les références pour réunir une petite « bibliothèque turque » :
"La Turquie", sous la direction de Semih Vaner Éditions Fayard - CERI, 2005
"La Turquie dans l'Europe, un cheval de Troie islamiste ?", Alexandre Del Valle, Éditions des Syrtes, 2004
"Histoire des Turcs", Jean-Paul Roux, Éditions Fayard, 2000
"Atatürk, une certaine idée de la Turquie", Georges Daniel, Éditions l’Harmattan, 2000
"Atatürk", Georges Daniel, Édition Chronique, 1998

J.C

28 mars 2007

Quand la Pologne parle en hébreu ...

Introduction :
Merci à Irène Elster pour cette traduction. Irène a un atout bien précieux dans son curiculum vitae : celui de parler le Polonais, langue du pays d'origine d'une partie de sa famille ! Alors que - et cela se comprend pour la plupart des Juifs ashkénazes - le souvenir conservé de la Pologne et de ses habitants est "globalement négatif" depuis la Shoah, elle a (un peu à mon image, pour le versant "monde musulman"), tenté d'avoir une vision moins caricaturale des choses ... Il y a quelques semaines j'avais, déjà, publié une traduction qu'elle m'avait fait parvenir, il s'agissait alors de la République Tchèque. Aujourd'hui, il est question de la Pologne et d'Israël : une nouvelle passée complètement inaperçue, alors même que l'on avait (et c'était normal), largement parlé de la publication d'un ouvrage antisémite par un eurodéputé polonais, sur fonds du Parlement Européen.
J.C

Brève
Rzeczpospolita du 26.03.07 Nr 072

Émissions sur la Pologne - en hébreu

La Radio Polonaise a commencé à produire des émissions en hébreu - c’est une initiative commune de la Radio et du Ministère des Affaires Étrangères. Des séries de programmes d’une demi-heure doivent rapprocher notre pays avec les habitants d’Israël. Le rédacteur de la partie hébraïque sera Michael Hermon et la plupart des émissions seront consacrées à la vie de la communauté juive en Pologne et aux relations polono-juives. On pourra les écouter sur la fréquence 9695 kHz ainsi que par satellite aux heures matinales.


Traduction du polonais : Irène Elster

Un conte oriental

Introduction :
Isabelle-Yaël Rose, ma « correspondante » à Jérusalem, a conservé une forte nostalgie de son voyage en Jordanie, dont j’ai publié sur le blog les « carnets » si originaux (voir dans les archives, janvier 2007) ... Fascination orientale ? Syndrome de Lawrence d’Arabie ? En cliquant sur ces deux libellés en fin d’article, vous verrez que ces sujets m’intriguent, moi aussi, et j’y reviendrai certainement à l’avenir. En attendant, elle s’essaye à un nouveau genre - après les analyses politiques et le journalisme de terrain : voici donc un « conte oriental » à la symbolique bien transparente, pour qui saura reconnaître sous la parabole les jeux douteux des grandes puissances au Moyen Orient !
J.C

Il était une fois deux royaumes voisins dans le désert où le soleil ne se couche jamais. Leurs terres, balayées par le vent et la poussière, revêtaient par moment une douce couleur violette. Longeant la frontière, des montagnes aux couleurs multicolores, taillées dans des minéraux allant du noir, profond, à la douceur de l’ocre, se mélangeaient dans un ciel invariablement bleu sans qu’il soit possible de dire où se situait la séparation.
Le premier Royaume avait pour nom Royaume de Shabbat, du nom des sorcières qui s’y livraient à la divination et autres pratiques ancestrales transmises de génération en génération. Ce Royaume était le territoire des femmes aux yeux marron. Le second Royaume avait pour nom Royaume d’Hachem, du nom des hommes dont les yeux, noirs et vifs, parfois soulignés d’une ligne de khôl, aux visages indéchiffrables, tantôt impénétrables comme les montagnes des hauts plateaux, tantôt illuminés d’un sourire, savaient lire les traces laissées dans le sable par les scorpions, les chacals, les renards, les serpents, et toutes sortes d’animaux. Les hommes du Royaume d’Hachem, parce qu’ils avaient appris à dompter les chevaux, étaient devenus les maîtres du vent.
Ces deux royaumes, qui s’étaient fait la guerre pendant longtemps, vivaient désormais en paix. Cependant, elle restait menacée par les intrigues des géants venus du Pays du Froid, à l’ouest de la mer.

Le Royaume de Shabbat et le Royaume d’Hachem, comme tout royaume, échangeaient des Ambassadeurs : ces deux Royaumes, aux hommes et aux femmes fiers, susceptibles sur le protocole et les questions de préséance, comme tous les êtres du désert, étaient très attachés à la tradition. Il se trouvait aussi des Ambassadeurs et des conseillers envoyés par le Pays du Froid.
Au Royaume de Shabbat se trouvait un Ambassadeur du Pays du Froid profondément épris d’amour pour la région. C’est qu’il la connaissait bien, et depuis longtemps. En vérité, il aimait la paix et était venu au Royaume de Shabbat de sa propre décision : il ne s’agissait point d’une mutation aléatoire, qui conduisait indifféremment les diplomates dans des pays dans lesquels ils n’avaient aucune attache, transformant leur mission en calcul carriériste, nécessaire, où l’Ambassadeur n’avait point d’autre choix que d’attendre, sans rien faire, et d’en prendre son parti. Non, celui-ci pensait qu’il avait une mission, et il avait bien dans l’intention de faire bouger les choses. Ce qui est assez rare dans l’administration.
De l’autre côté, l’Ambassadeur du Pays du Froid au Royaume d’Hachem était animé des mêmes intentions.

Mais le Prince du Pays du Froid, de l’autre côté de la Mer, jaloux de ses prérogatives de Prince, se méfiait très fortement de ses Ambassadeurs. Il leur avait donc adjoint des conseillers dont la fonction était de les tenir sous surveillance : contrôler, rapporter, limiter leur marge d’action, et si nécessaire, utiliser ce qu’ils entendraient ou verraient - quitte à le déformer - de manière à les neutraliser. En un mot, leur travail consistait à espionner.

Les conseillers étaient animés d’une très forte ambition : nommés au poste de second conseiller, partageant un mépris égal pour les hommes du Royaume de Shabbat et pour ceux du Royaume d’Hachem, ils étaient prêts à tout pour devenir premier conseiller, et un jour peut être Ambassadeur, mais dans une autre région du monde. Ils haïssaient en effet les manières des hommes de Shabbat et des hommes d’Hachem, quoiqu’ils le dissimulassent derrière des manières courtoises, aimables et avenantes : ils avaient appris dans leurs écoles l’art de dissimuler.
Un jour, le second conseiller s’avisa que l’Ambassadeur au Royaume de Shabbat commençait à trop aimer le Royaume et ses sujets. Ce qui contrariait les calculs du Prince de la Mer de l’Ouest. Il fut informé aussi du fait que l’Ambassadeur au Royaume d’Hachem commençait à souffrir du même mal que l’autre. Sans doute l’autre second conseiller lui passait-il les informations quand il venait en visite dans la capitale toute proche du Royaume. Les deux Ambassadeurs s’étaient manifestement attachés à la région et commençaient très sincèrement à souhaiter que la paix se consolide entre les hommes des deux Royaumes. Ce qui n’était pas dans l’intérêt du Prince du Pays du Froid. Les deux conseillers, aiguillonnés par l’ambition, attisés par une mutation ou par une promotion qui plairait davantage à leurs dispositions, inquiets aussi de la colère de leur hiérarchie qui menaçait de les tenir pour responsables de chaque chose, décidèrent un beau matin qu’il était grand temps d’agir. Dans leur intérêt réciproque. C’est pourquoi ils préparèrent de concert un plan.

D’abord, il fallait éloigner l’Ambassadeur au Royaume de Shabbat qui commençait à prendre trop d’influence. Au détriment de son second conseiller. Ensuite, il fallait transférer l’Ambassadeur au Royaume d’Hachem vers le Royaume de Shabbat. Cela avait plusieurs avantages : d’une part, à cause de la méfiance qui subsistait malgré tout entre les deux Royaumes, le transfert de l’Ambassadeur du Royaume d’Hachem au Royaume de Shabbat ne pourrait que réveiller la suspicion au sein de la population. Ce qui du même coup éviterait qu’il puisse prendre trop d’influence. Au profit du second conseiller qui avait réussi à se faire une bonne réputation en se présentant toujours comme l’ami de l’Ambassadeur au Royaume de Shabbat dont il venait d’obtenir la démission. A l’occasion, il pourrait toujours dire qu’il devait durcir sa politique sur instruction du nouvel Ambassadeur : ainsi, non seulement il se présentait comme le seul interlocuteur de confiance, mais il discréditait encore davantage l’Ambassadeur à qui il laisserait les miettes de la représentation. Ensuite, comme le second conseiller connaissait mieux le pays et était parvenu à se créer un réseau d’amitiés - grâce à l’Ambassadeur qu’il avait fait virer - il pourrait tenir plus facilement sous son contrôle le nouvel Ambassadeur déjà entouré d’une naturelle suspicion qu’il ne faisait que renforcer par ses insinuations. Enfin, le nouvel Ambassadeur au Royaume de Shabbat, qui venait de traverser la rivière, était évidemment moins au fait des réalités de ce nouveau royaume, ce qui l’exposait plus facilement aux opinions toutes personnelles du second conseiller qui s’empressa de l’encercler de ses relations les plus inoffensives, les moins influentes, et de lui bourrer le crâne avec ses propres divinations. Le second conseiller avait déjà réalisé l’un de ses premiers projets : le pouvoir. Restait le second : obtenir sa promotion sous la forme d’une mutation.

Mais comme le conte le dit dès le début, le Royaume de Shabbat est la propriété des sorcières qui se transmettent leurs dons de génération en génération. Aussi, leur présence contrariait fort le second conseiller qui craignait pour ses plans. Dans un premier temps, il essaya tout simplement de manipuler les sorcières. Dans un second temps, de les boycotter socialement et de les discréditer au regard des autres. Dans un troisième temps, de les casser spirituellement. Enfin, à cours d’idée, il ne lui restait plus qu’une seule voie : les supprimer d’une manière ou d’une autre. Mais ce que le second conseiller ne savait pas, c’est que les sorcières, quand elles boivent le poison, s’empressent, en cachette, de le cracher. A la gueule des seconds conseillers le plus souvent. Oh, certes, elles peuvent bien aussi se faire maltraiter. Il arrive aussi qu’elles aient des moments de faiblesse. C’est que les sorcières, justement à cause de la nature fragile de leur identité qui leur permet de prophétiser - c’est le revers de leur don de vision - sont des êtres particulièrement néfastes et entêtés. D’autant plus néfastes qu’elles n’ont aucune ambition, ce qui les met à l’abri des tentations, des tentatives de corruption, des tentatives de séduction, et de bien d’autres choses. Et puis surtout : les sorcières sont liées par un serment. Un serment qu’elles ont fait au Roi de ce monde. C’est leur seule foi, et leur seul engagement. Face à ce serment, que valent les intrigues des hommes ? Les sorcières aussi ont su apprivoiser les chevaux, c’est pourquoi aussi elles sont les maîtres du vent. Derrière leur apparence indolente.
Aussi, quand l’une des sorcières du pays de Shabbat compris les manigances du second conseiller du Pays du Froid - sans doute n’était-elle pas la seule : les hommes du Royaume d’Hachem savent lire les traces des serpents et des chacals - elle s’empressa de déposer une plainte devant le tribunal. Elle parla aussi du travail de cochon du second conseiller dans toutes les institutions qui dépendaient de l’autorité du Royaume du Froid. Sans doute avait-il pensé en faire porter la responsabilité aux Ambassadeurs, tandis que lui se présenterait comme le seul homme compétent. Utilisant pour cela le pouvoir de divination des sorcières qu’il tenta dans un premier temps d’exploiter.

La sorcière fut redevable d’au moins une chose au second conseiller du Royaume de Shabbat : il l’avait définitivement guérie de la peur. De la peur de la mort. C’est ainsi qu’elle devint une vraie sorcière. Et qu’elle apprit une très grande chose : faire la guerre aux ennemis du peuple de Shabbat et du peuple d’Hachem. Faire la guerre - sans pitié - aux conseillers envoyés par le Prince du Pays du Froid. Car si les sorcières ont besoin des hommes pour exercer leurs pouvoirs de divination - les sorcières ont besoin d’aimer pour avoir leurs visions - les hommes ont aussi besoin des sorcières : ce sont elles qui parlent dans les oreilles de leurs chevaux.

A mes maîtres cachés qui m’ont appris à lire les traces des scorpions dans le désert ...

Isabelle-Yaël Rose

26 mars 2007

Relations Turquie - Israël : un site de référence pour en savoir plus

Abdullah Gül et Tzipi Livni,
Ministres des Affaires Etrangères de Turquie et d'Israël

J'ai découvert par hasard et en surfant une adresse très intéressante, pour qui veut trouver des informations "pointues" sur les relations entre la Turquie et Israël : cliquer sur ce lien.
Vous découvrirez un site très complet, édité par un professeur de l'Université Hébraïque de Jérusalem, et qui (d'après son patronyme) doit être d'origine turque. Edité en anglais, mais avec aussi des versions en turc et en hébreu, cette adresse donne un point actualisé sur les relations - névralgiques - entre ces deux "géants" du Moyen Orient. Relations économiques, relations politiques, relations stratégiques, tous les sujets sont abordés y compris "ceux qui fachent" (comme le rapprochement du gouvernement '"islamiste modéré" de l'AKP avec les Palestiniens). Détail intéressant, le site publie des articles de journalistes et experts à la fois turcs et israéliens, et parmi ces derniers de deux "plumes" réputées du "Jerusalem Post" (en lien permanent sur le blog) : Efraim Inbar et Barry Rubin.

Enfin, dernier clin d’œil pour les lecteurs qui auraient remarqué mon "faible" pour la responsable de la diplomatie de Jérusalem - le dernier "homme fort" du gouvernement, un an après la victoire du parti Kadima et son cortège de déceptions - j'ai bien sûr trouvé à cette adresse une photo de cette grande voyageuse : celle-là a été prise en Turquie, à l'occasion de sa première visite officielle en mai 2006.

J.C

Nota de Jean Corcos (ajouté le 20/10/2007)
Il ne m’est pas possible, matériellement, d’assurer une « maintenance » en ligne du blog en supprimant au fur et à mesure les « liens morts ». Certains ne sont en effet plus actifs naturellement (sites d’actualité ou de journaux), les articles concernés devant être plutôt lus « à chaud ». D’autres liens devraient concerner en principe des sites pérennes, et cela aurait du être le cas du site mentionné ici.
Or je constate que l’adresse http://www.turkishisraeli.com/en/ n’est plus active ... tous mes regrets pour les Internautes intéressés par le sujet (et ils semblent nombreux !). D’autres adresses ajoutées donc ci-dessous, des « portails » pour ceux qui s’intéressent au sujet :
-http://gloria.idc.ac.il/tsi/relations/bibliography.html une page très académique du Gloria Center de Herzliya sur la question ;
-http://www.science.co.il/hi/Turkish/Links.asp une autre page portail, également mise en ligne en Israël et qui parle plus des Juifs de Turquie que des relations entre les deux pays.

25 mars 2007

Un dimanche bien rempli !

La chorale "la rose et l'olivier"
à la Grande Mosquée de Paris

Il y a des dimanche particulièrement bien remplis ... surtout lorsque l'on a des activités bénévoles !

Ainsi pour ce 25 mars, riche en émotions :

- tôt ce matin (nouvel horaire d'été oblige), je suis donc allé à notre radio Judaïques FM où je devais avoir un direct par téléphone avec mon invitée, Thérèse Delpech (voir post du 18 mars) : hélas, mauvaise pioche, l'émetteur a été hors service pendant un long moment. Nous avons quand même fait l'enregistrement, qui sera donc diffusé le dimanche 8 avril (je vous rappellerai ce rendez-vous plus tard).

- ensuite (mais là c'était prévu), je suis allé à deux des quatre manifestations prévues pour célébrer les 40 ans de la "Fraternité d'Abraham", instance de dialogue interrreligieux entre Juifs, Chrétiens et Musulmans : d'abord à la Grande Mosquée de Paris, où fut apposée une plaque commémorative, et où nous avons eu le bonheur d'entendre une chorale judéo-arabe, "La rose et l'olivier" (photo) ; ensuite, à la Mairie du VIème arrondissement, où s'est tenu un colloque. Le monde étant bien petit, j'ai reconnu parmi les intervenants des anciens invités de "Rencontre", Djelloul Seddiki, Antoine Sfeir et Maurice Reuben Hayoun. J'espère publier très bientôt un reportage photographique beaucoup plus complet de cet anniversaire, et vous en rendre compte en détails ; et je peux vous annoncer d'ores et déjà une émission spéciale sur cet évènement, avec bien sûr mon ami Emile Moatti, délégué général de la Fraternité, et probablement un autre invité.

J.C

23 mars 2007

La Belle Epoque sur le Bosphore

Illustrations tirées de l'ouvrage "Deri Se'adet",
"Stamboul, porte du bonheur"
d'Adolphe Thalasso, oeuvres de Fausto Zonaro

Une toile sur la Toile
- mars 2007 (2)

Allez, on va se faire un dernier plaisir en rêvant d'Istanbul la magnifique !
Encore des illustrations vieilles d'un petit siècle ... Voir le "post" du 7 mars pour des informations sur les artistes cités.
Je trouve beaucoup de charme à cette dame turque, à la voilette si légère et qui n'aurait pas choqué au milieu de ses contemporaines de la "Belle Époque", à chapeau et gaze si évocateurs d'érotisme discret. Rien à voir avec les sacs à patate de couleur noire, devenus l'uniforme du totalitarisme envahissant de notre siècle. Quand aux petits garçons à fez et aux petites filles portant une sorte de hijab, ils m'évoquent irrésistiblement des photos exotiques d'autres enfants, ceux-là des petits Juifs vivant au bord du bassin méditerranéen aux beaux temps des colonies : pas encore vêtus à l'occidentale, ils étaient de la génération ... de mes grands-parents !

J.C

22 mars 2007

Darfour : et si la France se réveillait ?



Enfin ! Après des années d’appels à manifester, de meetings, de tribunes libres dans la presse et d’innombrables reportages ; alors même que les Nations Unies ont reconnu le massacre de centaines de milliers de civils et qu’une résolution du Conseil de Sécurité l’été dernier envisageait - oh combien timidement - l’envoi de Casques Bleus, il semble que l’opinion française commence à se réveiller, et les responsables politiques à s’engager.

Mardi 20 mars, le Collectif « Urgence Darfour » (visiter le site en lien) appelait à un grand meeting, en ayant aussi et surtout convié les candidats à l’élection présidentielle. Ceux-ci étaient invités à s’engager sur les résolutions suivantes :

« Candidat(e) à la présidence de la République française, horrifié(e) par le sort réservé aux populations du Darfour, je m'engage :
1. A agir en sorte que la France use de tout son poids auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour y faire adopter des résolutions au titre du chapitre VII de la charte pour la protection effective des populations du Darfour.
2. A mettre en œuvre au niveau approprié, tant que dureront les crimes contre l'humanité, des sanctions économiques contre le Soudan : gel des avoirs, refus de visas pour les dirigeants soudanais impliqués dans les massacres, embargo sur les exportations de pétrole soudanais.
3. A m'abstenir de recevoir en France les membres du gouvernement de Khartoum.
4. A mettre à la disposition de la Cour pénale internationale tous les moyens utiles à sa mission, notamment en ce qui concerne l'établissement et la conservation des preuves, la protection des victimes, des témoins et des enquêteurs.
5. En liaison avec les États concernés, à donner mandat aux forces françaises stationnées au Tchad et en Centrafrique de protéger effectivement les réfugiés, les personnes déplacées et les membres des organisations humanitaires opérant dans ces pays.
6. A mettre en place les moyens d'une surveillance de l'espace aérien du Darfour et à en communiquer les informations aux États et institutions intéressés.
7. A dénoncer avec énergie tout pays qui s'opposerait aux sanctions prises à l'encontre du Soudan fondées sur les crimes contre l'humanité commis par son gouvernement.
8. A user de toute mon influence pour rendre possible une action européenne de protection des populations civiles du Darfour, notamment à mettre en place des corridors humanitaires.
A Paris, maison de la Mutualité, le 20 mars 2007 »


Cet appel a été publié, notamment, par le journal « Libération » qui a eu le grand mérite de publier, le même jour, un dossier de 5 pleines pages sur cette tragédie qui se déroule depuis maintenant 4 ans, dans une immense état africain, membre de la Ligue Arabe et à la population majoritairement musulmane (en lien le dossier sur le site du journal, moins complet malheureusement) Petit rappel, toutes les victimes sont musulmanes au Darfour : mais cela n’intéresse guère « les belles âmes » : des « altermondialistes » à la sauce José Bové en passant par les trotskystes (dont trois branches participent à la course présidentielle), elles ne sont pas venues à la Mutualité ; pour ces hémiplégiques de l’indignation, seules comptent en effet 1) les victimes musulmanes, certes ; 2) mais uniquement victimes de non musulmans, par exemple de dommages collatéraux en Afghanistan, en Irak ou à Gaza ... il ne fallait donc pas compter sur eux à la Mutualité, pleine à craquer ce 20 mars

... mais franchement ce ne fut pas une perte ! Trois candidats à l’élection présidentielle sont venus parler à la tribune, dont deux « grands » : Ségolène Royal, François Bayrou et Dominique Voynet. Nicolas Sarkozy (qui avait signé les résolutions, comme les autres candidats présents), a fait lire par sa représentante, Nicole Guedj, un message où il s’engageait à prendre des sanctions unilatérales contre le Soudan. Mais le « clou » de ce meeting fut la lecture par Bernard-Henri Lévy, d’un message de soutien de Jacques Chirac, menaçant lui aussi le gouvernement de Khartoum (voir en lien). Ségolène Royal et François Bayrou, quant à eux, ont pris l’engagement de boycotter les Jeux Olympiques de Pékin, en 2008, en raison de l’obstruction chinoise à toute résolution contraignante à l’ONU sur le Soudan !

Deux remarques, pour finir.

D’abord ces prises de position montrent que, lentement, à propos du Darfour comme du nucléaire iranien, le leadership politique français se réveille. Mais il est bien dommage que le « grand public », celui qui ne lit que des « gratuits » ou ne suit que les actualités à la télé, reste à la traîne de l’info, car sur ce genre de médias le Darfour reste traité bien furtivement. Il est heureux que Chirac - le support le plus fidèle des pires régimes du monde arabe - ait pris, tardivement, cette position ; mais le « grand public » donc, celui qui ne voit le Monde extérieur qu’au travers des froncements de sourcils à la télévision de son Président de la République (froncements de sourcil qui encouragent à désigner, par 66 % des Français, Israël comme le pays ayant l’influence la plus négative sur les affaires internationales, selon une enquête fameuse de BBC World), le grand public donc qui, toujours d’après ce sondage, a une meilleure opinion de la Chine que des États-Unis, ne sait strictement rien du trouble jeu chinois en Afrique. Il faudra donc lui expliquer, et cela sera très, très long !

Ensuite, je voudrais donner un grand coup de chapeau à Jacky Mamou, le président du collectif « Urgence Darfour ». Ancien responsable de « Médecins du Monde », spécialiste des ONG de terrains, il leur consacre une émission spéciale tous les quinze jours ... sur notre radio, Judaïques FM ! J’ai consacré une émission au Darfour, c’était il y a déjà deux ans (voir en libellé ci-dessous, ainsi que tous les articles déjà publiés sur le sujet). Il sera temps, aussi, d’en reparler et je serais très heureux de le recevoir dans ma série.

J.C

21 mars 2007

Sarkozy et l'islam : feu à volonté !


Cette illustration assez explicite se trouve à cette adresse sur le site « Liberty Vox ». Dans une « lettre ouverte » au Ministre de l’Intérieur, François Eiffel (alias « FFL ») lui reproche sa mollesse dans l’affaire Redeker, le traitant en gros de lâche. Même si je soutiens la suggestion d’inculper pour incitation au meurtre l’horrible Youssouf al-Qaradawi - ce prédicateur vedette de la chaîne Al-Jazeera qui n’en était pas avec Redeker à son coup d’essai -, je trouve naturellement inadmissible l’outrance d’une telle charge : question courage vis-à-vis des menaces islamistes, Nicolas Sarkozy en a témoigné à deux reprises, avant cette affaire à propos de l’affaire des caricatures de Mahomet et après, en venant il y a quelques semaines témoigner au procès de « Charlie Hebdo ». Mais sur le fond, bien entendu, il ne lui est pas pardonné d’avoir tenté d’aider l’islam de France à s’organiser, et les Musulmans à pratiquer leur religion dans des conditions dignes : à partir du moment où la ligne générale est « pas de différence entre islam politique et islam tout court », tout candidat aux élections présidentielles qui ne considèrerait pas toutes les mosquées de France comme des repères de terroristes serait un complice des islamistes : sic. On aura compris que, à sa droite, Nicolas Sarkozy reçoit les bordées d’injures de ceux qui ne lui pardonnent ni la mise sur pied du C.F.C.M (Conseil Français du Culte Musulman), ni son idée (sur laquelle il est devenu bien silencieux) de revoir la Loi de 1905 pour aider au financement du culte musulman - et le soustraire ainsi aux dollars « wahhabites » en provenance du Golfe. Fausse bonne idée est-on en droit de penser, mais de là à le caricaturer comme dans cet article ... Pendant ce temps, Jean-Marie Le Pen - qui godille maintenant entre deux eaux : essayer de récupérer des voix musulmanes dans les banlieues en tapant contre les États-Unis et en racolant des antisémites comme Dieudonné ; consolider son fond de commerce xénophobe et raciste en tapant contre les « étrangers », immigrés ou enfants d’immigrés -, vient d’en rajouter une louche contre son concurrent (lire ici). D’après une dépêche Reuters, il a au cours de son meeting à Marseille « multiplié les banderilles à l'encontre du « promoteur de la discrimination positive » et de « l'immigration positive », de celui qui a « institutionnalisé l'Islam de France » et aidé à la « construction des mosquées » en France. »

Et pendant ce temps-là, à gauche, on reprend, en gros, le discours caricature de Laurent Fabius : Sarkozy c’est le candidat « atlantiste » (autre sujet, qui mérite un article à part), « libéral » (idem) et « communautariste » (comprendre : qui veut réorganiser la société sur la base de communautés religieuses). Sur le fond de cette troisième accusation, n’ayant ni ma carte de l’UMP ni le pouvoir de sonder les intentions profondes du candidat, je ne vais pas jouer les avocats. Mais je trouve particulièrement injuste le fait qu’on lui balance à la figure, sans arrêt, cette mise sur pied du C.F.C.M sur laquelle avaient déjà « planché » des Ministres de l’Intérieur de droite (Pasqua) ou de gauche (Chevènement). Que le culte musulman soit doté, comme par exemple le Judaïsme d’une sorte de Consistoire, n’a rien de répréhensible et n’interdit pas aux « laïcs » parmi eux de s’organiser en associations ou en fédération d’associations - car le C.F.C.M ne les force pas plus à devenir pratiquants que le Consistoire ne force tous les Juifs à respecter les commandements de leur religion ! En tout cas, je trouve particulièrement instructif cet extrait d’un article récent de « Libération », où - tout en dénonçant sa « chasse aux voix musulmanes » qui est incontestable - les journalistes ne lui font pas « porter le chapeau » du cafouillage actuel du C.F.C.M ...

Libération, le 26 février 2007
Sarkozy, ou la grande récup’ des voix de l’islam
Christophe Boltanski et Catherine Coroller

« Rivalités et contraintes
En mai 2002, Nicolas Sarkozy arrive au ministère de l'Intérieur sans grande connaissance du dossier. Que faire de l'épineuse consultation sur l'islam initiée par la gauche, en 2000, en vue de l'élection d'une instance représentative du culte musulman. Les grandes associations, Grande Mosquée de Paris (proche de l'Algérie), Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans), Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, proche du Maroc), y sont associées. Sarkozy se donne le temps de la réflexion. Le dossier piétine. Les rivalités entre les tendances de l'islam empêchent tout accord sur le mode d'élection. Mais le climat se dégrade avec une forte augmentation des actes antisémites. La question de la création d'une instance musulmane censée prêcher le calme dans les quartiers apparaît plus urgente. Sarkozy prend le dossier en main. Se dépensant sans compter là où ses prédécesseurs ont délégué à leurs conseillers, allant jusqu'à «séquestrer» les associations musulmanes tout un week-end dans un château appartenant au ministère de l'Intérieur, il les contraint à se mettre d'accord. Les trois principales fédérations se répartissent la direction du futur CFCM. En avril 2003, le tout premier Conseil français du culte musulman est élu.
Peau de banane de Chirac et Villepin
Une semaine plus tard, Sarkozy est l'invité d'honneur de la 20e rencontre annuelle de l'UOIF au Bourget. Soudain, alors qu'il a été accueilli en «ami», le ministre de l'Intérieur durcit le ton. Devant une salle bondée, hommes et femmes séparés, ces dernières pour la plupart voilées, il rappelle l'obligation pour tous les Français, y compris les «musulmanes», de poser tête nue sur la photo figurant sur la carte d'identité. Bronca, sifflets. Fin de la lune de miel ? En réalité, le ministre marche sur des œufs. Ses «amis» politiques de droite lui reprochent d'avoir fait le jeu des «intégristes» ­ l'UOIF ­ en leur ouvrant la porte du CFCM. Par son coup de gueule du Bourget, Sarkozy entend montrer sa fermeté envers les fondamentalistes. Le CFCM fonctionne mal. Les fédérations qui le composent continuent à s'entre-déchirer. Pour qu'il n'implose pas, Sarkozy doit le porter à bout de bras. A intervalles réguliers, il reçoit les frères ennemis musulmans en tête à tête place Beauvau et se bat pied à pied pour les convaincre de ne pas démissionner. Du coup, les dossiers dont le CFCM est censé s'occuper, dont la formation des imams, n'avancent pas.
A partir de 2003, Chirac et Villepin glissent une peau de banane sous le pied de Sarkozy en agitant de nouveau la question du voile. Le président de la République et le Premier ministre veulent une loi interdisant le port du foulard à l'école. Le ministre de l'Intérieur est contre. Le texte sera voté en mars 2004, juste avant le départ de Sarkozy pour le ministère de l'Economie.
A son retour place Beauvau, le 2 juin 2005, Sarkozy retrouve un CFCM toujours divisé. Entre-temps, une forte personnalité en a claqué la porte avec fracas. Dounia Bouzar incarnait un islam féminin et moderne. «Sarkozy me parlait de Boubakeur [recteur de la Mosquée de Paris et président depuis l'origine du CFCM, ndlr] comme de mon chef de troupe. « Ecoutez votre chef de troupe », me disait-il. C'était le Concordat revu par la vieille gestion coloniale, sur le mode : les Arabes parlent aux Arabes.» Aucune réunion ne se déroulait sans la présence d'un représentant du ministère de l'Intérieur. Les consignes étaient données le matin lors d'un petit-déjeuner avec Sarkozy lui-même.
Mais, entre le ministre de l'Intérieur et le CFCM, le désamour va croissant. En mars 2006, Sarkozy clôt une énième brouille entre les organisations musulmanes sur un tonitruant : «Démerdez-vous !» En janvier, lorsqu'il vante à la presse son bilan, il ne fait aucune allusion à l'instance représentative musulmane. Coup de grâce : le 8 février, il prend position pour Charlie Hebdo, contre la Mosquée de Paris et l'UOIF, qui poursuivent le magazine devant les tribunaux pour avoir publié les caricatures de Mahomet. «L'électorat musulman ne compte pas de manière significative dans sa campagne», conclut alors Fouad Alaoui, secrétaire général de l'UOIF. »

Enfin, le candidat UMP a été épinglé par Caroline Fourest sur son blog (en lien permanent ici). Nicolas Sarkozy en flagrant délit d'incompétence à propos d'Al-Qaïda, tel est le titre du « post » que vous trouverez en lien. Ceci à propos d’une interview sur RMC le 26 février (vous en trouverez le podcast sur cet article), où le Ministre de l’Intérieur (qui devrait pourtant être parfaitement au clair sur le sujet) s’est « emmêlé les pinceaux » en ne sachant pas précisément si la mouvance de Ben Laden était sunnite ou chiite ... Bien étrange réponse ! Ignore-t-il que ce Saoudien, issu d’une richissime famille, ne pouvait être issu de la minorité chiite, méprisée dans son pays ? Qu’il a eu comme professeurs des frères musulmans expulsés par Nasser, donc sunnites purs sucre ? Qu’en Afghanistan son organisation avait été protégée par les Talibans, eux-mêmes des Sunnites persécuteurs de leur propre minorité chiite, dans l’Ouest du pays ? Mais enfin - et surtout - que feu Al-Zarkaoui, ex chef d’Al-Qaïda en Irak et grand massacreur de Chiites, a tenu des propos carrément génocidaires à leur égard ? Si Sarkozy pense que l’extrémisme terroriste pouvait se trouver chez l’une comme l’autre des branches de l’islam, alors là il n’y a rien à dire. Mais Al-Qaïda est sunnite, et il n’a pas bien répondu à la question !

Deux dernières notes, à propos du C.F.C.M : d’abord le souvenir de mon interview, très instructive, de Didier Leschi, le Directeur du Bureau des Cultes au Ministère de l’Intérieur en juillet dernier. Et puis à propos de Dounia Bouzar, citée dans l’article de « Libé » et dont j’ai eu le plaisir de faire la connaissance l’année dernière, vous annoncer qu’elle fera partie de mes prochains invités !

J.C

19 mars 2007

Ankara s’éloigne, par Michel Gurfinkiel

Michel Gurfinkiel
Introduction :
Après Besnainou l’optimiste, voici Gurfinkiel le pessimiste ! Dans cet article publié en 2005 dans « Valeurs actuelles », l’hebdomadaire dont il est rédacteur en chef, ce brillant analyste tirait la sonnette d’alarme sur la dérive de l’opinion publique en Turquie : dans ce pays, réputé proche de l’Europe et pro-occidental, « Mein Kampf » est devenu un best-seller, et un ouvrage de fiction à succès imagine l’invasion américaine de la mère patrie !
Merci à Albert Soued d’avoir signalé cet article dans le site richement documenté « nuitdorient.com », et de permettre sa reproduction ici. Même s’il date un peu, ce papier révèle une tendance de fond qui, hélas, inquiète la communauté juive du pays (relire ou lire à ce sujet le reportage en exclusivité de Claudine Barouhiel publié en février 2006 sur le blog). 
J.C

Kavgam, alias Mein Kampf, est en vente partout en Turquie. Dans les boutiques des aéroports. Dans les librairies universitaires. Au supermarché. Dans les musées, à côté des ouvrages consacrés à Topkapi et Sainte-Sophie. Et il se vend bien. Aux exemplaires exposés en devanture ou à côté de la caisse s’ajoutent, au bas des rayons, les piles en attente. Chose curieuse, cette diffusion massive est le fait de plusieurs éditeurs à la fois. Chose plus curieuse encore, l’ouvrage - broché - ne coûte que 5 ou 10 nouvelles livres turques, alors que le prix moyen d’un livre de cette catégorie se situe au-dessus de 20 livres. Selon certaines sources, plus de cinquante mille exemplaires avaient déjà été diffusés début mars. Le cap des cent mille exemplaires serait largement dépassé aujourd’hui. On imagine le scandale qu’une vente aussi "commerciale" de Mein Kampf susciterait dans un pays de l’Union européenne. Mais les Turcs, candidats à l’Union, n’y trouvent rien à redire. Une "mode passagère", affirme-t-on en chœur dans les élites ou dans la société civile. En fait, Mein Kampf semble répondre à une montée générale des sentiments nationalistes - et antiaméricains. Un rapprochement s’impose avec un autre ouvrage, lancé dans les mêmes conditions et rencontrant un succès analogue : Metal Firtina ("Tempête métallique"). Ce récit de politique-fiction est basé sur un scénario très simple : la guerre d’Irak de 2003 transposée en Turquie. Les Américains détruisent le mausolée d’Atatürk à Ankara lors d’une première frappe. Des colonnes blindées envahissent l’Anatolie. Mais les Turcs, d’abord K-O, organisent la résistance ...
Rien ne va plus entre Washington et Ankara : le 1er mars 2003, le Parlement turc votait contre la participation du pays à la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein. Stupéfaction en Amérique, où l’on considérait la Turquie comme le membre le plus fidèle de l’Otan. La Maison-Blanche et le Département d’État, soucieux de "dissiper les malentendus", envoient à Ankara un ambassadeur hors pair en juillet 2003 : Eric Edelman. Ce spécialiste de l’ancien bloc soviétique, de la Russie et de l’Asie centrale est très proche de Bush sur le plan personnel. De plus, il a des attaches avec la Turquie : une partie de sa famille y a vécu dans les années 1920 et 1930. Sa grand-mère maternelle, d’origine russe, s’y était réfugiée après la révolution bolchevique ; sa mère y est née ; un de ses grands-oncles avait été professeur à l’université d’Ankara.Edelman a pour mission de rassurer les Turcs. Et notamment de convaincre Erdogan que Washington n’est pas hostile par principe à ses orientations islamiques. Peine perdue. Demande-t-il un entretien au premier ministre ou au ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül ? On le fait patienter plusieurs semaines, sous prétexte que d’autres diplomates - l’ambassadeur de Suède, celui du Pakistan - se sont inscrits avant lui. Multiplie-t-il ses contacts avec la société civile ? On l’accuse d’"ingérence" dans les affaires intérieures turques. La presse se déchaîne contre lui. Ibrahim Karagul, un éditorialiste du journal Yeni Safak ("Nouvelle Aurore"), proche de l’AKP, l’accuse de se comporter en « gouverneur colonial ». Dans le journal laïc Milliyet ("Nation"), Can Dsündar renchérit : "Eric Edelman est persona non grata ... Si la Turquie est aujourd’hui en tête du peloton des pays qui haïssent l’Amérique, c’est largement à cause de lui." Au bout de dix-huit mois, en janvier dernier, Eric Edelman tire la conclusion logique de cette expérience : il démissionne. Un départ qui a pris effet à la fin du mois de juin. Commentaire officieux des Américains : "De deux choses l’une. Ou bien les dirigeants turcs actuels n’ont pas eu conscience du caractère extrêmement inamical de leur comportement, ce qui est grave en soi. Ou bien ils ont agi délibérément, ce qui est encore plus grave. "
Au début de l’année, Erdogan a demandé à être reçu par Bush à la Maison-Blanche. On l’a fait patienter à son tour, jusqu’au 9 juin. Lors de cette visite, les deux parties sont tombées d’accord pour ne pas étaler leurs dissensions en public. Mais en privé, il en est allé différemment. Bush a demandé des explications sur tout ce qui s’est passé depuis deux ans. Et sur le concept de "profondeur stratégique" mis en avant par l’un des principaux conseillers du gouvernement turc, Ahmet Davutoglu.
J’ai rencontré Davutoglu à Ankara dans le cadre d’un "atelier de travail" entre Turcs, Européens et Américains organisé par une fondation américaine, le Nixon Center. C’est un universitaire courtois et subtil. La "profondeur stratégique" consiste à s’affranchir de l’Occident. Selon Davutoglu, la Turquie a sans doute des liens avec l’Europe et les États-Unis, mais aussi une proximité "naturelle" avec son environnement méditerranéen, les pays de la mer Noire, le Caucase, l’Asie centrale, le Moyen-Orient islamique, et enfin des "potentialités" encore inexploitées dans le reste du monde.Davutoglu recourt parfois à des arguments surprenants. Selon lui, une guerre mondiale se termine par une "conférence de paix", c’est-à-dire un partage des dépouilles au profit exclusif des vainqueurs. En 1918, l’Empire ottoman était l’un des vaincus de la Première Guerre mondiale : il avait été dépecé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie était restée neutre : en 1945, elle ne perdit rien mais ne gagna rien non plus. Pendant la guerre froide - "qui était en fait une troisième guerre mondiale" -, elle a fait partie de l’Otan : mais après la victoire finale des Occidentaux, en 1991, "elle n’a rien obtenu". Elle ne doit donc plus rien à ses anciens alliés.On peut contester cette analyse sur le fond. En est-on encore, en ce début du XXIe siècle, à des logiques mécanistes, où les "vainqueurs" dévorent les "vaincus" ? On peut la contester dans son application : loin d’avoir été ignorée par les Occidentaux après 1991, la Turquie a au contraire "tout obtenu". Sa candidature à l’Union européenne a été entérinée. Les États-Unis l’ont aidée à étendre son influence dans les régions turcophones de l’ex-URSS et à devenir la plaque tournante des oléoducs de la Caspienne. C’est en partie pour lui plaire - et pour protéger des populations musulmanes ex-ottomanes - que l’Europe et l’Amérique ont fait par deux fois la guerre dans les Balkans, en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999. Enfin, les Occidentaux ont fait en sorte que les institutions financières internationales interviennent en sa faveur dans les années 1990, lui épargnant ainsi le sort de l’Argentine. Mais il importe peu que Davutoglu ait tort ou raison. L’important, c’est que ses idées sont au pouvoir. Dans bien des domaines, elles conduisent à des initiatives heureuses. La Turquie d’Erdogan entretient des relations amicales, presque chaleureuses, avec la Grèce de Costas Karamanlis. Elle est disposée à débloquer le dossier chypriote. Elle a engagé un rapprochement avec l’Arménie. Sur l’essentiel, cependant, le doute n’est pas permis : la Turquie revendique son identité propre, ce qui est son droit le plus strict, et s’éloigne, "avec le sourire" - "güle, güle" -, de l’ensemble du monde euro-américain.
L’AKP n’est pas monolithique.Ces choix ne font-ils que refléter l’arrière-plan islamique de l’AKP ? Ce n’est pas sûr. L’AKP n’est pas un parti monolithique. Son noyau - le groupe auxquels appartiennent Erdogan ou Gül - est issu de l’ancien parti islamiste Refah (parti de la Prospérité), qui fut brièvement au pouvoir à la fin des années 1990. Une formation proche de l’intégrisme, anti-américaine, anti-européenne et passablement antisémite. Mais l’échec de cette expérience a amené Erdogan et Gül à lancer une formation plus ouverte.À ce noyau ex-islamiste se sont adjoints des hommes politiques conservateurs de toutes tendances, à commencer par d’anciens membres des partis Anavatan et DYP, au pouvoir dans les années 1990. Ce milieu est de sensibilité musulmane, mais pro-occidentale. L’un de ses porte-parole les plus éloquents est Turhan Cömez, un jeune député de Balikesir.En outre, les milieux qui se réclament du laïcisme de Mustafa Kemal Atatürk (les "kémalistes") ne sont pas toujours aussi pro-occidentaux qu’on aurait pu le croire. Une partie de ces milieux le sont, bien entendu : qu’il s’agisse de diplomates chevronnés, comme l’ancien ministre des Affaires étrangères Emre Gönensay, des fondateurs de la Tüsiad (le Medef turc) ou de militants libéraux comme Kemal Köprülü, le fondateur de la revue Turkish Policy Quarterly (www.turkishpolicy.com).
Complots, scénarios et hypothèses. D’autres ont opéré un virage à 180 degrés. Le principal parti laïc d’opposition, le CHP de Deniz Baykal, milite contre les "capitulations" d’Erdogan devant l’Union européenne sur les questions arménienne, chypriote et kurde. La droite nationaliste et une partie de l’armée voient dans la consolidation d’un "pouvoir kurde" dans l’Irak post-baasiste un "complot" américain contre la Turquie, menant à terme à la création d’un Grand Kurdistan indépendant.Trois hypothèses ont cours à ce sujet à Ankara et chez les quelques experts occidentaux qui savent déchiffrer la culture politique turque. Selon la première, l’anti-occidentalisme actuel de l’aile dure kémaliste serait purement conjoncturel : il s’agirait de mettre Erdogan et l’AKP en porte-à-faux avec leur propre électorat. Puis de favoriser une scission au sein de l’AKP.Selon une seconde hypothèse, on assisterait à une fusion progressive entre l’ancien establishment kémaliste et les nouvelles classes dirigeantes AKP. Un peu comme les classes dirigeantes françaises du XIXe siècle - de la noblesse légitimiste aux élites républicaines en passant par les notables d’Empire - ont fini par se regrouper au XXe. L’anti-occidentalisme servirait de ciment à cette nouvelle alliance.Troisième hypothèse : les ultras du kémalisme voudraient éliminer Erdogan avant que celui-ci ne les élimine. Selon ce scénario, Erdogan s’apprêterait à dissoudre le Parlement à l’automne prochain, après le début officiel des négociations Bruxelles-Ankara sur l’adhésion de la Turquie à l’UE. Et tout indique que l’AKP bénéficierait alors d’un raz de marée en sa faveur. Pourvu d’une "Chambre introuvable", Erdogan ferait élire un président de la République islamiste et abolirait ou réformerait les institutions clés de la laïcité, comme le Conseil national de sécurité (MGK). Comment bloquer ce processus ? Un coup d’État à l’ancienne n’est plus possible. Resterait cependant la carte de l’état d’urgence, pour faire face à "de graves menaces contre la sécurité nationale". Par exemple une recrudescence du terrorisme kurde à partir d’un Irak protégé par les Américains ... La campagne contre l’ambassadeur Edelman ou la diffusion de livres tels que Mein Kampf et Metal Firtina serviraient à conditionner l’opinion dans ce sens.

Michel Gurfinkiel« Valeurs actuelles », 1er juillet 2005

18 mars 2007

L'Iran, la bombe et la démission des nations : Thérèse Delpech sera mon invitée le 25 mars

C’est une émission assez exceptionnelle que je vous proposerai dimanche prochain, en raison de la qualité de mon invitée, puisque je recevrai Mme Thérèse Delpech. Thérèse Delpech est chercheur au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (lire sa présentation sur le site du C.E.R.I), et elle est également Directeur des Affaires Stratégiques au Commissariat à l’Energie Atomique depuis 1997. Nous allons parler de son ouvrage « L’Iran, la bombe et la démission des nations », (Editions « Autrement », prix : 15 E). C’est un livre extrêmement concentré puisqu’il tient en à peu près 130 pages, mais qui donne les informations les plus complètes et les plus à jour, en tout cas à la date de sa publication c'est-à-dire en avril dernier, sur ce sujet absolument angoissant de la course de l’Iran vers l’arme nucléaire.

Je serai particulièrement heureux de recevoir Thérèse Delpech sur le plateau de Judaïques FM: d’abord parce qu’elle fait partie des meilleurs experts sur le sujet ; elle participe à un très grand nombre d’instances internationales, comme l’A.I.E.A (Agence Internationale de l’Energie Atomique), l’Institut International d’Etudes Stratégiques de Londres, des commissions des Nations Unies, et on le voit bien en suivant sur son livre les réunions de ces instances. Et puis, aussi, je serai heureux de la recevoir parce qu’elle n’est pas uniquement un expert froid de ces questions. Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, agrégée de Philosophie, elle a obtenu en 2005 le prix Fémina de l’essai pour un autre livre,"L’ensauvagement" (Éditions Grasset) où elle a aussi parlé de la montée des risques de guerre dans le monde entier : nous évoquerons aussi l’enjeu éthique du nucléaire iranien, et de la « démission des nations » pour reprendre son titre, avec les menaces de destruction de l’état d’Israël. 

A noter que, contrairement à une majorité d’experts qui se disputent les tribunes des journaux pour expliquer que, face à l’Iran, il est urgent de ne rien faire - et qui prennent un malin plaisir à démontrer qu’aucune sanction ne saurait être efficace -, mon invitée s’est courageusement engagée : elle est signataire de la pétition "appel aux dirigeants européens pour la fermeté face à l'Iran", dont nous avons souvent parlé sur le blog (cliquer sur le libellé en fin d'article).

J.C

17 mars 2007

Fayce, « le je de la paix »

Un livre, d’abord, et un jeu de mot en guise de titre. G. Fayçal (qui avait pris le nom de « Fayce », plus passe partout), est un jeune Marocain dont l’histoire n’est pas banale : venu à l’âge de 18 ans en Israël, à la fin des années 90 et au moment où les deux pays avaient noué des quasi relations diplomatiques à la faveur des accords d’Oslo, il avait décidé de mieux connaître « l’ennemi » en venant y vivre. Etudiant en informatique, puis ayant trouvé en emploi dans une entreprise du « High Tech », il s’est même fiancé à une jeune israélienne.

Son expérience, il l’a racontée dans un livre autobiographique « Fayce, le je de la Paix », préfacé par Shimon Peres et publié aux Editions Ram, collection témoignage (voir présentation en lien). Il compte sur ce livre pour être autorisé à rester dans le pays, car son visa arrive à expiration. On peut vraiment s’interroger sur le racisme (il n’y a pas d’autre mot) de certains fonctionnaires israéliens qui voudraient voir expulser cet Arabe tellement ouvert, et dont le témoignage sur la vie réelle à Tel Aviv pourrait fortement aider à « dédiaboliser » leur pays !

Car il faut, aussi, voir et entendre Fayce : merci à Infolivetv (en lien permanent sur le blog) qui a réalisé hier 16 mars une interview que vous pouvez visionner en cliquant ici !

Là-dessus, la trajectoire du jeune Marocain musulman venu vivre dans l’état juif a fait beaucoup de bruit dans son pays natal ... Le site Meknesjeunes.info a ainsi publié le 10 mars un article très complet sur les relations, ouvertes ou fantasmées, qui existent entre les deux pays : le jeune G. Fayçal ne serait pas le seul musulman marocain à vivre en Israël aujourd’hui ! A noter, enfin, que ce sujet des relations secrètes israélo-marocaines avait fait l’objet d’une émission de la série « Rencontre », avec l’historien Ygal Bin-Nun (lire ici).

J.C

16 mars 2007

Des derviches prêts à tourner !

Derviches tourneurs,
photographie de J. Pascal Sebah et Joaillier, vers 1870
(collection de la Bibliothèque Nationale de France)

J’aime beaucoup cette photo au ton sépia ... c’est vrai que les derviches au fez majestueux n’ont pas encore pris leur envol, on dirait qu’ils attendent la musique stridente du flûtiste. Le petit garçon à gauche semble en pleine méditation, celui du milieu regarde religieusement (c’est le cas de le dire) l’aîné à moustaches sur sa gauche. Le tout, sous le contrôle du barbu agenouillé qui va commencer sa récitation.

Au-delà du folklore, l’encyclopédie en ligne Wikipédia nous donne une première ébauche d’explication : « Les Derviches tourneurs ou Mevlevi sont une confrérie musulmane masculine soufie des Mawlawiyya fondée à Konya au XIIIe siècle par Jalal al-Din Rumi. Ils sont connus pour les célèbres danses appelées Sema. Ils forment d'énormes toupies, tournant d'abord lentement puis très rapidement, jusqu'à une forme de transe, déployant leurs bras, la paume de la main droite dirigée vers le ciel pour recueillir la grâce d'Allah, celle de la main gauche dirigée vers la terre pour l'y répandre. L'origine de cette manifestation reste mystérieuse. »

Besoin d’explications complémentaires ? Et si on essayait, enfin, de mieux comprendre le vocabulaire de la très riche civilisation ottomane ? Que signifient Alevis ? Vizir ? Divan ? Han ? Et quels sont les divers termes associés à la religion musulmane, et quelles sont ses différentes branches ? Je vous recommande
de visiter cette page Web
, rédigée par un Professeur d’Histoire Géographie, Philippe Kerourio. Et vous y trouverez aussi de splendides illustrations !


J.C

15 mars 2007

Un général iranien et deux emblèmes


Merci à nouveau à l’excellent site « iran-resist », en lien permanent sur le blog et qui est souvent cité ici, pour avoir mis côte à côte les deux emblèmes, celui du Hezbollah libanais et celui des Pasdaran iraniens. Difficile de ne pas être frappé par l’analogie du graphisme ! Petite explication, d’abord, pour ceux des lecteurs qui auraient besoin d’une séance « d’explication d’images »

- On est d’abord frappé par le même sigle guerrier, la "Kalachnikov" tenant lieu de programme - ce qui ne choque guère les responsables politiques européens, dont les partis affichent soit une rose au poing, soit un olivier ou autre sigle bucolique. Ainsi par exemple, le député UMP Claude Goasguen a toutes les peines du monde pour faire signer par ses collègues une pétition dénonçant le caractère terroriste du Hezbollah, alors que ce dernier a déjà eu droit à ce qualificatif au Royaume Uni, aux USA bien sûr mais aussi de la part du Canada et du Parlement européen. Violence donc, mais au nom de la religion : comme le révèle l'article "Hezbollah" sur l'encyclopédie en ligne Wikipedia, le fusil mitrailleur est surmonté d'une citation en arabe tirée du Coran : "car ceux qui suivent le parti de Dieu seront victorieux". "Parti de Dieu", c'est bien la traduction littérale de "Hezbollah" !

- Puisque cette politique étrangère française a subi tout le poids personnel de Jacques Chirac, merci cette fois à J.C. Durbant dont le blog est également en lien permanent, pour cette publication d’un extrait de son interview au journal « Le Monde » le 28 juillet dernier, en pleine guerre du Liban :  
« Q. Vous paraît-il toujours inopportun de qualifier le Hezbollah d’organisation terroriste ? 
R : ce n’est pas au moment où l’on veut essayer d’avoir un retour du Hezbollah, si c’est possible, au sein de la communauté libanaise et sa transformation en un parti politique qu’il faut soulever des questions de cette nature. »

- Mais revenons aux emblèmes, tellement sympathiques, de ces « mouvements politiques » islamiques. Au-delà de la violence incarnée par l’arme, le poing tendu incarne tout à fait une rhétorique révolutionnaire : justement, celle des « Gardiens de la Révolution » (en iranien : "Pasdaran"), dont on trouvera un historique et un descriptif sur l'encyclopédie Wikipedia en lien. Une véritable "armée dans l’armée" de 130.000 hommes, ce qui va bien au-delà d’un de ces "groupe de guérillas" qui plaisent tant ici à nos partis d’extrême gauche. Vous y découvrirez aussi (pour les Internautes naïfs qui suivraient l’actualité d’après le 20 heures du J.T ou en lisant les communiqués de l’AFP), un secret de polichinelle, celui de l’implantation militaire des Pasdarans au Liban. Mais au-delà de la force, brutale, l’emblème du Hezbollah comme celui des Pasdaran reproduit un morceau de globe terrestre, qui est lourd de sens : il ne s’agit pas de défendre l’Iran, ou le Liban, ou un territoire X ; le but est d’exporter la "révolution islamique" partout dans le monde, considéré comme un immense "champ de bataille" ; par exemple en Argentine, avec le méga attentat antisémite de Buenos-Aires en 1994 qui fit 85 morts et 300 blessés et pour lequel la justice argentine a lancé un mandat d’arrêt international contre l’ex-président iranien Rafsandjani (lire sur le site "iran-resist").

- L’analogie entre les deux emblèmes n’est donc évidemment pas le fruit du hasard, et le Hezbollah (quels que soient par ailleurs les rivalités internes ou le jeu - plus ou moins autonome - de la Syrie vis-à-vis de l’Iran) a été conçu, dès le départ, comme la succursale libanaise de la République Islamique d’Iran.

- Or j’ai trouvé notre illustration sur cet article du site iran-resist, où il était question du passage à l’Ouest du général iranien Ali Reza Asghari. Plusieurs quotidiens, du "Figaro" au journal "Le Monde" ont parlé ces derniers jours du coup très dur subi par la République Islamique car cet officier aurait été, depuis une vingtaine d’années, une courroie de transmission entre la "filiale" Hezbollah, et la "maison mère" des Pasdaran : quelqu’un qui en sait beaucoup, aussi, sur les réseaux terroristes des Mollahs au Moyen-Orient, des réseaux "dormants" qui pourront se réveiller partout en cas d’intervention américaine contre les installations nucléaires iraniennes !

J.C

14 mars 2007

Tristan Mendes-France à la recherche du génocide arménien en Turquie

Merci à mon ami Alain (« A frenchie in the holyland », en lien permanent) pour m’avoir signalé ce très intéressant reportage.

Je vous avais présenté il y a quelques mois le blog de Tristan Mendes-France, très intéressant pour sa richesse et son originalité, lorsque j’ai ajouté de nouveaux liens permanents. « TMF » a développé un blog spécifique nommé « blogtrooters.fr », qui est un vrai journal sur la toile, avec enregistrements audio ou vidéo. Cette semaine, nous pouvons vivre un reportage « en live » en Turquie, sur le sujet tabou du génocide arménien, un sujet rendu encore plus douloureux après l’assassinat, au mois de janvier à Istanbul, du journaliste d’origine arménienne Hrant Dink (voir en archive mon article du 31 janvier).

Voici donc le lien pour visiter d’urgence ce blog ... une visite bien dans la note du « mois de la Turquie » proposé depuis début mars !

J.C

Pourquoi je ne suis pas un auditeur de l'émission "Rencontre"


Le sourire du mois
- mars 2007

15 bonnes (et moins bonnes) raisons de ne pas suivre notre émission :
  1. Je ne suis pas Rencontre parce que le dimanche matin je fais toujours la grasse matinée. 
    Réponse : vous avez bien de la chance, surtout continuez !
  2. Je ne suis pas Rencontre parce que le samedi soir je sors avec des amis, donc je ne suis jamais réveillé avant 11 heures. 
    Réponse : voir 1.
  3. Je ne suis pas Rencontre parce que le dimanche matin à cette heure là, je suis en voiture. 
    Réponse : branchez votre autoradio sur le 94.8 FM
  4. Je ne suis pas Rencontre parce que je n’habite ni à Paris, ni en banlieue. 
    Réponse : si vous pouvez me lire vous avez Internet, donc branchez vous sur le site de la radio.
  5. Je ne suis pas Rencontre parce qu’à la même heure à la télé il y a les émissions du Rabbin Eisenberg. 
    Réponse : vous pouvez les enregistrer sur votre magnétoscope et nous écouter, ou m’enregistrer et faire l’inverse.
  6. Je ne suis pas Rencontre parce qu’à la même heure sur France Culture il y a l’émission « Ecoute Israël » de Victor Malka . 
    Réponse : idem 2, remplacer magnétoscope par radio K7 si vous en avez encore un.
  7. Je ne suis pas Rencontre, parce que j’ai écouté une fois et je croyais que c’était une émission d’annonces matrimoniales, vous m’avez déçu. 
    Réponse : vous avez bien raison, écoutez le dimanche après midi sur « Radio Shalom » l’émission de rencontres d'Yves Toledano, là vous ne serez pas déçu.
  8. Je ne suis pas Rencontre parce que vous invitez trop d’Arabes. 
    Réponse : je ne peux rien pour vous si vous êtes raciste.
  9. Je ne suis pas Rencontre parce que vous êtes une radio juive. 
    Réponse : je ne peux rien pour vous si vous êtes antisémite.
  10. Je ne suis pas Rencontre parce que vous êtes hostile à Israël . 
    Réponse : vous avez des troubles d’audition, vous devriez aller consulter un spécialiste.
  11. Je ne suis pas Rencontre parce que vous êtes hostiles aux Musulmans. 
    Réponse : voir 10.
  12. Je ne suis pas Rencontre parce que l’on parle trop de l’islam partout. 
    Réponse : oui, mais dans notre série on essaie de poser d’autres questions et de dire d’autres choses que ce que l’on entend ailleurs.
  13. Je ne suis pas Rencontre parce que vous êtes trop pessimistes
    Réponse : un pessismiste est un optimiste qui réfléchit.
  14. Je ne suis pas Rencontre parce que vous êtes trop optimistes. 
    Réponse : un optimiste est un pessimiste qui a compris que le pessimisme ne mène à rien.
  15. Je ne suis pas Rencontre parce que dans le fond Jean Corcos m’énerve. 
    Réponse : vous aussi ? Ouf, je ne suis pas seul à me supporter !
Plus sérieusement, et à propos de notre émission, on pourra se reporter aux articles :
- de présentation, cliquer ici
- sur notre jingle, cliquer ici
- sur des rencontres avec nos auditeurs, cliquer ici

Et puis on pourra aussi lire (ou relire ) les articles :

J.C

13 mars 2007

Döner kebap, ou le triomphe du fast food venu de Turquie

Marchand de döner kebap (ou chawarma)
en plein travail !
Bon appétit !

Publier sur le blog un « mois de la Turquie », et oublier les plaisirs de la table aurait été bien impardonnable ... D’autant plus que, surtout connues par les gargotes qui ont fleuri à chaque coin de rue ou presque, les variations autour des grillades (« kebap », appelés dans nos pays kebab) sont maintenant parfaitement populaires auprès des citadins, jeunes surtout. Je remarquais d’ailleurs, il y a quelques semaines, que question choc des cultures les Européens avaient plus connu « l’invasion » des cuisines exotiques, que les Orientaux celle des Mac Donald (lire ici).

Deux liens pour en savoir plus avant de courir dévorer à belles dents un de ces sandwichs (dans un pain pita ou analogue, pour le respect de l’authenticité), rempli à en déborder de lamelles de viande fraîchement découpée, et garni de salade assaisonnée - avec en plus des frites bien huileuses, pour les estomacs solides ...

D’abord un article très sérieux de l'encyclopédie Wikipedia qui vous apprendra (ou vous rappellera) quelques données de base : la cuisson verticale, dans un four à gaz ; la nature souvent mal définie de la viande, qui peut être aussi bien du veau, de l’agneau ou de la dinde - ou un mélange ; le fait que plusieurs termes désignent la même chose (mais l’enseigne du « fast food » vous renseignera sur l’origine du propriétaire : le chawarma arabe (ou le « gyros » grec, littéralement « rotatif ») n’est que la transposition du döner kebap (question droits d’auteur, je serait porté à voir en l’Empire Ottoman la matrice de toute la gastronomie méditerranéenne ; idem pour les boulettes de viande hachée ou « kefté », les loukoums ou les « bereuks » devenues « briks » en Afrique du Nord) ; la déclinaison, enfin, de très nombreuses variétés du kebap ou kebab à travers l’Orient.

Enfin, pour les amateurs de cuisine turque mais plus spécifiquement en France, j'ai relevé un excellent reportage publié dans le journal « Le Monde » et intitulé "le kebap, rival du hamburger" (hélas plus disponible en lecture libre) . On y apprend que question surveillance, ces sandwicheries font l’objet de milliers de contrôles - et que parfois les résultats ne sont pas brillants. Plus inquiétant, une dépêche A.F.P publiée le 1er mars dans le gratuit "métro" révélait que plus de 60 % des "restaurants orientaux" auraient une "hygiène non conforme" ! Mais, heureusement, l'article en lien donne aussi de bonnes adresses.

J.C