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14 décembre 2007

« Kadhafi à Paris, dur, dur pour Sarkozy » par André Nahum

Nicolas Sarkozy et Mouammar el Kadhafi
sur le perron de l'Elysée, le 10 décembre 2007
(crédit photo Feferberg /AFP)

Bonjour.

Il y a 60 ans la Libye ex-colonie italienne, immense désert peu peuplé, qui ne brillait certainement pas par son degré de développement, n'était connue que comme le champ de bataille où les Anglais du général Montgomery infligèrent à El Alamein une cinglante défaite à "l'Afrika Korps" du Maréchal Rommel.
Aujourd'hui, son guide suprême, le colonel Mouammar El Kadhafi fort des immenses réserves de pétrole que recèle son sous-sol se permet de narguer et de ridiculiser les nations occidentales. Fier comme Artaban, drapé dans son éternel burnous de laine marron et coiffé de sa chéchia noire, l'ex protecteur des terroristes, le pécheur repenti, l'enfant prodigue de retour dans le concert des pays respectables, l'homme qui déclare sans rire que ses compatriotes n'ont pas besoin d'élections puisqu'ils se gouvernent eux-mêmes, foule avec délectation le long tapis rouge que notre démocratie bon enfant déroule sous ses babouches, et exige de recevoir ses hôtes et boire son lait de chamelle sous la tente (blindée parait-il) qu'il a fait dresser dans les jardins de Marigny, inaugurant ainsi un style de diplomatie auquel nous n'étions pas habitués.
Dites moi, si demain on invitait à Paris le président des Inuites du pôle nord, faudra-t-il lui amener son igloo personnel et quelques pingouins pour lui restituer l'ambiance de son pays ?
Mais peut-on reprocher à monsieur Kadhafi de tourner ainsi en bourrique nos dirigeants et traiter pratiquement de menteur notre président, puisque ça marche ?
Le chèque de dix milliards d'euros qu'il agite , sous les yeux de notre gouvernement avant même de l'avoir signé, fait oublier à la fois, l'explosion en vol de l'avion d'UTA, le calvaire qu'il fit endurer aux malheureuses infirmières bulgares et ses toutes dernières déclarations justifiant le terrorisme des pays pauvres.
Faut-il vraiment que nos finances soient dans un tel état que nous soyons obligés de caresser dans le sens du poil un tel personnage, pour vendre nos avions, nos missiles et nos corvettes.
Triste période ... On comprend, on admire même la réaction passionnée de la jeune Rama Yade, Secrétaire d’État aux droits de l'homme, qui dans son inexpérience ne savait peut-être pas qu'en politique la raison a des raisons que le cœur ne connaît pas ...
Le président lui a-t-il rappelé avec les ménagements d'usage, que selon la formule célèbre de Jean-Pierre Chevènement " un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne"? Lui a-t-il fait comprendre que lorsqu'on se bat désespérément pour gagner un demi point de croissance, il faut savoir avaler certaines couleuvres, comme par exemple ces propos anti juifs du ministre algérien des anciens combattants ? Ou l'a-t-il au contraire discrètement félicitée pour avoir si bien joué le rôle qui lui a été assigné ?
Allez savoir !

Dur pour Nicolas Sarkozy, de manager un hôte si encombrant, de slalomer entre son authentique volonté de respecter et faire respecter les droits de l'homme et les nécessités de la "real politique" économique, comme entre sa réelle amitié pour Israël et la politique arabe traditionnelle de notre pays.

Le colonel Mouammar El Kadhafi est l'hôte de la France jusqu'à Samedi prochain.
Dur, dur !

André Nahum
Judaïques FM, 12 décembre 2007