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08 août 2006

Quand Kiriat Shmona rime avec Katiouchas

Enfants à Kiriat Shmona, photo prise en avril 1977

C'était il y a longtemps, presque 30 ans déjà. Un de mes multiples voyages en Israël, celui-là avec un groupe de solidarité organisé par le Centre Communautaire de Paris. Nous avions fait un tour du pays, ce mouchoir de poche dont nos compatriotes n'ont aucune idée des dimensions. En même pas deux heures, on peut quitter Tel Aviv pour arriver au Liban : 90 kilomètres seulement pour atteindre Haïfa, ville morte depuis les bombardements meurtriers du Hezbollah, on croit rêver quand on pense que cela ne représente même pas la distance entre Paris et Orléans - et quand on sait que de Netanya (au bord de la mer) au "mur" avec la Cisjordanie, cette barrière de sécurité honnie par les "belles âmes" européennes, il y a tout juste la largeur de Paris !

Nous avions donc été sur la frontière libanaise, à Kiriat Shmona, petite bourgade du "doigt de la Galilée" coincée entre le plateau du Golan et les Monts de Nephtali. Une collection de cubes de béton gris, encerclée par des montagnes boisées ; avec la frontière juste au dessus ... Regardez la photo, elle parle d'elle même ! Inutile de faire un dessin, les habitants sont coincés dans une nasse, et on imagine les ravages qu'ont fait les "Katiouchas", ces roquettes de conception russe fabriquées par la Syrie et fournies par milliers au Hezbollah. Les reporters de la metula news agency donnent un compte-rendu impressionnant des dégâts, selon un autre témoignage écouté hier sur Radio J, des centaines de blocs d'habitation ont été endommagés, il y a eu des tués et des centaines de blessés ... Kiriat Shmona est aujourd'hui une ville morte, désertée par 70 % de sa population, seuls sont restés, terrés comme des rats dans les abris, les plus pauvres, ceux qui n'ont ni famille ni amis ailleurs pour être logés. On apprend aujourd'hui que plusieurs centaines d'habitants seront évacués. Et ce sont au total un million de personnes du Nord d'Israël qui vivent ainsi ou ont du fuir leurs maisons, des personnes déplacées qui n'ont guère fait l'objet de reportages à la télévision !

Je pense et repense donc aux enfants de cette vieille photo, devenus des adultes aujourd'hui ... Vivent-ils encore là-bas, font-ils partie des victimes de cette guerre affreuse ? C'est vrai que les tués civils des bombardements au Liban ont été dix fois plus nombreux, mais les journalistes oublient d'en préciser les raisons : le Hezbollah a conçu sa "défense du territoire" uniquement sur un mode offensif, accumulant un arsenal de mort et ne construisant aucun abri pour la population civile ; population utilisée au contraire comme "bouclier humain", les miliciens chiites n'ayant aucun scrupule à tirer leurs roquettes à partir de terrasses ou de cours d'immeubles ! Et puis - et heureusement pour Israël -, ces Katiouchas ("les orgues de Staline" du dernier conflit mondial) sont très imprécises ; la plupart sont tombées dans des champs, causant ainsi de gros dégâts à la luxuriante nature de la Galilée. Dix fois plus de victimes donc au Liban, pays pauvre et où les transports ont été paralysés par la destruction des routes (l'armée de l'air israélienne cherchant à tout prix à désorganiser la logistique du Hezbollah) : ceci explique pourquoi les ONG médicales n'interviennent que là bas, et pourquoi Israël organise lui-même ses secours aux populations sinistrées. Ce n'est pas une raison, non plus, pour faire comme si aucune souffrance n'existait dans ce pays, "oublié" par exemple par la Ville de Paris dans son appel à la solidarité ... Le CRIF vient d'écrire au Maire Bertrand Delanoë un petit message de protestation, publié sur son site.

La Diaspora s'organise donc, dans un climat détestable où Israël est à nouveau désigné comme le "vilain" par la plupart des médias. Les initiatives sont nombreuses pour apporter un minimum d'aide matérielle aux populations sinistrées. Je profite donc du blog pour relayer un appel à collectes qui m'a été transmis par mon amie du CRIF Claudine Barouhiel (dont vous avez pu lire un article il y a quelques mois). Il s'agit de "L'Opération Urgence Nord d'Israël", cliquez sur le lien pour avoir toutes les informations !

Jean Corcos