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02 novembre 2007

« L’intégrisme, l’islam et nous » (3/3), une conférence de Dounia Bouzar

Introduction :
Et voici la conclusion de cette brillante conférence, dont vous avez pu lire hier et avant-hier la reproduction de très larges extraits !
Oui, l'intégrisme musulman (terme préféré par Dounia Bouzar à celui "d'islamisme" ou "d'islam politique", mais je lui demanderai pourquoi probablement à l'occasion d'une prochaine interview) s'apparente bien au fascisme, il présente en tout cas de troublantes analogies. En cela, l'anthropologue se rapproche des conclusions de Latifa Ben Mansour dont le livre remarquable "Frères musulmans, frères féroces" avait donné lieu à une émission mémorable ... en cliquant sur son nom en libellé ci-dessous, vous pourrez lire un extrait de cette interview déjà ancienne (2002). 
J.C

Comme le fascisme, l’intégrisme construit des nouvelles frontières symboliques qui montent les hommes les uns contre les autres.
Comme le fascisme, il érige des séparations infranchissables entre toi et moi, entre croyants de même religions, entre croyants de religions différentes, entre croyants et non croyants, entre hommes et femmes ...

Comme le fascisme, l’intégrisme redéfinit les frontières entre la sphère privée et la sphère publique, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de la première.
L’adepte ne doit plus avoir de droits en dehors des intérêts du groupe.
L’adepte ne doit plus avoir de temps personnel.
L’adepte ne doit plus avoir d’espace privé.
Le public envahit le privé, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de l’individu.

Pour affaiblir l’intégrisme, nous devons lui ôter sa justification religieuse.
Définissons les critères qui le distinguent de l’islam, afin de le prendre pour ce qu’il est : un vulgaire terrorisme à éradiquer sans état d’âme.
Pourquoi les prêcheurs de haine ne sont-ils pas punis plus lourdement ?
Lorsqu’on se rappelle que l'imam de Vénissieux a été relaxé alors qu’il prêchait la violence sur les femmes !
Quel était l’argument du juge (1) ?
« M. Bouziane s'est limité à expliquer ce que dit sa religion ... »
Non, Monsieur le juge !
Non, l'islam est comme toutes les religions : il ne « parle » pas, ce sont les hommes qui le font parler !
Non, Monsieur le juge, juger cet imam intégriste, ce n'était pas juger l'islam !
Condamner cet imam intégriste, c’était respecter l’islam !
Etre choqué par des femmes enfermées toutes en noir,
1, c’est signe de bonne santé mentale,
2, c’est encore respecter l’islam !
Tolérer ces discours, ça revient à sacraliser des paroles humaines, au lieu de les juger pour ce qu’elles sont : une inadmissible incitation à la haine.

Et je finis par la phrase que je préfère : les religions sont avant tout ce que les hommes en font. Vu ce que certains hommes ont en fait, voyons ce que aujourd’hui, les femmes peuvent en faire ...
Dounia Bouzar
(1) « Le Monde » du 23 juin 2005