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16 septembre 2007

Hommage à Varian Fry, un « juste » américain

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Introduction : 
J’ai déjà parlé ici à plusieurs reprises de mon ami Karim Hervé Benkamla (cliquer sur son nom en libellé en fin d’article). Franco-algérien, musulman par son père, il s’est investi avec beaucoup d’énergie et de sincérité dans les quelques « passerelles » construites, contre vents et marées, pour maintenir des espaces de dialogue, qu’il s’agisse du collectif « Deux Peuples - Deux États » (voir en lien permanent) ou dans « L’Amitié Judéo-Musulmane de France ».
Il vient de prendre une excellente initiative en soutenant une exposition en hommage à Varian Fry, un « juste » américain méconnu, exposition qui a reçu le soutien mérité du CRIF et de la « Fondation pour la Mémoire de la Shoah ». Lui-même collectionneur, il a prêté des œuvres d’artistes exposés (Delanglade, Springer), artistes eux-mêmes sauvés par ce « juste » ; et il a participé au comité scientifique de l’expo.

J.C

Varian Fry, dont l’exposition hommage célèbrera le centenaire, est né en 1907. Ayant découvert l’abjection antisémite des nazis à l’occasion d’un voyage en Allemagne en 1935, il avait collaboré dans les années trente à New York à de petites revues politiques, fréquentant les milieux libéraux anti-isolationnistes et se faisant des amis parmi les exilés antinazis. Diplômé de Harvard, il était par ailleurs un passionné d’art contemporain. Au moment où, en juin 1940, la défaite de la France et l’Occupation allemande laissent des milliers de réfugiés totalement à la merci des nazis, ce jeune américain idéaliste de 33 ans débarque à Marseille. La ville, devenue le carrefour de tous les exilés, anti-fascistes, juifs ou non-juifs, est alors le seul point de passage entre la France de Vichy et le monde libre. Varian Fry est mandaté par « l’Emergency Rescue Comitee », comité créé en juin à New York par des intellectuels libéraux et des allemands antifascistes, dans le but de sauver des personnalités de premier plan. Muni au départ d’une liste de 200 noms, il découvre sur place une autre réalité avec, pour le citer dans ses Mémoires, « Non pas l'horreur d'une mort brutale sur les champs de bataille, mais l'horreur lente et invisible, qui n'en est pas moins abominable. L'horreur que vécurent des hommes, des femmes et des enfants enfermés dans des camps d'internement. L'horreur de la chasse à l'homme par la Gestapo (...) C'est une histoire de truands, de contrebandiers et d'espionnage. De bassesse et d'héroïsme, de trahison et de dévouement ...»

Aidé par un réseau clandestin de militants français, dont beaucoup allaient ensuite s’engager dans la Résistance, il va réussir à faire passer aux États-Unis au cours des années 1940 et 1941 près de 2000 personnes, en majorité des artistes de renom, Juifs et non Juifs arrachés aux griffes des nazis et de leurs collaborateurs : citons ainsi les peintres et sculpteurs Marc Chagall, Marcel Duchamp, Max Ernst, Jacques Lipchitz, Chaim Lipnitski, André Masson ; les écrivains Hannah Arendt, Georg Bernhard, André Breton, Heinrich Ehrmann, Lion Feuchtwanger ; mais aussi des auteurs de théâtre, des musiciens, des éditeurs, des journalistes ... Il le fit avec un culot exceptionnel, alors même que le Consulat des États-Unis à Marseille et les Associations de Bienfaisance américaines tolérées dans la France de Vichy voyaient son action d’un très mauvais œil. Il finit d’ailleurs par être expulsé, et eut la grande peine, de retour dans son pays, de constater le peu d’échos reçu à son témoignage.

Varian Fry fut le seul américain a recevoir la « Médaille des Justes » du Yad Vashem.

Exposition à la Halle Saint Pierre, du 17 septembre 2007 au 9 mars 2008
2, rue Ronsard - 75018 Paris
Tel : 01 42 58 72 89 info@hallesaintpierre.org