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11 novembre 2007

Gérard Akoun sur Judaïques FM : croire en Annapolis, malgré les extrémistes

Introduction :
La conférence de paix d'Annapolis - dont on ne connait en vérité que le lieu, ni date ni liste précise de participants n'étant encore définies - provoque déjà de furieux débats en Israël, certains partis politiques menaçant de quitter le gouvernement. Côté palestinien, la rupture - quasi-physique - existe déjà entre le "Hamastan" dans la bande de Gaza et le gouvernement Fatah administrant la rive gauche du Jourdain. La semaine dernière était marquée par le douzième anniversaire de l'assassinat d'Itzhak Rabin par un fanatique, Ygal Amir, dont la libération est maintenant bruyamment réclamée par l'extrême-droite ... Dans son billet de jeudi dernier, Gérard Akoun rappelle donc, fort à propos, qu'il y a des extrémistes de chaque côté ; et qu'il ne faut pas - pour le moment - déjà désespérer d'Annapolis !
J.C

Lors de sa dernière tournée au Moyen-Orient, Mme Condoleeza Rice a déclaré « si nous n'agissons pas pour montrer une issue pacifique aux Palestiniens, d'autres leur présenteront une autre sorte de solution au conflit. Si les Palestiniens perdent espoir, surtout la jeune génération, nous serons confrontés à un grand péril » Les Américains, comme les Israéliens et les Palestiniens, ont pris conscience, que le temps ne jouait pas en faveur des partisans d'un accord de paix négocié, au contraire il renforce ses opposants. L'extrémisme gagne du terrain, il est en train de devenir chaque jour plus dangereux, et pas seulement chez les Palestiniens, chez les Israéliens aussi.

Diverses manifestations, honteuses, scandaleuses, ont eu lieu en Israël, à l'occasion ou autour de la commémoration de l'assassinat d’Itzhak Rabin . La mémoire de l'homme était visée, mais aussi et surtout son œuvre, les accords d'Oslo, première tentative pour aboutir à un accord de paix avec les Palestiniens. Des centaines de supporters du Beitar Jérusalem ont refusé de respecter la minute de silence, à la mémoire d’Itzhak Rabin, qui précédait le match de football, qui opposait leur équipe à celle du Maccabi Haïfa, aux cris de « Ygal Amir, Mazel Tov Ygal Amir » félicitant ainsi l’assassin, pour la naissance et la « Brith Mila » de son fils. L'assassin, qui avait été qualifié de honte pour Israël et le peuple juif, devenait un héros. Vous me direz bien sûr, que ce n'est pas sur les tribunes des stades, que l'on fait preuve d'une grande intelligence, mais il y a eu d'autres indices inquiétants, comme la demande de mise en liberté, à court terme, de l'assassin ou l'adoucissement de ses conditions de détention, et cela se produit dans un contexte particulier, celui de la conférence d’Annapolis, qui doit jeter les bases d'un accord entre Israéliens et Palestiniens.

Cent mille personnes, c’est rassurant, se sont rassemblées à Tel-Aviv, pour commémorer le douzième anniversaire de l'assassinat d'Itzhak Rabin, mais un millier d’autres manifestait contre la conférence d'Annapolis et contre le plan de paix d'Ehud Olmert. À Jérusalem, des affiches étaient collées dans les rues, représentant un photomontage de Shimon Peres, affublé d’un keffieh, sur lequel était écrit, « libérateur de terroristes, président des Arabes », en référence sans doute, aux libérations de prisonniers palestiniens. Avant son assassinat, le même type d'affiche, représentait Rabin ! Un groupe de rabbins, des extrémistes, ont demandé à George Bush, de revenir sur ses intentions d'organiser la conférence malveillante d'Annapolis qui est, ont-ils écrit une déclaration de guerre, contre Dieu et sa Torah. Certes, cela peut paraître stupide, mais c'est comme cela, que l'on arrive à fanatiser, à armer des esprits simples, qui n'éprouveront aucun remords, à la suite de leurs crimes.

Du côté palestinien, le Hamas fera tout pour empêcher, ne serait-ce que l’esquisse d'un accord entre Olmert et Abbas, et ce n'est pas difficile : il suffirait d'un attentat meurtrier, d'un nouveau kidnapping de soldats ou d'une roquette Kassam qui ferait des victimes à Sderot, par exemple, pour, aussitôt, provoquer une riposte israélienne à Gaza et ainsi faire perdre toute crédibilité à la conférence. C'est dire si la situation est difficile. Les services de renseignements de Tsahal sont persuadés que la conférence débouchera sur un échec, et pourtant Ehud Olmert comme Mahmoud Abbas ont déclaré, qu'ils pensaient pouvoir parvenir à un accord avant janvier 2009, date à laquelle George Bush cessera ses fonctions. Souhaitons leur de réussir en leur rappelant, qu'un bon compromis entre deux adversaires est signé quand chacun d’eux ne pense pas avoir gagné mais ne pense pas non plus avoir perdu ...

Gérard Akoun
Judaiques FM, le 8 novembre 2007