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26 août 2007

Abdallah, le monarque énigmatique

Le Cox du jour
- août 2007

Pour ce nouveau personnage illustré par la plume acérée de Cox, je vous invite à faire un petit détour par le royaume wahhabite d’Arabie Saoudite : une puissance régionale plongeant (selon la formule consacrée) ses racines à la fois dans les plus grandes réserves pétrolières de la Planète, et dans la tradition islamique la plus stricte - puisque le Coran y tient lieu de constitution.

Ce pays a été deux fois l’objet d’émissions spéciales de ma série, et cela après le choc du 11 septembre 2001, lorsque les Occidentaux réalisèrent avec horreur que la majorité des kamikazes étaient d’origine saoudienne - donc nés dans un pays en principe « ami ».
J’ai eu ainsi comme invité le 5 mai 2002 Alexandre Del Valle (titre de l’interview, assez incisif : « l’Arabie Saoudite, facteur de paix ou facteur de guerre ? ») ; mon invité avait eu des propos assez durs vis-à-vis du régime en tant que grand exportateur de l’islamisme à coups de pétrodollars, mais plutôt prudents sur le rôle du royaume vis-à-vis des conflits du Moyen-Orient.
Beaucoup moins nuancé en revanche, Laurent Murawiec reçu le 25 janvier 2004 à propos de son livre « La guerre d’après » (Editions Albin Michel). Sa théorie : « L'Arabie Saoudite n'est pas un État stabilisateur et allié à l'Occident, mais une mafia usurpatrice et corruptrice qui mène une guerre secrète et subversive contre tout ce qui s'oppose à son idéologie fondamentaliste. »
Lire sur ce lien une présentation du livre par le Lieutenant Colonel Ludovic Monnerat, dont le blog remarquable figure parmi mes liens permanents.

Depuis ces deux émissions, je n’ai pas eu l’occasion de reparler directement de l’Arabie Saoudite à la radio, et c’est peut-être une erreur car l’Histoire s’accélère dans la région, et ce que fera - ou ne fera pas - le royaume wahhabite est fondamental. Depuis 2005, elle a un nouveau Roi - Abdallah, dont le nom complet (retenez votre souffle S.V.P) est Abdallah ben Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud : fausse nouveauté, car en fait c’est lui qui dirigeait le pays en coulisse pendant la longue décrépitude de son frère, le Roi Fahd. Et puis, monté sur le trône à l’âge de 81 ans, il n’était pas tout à fait un perdreau de l’année ... Pour en savoir plus, lire l'article qui lui est consacré sur Wikipedia.

Là-dessus, la question fondamentale pour Israël et les Etats-Unis, à l’heure de la montée de la « vague verte » nazislamiste sponsorisée par l’Iran, est simple : quel rôle modérateur peut jouer l’Arabie Saoudite ? Peut-on compter sur Abdallah ? Les optimistes vont évoquer le fameux « Plan de Paix saoudien » mis sur le tapis depuis le sommet de la Ligue Arabe à Beyrouth en 2002, et timidement relancé depuis. Mais les pessimistes, eux, notent que curieusement, ce pays n’a pas répondu aux propositions américaines de sommet régional pour la Paix (lire cet article récent du "Yediot Aharonot"). Sur la scène palestinienne, le bilan n’est guère réjouissant : ce sont probablement des fonds saoudiens privés, « charitables » ou officieux qui ont financé le Hamas alors que l’Autorité Palestinienne était dirigée par Arafat, et c’est le même Abdallah qui avait mis un quasi-veto à tout compromis sur Jérusalem, lors des négociations avortées de Camp David ; et les observateurs israéliens - pessimistes et optimistes réunis - ont tous relevé les efforts acharnés de la diplomatie saoudienne pour accoucher d’un gouvernement d’union nationale entre Hamas et Fatah en février dernier ; gouvernement liquidé quelques mois plus tard, après les « putsch » militaire des premiers à Gaza et constitutionnel des seconds à Ramallah ... Même clivage entre optimistes et pessimistes à propos des fabuleux contrats d'armements proposés par les USA à leurs alliés du Moyen-Orient : les uns se réjouiront de voir un front pro-américain regroupant, enfin, Israéliens et Arabes face à la menace iranienne ; les autres n'y croiront pas, et imagineront déjà le scénario catastrophe - celui d'un renversement du régime saoudien, ou celui d'un possible détournement terroriste des armes "high-tech" vendues là-bas !
Au mieux donc, le Roi Abdallah a fait la preuve de son impuissance ; au pire, il aura montré une grave complaisance pour le terrorisme islamiste ; et son influence réelle sur le cours de l'Histoire dans la région sera jugée seulement après coup.


J.C