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23 décembre 2005

Happy Hanouka and Merry Christmas !

"Hanoukia" ou chandelier de Hanouka, image tirée du site www.modia.org


Juifs et Chrétiens célèbreront deux fêtes religieuses le même jour, du fait d’un hasard de calendriers ... Dimanche 25 décembre, jour de Noël, coïncidera en effet au premier jour de Hanouka, et le soir on allumera dans les familles juives la première bougie d’un chandelier à neuf branches ; et ainsi de suite pendant huit jours, jusqu’au dimanche 1er janvier.

Ceci n’apprendra strictement rien aux lecteurs juifs du blog. Mais pour la majorité de visiteurs d’autres origines - qui viennent de tous les continents après avoir trouvé notre adresse par un moteur de recherche - je mets en lien une page d’un site sans prétention, qui explique l’origine de Hanouka (origine historique, comme pour la majorité des fêtes juives).
Cliquer ici.

Deux choses pour finir. D’abord, l’expression « Happy Hanouka and Merry Christmas » n’est pas un titre de circonstance du à la coïncidence des fêtes en 2005. L’année juive, lunaire et de durée élastique depuis plus de deux millénaires, situe toujours les fêtes à peu près à la même période, sans qu'il y ait de rendez-vous fixes par rapport au calendrier grégorien. Ainsi, Hanouka tombe en décembre, donc le mois des fêtes de Noël. Aux Etats-Unis et singulièrement à New York, les magasins et les grandes avenues marquent les deux fêtes en même temps, ce qui est bien sympathique ! Ensuite, les hasards du calendrier peuvent aussi faire coïncider des fêtes juive et musulmane, il en a été ainsi cette année pour Roch Hachana et le début du Ramadan, comme déjà évoqué sur le blog.
Cliquer ici.

Quelques jours de repos bien mérités sur le blog ... profitez toutes et tous de vos congés de fin d'année, bonnes fêtes, ... et rendez vous le 2 janvier !

J.C

22 décembre 2005

Et si la démocratie marchait en Irak ?

 Foule allant voter lors des élections législatives irakiennes du 15 décembre, Barwana, province d'Al Ambar.

Photo pas vue
Source : site http://newsblaze.com/

Ces citoyens irakiens sont sunnites. Ils votent en masse pour la première fois, malgré les appels au boycott d'Abou Moussab Al Zarkoui, et malgré la peur des attentats qui ont déjà tué des milliers de civils. Ce vote traduit peut-être aussi une rupture au sein de l'insurrection entre anciens partisans de Saddam et terroristes d'Al-Qaïda, les premiers cherchant à rentrer dans le jeu politique (voir article sur le site de radio canada).

J.C 

21 décembre 2005

Rediffusion le 1er janvier de notre émission avec Abd Al Malik

Qui sera réveillé le lendemain du réveillon du jour de l’an, à 9h30 ? Monsieur de la Palisse dirait « ceux qui n’ont pas réveillonné », et il y en aura certainement beaucoup parmi les auditeurs de « Rencontre ». Des juifs vraiment religieux, ne connaissant pas d’autre jour de l’an que Roch Hachana. Et puis tous ceux qui - trop âgés pour danser jusqu’à l’aube, ou n’aimant pas faire la fête à date imposée - préfèreront écouter une de leurs émissions préférées sur le 94.8 FM. L’occasion donc de découvrir le personnage exceptionnel d’Abd Al Malik, pour les auditeurs ayant raté la première diffusion en mai dernier : après avoir plongé dans la délinquance dans sa prime jeunesse, il est devenu un père de famille respectueux de la Loi. Converti à l’islam, c’est aujourd’hui un disciple de l’école soufie, pacifique et mystique ! De cela, je vous en avais déjà parlé (voir présentation). Après avoir entendu l’enregistrement, j’ai trouvé mon invité tellement tonique que j’avais programmé de le repasser pendant les congés d’été ... rediffusion hélas annulée, suite à un incident technique.

Deux mois après les émeutes qui ont « mis le feu » à des dizaines de banlieues, j’ai pensé que cette interview d’un ex-enfant perdu des cités-dortoirs devait, vraiment, être réentendue. Et alors que l’on s’inquiète (enfin !) des appels au meurtre véhiculés par certains groupes de rap, je voudrais que vous entendiez Abd Al Malik chanter sur des paroles inspirées du poète et philosophe Ib’n Arabi 
« Il y eut un temps où je faisais reproche à mon prochain
Si sa religion n’était pas proche de la mienne
Mais à présent mon cœur accueille toute forme
Il est une prairie pour les gazelles
Un cloître pour les moines
Un temple pour les idoles
Une Kaaba pour les pèlerins
Les tables de la Torah et le livre du Coran
Je professe la religion de l’amour et quelle que soit
La direction que prenne sa monture, cette religion est
Ma religion et ma foi »


J.C

19 décembre 2005

Guerre d’Algérie, mémoires plurielles : Benjamin Stora a été notre invité le 16 janvier 2005

Benjamin Stora, photo tirée du site du journal "Maroc-hebdo"

Benjamin Stora est né en 1950 à Constantine, ville qu’il a quittée enfant avec ses parents, comme des centaines de milliers de Français, pieds noirs et juifs naturalisés qui ont du fuir leur terre natale. Cela a été un choc car ses parents ont tout perdu, commerçants là-bas ils sont devenus prolétaires ici, peut-être cela explique-t-il en partie pourquoi il a attrapé le virus révolutionnaire en mai 1968, et pourquoi il a été ensuite un militant trotskyste convaincu. Et puis, progressivement, sa passion pour l’histoire contemporaine va s’affirmer, et il s’est intéressé à sa terre natale, l’Algérie, en particulier à la sanglante guerre d’indépendance. Il a écrit une vingtaine d’ouvrages autour du sujet, réalisé des documentaires pour la télévision, et publié d’innombrables articles. Au fil de son travail, il a consolidé de nombreuses amitiés algériennes, en particulier avec l’historien Mohamed Harbi avec lequel il a publié en 2004 un monumental ouvrage intitulé « La guerre d’Algérie. La fin de l’amnésie », chez Robert Laffont. Lors de notre émission du 16 janvier dernier, nous avons parlé des mémoires plurielles de ce conflit, en prenant comme fil conducteur "La gangrène et l’oubli", œuvre magistrale qui a été publiée en 1991 aux Editions de la Découverte.

La mémoire coloniale est redevenue une des lignes de fracture qui fragilise la société française, comme le blog s’en est fait l’écho tout au long des dernières semaines. Or ce ne fut pas le cas dans les années qui ont suivi la guerre d’Algérie. Benjamin Stora rappelle dans son livre combien après 1962, les commémorations d’autres guerres, puis mai 68 vont aider à l’oubli de ce passé immédiat. Et plusieurs autres raisons expliquent cette amnésie : conspiration du silence pour ne pas voir à quel point l’état et toutes ses institutions (armée, police, justice) s’étaient salis, d’abord dans la répression du F.L.N avec l’usage généralisé de la torture ou les exécutions sommaires, puis quand l’indépendance a été acceptée, en accueillant tellement mal les rapatriés, et en abandonnant les harkis à une mort horrible ; réécriture gaulliste de l’histoire contemporaine, pour donner aux Français l’illusion d’une nation toujours unie, comme après le triste épisode de l’Occupation ; entrée du pays dans la société de consommation, et désir d’oublier des années amères ...

Mais cette réécriture de l’histoire ne fut pas uniquement française, et Benjamin Stora a eu l’immense mérite (malgré son passé militant et son profond amour de l’Algérie), d’analyser aussi dans « La gangrène et l’oubli », combien les nouvelles autorités algériennes ont nié la guerre civile secrète qui opposa le F.L.N et le M.N.A, ou le massacre en masse des harkis à l’été 1962. Au nom d’un peuple mythique, réduit à sa composante arabe et musulmane, qui n’aurait jamais eu d’influence française autre que la mémoire d’une oppression, prisonniers d’une idéologie à la fois millénariste et totalitaire, Ben Bella puis Boumediene ont légué un lourd passif à la mémoire algérienne, et laissé des fractures profondes au sein de leur peuple, y compris parmi les centaines de milliers devenus des franco-algériens avant et après l’indépendance.

Une interview passionnante, et un livre à (re)lire !

J.C 

18 décembre 2005

"Quarantaine" : un éditorial impeccable de Patrick Sabatier dans le journal "Libération"

Petite mise à jour postée le 24 juin 2009

Les visiteurs arrivant sur cet article étant - très probablement - des antisémites ayant fait une recherche du type « Patrick Sabatier juif », et en pensant à l'animateur de la télé et non au journaliste signataire de cet édito, je leur conseille d’aller directement sur un « post » récent où j’analyse ce qui a pu les conduire à se poser anxieusement une telle question ... peut-être seront-ils curieux de lire comment j’analyse la sauce blanche qui leur sert de cervelle ?
Aller sur ce lien
Mais bien sûr, il n’est pas inutile de lire l’article ci-dessous, pour ceux qui ont un peu de curiosité ; ou qui ne sont pas vraiment des minus haineux ! 

J.C



Le dégoût, la colère, la peur ... difficile d’exprimer ses sentiments quand on est juif et toujours hanté par le spectre de la Shoah, ce cadavre qui ne se décomposera jamais dans le placard de notre mémoire. Peut-être faut-il ne pas l’être pour dire froidement les premières actions à mener, en réponse aux provocations du salaud qui préside aux destinées de l’Iran. Malheureusement, il faut probablement aussi ne pas l’être pour être entendu en disant haut et fort une vérité niée trop longtemps en France : les élucubrations négationnistes d’Ahmadinejad sont « la version publique et (à peine) virulente d'un virus qui court dans la quasi-totalité des nations musulmanes. »
Voici le texte complet de l’éditorial publié ce jeudi 15 décembre.

« Quand le chef d'un Etat de 66 millions d'habitants, puissance régionale, qui rêve de nucléaire de surcroît, se met hors la loi internationale, nie l'Histoire et appelle à détruire un pays et à déporter son peuple, il n'est plus possible de dialoguer et coopérer avec cet Etat. Ni de lui reconnaître une voix dans le concert des nations, tant que cette voix n'aura pas changé. Qu'attendent les Européens, et la France la première, pour, au moins, geler leurs relations diplomatiques avec Téhéran ?
Les éructations négationnistes du président iranien, pour qui l'Holocauste est un «mythe», Israël une «tumeur» et l'Occident un objet de «haine», ne relèvent pas de l'asile. Elles sont la version publique et (à peine) virulente d'un virus qui court dans la quasi-totalité des nations musulmanes. Il est propagé par des pouvoirs, des médias, des religieux et des intellectuels qui y trouvent une manière commode d'aveugler leurs peuples et d'esquiver leurs responsabilités dans l'arriération, la misère et la tyrannie qu'ils leur infligent.
Ce virus antisémite (y compris sous sa mutation «antisioniste») a été inoculé aux peuples du Moyen-Orient par les Européens eux-mêmes. Ce n'est pas une raison pour ne pas mettre en quarantaine les foyers d'infection. Même si l'Iran et son peuple ne peuvent être réduits à la caricature grimaçante d'un illuminé. Et même s'il faut éviter de tomber dans son piège, qui est d'asseoir son pouvoir fragile sur une escalade de la confrontation avec l'Occident en rendant impossible le dialogue sur le nucléaire que d'autres au sein du régime de Téhéran cherchent à préserver. Mais apaiser un ennemi pour avoir la paix mène, comme le remarquait Churchill, souvent au déshonneur, sans éviter la guerre. »


Patrick Sabatier

17 décembre 2005

N’oublions pas les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien condamnés à mort en Libye !

Je vous avais déjà parlé deux fois de cette affaire qui semble si peu passionner les médias ... voir articles du 11 novembre (cliquer ici) et du 18 novembre (), ainsi que la tribune d’Isabelle Rose publiée aussi le 18 (et ici). Il est facile d’oublier des condamnés à mort enfermés depuis déjà longtemps (presque 7 ans), ou de se dire qu’ils ne risquent rien du fait des pressions internationales ; et puis, un matin on apprend l’exécution et c’est trop tard - on l’a vu cette semaine aux Etats-Unis avec un condamné emblématique enfermé dans le "couloir de la mort" depuis 24 ans.

Quelques informations :
- une émission est programmée pour le mois de janvier avec leur avocat, Maître Altit, que j’ai eu le plaisir de rencontrer ; enregistrement de l’émission à la fin décembre ;
- une excellente initiative d’un site dont l’adresse est donnée sur la page WEB de nos amis de "Bulgaria-France" où vous retrouverez l’historique précis du dossier (cliquer ici) : vous pourrez aussi envoyer des cartes de Noël aux malheureuses prisonnières en passant par l’ambassade de leur pays à Tripoli, voir sur le lien en bas de page, « dernières nouvelles »; faites le quelle que soit votre religion, car il s'agit juste d'un minimum de fraternité humaine pour des innocentes !

J.C

Provocations d’Ahmadinejad : enfin des réactions arabes ?

Il y a un thème récurrent que l’on trouve souvent en « surfant » sur certains sites de la communauté juive : l’ensemble des gouvernements et des opinions publiques du monde musulman seraient ravis des propos racistes et négationnistes de Mahmoud Ahmadinejad. Je me suis permis de nuancer cette évaluation, en écrivant par exemple en réponse à un article d’Albert Bellaïche publié le 10 décembre sur le site « guysen israel news », qui m’a fait la gentillesse de bien vouloir publier cette réaction (cliquer ici).

Ceci étant, il y a un réel problème du côté des opinions publiques, travaillées par les mouvances islamistes nombreuses et (a) variées. Nous avions discuté de ce sujet avec Albert Soued le 9 octobre dernier (voir ).

Mais du côté des gouvernements des pays arabes, il semble qu’il y ait une forte inquiétude depuis les provocations d’Ahmadinejad, peur d’une guerre et de la déstabilisation de toute la région. Voir à ce sujet l’article publié ce jour sur le site du journal israélien « Haaretz », qui rend compte aussi de la condamnation ferme exprimée par le nouvel ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington (ici).

J.C

16 décembre 2005

Une histoire belge pas drôle du tout ...


La "une" du journal belge "La Dernière Heure", après l'annonce de la mort de la première kamikaze d'origine européenne.

Muriel Degauque, d'origine belge, s'était convertie à l'islam en épousant un turc. Puis, elle épousa un belgo-marocain qui l'influença au point de devenir totalement intégriste, puis de basculer dans le terrorisme djihadiste. Elle est morte lors d'un attentat suicide raté en Irak, et son mari aurait été tué par les Américains lors d'un autre attentat.

Plusieurs sites « on line » ont publié des analyses suite à cette triste histoire.

Sur l’excellent blog « Politique arabe de la France », trois publications reprenant des articles publiés sur différents journaux : « convertis au terrorisme » sur l’utilisation de plus en plus fréquente de jeunes européens, d’apparence « passe-partout » pour mener des attentats (cliquer ici) ; « sur les convertis à l’islam », à propos de l’influence des salafistes lors des conversions, et d’un rapport des R.G (cliquer ici) ; et encore sur le même sujet, le 9 décembre (cliquer ici).

Le site « Primo europe », déjà cité, publie un article très fort de Jean-Pierre Chemla ("itinéraire d'une enfant gâchée"), cette fois sur le profil psychologique des « convertis-kamikazes » : le parcours de la malheureuse Muriel Degauque est à cet égard exemplaire : ancienne boulangère, ayant eu une adolescence agitée, droguée un moment, elle a trouvé dans la version la plus obscurantiste d’une religion son salut personnel, un moyen à la fois de s’imposer une discipline de vie et d'exprimer sa révolte contre une société où elle n’avait pu trouver une place. Au passage, l’auteur démolit les théories d’Hubert Védrine et consorts qui expliquent le désastre moral des « bombes humaines » uniquement par le conflit palestinien (cliquer ici).

Tout ceci ne doit pas faire oublier, non plus, que l’attirance des plus jeunes et des plus paumés vers le salafisme terroriste ne concerne qu’une minorité des convertis à l’islam, qui recherchent dans cette religion autre chose qu’une violence suicidaire. Pourquoi ces conversions alors ? Pourquoi ce succès d'une religion "venue d'ailleurs", alors que les Eglises se vident et le Judaïsme survit difficilement dans la Diaspora ? Un sujet sur lequel notre émission devra se pencher en 2006 !

J.C

A propos de la « fascination orientale », lire notre article sur le blog (cliquer ici).
A propos de la complaisance de certains articles vis-à-vis des « bombes humaines » et de leur mépris pour les victimes, lire ou relire l’excellent billet d’André Nahum (cliquer ici)

13 décembre 2005

« L’esclavage existe encore » : un communiqué du CRIF

Le débat sur la fracture coloniale occupe le devant de la scène médiatique depuis plusieurs semaines (voir les articles publiés le 3 décembre sur le blog) : loi controversée qui recommande d'enseigner "le rôle positif de la présence française outre-mer", votée le 23 février dernier et confirmée en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale ; idéologie dite des "Indigènes de la République", qui a certainement inspiré en partie certains émeutiers le mois dernier et dont je reparlerai ; opposition fabriquée perfidement par Dieudonné et ses supporters entre "mémoire de la Shoah" et "mémoire de l’esclavage" ; annulation (assez piteuse) des festivités prévues pour le bicentenaire de la victoire d’Austerlitz, au motif que Napoléon en avait supprimé l’abolition (c’est aussi une vérité historique, mais la face sombre de tous les héros de tous les pays interdirait alors toute commémoration !) ...

Le CRIF vient de publier un communiqué qui fait une synthèse remarquable sur le sujet, je le reproduis intégralement.

« L’esclavage sous toutes ses formes fait l’objet aujourd’hui de débats où la passion l’emporte souvent sur la sérénité et l’objectivité historique que mérite l’une des plus grandes monstruosités de l’humanité.
L’esclavage ne s’est limité ni à une époque, ni à une civilisation, ni à une région particulières. Il a servi de socle économique à plusieurs civilisations, parfois prestigieuses, au mépris des conditions d’existence des hommes et des femmes mis en servitude.
Toute la vérité historique sur l’esclavage devrait être reconnue et enseignée plus qu’elle ne l’est actuellement. L’esclavage existe encore, et il doit être combattu sans complaisance, et sans permettre surtout aux trafiquants de la mémoire, dans la foulée de la réunion de Durban, d’infliger aux victimes passées et présentes le mensonge du négationnisme. »

Et maintenant, quelques rappels à propos de notre émission. « Rencontre », qui n’a jamais « diabolisé » ni l’Islam, ni les populations musulmanes, arabes ou non, et a été aussi une des très rares émissions à avoir évoqué le sujet tabou de l’esclavage non européen. Nous avons consacré trois émissions au Soudan, où les quelques deux millions de victimes de guerres diverses (Nord Musulman contre Sud chrétien et animiste ; massacres du Darfour où les victimes sont toutes musulmanes) n’ont arraché aucune larme aux « belles âmes » qui appellent « néo-réacs » tous ceux qui ne s’alignent pas sur le « politiquement correct »!

J.C

Voir aussi sur le blog :
- article du 20 mars 2005 (cliquer ici) ;
- article du 1er juillet 2005 (cliquer ici).

12 décembre 2005

Assassinat de Gebrane Tuéni : le 3 juillet dernier, Khattar Abou Diab avait parlé à notre micro de la "liste noire" syrienne ...


Le député et patron de presse libanais Gébrane Tuéni

Courageux militant contre l'occupation syrienne, ce député chrétien dirigeait le journal "An Nahar" où toutes les confessions du Liban se cotoyaient. Parmi son équipe, Samir Kassir d'origine palestinienne, assassiné le 4 juin. Dans une interview à "Libération", Gebrane Tuéni disait : "je reçois presque chaque jour des lettres, des mails de menace".

« Le député et PDG du quotidien An-Nahar, Gebrane Tuéni, a été tué ce matin dans un attentat à la voiture piégée à Mkallès, qui a fait au moins quatre morts. Il vient rejoindre le long cortège de martyrs du Printemps de Beyrouth, après Rafic Hariri, Bassel Fleyhane, Samir Kassir et Georges Haoui, sans oublier les tentatives d’assassinats contre Marwan Hamadé, Élias Murr et May Chidiac. Les corps de Gebrane Tuéni (48 ans) et de son chauffeur Nicolas Flouti ont été dégagés par les secouristes. La voiture piégée a explosé vers 09h00 locales, près d’une ruelle que le journaliste emprunte quotidiennement pour aller au siège d’An-Nahar. » (...)
Ainsi débute l’article publié ce soir sur le site du journal libanais « L’Orient Le Jour ».

J’ai eu un choc en apprenant cette nouvelle, car nous avions parlé de Gebrane Tuéni lors de notre émission du 3 juillet. J’avais lu une interview de ce courageux journaliste dans « Libération » où il disait craindre pour sa vie. Mon invité était Khattar Abou Diab, expert en relations internationales d’origine libanaise (voir présentation de l’émission, cliquer ici).
Voilà la retranscription de notre échange, à propos des menaces de mort syriennes et de « la liste noire » qui circulait à Beyrouth. 

Jean Corcos :
Etes-vous d’accord avec l’opinion de Gebran Tueni, rédacteur en chef du journal « An Nahar » où travaillait Samir Kassir, qui dans une interview au journal « Libération » le 10 juin dernier, a dit qu’il risquait lui-même d’être assassiné, et que la Syrie chercherait à déstabiliser le Liban par tous les moyens ?

Khattar Abou Diab  :
Oui, les craintes de Monsieur Gebrane Tuéni qui est maintenant un député élu dans le nouveau Parlement et dont le journal a joué un grand rôle dans le soulèvement pour l’indépendance, ces craintes sont malheureusement justifiées avec l’assassinat de Georges Haoui le 21 juin ; donc la série noire continue depuis la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé en passant par l’assassinat de Hariri, beaucoup d’attentats dans la région Est, l’assassinat de Kassir, l’assassinat de Haoui, cela signifie qu’il y a un cycle d’assassinats, et apparemment ces gens ont leur liste noire, on connaît certains noms, il y a parmi eux Walid Joumblat, chef druze, chef du PSP, il y a Elias Attalah chef de la gauche démocratique, et autres noms, cette liste a été divulguée. On continue donc de pratiquer la terreur, malgré le soulèvement du peuple libanais, malgré des élections plus ou moins libres, malgré la pression internationale, on continue de pratiquer la terreur au Liban ».

Voir aussi sur le blog : « hommage aux journalistes libanais », à propos de la tentative d’assassinat de la journaliste vedette May Chidiac (cliquer ici).

J.C

10 décembre 2005

Plus beau que moi, "tumeur" !

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad

Les derniers propos du Président iranien, prononcés à la fin du sommet islamique de La Mecque, ont provoqué un véritable tollé international : d'abord, condamnations de l'Union Européenne (en particulier, une déclaration très forte de la nouvelle chancelière allemande Angela Merkel), des Etats Unis, du Secrétaire Général de l'ONU ; réactions ensuite de la Russie, de la Turquie ; enfin condamnation unanime ce samedi des 15 membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies, y compris l'Algérie donc ... Difficile en effet d'ignorer ce nouvel appel à la destruction d'Israël, doublé cette fois d'un négationnisme abject vis à vis de la Shoah. Je reproduis ci-dessous un extrait du journal "Libération" du 9 décembre, où on notera que l'état juif est qualifié de tumeur ... à soigner par des radiations nucléaires ?

"Hier, le président iranien a choisi à nouveau le scandale en exprimant des doutes sur la réalité du génocide juif et en proposant le transfert d'Israël en Europe. «Maintenant que vous croyez que les juifs ont été opprimés, pourquoi les musulmans palestiniens doivent-ils en payer le prix ? [...] Que l'Allemagne et l'Autriche donnent deux ou trois de leurs provinces au régime sioniste et le problème sera réglé à la racine», a-t-il déclaré dans une interview à la télévision satellitaire iranienne Al-Alam, reprise par l'agence officielle. S'exprimant depuis La Mecque, où il participait à un sommet de l'Organisation de la conférence islamique, il a aussi défendu les historiens négationnistes, toujours bien accueillis dans les médias officiels iraniens : «Certains pays européens insistent pour dire que Hitler a tué des millions de juifs dans des fours et vont jusqu'à dire que quiconque affirme le contraire doit être condamné et jeté en prison. Bien que nous n'acceptions pas cette affirmation, si elle était vraie nous poserions la question suivante aux Européens : le meurtre de juifs innocents par Hitler constitue-t-il la raison de leur soutien aux occupants de Jérusalem ?» Qualifiant l'état d'Israël de «tumeur», il a réitéré la position de Téhéran sur l'organisation d'un référendum «des populations natives de cet endroit afin qu'elles déterminent leur propre régime», ce qui revient à exclure la population juive arrivée après 1945."

De tels propos ne surprendront que ceux qui avaient choisi de fermer les yeux et de se boucher les oreilles, alors qu'une véritable déferlante négationniste a envahi les télévisions et librairies du Monde musulman, arabe et iranien en particulier, et cela depuis bien longtemps. On aurait tort, par exemple, de ne voir en Ahmadinejad qu'un fanatique isolé au sein du pouvoir de Téhéran sur le sujet : je vous invite à nouveau à visiter le site d'opposition www.iran-resist.org, qui cite les appuis reçus de personnages dits "modérés" après ses provocations. La République Islamique d'Iran a toujours réservé le meilleur accueil aux négationnistes en tous genres, de Garaudy à Thierry Meyssan pour qui le 11 septembre est un complot de la CIA. Je vous invite aussi à visiter le site www.memritv.org, puis à utiliser le moteur de recherche en choisissant le Pays ("Iran"), et le thème ("antisemitism"), vous ne serez pas déçus ! On peut voir des clips vidéo, par exemple le numéro 902 datant du 28 octobre, où un "historien" négationniste est interviewé, ci-dessous un extrait en anglais :
" When, at the end of the war, the Allies saw the deplorable and shocking scenes of various concentration camps, and the sights of the many prisoners who died of typhus or famine, the hypothesis that gas chambers existed - which had already been mentioned - was imposed once again upon public opinion. Thus began ceremonies commemorating the Holocaust. As a writer and historian and after years of research, in which I referred to documents of undeniable veracity, I realized that not even a single gas chamber existed in any concentration camp. In addition, I have a number of documents proving that the gas chambers are merely a myth and a legend."

J'avais consacré le 20 mai 2001 une émission à ce sujet terrible de l'occultation, de la ré-écriture, de la négation ou de la récupération de la Shoah dans le Monde musulman. Mon invité était Jacques Tarnero, chercheur au CNRS et producteur du film documentaire "Autopsie d'un mensonge : le négationnisme". Il n'existe malheureusement pas (encore) de retranscription de cette interview. Dans l'attente, je renvoie les lecteurs à l'article incroyablement riche que Jacques Tarnero a publié dans la revue du Centre de Documentation Juive Contemporaine, n°166, mai-août 1999 (cliquer ici).

J.C

08 décembre 2005

Taliban, doux et sentimental, cherche femme idéale pour fonder un foyer !


Le sourire du mois
- décembre 2005


Pour ceux qui comprennent l'anglais uniquement : cliquer sur l'illustration ... puis, faites votre choix !

Sur le même thème, voir aussi sur le blog :
« Afghanistan, quel avenir pour la burka ? » (cliquer ici)

J.C

06 décembre 2005

Selon un sondage CRIF-TNS SOFRES, 85 % des Français dénoncent les propos du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad

C’est un sondage très intéressant que vient de publier le site du CRIF. Plutôt que de le reproduire intégralement, je vous invite à en prendre connaissance en vous rapportant au lien ci-après (cliquer ici). Et je voudrais vous faire part de réflexions personnelles sur un chiffre particulier : celui des 5 % de Français qui ne sont pas choqués par cet appel "à rayer Israël de la carte", soit 1 % qui "l’approuvent" et 4 % qui "le comprennent" ...

Passons très vite sur l’appréciation positive des résultats du sondage : oui, les 85 % du public opposés à ces menaces iraniennes - sans équivalents, depuis non pas l’époque hitlérienne, mais celle de Nasser ou des discours de Saddam - rassurent la communauté juive de France. Comme l’écrit très justement le CRIF dans son commentaire, « l’appel d’un Etat à détruire un autre Etat renvoie dans l’opinion publique française à quelque chose d’inacceptable, de plus grave et plus profond que les clivages d’opinion observés habituellement sur le Proche-Orient. Les propos du Président iranien sont condamnés à la fois par ceux qui ont de la sympathie pour Israël (condamnation à 94%) et par ceux qui ont de l’antipathie pour Israël (condamnation à 78%) ».

Mais les 5 % qui ne sont pas choqués, qui sont-ils et doit-on en être satisfaits ? Cela fait quand même une personne sur vingt, beaucoup de monde en fait si on imagine la foule sur un quai de métro. 1 % approuvent un programme génocidaire, et 4 % le comprennent, donc seraient hostiles à toute action préventive vis-à-vis du projet iranien d’acquérir l’arme nucléaire, clairement perçu par ailleurs comme une menace par la majorité des Français (voir le sondage). Mais qui sont ces 5 % ? Là, les chiffres du sondages deviennent franchement intéressants : 15 % des sympathisants de l’extrême-droite font partie de ce groupe, cela représente (pour un peu moins d'un cinquième de citoyens prêts à voter pour Le Pen ou pour ses clones), 2 % à 3 % du total des sondés. Et ceux-là ne sont certainement pas d’ascendance maghrébine ! Prenons l’autre extrême, le vote communiste ou d’extrême gauche (estimé à 15 % d'après les dernières présidentielles), faisons le même type de calcul à partir du sondage du CRIF (cette fois 10 % refusant de condamner Ahmadinejad), et on peut ajouter 1,5 % d’autres personnes dans cette minorité d’anti-juifs rabiques ...

Restent donc pour « les autres » environ 1 % de la population, à comparer aux quelques 10 % de Musulmans dans notre Pays ! Cela traduit simplement ce que l’on pouvait deviner, et ce que souligne inlassablement « Rencontre » (l’émission et les articles du blog) : les extrémistes, anti-juifs et sympathisants des islamistes sont aujourd’hui une minorité dans l’Islam de France. Une donnée factuelle, incontestable, que devraient méditer certains sites, blogs et autres médias publiés (hélas) au sein de la communauté juive, et qui ne perçoivent les dangers que d’un seul côté !

J.C

Voir aussi à propos des menaces d’Ahmadinejad, les articles suivants :
- 26 octobre (cliquer ici)
- 29 octobre (cliquer ici)
- 30 octobre (cliquer ici)

05 décembre 2005

Netanya - New York

Introduction :
Isabelle Rose, qui vit à Jérusalem et dont vous avez pu déjà apprécier le talent de journaliste, a écrit ce papier quelques heures après l'attentat de Netanya qui a fait cinq morts, des dizaines de blessés dont hélas plusieurs gravement atteints. Elle révèle des évènements passés inaperçus dans les grands médias, et qui prouvent combien deux forces opposées s'affrontent au sein de la population arabe d'Israël et de celle des Territoires palestiniens : ceux qui croient au processus de Paix et ceux qui veulent le saboter ; et pourquoi cette attaque terroriste, réalisée par le Djihad Islamique soutenu lui-même par l'Iran, correspond à une escalade de violence programmée. Bonne lecture.
J.C 

L’attentat de Netanya, qui vient de se dérouler ce matin, s’ajoute à une (trop) longue liste d’attentats dont cette ville fut la cible. Pourquoi Netanya ? D’abord, parce que Jérusalem est devenue plus difficilement atteignable depuis la construction de la « barrière de sécurité ». Ensuite, parce que Netanya est une localité qui ne cesse de se développer, grossie financièrement et démographiquement tant par les immigrants russes que français. Mais Netanya, pourquoi maintenant ?

Le député arabe israélien Majali Wahabeh, qui vient d’adhérer au parti Kadima, a annoncé hier que de nombreuses personnalités arabes se joindraient à cette nouvelle liste en même temps qu’elle devait pouvoir compter sur le vote de 100 000 arabes israéliens. Parallèlement, Ariel Sharon invitait les adhérents arabes du Parti Travailliste à rejoindre sa nouvelle formation politique (ils ont réservé leur réponse). Vendredi, Ehud Olmert - et cela était une première - prenait la parole conjointement avec son homologue palestinien Salam Fayed au sommet du G7 pour réclamer l’aide financière et politique de la communauté internationale dans le « processus de paix ». Il semblait ressortir de tout cela une nouvelle dynamique dans le rapport Arabes-Juifs. Surtout si l’on prend au sérieux - jusqu’à preuve du contraire : pourquoi pas ? - la décision de Mohammed Dahlan de renvoyer des « policiers » chargés de contrôler le passage de Rafiah suite à l’infiltration d’armes et de personnes aux intentions douteuses en provenance d’Egypte.

Au moment même où certains Arabes israéliens s’engageaient politiquement dans un parti politique non communautaire - celui d’Ariel Sharon - une manifestation agressive était organisée au Wadi Ara pour mettre en garde ceux qui « collaborent avec les autorités israéliennes ». On entendit aussi des slogans contre la politique impérialiste des américains et d’Israël. Localité qui rassemble des points de peuplement arabes, située non loin d’Hadéra, sur la petite route qui mène à Afoula, le Wadi est réputé pour sa violence : attentats, préparation d’attentats, destruction de bus, etc... Rappelons qu’Hadéra, où vivent Juifs et Arabes, est la dernière ville à avoir connu un attentat avant celui de Netanya. Nazareth, grand centre urbain musulman, qui héberge des antennes du Hamas (et du Hezbollah probablement), vient d’annoncer la création d’un « comité pro-syrien » dont la fonction est de défendre les intérêts syriens dans la région. Enfin, des tirs de Kassam, lancées depuis Gaza, tombent depuis la fin de la semaine dernière, d’une manière de plus en plus soutenue, sur le Néguev et Sdérot. Pour conclure cette sinistre liste, rappelons les dernières déclarations provocatrices de l’Iran qui réitère de cette manière la réponse qu’il donne aux initiatives diplomatiques des Etats-Unis et de l’Europe.

Si l’on met face à face ces deux « catalogues » d’informations, on remarque immédiatement une chose : au moment même où une partie de la population arabe - qu’ils soient israéliens ou non - manifeste un début de changement de comportement encourageant, la violence guerrière et terroriste accuse une recrudescence. Pour ce qui est des Arabes palestiniens, réactivation des violences internes (entre groupes armés) et externes (en direction du territoire d’Israël et du Liban). Avec le soutien de la Syrie et de l’Iran. Pour ce qui est des Arabes israéliens, le message se lit très clairement : c’est exactement au moment où certains s’engagent dans le processus électoral israélien, en délaissant les partis politiques arabes enfermés dans leurs revendications régressives, ethniques, conservatrices, communautaires, qu’un attentat vient casser le mouvement. Avec en plus menaces à la clé - et elles ne sont pas en l’air. Car quel sera l’effet de l’attentat de ce matin ? D’une part, il va de nouveau crisper la population juive. On peut s’attendre aux invectives provocatrices de Benjamin Netanyahou qui s’est replié sur un discours schématiquement sécuritaire. D’autre part, face à cette crispation, les Arabes israéliens qui n’auront pas été intimidés par les menaces émanant des partis arabes, mais aussi du Hamas, des Brigades des Martyrs d'Al Aksa, du Djihad islamique, du Hezbollah, seront de nouveau renvoyés à des partis politiques qui empêchent à long terme leur véritable intégration dans l’état. Tout cela n’est pas fait pour travailler à l’unité de la société civile ... Sans doute était-ce le but de l’attentat, qui s’inscrit dans la logique des violences et des provocations de ces derniers jours.

Vendredi 2 Décembre, à New York, l’Assemblée de l’Onu a voté six résolutions contre la politique israélienne. On peut s’interroger sur l’opportunité de ce vote, du message qu’il véhicule, des actions qu’il encourage - directement, ou indirectement. On attend autant de fermeté dans le dossier des organisations terroristes et de l’Iran.

Isabelle Rose
Jérusalem, le 5 décembre 2005

A propos des citoyens arabes d’Israël, lire aussi le compte-rendu de mon interview du 11 septembre avec l’ambassadeur Nissim Zvili (cliquer ici).

04 décembre 2005

"Le livre noir de Saddam Hussein" : le 18 décembre sur Judaïques FM


"Le livre noir de Saddam Hussein",
(Oh ! Editions, prix 29,90 E)

700 pages, des centaines de références bibliographiques, 23 rédacteurs différents pour 35 chapitres, et au premier plan Chris Kutshera qui a dirigé cette compilation exceptionnelle. Chris Kutshera est journaliste, écrivain et grand spécialiste des Kurdes. Jamais encore n'avait été rédigé un tel ouvrage de référence, sur un épisode sinistre de l'Histoire du Moyen Orient, et à propos d'un régime avec lequel pendant près de trente ans tous les gouvernements français, de droite comme de gauche, ont eu les pires compromissions. Parmi les rédacteurs, et il faut le souligner, près de la moitié sont des Arabes dont beaucoup d'Irakiens experts d'une des faces d'ombre du régime (le nettoyage ethnique des Kurdes, la répression des chiites, la propagande, la terreur policière).

Mon invitée sera Françoise Brié, directrice de programmes pour plusieurs associations humanitaires (entre autres « Médecins du Monde » et « France Libertés »), qui a effectué plus d’une dizaine de missions en Irak dans les années 80. Elle connait parfaitement le Kurdistan, et elle a rédigé un chapitre qui donne froid dans le dos sur l'utilisation des armes chimiques. A noter aussi qu'un chapitre du livre traite des livraisons massives de composants et matériels pour ces armes, et que des dizaines de sociétés occidentales sont concernées ...

Je reproduis ci-dessous un extrait de l’introduction de Bernard Kouchner, qui rétablit en quelques phrases une vérité historique bien oubliée :
« La première arme de destruction massive, ce fut Saddam Hussein. Pendant 35 ans, il s’acharna sur son propre peuple. On compte près de 500.000 disparus, kurdes, femmes et enfants pour la majorité d’entre eux. Plus de 4.500 villages ont été rasés. Les fosses communes sont innombrables. Quatre millions d’exilés cherchent encore, en 2005, à regagner ce qui reste de leurs foyers. On estime à un million et demi, les handicapés des guerres successives et des nombreux attentats, et à des centaines de milliers les chiites assassinés. Saddam Hussein fut l’un des pires tyrans de l’Histoire du Monde, il était urgent et nécessaire d’en débarrasser le peuple irakien. »

A propos de l'Irak, voir aussi sur le blog les aticles :
- Faut-il regretter Saddam ? (cliquer ici)
- Donneurs de leçons, preneurs de bakchichs (cliquer ici)
- Procès de Saddam Hussein : silence gêné du Monde arabe (cliquer ici)

J.C

03 décembre 2005

"Mémoire de la Shoah" et "Fracture coloniale": une émission pour 2006

Serge Klarsfeld lisant un discours, prison de Pantarei, Talinn (Estonie).

J'ai pris cette photo en mai 1993, à l'occasion d'un voyage commémoratif dans les Pays baltes sur les traces du convoi de déporté juifs n°73. La moitié de ce convoi fut anéantie en Estonie, et l'autre moitié en Lituanie, où nous sommes aussi allés. Assistaient à la cérémonie l'ambassadeur de France et des membres du gouvernement estonien. Deux enfants de déportés portent le drapeau.

"Vichy, un passé qui ne passe pas", tel était le titre d'un livre d'Eric Conan et Henry Rousso. Curieux Pays que le nôtre, où l'on ne discute guère de l'avenir (secteurs économiques à développer, domaines de recherche à privilégier, défis démographiques à surmonter, maîtrise de l'énergie et de l'environnement), en lui préférant un débat lancinant sur le passé. Il est vrai que la notion de "devoir de Mémoire" doit beaucoup au travail acharné des meilleurs historiens juifs : ici (au premier plan Serge Klarsfeld, avec qui j'ai eu l'honneur de travailler il y a une petite quinzaine d'années), ou aux États-Unis (Raoul Hilberg et combien d'autres). Il s'agissait de faire resurgir d'un oubli honteux un évènement unique, la Shoah, d'en faire comprendre la spécificité - alors que certains parlent toujours de "détail de l'Histoire" - mais surtout et d'abord d'obtenir un minimum de justice pour les survivants et les enfants de déportés. Et même s'ils étaient traumatisés, spoliés ou endeuillés après la Guerre, les juifs français n'ont jamais manifesté leur colère par des des incendies d'édifices publics, ou des attaques contre les forces de police !

Tout autre est la démarche de déstabilisation sociale et politique des sympathisants du manifeste "les indigènes de la République" : dans cette mouvance se retrouvent, pour le pire, des agitateurs professionnels et des communautaristes hostiles à toute intégration dans la République ; je reviendrai sur ce manifeste et sur ses sympathisants. Pour l'heure, il est urgent de ne pas accepter cette culpabilisation collective que veulent nous vendre des avocats sans scrupules de la violence, urbaine ou terroriste. Il est nécessaire de refuser de toute nos forces la logique de leur "plaidoirie", qui procède toujours du même manichéisme : victimisation absolue d'une partie de l'Humanité, définie par un statut éternel et innocent de proie du colonialisme ; diabolisation définitive de "l'homme blanc" qui n'aurait jamais apporté à des "humiliés" que pillages et destructions. Comme le dit Pascal Bruckner dans une interview au "Nouvel Observateur" de cette semaine, "lire sous la plume d'intellectuels responsables ou de sociologues chevronnés que les "indigènes de la République" continuent à Clichy-sous-Bois ou aux Minguettes le même combat qu'à Diên Biên Phu ou dans les Aurès, est d'une niaiserie abyssale" 
Il est donc nécessaire de ne pas laisser confisquer le débat par des pseudo-spécialistes, en faisant entendre des vrais historiens ("Rencontre" l'a déjà fait, en recevant des invités de qualité comme Benjamin Stora, Michel Abitbol ou Pierre Vermeren). Mais ce que l'on appelle "la fracture coloniale" a pris une telle importance dans l'actualité qu'il devient nécessaire d'en reparler à notre émission : de nouveaux projets, donc, pour la programmation 2006 ! Dans l'attente, il y a urgence à lire cette tribune libre de Max Gallo, intellectuel de gauche que l'on ne saurait le moins du monde accuser de céder à une "Lepénisation" de la société !
Voir l'article ci-dessous.

J.C

Colonisation : "la tentation de la repentance", une tribune libre de Max Gallo dans "Le Figaro" (30 novembre)

"L'histoire de la colonisation française est un enjeu capital. Ce qui est en cause, c'est en fait l'histoire nationale et son devenir. Albert Camus, écrivait déjà en avril 1958 : «Certains Français considérèrent que, par ses entreprises coloniales, la France - et elle seule, au milieu des nations saintes et pures - est en état de péché historique.» Si c'est le cas, alors qu'elle se repente ! qu'on la fustige ! qu'on l'insulte ! qu'on la haïsse ! Et c'est à travers ce prisme le péché historique de la colonisation - ou de l'esclavage - qu'on va juger la France d'aujourd'hui. C'est ce qu'affirment explicitement ceux qui se sont regroupés dans une association qui s'intitule «Les indigènes de la République». Le procès fait à la colonisation n'est qu'un levier pour discriminer en fonction des origines ethniques et constituer des communautés hostiles à la République en fonction d'un passé colonial qui expliquerait les inégalités existantes entre les citoyens français.
Dans ce contexte, tout débat sur le bilan de la colonisation devient difficile. Et l'article 4 de la loi du 23 février 2005 invitant les enseignants à faire connaître les aspects positifs de la colonisation n'a pu que susciter des protestations. L'article est mal venu, non pas seulement à cause du contexte, mais du fond. Pour l'historien, il n'est pas admissible que la représentation nationale dicte «l'histoire correcte, celle qui doit être enseignée». Trop de lois déjà - bien intentionnées - ont caractérisé tel ou tel événement historique. Et ce sont les tribunaux qui tranchent. Le juge est ainsi conduit à dire l'histoire en fonction de la loi. Mais l'historien, lui, a pour mission de dire l'histoire en fonction des faits.
Et il est vrai que l'histoire de la colonisation a souvent été magnifiée, édulcorée. Mais en même temps l'école historique et géographique française, sur le terrain, constituait une histoire et une géographie coloniales, au-dessus de tout soupçon. La chaire d'histoire de la colonisation, en Sorbonne était, dans les années soixante, occupée par Charles-André Julien, historien de l'Afrique du Nord et par ailleurs socialiste, ami de Blum. Une incidente : les socialistes français, de 1905 aux années quarante, ont été souvent les apôtres de la colonisation, au nom de la mission civilisatrice de la République. Leur amnésie sur ce sujet - en ce centième anniversaire de leur parti - dit bien les ambiguïtés du moment face à une histoire coloniale qui a formé, entre les années 1880 et le milieu du XXe siècle, une part importante de l'imaginaire national, avec ses rêves, ses horizons lointains et envoûtants, ses héros et ses peuples mythifiés, tels les Touaregs.

Compte tenu de cette donnée capitale de l'histoire contemporaine de la France, on ne peut laisser traiter de la colonisation en termes simplistes ; ce d'autant plus que, si les peuples colonisés gardent la blessure de la période coloniale, les Français de métropole - les pieds noirs notamment - ont eux aussi au cœur une plaie ouverte : des deuils, le sentiment d'une injustice. Et le discours sur la colonisation doit tenir compte de ces réalités historiques complexes. Les Algériens évoquent - en des termes inacceptables d'ailleurs - les massacres de Sétif, en 1945. Les Oranais se souviennent de leurs concitoyens «disparus» par centaines en 1962. Il ne s'agit pas d'établir une équivalence, une comptabilité sinistre, mais de saisir qu'il faut prendre en compte toutes les réalités. Le bagne de Poulo Condor en Indochine et l'institut Pasteur de Saigon ... Le travail forcé imposé par le colon et l'interdiction de l'esclavage ... La destruction de la culture indigène et l'école française - laïque ou missionnaire - s'ouvrant au monde ... Le statut inférieur de l'indigène et la promotion des meilleurs, la constitution d'une élite (Senghor en est le modèle) ... On ne pèse pas les uns et les autres, le positif et le négatif - manière absurde de comprendre l'histoire. On montre que les fils sont intriqués, tressés. Qu'il faut tout dire. Et que toute histoire univoque est une manipulation, une utilisation politicienne, lourde de dangers pour la communauté nationale d'aujourd'hui, de ce qui a été la réalité concrète et contradictoire de la colonisation, oppression et ouverture.
Cela dit, qui tente d'indiquer que la complexité est au cœur du sujet ? Il faut rappeler que la colonisation a toujours été une entreprise de conquête militaire, suscitant donc des résistances et entraînant la répression, d'autant plus qu'elle s'exerçait contre des peuples souvent jugés inférieurs. Et toujours faibles. Car que vaut la sagaie face à la mitrailleuse ? Le fusil à un coup contre le canon ? La conquête a donc réussi, mais la résistance n'a jamais cessé, et aucune colonie n'a été totalement pacifiée. Le feu éteint là, il reprenait ailleurs : insurrection algérienne en 1870, guerre du Rif au Maroc dans les années vingt, attaque de garnisons en Indochine, dans les années trente et, partout, des crimes qui sont la revanche du faible et de l'humilié. Charles de Foucault a été assassiné par des Touaregs. Et l'une des premières victimes, en novembre 1954, de l'insurrection algérienne, a été un couple d'instituteurs de 20 ans, jeunes mariés - les Monnerot - allant prendre leur poste dans une école des Aurès. Comprendre, cela suppose ne rien cacher. Ni des villes construites ni des mechtas brûlées.
Toutefois, cette démarche historienne - qui est aussi une posture morale en même temps qu'une exigence intellectuelle - suppose qu'on ne commette pas ce péché contre la raison qu'est l'anachronisme. On a le droit et même le devoir de se placer au niveau des principes universels, et de décréter que la colonisation, parce qu'elle est conquête, est une entreprise criminelle. Mais c'est faire fi de la réalité historique. Oui, l'histoire de la colonisation est pleine de sang et de cruauté. Mais il n'y a pas de «nations saintes et pures». Et je ne sache pas que, leur indépendance acquise, les nouvelles nations, nées de la colonisation, aient connu une histoire paisible. Les plus de 100 000 morts de la guerre entre l'État algérien et les islamistes répondent. Et n'évoquons pas l'Afrique subsaharienne ... L'histoire est violence. Et la seule manière de tenter de la maîtriser, c'est d'abord de l'écrire en respectant les faits, tous les faits.
Rappeler, par exemple, qu'en 1939, Albert Camus décrivit sans concession la famine dont souffrait la Kabylie, dans des reportages implacables parus dans Alger Républicain. Mais le même Camus, dix-neuf ans plus tard, écrivait : «Il est vain de condamner plusieurs siècles d'expansion européenne, absurde de comprendre dans la même malédiction Christophe Colomb et Lyautey. Le temps des colonialismes est fini, il faut le savoir seulement et en assurer les conséquences.»

L'histoire du rapport des peuples qui se sont combattus et mêlés est une alchimie complexe. Elle peut être une source vivifiante ou au contraire un poison qui avive les tensions. Car l'histoire est toujours en prise avec l'avenir. À opposer comme des catégories d'aujourd'hui indigènes et anciens colonisateurs, on ranime les frustrations, les humiliations, et les haines. On traîne la France au banc des accusés. Comment aimerait-on cette cruelle ? Il faut méditer Camus : «Il est bon qu'une nation soit assez forte de tradition et d'honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu'elle peut avoir encore de s'estimer elle-même. Il est dangereux en tout cas de lui demander de s'avouer seule coupable et de la vouer à une pénitence perpétuelle."

Max Gallo
* Ecrivain. Auteur de L'Empire (3 vol.), Fayard

02 décembre 2005

L'audimat explose !


Merci !

Il n'y a pas beaucoup de commentaires à ajouter, les chiffres parlent d'eux-même ... D'après les statistiques du logiciel "sitemeter" associé à ce blog, on peut constater que la fréquentation a été multipliée par six depuis le début. Quelques précisions : la courbe a été éditée le 28 novembre, alors que le mois n'était donc pas achevé ; le blog a (timidement) été mis sur la toile en février, mais l'enregistrement des entrées n'a été mis en place que le 5 mai, d'où "la plaine" qui précède les pics pour les mois précédents.

En consultant les informations de ce "mouchard", j'ai fait aussi plusieurs constatations intéressantes que je voudrais vous faire partager. D'abord la réalité du "village planétaire" dont on parle tant. Si je prends par exemple les origines des 100 derniers internautes venus se connecter sur le blog à cette date, j'ai relevé les pays suivants : Côte d'Ivoire, Arabie Saoudite, Belgique, Algérie, Liban, Espagne, Inde, Maroc, Israël, Canada, Japon, Etats Unis, Suisse, Suède, Allemagne, Cameroun, Singapour, Estonie ! Ensuite, le bon référencement du blog se confirme et s'étend : sur les "grands" moteurs de recherche (google, yahoo, msn, lycos), mais aussi sur des moteurs spécialisés dans les blogs (technorati, blogger) ou associés à un site d'information (tf1, noos). Enfin, certains mots clés, associés à l'actualité (l'affaire Naceri-Rushdie), mais aussi à des livres qui ont profondément marqué le public (le témoignage de Raouf Oufkir), ont amené des centaines de visiteurs. Mon plus grand bonheur est alors de les voir "tourner les pages" pour lire d'autres nouvelles que celles trouvées dans les grands médias ... mais les surfeurs sont souvent pressés, "trop d'information tue l'information", et rares sont, hélas, ceux qui ont cette curiosité.

Merci aux sites et blogs amis qui ont mis cette adresse en lien, merci aux lecteurs devenus fidèles sur plusieurs continents, de Montréal à Hong Kong en passant par Haïfa et Beyrouth. Bonne lecture ... et bon surf !

J.C