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12 octobre 2005

Donneurs de leçons, preneurs de bakchichs




Le sourire du mois
- octobre 2005


La "Une" du quotidien "Libération"
du 12 octobre 2005

Bravo au quotidien « Libération » pour son excellent dossier sur le scandale des détournements de fonds de l’accord « pétrole contre nourriture » ! C’est le seul quotidien de la presse française à être allé aussi loin dans l’enquête, en donnant tous les détails sur les « ripoux », diplomates de haut rang comme l’ex-représentant de la France au Conseil de Sécurité des Nations Unies ou l'ex-Secrétaire Général du Quai d’Orsay, financiers, hommes politiques et intermédiaires douteux en tout genre, qui ont profité des fonds sous contrôle de l’ONU pour se servir au passage ... et servir le régime assassin de Saddam Hussein ! 10 milliards de dollars furent détournés sur les ventes pétrolières, « un casse du siècle » au bénéfice des dignitaires baasistes tandis que le peuple irakien mourrait de faim, et alors que c’étaient la communauté internationale et les Américains que dénonçaient les « bonnes consciences ». Le professeur Halkawt Hakem, kurde réfugié d’Irak, avait parlé de ces détournements sur « Rencontre » le 15 décembre 2002, alors que Saddam était encore au pouvoir. Et à l’époque, ni les grands médias, ni le Quai d’Orsay, ni la Présidence de la République n’émettaient le moindre reproche vis-à-vis de cet ex-allié stratégique de notre Pays ...

Je reproduis ci-dessous la fin de l’implacable éditorial de Patrick Sabatier dans « Libé » :
« La mise en cause de diplomates de haut rang, qui ont longtemps influencé la politique étrangère de la France, et servi sa politique dite «arabe», jette la suspicion sur l'ensemble de cette politique. L'appât du gain et la peur de perdre les privilèges, y compris matériels, qui vont avec le service diplomatique, n'expliquent pas à eux seuls des dérives individuelles. C'est au sommet de l'état, où nul ne pouvait (et n'était censé) ignorer ces errements sauf à admettre une incompétence coupable, et dont ces hommes étaient de zélés serviteurs, que réside la responsabilité ultime. C'est par la tête que le poisson commence à pourrir. »
Mais puisqu’il est plus facile de critiquer que de faire son autocritique, mea-culpa ... Dans un article récent sur la « politique arabe de la France » (cliquer ici), je parlais de la complaisance des journalistes, c’est bien injuste pour « Libération ». Je disais aussi que personne ne trouvait rien à redire au manque total de contrôle du Parlement sur la politique étrangère, encore un sujet qui commence à faire débat, je me réfère également au « Libé » du 12 octobre et à la chronique d’Alain Duhamel intitulée « Monarchie diplomatique », dont je reproduis la conclusion :
« Dans tous les autres états, sans exception, le chef du gouvernement débat réellement avec ses ministres, a fortiori lorsqu'il s'agit d'un gouvernement de coalition, et s'expose au contrôle du Parlement, lequel s'exerce même parfois a priori. En France, rien de tel : le Président est politiquement irresponsable. Le Parlement ne peut le mettre en cause, le gouvernement lui obéit au doigt et à l’œil. Cela vaut dans tous les domaines mais cela culmine en politique étrangère.
Dans ce secteur, la démocratie française est un mythe absolu, ce qui, sauf à croire à l'infaillibilité présidentielle, est à la fois choquant et dangereux. »

J.C